
Figure 3. IRM des sacro-iliaques. A : Séquences T1 anatomiques, montrant un hyposignal de l’os
sous-chondral prédominant sur les versants iliaques des articulations en rapport avec l’œdème
osseux et aspect irrégulier de l’interligne articulaire. B : séquences T2 Fat Sat, révélant un œdème
osseux sous-chondral des articulations du versant sacré à droite et du versant iliaque à gauche,
notamment le pied de l’articulation.
A B
4 | La Lettre du Rhumatologue • Suppl. 2 au n° 363 - juin 2010
SYNTHÈSE
L’imagerie
de deuxième intention
En l’absence de toute anomalie radiographique axiale
typique de la maladie, la question se pose de savoir
s’il est toujours nécessaire d’aller plus loin dans la
démarche d’imagerie pour affirmer le diagnostic.
Les critères internationaux de spondylarthrite axiale
récemment publiés par le groupe ASAS laissent une
place pour un diagnostic reposant uniquement sur
des données cliniques et/ ou d’anamnèse et/ ou théra-
peutiques et la présence de l’antigène HLA B27. Il
faut cependant noter 3 limites encore à ce stade. La
première est que, avant leur application, ces critères
de diagnostic précoce nécessitent d’être validés sur
de larges populations en soins primaires. La seconde
est que la préoccupation du médecin, à juste titre,
est souvent de ne pas manquer un diagnostic diffé-
rentiel, potentiellement plus urgent ou plus grave
que le diagnostic évoqué. Dans le cas des spondyl-
arthrites, il est évident que certaines rachialgies
inflammatoires peuvent mener à la découverte de
processus tumoraux, voire infectieux torpides, parfois
infraradiologiques, et que, pour cette raison, une
exploration par IRM du rachis s’impose au moindre
doute. La troisième vient des choix thérapeutiques à
faire. Lorsque nous en sommes à un stade tout à fait
initial de la prise en charge du patient, la “sanction
thérapeutique” en cas de confirmation diagnostique
de spondylarthrite sera l’instauration d’AINS. Il est
évident que le rhumatologue qui n’a aucun doute
vis-à-vis d’un diagnostic différentiel n’a pas besoin
d’une imagerie confirmant le diagnostic pour pres-
crire des AINS et maintenir ces traitements s’ils sont
efficaces. Cependant, dans la situation où plusieurs
de ces produits se sont rapidement montrés inef-
ficaces et/ ou très mal tolérés, la question se pose
de l’instauration d’un traitement par anti-TNFα.
Actuellement, ni les AMM de ces médicaments, ni
les recommandations nationales et internationales
n’autorisent leur prescription chez des patients ayant
des radiographies normales en l’absence de toute
preuve de la maladie en imagerie. Ainsi, on peut
considérer que, dans cette situation, en l’état actuel
des choses, il est justifié de demander une IRM afin de
tenter d’objectiver des foyers inflammatoires (voire
des anomalies structurales) typiques de la maladie.
Il peut donc être licite, face à un patient qui se plaint
de douleurs fessières d’horaire inflammatoire, de
rachialgies d’horaire inflammatoire, ou des deux à
la fois, et qui a néanmoins des radiographies axiales
normales, de demander d’emblée une IRM, soit pour
des raisons de diagnostic différentiel, soit pour dis-
cuter un traitement par anti-TNFα. Dans certains cas,
il ne s’agit ni de l’une ni de l’autre raison, mais de la
“pression” involontairement mise par le patient, qui
ne se sentira rassuré, ou confiant dans le diagnostic de
son médecin, que lorsqu’il disposera d’un examen lui
apportant réellement la preuve du diagnostic.
Quelle IRM demander, ou plutôt quelles zones
explorer ? Avec quelles séquences ?
Lorsque les symptômes du patient comprennent des
douleurs fessières inflammatoires, l’IRM à demander
en première intention est celle explorant les sacro-
iliaques avec des séquences dites “anatomiques”,
en T1, et des séquences recherchant l’œdème osseux
ou l’inflammation, c’est-à-dire en T2 Fat Sat ou en T1
avec injection de gadolinium. La plupart des auteurs
privilégient, dans la pratique courante, pour la
recherche de signaux inflammatoires, les séquences
sans injection de gadolinium (STIR ou T2 Fat Sat).
Quelles-sont les anomalies permettant d’établir le
diagnostic de sacro-iliite en IRM chez ce patient ? Le
groupe ASAS a récemment publié des critères IRM
de sacro-iliite ; actuellement, seul l’hypersignal dans
l’os sous-chondral est retenu, aucune importance
n’étant accordée à d’autres hypersignaux qui pour-
raient révéler la présence de liquide intra-articulaire,
d’une synovite, d’une enthésite… Cet hypersignal
osseux, ou œdème osseux, doit être présent sur au
moins 2 sites de l’articulation pour avoir une valeur
diagnostique ou, s’il n’est présent que sur un site,
il doit exister sur au moins 2 coupes consécutives
(figure 3).
Lorsque le patient n’a pas de douleur fessière, mais
uniquement des douleurs rachidiennes inflamma-
toires, certaines données suggèrent que l’IRM des
sacro-iliaques est là encore la plus rentable dans
une perspective diagnostique. Cependant, comme
nous l’avons vu plus haut, le problème du diagnostic