Principes de prise en charge des infections nosocomiales Jean-Paul STAHL Infectiologie CHU Grenoble et UJF Une infection est dite nosocomiale Si elle apparaît au cours ou à la suite d’une hospitalisation et si elle était absente à l’admission à l’hôpital. Lorsque la situation précise à l’admission n’est pas connue, un délai d’au moins 48 heures après l’admission (ou un délai supérieur à la période d’incubation lorsque celle-ci est connue) est communément accepté pour séparer une infection d’acquisition nosocomiale d’une infection communautaire. Pour les infections du site opératoire, sont considérées comme nosocomiales les infections survenant dans les 30 jours suivant l’intervention chirurgicale, ou dans l’année qui suit l’intervention s’il y a mise en place d’une prothèse ou d’un implant. Définition générale • Infection acquise à l'hôpital – Ni en incubation – Ni présente à l'admission – Secondaire ou pas à un acte invasif • Délai – Habituel : 48 à 72 heures – Plaie opératoire : 30 jours – Prothèse et implant : 1 an IAS, complément de définition Deux catégories non exclusives • Infection associée à l’environnement de soins (IAES) • Infection associée aux actes de soins (IAAS) Infection nosocomiale N’est pas synonyme de : Iatrogénie Bactérie multi-résistante Un problème de gravité Terrain sous-jacent Gravité intrinséque Cathéters infectés: mortalité • Candida sp : 41% N’guyen et al - Arch Intern Med 1995;155:2429 • Staphylococcus aureus: 20% Malanovski GJ - Arch Intern Med 1995;155:1161 • X. maltophilia: 50% Elting et al - Medicine 1990;69:296 Boktour et al – Cancer2006; 106:1967 Bactériémie à P. aeruginosa: délai ATB active et survie Kang et al, CID, 2003, 37 : 745-51 Un problème de résistances bactériennes Prévalence de la résistance bactérienne • Deux facteurs – Pression de sélection antibiotique – flores commensales ++ – flores aux sites infectieux • variations en fonction des molécules – Diffusion des souches résistantes • transmission des souches résistantes = diffusion clonale • transmission du matériel génétique codant pour la résistance Lepper et al AAC 2002 Impact d'un programme de maîtrise de l'usage des antibiotiques en réanimation sur les résistances bactériennes aux antibiotiques Nb de jours d’antibiotiques 20 000 Nb BGN résistants 160 140 15 000 120 79 10 000 80 5 000 40 0 Avant Gruson et al. AJRCCM 2000 Après 0 EARSS 2014 E. coli et Résistance aux Fluoroquinolones EARSS 2014 E. coli et Résistance aux C3G EARSS 2014 E. coli et Résistance aux aminosides EARSS 2014 E. Coli R aux C3G, FQ et aminosides EARSS 2008 et 2014 K. pneumoniae et Résistance C3G EARSS 2014 K. pneumoniae et Résistance aux carbapénèmes EARSS 2014 Pseudomonas R à Pipéracilline-Tazobactam EARSS 2014 P. aeruginosa et Résistance Carbapénèmes Données françaises P. aeruginosa - ONERBA 2008 A. baumannii - ONERBA 2008 Antibiotiques % Résistance Antibiotiques % non- S (I+R) Tazocilline 11.3 Pipéracilline 42 Ceftazidime 6 Claventin 30 Céfépime 30 Tazocilline 31 Céfépime 63 Carbapénèmes 12 Ceftazidime 64 Ciprofloxacine 25-35 Imipénème 3 Souches totorésistantes 4.1 Gentamicine 40 Genta/Tobra 40/45 Colimycine 0.xxx Amikacine 16 Ciprofloxacine 57 F Jehl, JNI, Montpellier 2010 Un problème d’antibiotiques Bases de l’antibiothérapie • Pénétration au site de l’infection – Bonne pour les bêta-lactamines – très bonne pour les fluoroquinolones – Mauvaise pour les amino-glycosides qui ne doivent jamais être utilisés seuls d’autant qu’ils sont inactifs à pH acide • Bactéricidie – Dose-dépendante pour aminosides et fluoroquinolones – Temps dépendante pour les Bêta-lactamines et vancomycine • Effet post-antibiotique – Aminosides et fluoroquinolones – Pas les bêta-lactamines sauf carbapénem contre BGN et P. aeruginosa Bactériémie: Mortalité et ATB inadéquate • 843 bactériémies/fongémies /12 mois (02/92 - 01/93) • Analyse multivariée du pronostic – ATB inadéquate à au moins 2 évaluations ATB adéquat (A) ou inadéquat (I) % DC RR DC Initiale empirique Après connaissance HC + Après résultats ATBgramme A A A 10,5 % (65/620) 1,0 I A A 13,3 % (6/45) 1,27 I I A 25,8 % (8/31) 2,46 I I I 33,3 % (3/9) 3,18 Weinstein et al. CID 1997;24:584-602 Quelques spécificités antibiotiques Les aminosides Différences Pharmacocinétiques • La gentamicine, la tobramycine et la nétilmicine ont des paramètres pharmacocinétiques proches. • L’amikacine a des concentrations minimales inhibitrices (CMI) plus élevées, compensées par des concentrations sériques plus élevées Différences microbiologiques • Cocci à Gram positif : la gentamicine et la nétilmicine sont les molécules les plus actives. • Dans les infections graves à entérocoques et à streptocoques, leur association avec une bêta-lactamine peut être synergique si les bactéries ne présentent pas un haut niveau de résistance aux aminosides (résultats documentés essentiellement pour les endocardites). Différences microbiologiques • Entérobactéries : les 4 molécules ont une activité comparable, • L’amikacine est la seule active sur Providencia spp. • La tobramycine présente une activité diminuée vis-à-vis de Serratia marcescens. • La fréquence de la résistance acquise est faible : < 5% pour les entérobactéries du groupe 1 [Escherichia coli, Proteus mirabilis, Salmonella, Shigella ]. • Les souches productrices de BLSE conservent respectivement une sensibilité à la gentamicine et à l’amikacine de l’ordre de 50% et 70% (en fonction de l’espèce bactérienne). Différences microbiologiques • Pseudomonas aeruginosa : la tobramycine est le plus bactéricide et présente le pourcentage de résistance le plus bas. Cette résistance est le plus souvent de haut niveau (résistance enzymatique) et n’est pas accessible à une augmentation de posologie. • La résistance à l’amikacine est plus fréquente, mais souvent de bas niveau (résistance par efflux), ce qui permet si besoin leur utilisation à de fortes posologies en association à d’autres molécules. • La fréquence des résistances acquises est supérieure à 10 %. Différences microbiologiques • Acinetobacter baumannii : l’amikacine et la tobramycine sont les aminosides les plus actifs, mais avec une fréquence élevée de résistances acquises. • Stenotrophomonas maltophilia et Burkholderia cepacia sont naturellement résistants à tous les aminosides. Modalités • Dans la majorité des cas, les aminosides ne sont indiqués que : - en début de traitement, quand l’inoculum est potentiellement élevé et où il existe des incertitudes sur l’efficacité du traitement ; - pour une durée ≤ 5 jours, en raison de leur rapport bénéfice/sécurité d’emploi (activité bactéricide/toxicité corrélée à la durée de traitement). Modalités • Voie intraveineuse, en perfusion de 30 minutes. • La voie intra-musculaire doit, si possible, être évitée (vitesse de résorption dépendante du site d’injection, pics plasmatiques bas et décalés). • La voie sous-cutanée n’est pas recommandée (problèmes cinétiques, nécrose au site d’injection). • Les voies intraventriculaire et intrathécale peuvent être utilisées pour le traitement de certaines infections neuroméningées. Posologies • • Adulte : gentamicine, tobramycine : 3 à 8 mg/kg/jour. nétilmicine : 4 à 8 mg/kg/jour. amikacine : 15 à 30 mg/kg/jour. Situations graves avec risque d’augmentation du volume de distribution (réanimation): utiliser les posologies les plus élevées, surtout en début de traitement. • Pédiatrie : posologies identiques à celles de l’adulte, sauf chez le prématuré. • Mucoviscidose : posologies journalières fortes. Modalités • Dans l’immense majorité des cas, les aminosides doivent être utilisés en dose unique journalière (DUJ) (prescription de la totalité de la posologie journalière en 1 seule injection). • Cette modalité de prescription : - optimise les paramètres Pk/Pd (Cmax/CMI ≥ 8 à 10) : seule la DUJ permet d’atteindre les objectifs Pk/Pd sur de nombreuses souches bactériennes, en particulier Pseudomonas aeruginosa, - favorise les passages tissulaires en raison de gradients de concentration plasma/tissus plus élevés, - possède une efficacité clinique au moins identique à une administration répartie en plusieurs injections quotidiennes, - est responsable de toxicités rénale et auditive comparables, voire inférieures. Les concentrations plasmatiques élevées obtenues en DUJ, saturent la mégaline (protéine de transport des aminosides), ce qui augmente le délai d’apparition des effets indésirables, - diminue le risque d’émergence de mutants résistants. Durée du traitement • Relation certaine entre la durée de traitement et les toxicités rénale et auditive. Une durée de traitement > 5 à 7 jours est un facteur indépendant de toxicité. • Dans la grande majorité des cas (hors cas particuliers des endocardites, des infections ostéo-articulaires notamment sur matériel étranger, …), un aminoside peut être arrêté après 48 à 72 heures de traitement. • En l’absence de documentation microbiologique et selon l’évolution clinique, il pourra être poursuivi au maximum 5 jours, y compris chez les patients neutropéniques en sepsis sévère ou en choc septique. • Une durée limitée à 5 jours est considérée comme un bon compromis entre les avantages en termes de bactéricidie et les risques de survenue d’une toxicité rénale ou auditive. Dosages • Le pic plasmatique (Cmax) évalue l’efficacité (atteinte des objectifs Pk/Pd) et la concentration résiduelle (Cmin) est prédictive de la toxicité. • Indications des dosages plasmatiques - Un dosage du pic plasmatique est fortement conseillé après la 1ère injection chez tous les patients graves, surtout si des modifications des paramètres pharmacocinétiques (augmentation du Vd et/ou diminution de la diffusion tissulaire) sont probables : choc septique, brûlés, neutropénie fébrile, patients de réanimation en ventilation mécanique, obésité morbide, polytraumatisés, mucoviscidose… - Il est primordial que les dosages du pic soient effectués 30 minutes après la fin de la perfusion (dont la durée doit également être de 30 minutes). Dosages • Si traitement ≤ 3 jours, pas de dosage si aucune modification pharmacocinétique n’est attendue. • Dosage de la concentration résiduelle (Cmin, prédictive de la toxicité) : si durée de traitement > 5 jours (dosage à effectuer après 48 heures de traitement) ou en cas d’insuffisance rénale. Dosage à répéter 2 fois par semaine, associé à une surveillance de la fonction rénale. • → Selon résultats des dosages, adaptation du schéma d’administration. Objectifs des dosages Pic (Cmax) en mg/l Résiduelle (Cmin) en mg/l Gentamicine Nétilmicine 30 à 40 < 0,5 Tobramycine Amikacine 60 à 80 < 2,5 Insuffisance rénale • IR pré-existante, aiguë ou chronique, les aminosides ne sont utilisés que s’ils sont absolument nécessaires. • Si un aminoside est prescrit, il est indispensable de : - privilégier le schéma en DUJ - pratiquer des dosages plasmatiques (pic et résiduel) pour ajuster les posologies et les intervalles entre chaque injection - privilégier les durées courtes de traitement (en règle générale : 1 ou 2 injections) - tenir compte des autres facteurs de risque favorisant la néphrotoxicité des aminosides - surveiller régulièrement les fonctions rénale et auditive. Insuffisance rénale • La posologie de la première injection est identique à celle du sujet avec une fonction rénale normale (incluant toutes les situations d’épuration extra-rénale). • Chez les patients en hémodialyse intermittente et en dialyse péritonéale, l’injection est réalisée après la séance (sauf urgence), pour que les aminosides ne soient pas éliminés par la dialyse. • Chez les patients en épuration extra-rénale continue, la première injection peut se faire à tout moment, quelle que soit la technique utilisée. • La nécessité de doser un pic plasmatique répond aux règles générales Insuffisance rénale • S’il est décidé de faire plusieurs injections - Toutes les réinjections sont faites avec la même posologie que celle de la 1ère injection (sauf si un dosage du pic montre la nécessité d’une adaptation de la posologie unitaire). - Chez l’insuffisant rénal sans épuration extra-rénale : aucune réinjection n’est effectuée tant que le taux résiduel est supérieur au seuil de toxicité Vancomycine Pharmacocinétique variable et imprévisible: Dosage++ Concentrations basses associées à des échecs Maintenir vallée> 15-20 µg/ml surtout si CMI> 1 µg/ml Association nécessaire?: Gentamicine sipossible, rifampicine, linezolide?, dalfopristine-quinupristine? (retrait d’AMM en cours) DEESCALADE SI Méthicilline sensible +++ Colistine = polymixine E • Sulfate de colistine : oral, topique Colistimethate sodique : parentérale, inhalation 80 mg = 1 MU = 33,3 mg de colistine 1 mg de colistiméthate sodique = 12 500 UI • Mise sur le marché > 50 ans pas de « régulation » - pas de posologie standardisée - données pharmacologiques et Pk ? - pas d’études comparatives - pas d’analyse des échecs… • Abandon au cours des années 70 - néphrotoxicité et toxicité neuro - avènement des aminosides Colistine : activité microbiologique • Bactéricidie très rapide, conc. dépendante • Pk/PD : Cmax/CMI ou plutôt AUC/CMI (Durdhani AAC 2010) • EPA (?) : - peu marqué voire inéxistant sur K. pneumoniae - prolongé (in vivo +++) sur P. aeruginosa Acinetobacter spp • Effet inoculum : net pour P. aeruginosa • Taux de mutation élevé 10-6- 10-7 Li JAC 2001, Gunderson AAC 2003 Dudhani ICAAC 2007, Bergen JAC 2008 Bulitta AAC 2010 Colistine : activité microbiologique • Bactéricidie initiale très rapide avec diminution des UFC/ml après 5 min d’exposition Puis, une repousse survient… Li AAC 2006 Colistine : activité microbiologique … puis, une repousse survient : - les bactéries survivantes ont une CMI - cette de CMI est stable dans le temps Poudyal JAC 2008 • Mécanisme ? - induction de résistance - sélection d’une sous-population • Phénomène non détectable par les tests standards Mesure de la sensibilité : mesure CMI ou E-test Pas de monothérapie…si possible Colistine : activité microbiologique • Bactéricidie très rapide, conc. dépendante • Pk/PD : Cmax/CMI ou plutôt AUC/CMI (Durdhani AAC 2010) • EPA (?) : - peu marqué voire inéxistant sur K. pneumoniae - prolongé (in vivo +++) sur P. aeruginosa Acinetobacter spp • Effet inoculum : net pour P. aeruginosa • Taux de mutation élevé 10-6- 10-7 • Publications récentes de résistances plasmidiques Li JAC 2001, Gunderson AAC 2003 Dudhani ICAAC 2007, Bergen JAC 2008 Bulitta AAC 2010 Pharmacocinétique…difficile • Nombreuses données erronées • Provenant de dosages microbiologiques non fiables - pb de diffusion - dégradation en milieu aqueux du CMS • Peu d’études avec dosage par HPLC • Données essentiellement mucoviscidose • Pas d’absorption gastro-intestinale • Colistimethate est hydrolysé - 32 dérivés potentiels - colistine base activée 70-80% excrété par le rein sous forme inchangée Pas d’élimination biliaire Li et al, Lancet ID 2006 Pharmacocinétique Paramètres Pk à l’état d’équilibre Patients de réanimation 3 MUI/8h 9 MUI x 1 Cmax (mg/l) 3,5 ± 1 ASC24 (mg.h/l) 11 ± 2 T1/2 (h) 10 à 20 Mucoviscidose 2 MUI/8 h 6±2 1à3 22 ± 4 5 à 18 2à6 Toxicité • Neurotoxicité - paresthésies - acuité visuelle - ataxie - bloc neuro musculaire Rares et réversibles à l’arrêt du traitement Toxicité • Neurotoxicité - paresthésies - acuité visuelle - ataxie - bloc neuro musculaire Rares et réversibles à l’arrêt du traitement • Néphrotoxicité - vieilles études: posologies différente, voie IM - liée au contenu en D-amino acides et acides gras - nécrose tubulaire par augmentation de la perméabilité membranaire induisant une de l’influx de cations, d’anions et d’eau Efficacité clinique ? Utilisation actuelle : indications de « sauvetage » + Toxicité de la colistine Etudes randomisées non envisageables… Le plus souvent : cas cliniques/séries rétrospectives • Nombreuses limites méthodologiques • Modalités diagnostics du diagnostic • Posologie/modalités administration très variables • Co-administration autres ATB • Pas de groupes témoins Les bétalactamines Pharmacodynamie pharmacocinétique ATB concentration dépendant Ex Aminosides Concentration maximale (pic) concentration Aire sous la courbe Concentration minimale inhibitrice T>CMI ATB temps dépendants Ex ßLactamines temps Concentration résiduelle 57 • Céphalosporines : bactéricidie temps dépendante • Pas ou peu d’effet post antibiotique • Efficacité définie par T › CMI • Nécessité de prises/injections répétées concentration Utilisation idéale d’un antibiotique temps-dépendant Ex : β -lactamines CMI temps 59 Couple ATB/Bactérie Bactériostase Bactéricidie C3G/EB 40% 70% C3G/ Staph Aureus 25% 40% C3G/ Pneumocoque 40% 70% W.A. Craig, ICAAC 1993; Pediatric Inf Dis J, 1996 Les infections sur cathéters: un exemple de prothèses infectées DEFINITIONS • L'infection bactériémique liée au C.V.C. est définie par : – L’association d ‘une bactériémie survenant dans les 48 heures encadrant le retrait du C.V.C. – et • • • • d’une culture positive du site d’insertion au même germe ou d’une culture du C.V.C. >1000 ufc/ml du même germe, ou d’un rapport hémoculture quantitative central/hémoculture périphérique>5 ou d’un délai différentiel de positivité des hémocultures >2 heures Actualisation 2002 de la 12e Conférence de Consensus en Réanimation et Médecine d'Urgence (Paris 1994) DEFINITIONS • Selon IDSA – – – – Bactériémie ou fongémie Patient porteur d’un cathéter intravasculaire Signes cliniques d’infection Pas de cause apparente en dehors du cathéter • Un des éléments suivants doit être présent : – Culture de cathéter positive au même microorganisme que l’hémoculture périphérique – rapport hémoculture quantitative central/hémoculture périphérique>3 – délai différentiel de positivité des hémocultures >2 heures Mermel, Clin Infect Dis, 2009 Les décisions dépendent de Gravité Maladies sous-jacente (immunodépression, prothèses) Micro-organismes identifiés ou suspectés HC positives ou négatives Utilité et facilité de l’abord veineux central Faible niveau de preuve Deux contraintes : Eviter l’ablation inutile des CVCs (75% des cas) et le risque associé de complications mécaniques Sauver les malades et éviter que l’infection se complique En cas de sepsis grave le cathéter DOIT être enlevé 2 situations • Sepsis grave de cause inconnu – Ablation du CVC – (ou échange sur guide?) • Fièvre sans signes de sepsis grave • Hémocultures positives Quels antibiotiques? Comment dépister les complications et les traiter? Est il possible de conserver le cathéter sans risques? Le biofilm, élément essentiel Biofilm formation Schneegurt, MA. Wichita St. University, Microbiology 103. Pourquoi fabriquer un biofilm? Jefferson KK. FEMS. 2004;236:163-73. Sensibilité des bactéries dans le biofilm Antibiotiques CMI ou CMB(mcg/mL) Dans le biofilm (mcg/mL) Vancomycine 2 (CMB) 20 Imipenème 1 (CMI) >1,024ª Ampicilline 2 (CMI) 512ª P. pseudomallei Ceftazidime 8 (CMB) 800 S. sanguis Doxycycline 0.063 (CMI) 3.15 Bactéries S. aureus (NCTC 8325-4) P. aeruginosa (ATCC 27853) E. coli (ATCC 25922) ª Eradication Minimale dans le biofilm Adapté de Donlan RM, et al. Clin Microbiol Rev. 2002;15:167-93. Ablation du cathéter? Ne pas l’enlever est toujours un risque… • • • Candida sp: 427 CRB – Death 41% vs 21 % N’guyen et al - Arch Intern Med 1995;155:2429 S. aureus: 50 CRB (retrospective) – Persistent BC:11 vs 56% (p=0.01), Deaths: 5 vs 20% Malanovski GJ - Arch Intern Med 1995;155:1161 X. maltophilia: – % cured: 49/49 vs 32/62 (p<0.0001) Elting et al - Medicine 1990;69:296 • • Boktour et al – Cancer2006; 106:1967 Gram negative bacili – % relapse: 1/67 vs 5/5 (p<0.001) Hanna et al – ICHE 2004; 25:646 Enterococci (n=61) – % cured: 5/13 vs 40/47 (p<0.01) – • especially if aminoglycosides are not associated with cell-wall agent Sandoe JA –JAC 2002; 50:577 CNS: – Deaths: 4/36 vs 4/34, recurrence after 3 months: 1/36 vs 6/34 Raad et al ICHE 1992 Faire le diagnostic Les Signes locaux ont peu de valeur diagnostique (1263 CVCs) Safdar N, Maki DG – Crit Care Med 2002; 30:2632-2635 N (%) Douleur (0-1) Erythème (0-2) Ecoulement (0-1) Purulence (0-1) Total (0 à 5) 25 (2%) ILC * n=35 0.0 Colonisation n=333 0.2 0.4 Stérile n=894 0.2 0.4 25 (2) 0.0 0.1 0.3 0.1 0.2 126 (10) 0.2 0.4 0.1 0.4 0.1 0.4 10 (0.8) 0 0 0.1 0 126 (10) 0.2 0.4 0.1 0.1 0.1 0.1 P> 0.5 pour toutes les comparaisons (*) douleur, écoulement et purulence n’étaient présent dans aucune des ILC (27/35 SCN même pulsotype…) Délai hémocultures(DTP) (DTP) Délaide de positivité positivité des des hémocultures Turbidité du dusang sangfonction fonctionde del’inoculum l’inoculum bactérien Turbidité bactérien HC sur cathéter 00 44 8 8 heures heures 0 0 44 8 8 heures heures HC périph. HC périph. DPT 4 h. DPT = 4=h. >120min Délai de positivité • Validation in-vitro Blot F et al - J Clin Microbiol. 1998;105-109 • Validation in-vivo (réanimation cancérologique) Seuil DTP= 120 mn Blot F - Lancet 2000; 354: 1071 MAIS • Que faire de hémocultures dissociées? • Explore essentiellement le mode de contamination endoluminale…utilité en réanimation? Rijnders BJ et al - Crit Care Med. 2001 Jul;29(7):1399-403 – Cependant valeur diagnostique aussi bonne pour les CVCs de moins ou de plus de 30 jours Raad et al – Ann Intern Med 2004; 140:18-25 Le traitement Traitement probabiliste Quelles molécules doit t on utiliser? REA-RAISIN 2006-2007 57 centres (8425 pts) Infection Colonisation CNS 43 % 33 % S. aureus 15 % 22 % Entérocoques 5% 7% 37 % 15 % 4.5 % 40 % 17 % BGN dont pyocyanique Candida 6% L’épidémiologie varie en fonction des années et des épidémies… Colonisation de CVC (Bichat-Claude Bernard) 1995-2003 70 60 50 Levures 40 Entérobactéries P. aeruginosa 30 S. aureus SCN 20 10 (48 ) 20 0 3 (44 ) 20 0 2 (32 ) 20 0 1 (31 ) 20 0 0 (52 ) 19 9 9 (51 ) 19 9 8 (46 ) 19 9 7 (43 ) 19 9 6 19 9 5 (16 ) 0 from U.H.L.I.N Bichat: I Lolom, JC Lucet Jernigan et al - Ann Intern Med 1993;119:304 S. Aureus : traitement court • Meta-analyse 11 études/ 132 Pts – complications tardives après traitement < 14 jours 6.1% [95% CI, 2.0% - 10.2%] – Rare mais graves: 3 Endocardites (1 chirurgie) 2 abcès épiduraux (1 chirurgie) 2 bactériémies (1 décès) Verrou Antibiotique? • Concentration antibiotiques élevées (X 50 to 100) • Volume 2 ml (+ héparine si vanco, cipro, teico) • Antibiotiques stables: (même si héparine) – vanco, cefazoline, ticar-clavu,cipro (Anthony et al, AAC 1999;2074) • Cathéter inutilisable pendant le verrou… • Injection 2 fois/ jour, pendant 2 à 3 semaines • Associé à une antibiothérapie IV Contre-indications: infections fungiques, neutropénie, thrombophlébite, tunnelite, choc septique Verrous: Posologies/héparine - Jamais seul - Jamais plus de 48 h plutôt 24 heures en place (ou à chaque dialyse) - Non recommandé pour Candida et S aureus - Seul en alternative d’une ISB non bactériémique à SCN -Éthanol non recommandé pour l’instant - verrou à la Vanco avec des concentrations > 1000 CMI IDSA guidelines 2009 IDSA Guidelines for Intravascular Catheter-Related Infection • CID 2009:49 (1 July Pneumopathies nosocomiales En réanimation En dehors de la réanimation Epidémiologie • 5 à 10/1000 hospitalisation • 6 à 20 fois plus si ventilation mécanique • Deuxième site d’infection nosocomiale mais premier pour la mortalité • Mortalité 71% • mortalité imputable directement (décès qui aurait été évité en l’absence de la pneumonie) : 25 à 35% (Heyland et coll. AJRCCM 1999;159:1249-56) Pneumopathie acquise sous ventilation mécanique (PVAM) • Fréquence des inhalations des sécrétions oro-pharyngées • Modification de la flore pharyngée au bénéfice des gram négatifs d’origine entérale • Augmentation de 75% des épisodes de RGO/sujets sain • Voie hématogène à partir d’un site infectieux à distance • Aspirations répétées sondes souillées, humidificateurs souillés (legionella, Aspergillus) • Contamination par le personnel et les médecins (mauvaise hygiène des mains, mauvaise protection respiratoire) Les facteurs liés à l’hôte • Infection chronique sévère sous-jacente • Coma • Malnutrition • Tabagisme • Diabète • Alcoolisme • Insuffisance rénale Facteurs environnementaux • Le personnel (nombre, formation) • Nombre de procédures invasives • Certains agents thérapeutiques : corticoïdes, agents cytotoxiques, chirurgie prolongée et compliquée (principalement thoraco-abdominale) • L’utilisation des anti-H2 augmente la fréquence de la colonisation gastrique par les entérobactéries à gram négatif (EBGN) • Alimentation par sonde gastrique : ↑ reflux • Maintien en position de décubitus à plat • Intubation endo-trachéale = altère la fonction mucocilliaire et la clearance mécanique des sécrétions de l’arbre respiratoire • Colonisation de la sonde d’intubation par des germes protégés par un biofilm comme sur tout matériel étranger. • Changement trop fréquent des circuits de ventilation CONFIRMATION BACTERIOLOGIQUE • OBLIGATOIRE car spécificité du diagnostic clinique < 50% • Les méthodes de prélèvement – – – – – Les aspirations trachéales avec ou sans bronchoscopie Hémocultures (diagnostic chez 8 à 20% des patients) Analyse du liquide pleural Le LBA, la brosse Sérologies et antigènes solubles urinaires Différence entre infection et colonisation • Aspiration trachéale – très sensible (89%) mais peu spécifique (62%) – Spécifique uniquement pour M. Tuberculosis et Legionella – Reste importante : facilement reproductible, présence du germe responsable (valeur de la culture quantitative) – Intérêt de l’examen direct : coloration de gram (1) – Bonne valeur prédictive négative – Culture quantitative > 106 cfu/ml • Brosse protégée – > 103 cfu/ml – Qualité difficilement mesurable, – Reproductibilité faible (25%) 1) Value of gram strain examination of lower respiratory tract secretions for early diagnosis of nosocomial pneumonia F. Blot and coll. AJRCCM ; 162 (2000) : 1731-37 • LBA >104 ou 105 CFU/ml Sensibilité 73 +/- 18% Spécificité 82 +/- 19% présence d’organismes intra-cellulaires dans 2-5% des cellules = pneumonie Fiabilité du prélèvement sur l’absence de cellules épithéliales signe l’absence de contamination • Les autres prélèvements : – Sérologie • Virus, aspergillus, candida • Légionelle – Antigènes solubles urinaires • Pneumocoque • Légionelle sérotype 1 EXAMEN DIRECT Aspiration Endotrachéale BROSSE sensibilité 89% 67% spécificité 62% 95% Valeur Prédictive Positive 55% 89% Valeur Prédictive Négative 94% 86% PVAM précoces (50% des cas) Avant le 4ème jour de ventilation • bactéries de la flore oro-pharyngée de type communautaire si le patient non hospitalisé antérieurement et sans facteurs de risque S. pneumoniae, hemophilus influenzae (31%) • bacille à gram négatif (24%) • Staphylococcus aureus Méthi S(10%) • patients hospitalisés antérieurement ou antibiothérapie antérieure S. Pneumoniae de sensibilité diminuée à la Pénicilline bactéries à gram négatif S. aureus Méthicilline R • Patients avec facteurs de risque – – – – Chirurgie digestive → germes anaérobies Diabète, coma, insuffisance rénale → S. aureus M. Affection respiratoire chronique → Pseudomonas aeruginosa Corticoïdes au long cours → Legionella, Aspergillus, candida PVAM TARDIVES après le 4ème jour de ventilation Sans facteur de risque – bacille à gram négatif non pseudomonas (24%) – Staphylococcus aureus Méthi S(10%) Avec facteurs de risques et pneumonie sévère – P. aeruginosa – Enterobacter sp. – Acinetobacter sp. – Klelsiella sp. – E. coli – Proteus sp. – Serratia sp. – SAMR Polycrobien possible Ne pas oublier Legionella pneumophila la culture de l’aspiration des bronches distales quantitativement significative pour les germes commensaux de l’oropharynx (S. viridans, S. coag -,Nesseiria sp, Corynebacterium sp) = interprétation difficile Les infections à Bactéries multi-résistantes (BMR) Fréquence en réanimation ++ Les bactéries en causes • • • • Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM) Pseudomonas aeruginosa Entérobactéries sécrétrices de bêta-lactamases à spectre étendu (BLSE) Acinetobacter sp. L’épidémiologie varie d’un service à l’autre Facteurs de risque de la colonisation/infection par BMR • • • • Traitement antimicrobien dans les 90 j précédents Hospitalisation en cours > 5 jours Ratio charge en soin/personnel inadéquat La présence dans la même chambre de patients porteurs de BMR • Nombre et durée des procédures invasives • Une antibiothérapie qualitativement ou quantitativement inadaptée ↑ risque de BMR L’antibiothérapie probabiliste des pneumopathies nosocomiales (1)(2) • • • Après prélèvements bactériologiques FIABLES Antibiothérapie précoce et adéquate: diminution du risque de mortalité des pneumonies acquises sous ventilation Les schémas doivent tenir compte de • • • • • • l’écologie bactérienne locale, le profil de sensibilité des bactéries nosocomiales du service, la notion de colonisation ou d’infection antérieure du patient par une BMR ou non, la durée de l’hospitalisation antérieure, la durée de la ventilation, les antibiothérapies antérieures • Corrigé après les résultats microbiologiques 1) 2) Antibiothérapie probabiliste des états septiques graves , SFAR, SPILF, 2004 Hospital-acquired pneumonia in adults : a consensus statement- AJRCCM ; 153 (1995) Pneumopathies nosocomiales en dehors de la réanimation La gériatrie L’immunodépression Pneumonie peu sévère, ou précoce Micro-organismes Bactéries digestives à gram négatif (non pseudomonas) Enterobacter spp, E. coli Klebsiella sp. Proteus sp. Serratia sp. antibiothérapie ceftriaxone ou Bêta-lactamine/inhibiteur ou Levofloxacine, moxifloxacine, ciprofloxacine Hemophilus influenzae S.A.M.S. Streptococcus pneumoniae legionella Erythromycine +/- rifampicine Pneumonie grave ou tardive • Céphalosporine à activité anti-pseudomonas – Cefepime (1 à 2g/8-12h) – Ceftazidime (2g/8h) • Ou carbapenems – Imipenem 500mg/6h ou 1g/8h – Meropenem 1g/8h • Ou β-lactamine + inhibiteurs – Piperacilline/tazobactam 4.5g/6h + aminoside ou fluroquinolone anti-pseudomonas + vancomycine ou Linezolid 600mg/12h L’immunodépression • En plus de tous les germes précédemment décrit : • Les champignons : – Candida sp – Aspergillus fumigatus • Les virus – Grippe, VRS (pédiatrie) – Importance de Legionella pneumophila bibliographie 1-Value of gram strain examination of lower respiratory tract secretions for early diagnosis of nosocomial pneumonia F. Blot and co. AJRCCM ; 162 (2000) : 1731-37 2 - Antibiothérapie probabiliste des états septiques graves , SFAR, SPILF, 2004 3 - Hospital-acquired pneumonia in adults : a consensus statement- AJRCCM ; 153 (1995) 4- The attribuable morbidity and mortality of ventilator-associated pneumonia in the critically ill patients , Heyland and al. : AJRCCM 1999;159:1249-56 5 - Duration of antimicrobial therapy for nosocomial pneumonia : possible strategies for minimizing antimicrobial use in intensive care units – Dugan andt co. Journal of clinical pharmacy and therapeutics (2003) 28, 123-32 6 -Ventilator-associated pneumonia –His international conference, Edinburgh 2002 – J.L. Vincent -Journal of hospital infection (2004) 57, 272-280 7 - Hospital acquired pneumonia in adult : a consensus statement of ATS – AJRCCM (1995);153 : 1712-24 8 - Guidelines for preventing health-care associated pneumoniae, 2003- recommmendation of CDC 9- nosocomial pneumonia guidelines : Mendell and Co. CHEST 1998; 113-188S-193S 10 - Prévention des infections a bacteries multirésistantes en réanimation : SRLF 1996 11 - Impact of methicillin resistance on outcome of staphylococcus aureus ventilator-associated Pneumonia – Combes AJRCCM (2004) 170 : 786-792 12 – The pulmonary physician in critical care : nosocomial pneumonia- Ewig and co. Thorax 2002 ; 57 : 366-371 Bibliographie (suite) 13 - Procalcitonine kinetics as a prognostic marker of ventilator-associated pneumonia – Luyt and co. AJRCCM (2004) 171 : 48-53 14 - Therapeutic guidelines for Pseudomonas aeruginosa infetions – Gamarellou International journal of antimicrobial agents (2000) 16 : 103-106 15- Guidelines for the management of adults with hospital-acquired, ventilator-associated an Healthcare-associated pneumonia – AJRRCCM(2005);171:338-416 Conclusion • Prévention et Prise en charge des BMR – Bon usage des antibiotiques • Limitation des sélections – Procédures d’hygiène • Limitation de la transmission • En cas d’épidémie – Prise de mesures le plus rapidement possible Lavage des mains Nombre de lits 12 Nombre d’infirmières / poste 3 Durée du poste 8 heures Nombre de patients / infirmière 4 Nombre de contacts / h / infirmière 5 Durée du lavage des mains 2 min Durée du lavage / infirmière / h 40 min Durée du lavage des mains / 24h 2880 min Temps consacré au lavage /24h 48 heures Nombre d’infirmières occupées à temps plein par le lavage des mains Widmer et al Int Care Med 1994 6/9 Temps économisé par l’utilisation de la Friction Hydro-Alcoolique • Lavage simple des mains : • • • • • quitter le lit du patient aller au lavabo, se mouiller les mains se laver les mains (= 30 secondes) se sécher les mains retourner au lit du patient • Friction avec une SHA : Total 1 min 30 s •au lit du malade •durée de friction pour séchage Total 30 s