Ethique du kinésiologue (Congrès pour les 25 ans de l’IBK, 10 et 11 septembre 2011)
Myriam van der Brempt 2
Or, pour que notre sensibilité contemporaine se sente respectée, il faut que la réflexion sur le
bien et le mal s’engage sur cette double base. Voilà donc dans quel sens j’emploie ici le mot
« éthique ».
Mon point de vue sur l’éthique en kinésiologie
Le champ de l’éthique est néanmoins très vaste et j’ai envie de vous dire tout de suite,
en commençant, ce qui m’intéresse, moi, là-dedans. Car c’est cela qui va constituer le fil
rouge de mon exposé : ce qui m’intéresse, c’est d’augmenter, de faire progresser, de faire
évoluer la qualité de mon travail de kinésiologue. Et en fait, comme dans tous les domaines
qui touchent à l’humain, de près ou de loin, la dimension éthique affecte radicalement (même
si pas uniquement) cette qualité.
Dans le métier du kinésiologue, l’éthique est déterminante pour assurer tant le respect
du client que le respect de soi-même, et pour délimiter le domaine d’intervention légitime du
kinésiologue ; c’est l’éthique aussi qui colore l’attitude du praticien en kinésiologie, de la
qualité de sa présence à son rapport à l’argent, en passant par son écoute, sa façon d’accueillir
et de parler, son rapport au corps et au toucher, et j’en passe. Mais il ne suffit pas de dire
« l’éthique, c’est très important », pour que la pratique du kinésiologue soit éthiquement
valable – il ne suffit pas que j’affirme que c’est très important pour moi pour que ma pratique
soit, du coup, éthiquement bonne. Et c’est ici que cela se complique : comment faire, en
matière d’éthique, pour aller au-delà des bonnes intentions (ou des intentions bonnes) ? « Oh !
Moi, je veille particulièrement à respecter le client. » Oui, mais comment fais-je ? Comment
puis-je m’assurer que ce que je fais produit bien, pour le client, du respect ? Et comment fais-
je pour me remettre en question ? Comment, dans ma propre pratique, puis-je arriver à faire
des choix éthiquement fondés ?
Il y a des difficultés supplémentaires. La première, c’est que la kinésiologie n’est pas,
à ce jour, une profession reconnue, c’est-à-dire qu’elle n’est pas une profession définie par la
loi ; ou encore, elle n’est pas une profession protégée, comme on dit, c’est-à-dire protégée
contre les abus, contre les impostures, contre les dérives possibles. Il n’y a pas de code
déontologique officiel de la kinésiologie, qui décrirait la bonne conduite à tenir, du point de
vue éthique, en tant que kinésiologue professionnel. Il n’existe donc pas, à ce jour, de balises
éthiques officielles pour ce métier.
La seconde difficulté supplémentaire, c’est que la kinésiologie fait partie de ces
nombreuses formes thérapeutiques récentes et non conventionnelles
, qu’il est si facile de
disqualifier en soulignant qu’elles ne sont « pas scientifiques ». En d’autres mots, la seconde
difficulté, c’est qu’il y a dans notre culture aujourd’hui une voie qui est perçue comme
Par opposition à la médecine occidentale allopathique, que j’appellerai la médecine conventionnelle. Voir, pour
ce choix terminologique et sa justification, Baudouin LABRIQUE, Quand les thérapeutes dérapent, Bruxelles,
éd. Renaissance du livre, coll. « Espace vital », 2011, p. 25.