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Impact d’Internet sur l’économie française
Comment Internet transforme notre pays
Préface
L’étude de McKinsey sur l’évaluation de l’impact
économique d’Internet en France est construite sur une
approche méthodologique utilisée par la comptabilité
nationale. L’évaluation de la contribution de la “filière
économique Internet” au Produit Intérieur Brut (PIB)
fait notamment appel aux trois évaluations servant
de base à la comptabilité nationale: évaluation par les
dépenses, par la production et par les rémunérations.
Les résultats sont cohérents avec les autres indicateurs
sur les emplois directs et indirects dans cette filière
économique.
En 2009, la valeur ajoutée de la filière a été de
60milliards d’euros, soit 3,2% du PIB, le PIB étant ici
la somme des valeurs ajoutées pour l’ensemble de
l’économie. Une prévision relativement prudente conduit
à anticiper une valeur ajoutée de la filière de l’ordre de
130 milliards d’euros en 2015, soit 5,5% du PIB de cette
année-là.
Cette étude défriche un champ de connaissances
essentiel pour la bonne compréhension du
fonctionnement de nos économies. Il serait souhaitable
que les Instituts nationaux de statistiques de l’Union
européenne s’en emparent pour nous donner une
base internationale de comparaisons. En attendant une
éventuelle officialisation de cette analyse, on pourrait
juger souhaitable que la méthodologie développée
par McKinsey soit utilisée pour établir des comptes de
la filière Internet dans les principaux pays de l’Union
européenne.
Non seulement cette étude offre une vue globale sur
ce secteur d’activité transversal, mais elle ajoute aux
outils d’analyse un indice Web d’utilisation d’Internet
par les entreprises. Or, il apparaît que les “entreprises
à forte intensité Web” (EFIW) croissent deux fois plus
vite que les autres, exportent deux fois plus et sont
plus profitables. Il faut y voir une corrélation plutôt
qu’une nécessaire causalité : les EFIW ne sont pas
surperformantes parce qu’elles utilisent intensément
Internet, mais elles utilisent davantage Internet parce
qu’elles sont plus dynamiques et plus orientées vers la
croissance. Or, même s’il ne s’agit que d’une corrélation,
elle est très forte et permet donc de considérer que
l’indice Web d’utilisation d’Internet est un remarquable
indicateur de performance dont on peut imaginer de
nombreuses applications. En se fondant sur la méthode
de calcul de cet indice présentée dans ce rapport, on
pourrait imaginer que la Banque de France l’utilise, en
complément des indicateurs financiers classiques, pour
juger du dynamisme et de la qualité du management
des entreprises du pays. De même, les banques
pourraient recourir à cet indice comme indicateur de la
performance à venir des entreprises auxquelles elles
prêtent.
Alors que les indicateurs financiers classiques rendent
compte du passé, l’indice Web d’utilisation d’Internet
est un indicateur de performance future. A ce titre, cette
étude constitue avant tout un outil d’aide à la décision,
au service des pouvoirs publics comme des dirigeants
d’entreprise.
Mars 2011
Par Christian Saint-Etienne
Professeur titulaire de la Chaire d’Economie industrielle au Conservatoire National des Arts et Métiers,
Membre du Conseil d’Analyse Economique placé auprès du Premier ministre