CHAPITRE I : INTRODUCTION
A. L'HISTORIOGRAPHIE - ETAT DE LA QUESTION
La France et la Grande-Bretagne qui, au XVIIIe siècle, ont remplacé le Portugal, l'Espagne
et les Provinces-Unies dans leur rôle de grandes puissances maritimes (carte 1, p. 178), se sont
heurtées souvent alors dans plusieurs régions du globe pour défendre leurs intérêts nationaux, leur
commerce et leur prestige. L'Inde et, plus particulièrement, la partie située au sud-est de la
péninsule ont été, pendant tout le siècle, le théâtre d'opérations majeures de leurs rivalités qui ont
atteint le point culminant au moment de la guerre d'Indépendance américaine, avec des
prolongements pendant tout le dernier quart du XVIIIe siècle1.
L'histoire générale de Pondichéry et des comptoirs est connue de façon irrégulière et
discontinue. Pour rester dans la période française de Pondichéry2, des spécialistes du siècle
dernier se sont penchés d'abord sur la période glorieuse des Français en Inde (cartes 2 et 3, p. 179
et 180), c'est-à-dire celle de Dupleix (Julien Vinson, Castonnet des Fossés, Henri Druon, Prosper
Cultru,...), pour remonter, un peu plus tard, au commencement de l'établissement des Français au
XVIIe siècle. Ainsi, au début du siècle présent, les publications d’Alfred Martineau, d'Edmond
Gaudart et de certains autres sur François Martin, Benoît Dumas, Mahé de Labourdonnais, Bussy,
Lally-Tollendal avaient surtout éclairé la période de l’Inde française allant des débuts
d’installation à Surate et Pondichéry jusqu'à la fin de la guerre des Sept ans.
Après la cession des comptoirs français, nous avons vu paraître quelques publications
comme celle d'A. Annasse sur l'histoire globale des établissements français et celle de G.Chaffard
qui, dans le cadre de son étude de la décolonisation française, rapporte plusieurs événements de
Pondichéry. A part quelques exceptions de ce type, et jusqu’à la fin des années soixante-dix, les
historiens français ont très peu étudié l’Inde après Dupleix. Et les périodes postérieures au Traité
de Paris de 1763 sont restées dans la pénombre pour diverses raisons.
Dans les années 1970, on assiste à une gerbe d'études et mémoires3 :
- sur Karikal, de 1817 à 1831, par Vérane Louvet (1970) ;
- sur Karikal, de 1832 à 1849, par Jacques Weber (1971) ;
- sur Karikal, de 1850 à 1862, par Roucaya Badat (1972) ;
1 Et aussi, dans l'espace, au sud-ouest de l'océan Indien.
2 Pour la période antérieure, des inscriptions et des monuments permettent d'avoir un aperçu sommaire et également
lacunaire : l'histoire continue de la région reste à écrire.
3 J. Weber, Pondichéry et les comptoirs de l'Inde après Dupleix, p. 423-424.