Gènéthique - n°18 – juin 2001
question du statut ontologique
de la cellule-souche
embryonnaire : cette cellule
est-elle un individu ?
La relation au tout
Pour répondre à cette
questions, la seule
considération des deux
propriétés transcendantales de
l’
esse
ne suffit pas. Si l’on
s’en tenait à ces seuls
critères, un blastomère, un
œuf fécondé, un lymphocyte
immortalisé en culture, un
neurone seraient des individus.
Or, il existe un point de vue
sous lequel ces différentes
cellules sont fondamentalement
différentes. Certaines d’entre
elles sont capables de donner
naissance au tout de
l’organisme parfaitement
constitué, alors que d’autres
en sont incapables. Ces
indications suggèrent qu’un
troisième élément doit être
introduit pour penser
l’individualité du vivant d’une
manière tout à fait adéquate,
à savoir la relation au tout.
En tant qu’elle est une cellule
constitutive de la blastula
(sphère creuse de la morula),
la cellule-souche embryonnaire
n’est pas un individu au sens
strict. Elle est une partie
dépourvue d’autonomie par
rapport à ce tout qu’est
l’embryon à ce stade. C’est la
blastula et non le blastomère
(cellule résultant de la division
de l’œuf fécondé) qui est en
puissance active du tout. En
d’autres termes, l’unité du
blastomère est relative en ce
sens qu’elle est tributaire de
celle de l’embryon. C’est ce
qui se manifeste lors d’un
avortement spontané de
l’embryon précoce : ses
blastomères meurent. En
revanche, en tant qu’elle est
séparée de la blastula - comme
c’est le cas dans le diagnostic
préimplantatoire ou dans le
processus de gémellisation -, la
cellule-souche embryonnaire est
un individu au sens strict. Son
unité est absolue – elle est
unum
–, sa différence est
réelle (même si elle se réduit
dans les premiers moments à
une localisation autonome),
elle est un
aliquid
-, et elle
est en puissance active du
tout, en ce sens qu’elle peut
donner naissance à l’organisme
dans son intégralité (c’est sa
totipotence).
Par contraste, les cellules
mises en culture, comme par
exemple les lymphocytes
immortalisés (par mutagenèse,
irradiation, exposition à des
agents chimiques, etc.) ne
sont pas des individus. En
effet, si elles sont à la fois
unae
et
distinctae
, elles ne
sont pas en puissance passives
du tout. On pourrait les
qualifier d’indiscernables1.
Résumons-nous : l’œuf
fécondé, la cellule-souche
embryonnaire isolée de sa
blastula d’origine et le clone
type Dolly, quelle que soit sa
finalité, reproductive ou
thérapeutique, sont des
individus. Dans l’espèce
humaine, ils doivent donc être
considérés, d’un point de vue
métaphysique, comme des
personnes en acte premier de
subsistance.
La version intégrale de cet article sera
publiée dans la revue « Nucleus »,
Brugge, juillet 2001
1- Ph. Caspar, La saisie du zygote humain par
l’esprit. Origine et postérité de l’ontogenèse
aristotélicienne, Paris-Namur, Lethielleux, Culture
et Vérité, coll. « Le Sycomore », 1987 ;
« Approche biologique et métaphysique du statut
de l’embryon », Nova et Vetera, 1993/4, 304-309 ;
Questions disputées de Médecine, de Philosophie
biologique et de Bioéthique, Volume 1, Paris,
L’Harmattan (à paraître), 2002.
L’empreinte du clone
Une des difficultés du clonage
reproductif réside dans la
faible efficacité de cette
technique liée à l’augmentation
de la mortalité des clones
avant et après la naissance.
On se souvient que plusieurs
veaux clonés avaient présenté
des malformations viscérales,
ou étaient morts de façon un
peu inexpliquée. Plus
récemment, le jeune Gaur
cloné, est mort lui aussi au
bout de quelques jours de vie,
apparemment de dysenterie. Il
semble donc exister une plus
grande fragilité de ces animaux
obtenus par clonage.
Marquage des gènes
Même si la technique qui
permet le clonage est connue
maintenant, les phénomènes
qui permettent à une cellule
adulte différentiée de relire