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2 LES AMPHIBIENS 5
2.5 Les grenouilles vertes
Du fait de conditions météorologiques défavorables, aucune observation visuelle ou sonore n’a pu avoir
lieu en 2012.
Le 8 avril 2011, avec des conditions météorologiques un peu moins défavorables, de faibles chants de gre-
nouilles vertes avaient été entendus dans le grand plan d’eau, ne permettant pas cependant d’identifier préci-
sément les taxons concernés. Les pêcheurs nous avaient alors indiqué que les grenouilles vertes y étaient peu
nombreuses et en régression.
En 2007, le bureau d’étude Biotope avait identifié la grenouille rieuse, espèce allogène en Ile-de-France,
ainsi que des grenouilles vertes indigènes.
Les grenouilles vertes déposent habituellement leurs pontes sur la végétation aquatique à une profondeur
de l’ordre de 20 à 40 cm. De telles zones sont rarissimes dans le grand plan d’eau.
2.6 Le maintien des continuités biologiques lors de l’urbanisation du quartier
Depuis longtemps, notre Association considère que le ratio entre le nombre d’espèces d’amphibiens ef-
fectivement présentes sur un site et le nombre d’espèces potentiellement présentes sur ce site est un excellent
indicateur de la qualité de la gestion écologique, volontaire et surtout involontaire, passée de ce site.
Le Parc André Malraux est aujourd’hui, pour les amphibiens, un isolat et il n’existe plus de possibilités de
colonisation spontanée. Or le nombre d’espèces d’amphibiens présentes sur ce site, au moins 5, est très élevé
pour un site a priori peu favorable. Ce milieu étant une création relativement récente, se pose la question de
savoir s’il s’agit d’introductions anthropiques ou de colonisations spontanées.
Nous avons observé fréquemment des tentatives d’introduction (ou de réintroduction) de grenouilles
vertes, ce qui paraît logique puisqu’il s’agit d’espèces diurnes et bruyantes, bien connues et appréciées du
grand public. Le plus souvent ces tentatives ont échoué, à l’exception notable de la grenouille rieuse. Cette es-
pèce, allogène en Ile-de-France, a donc très certainement été introduite et peut-être également les grenouilles
vertes indigènes. Si elle était présente, la grenouille de Lessona, plus couramment appelée petite grenouille
verte, serait probablement spontanée, sa petite taille la rendant moins attractive pour une introduction.
Par contre, il nous paraît très peu probable que le crapaud commun, la grenouille rousse, la grenouille agile
et le triton palmé aient été introduits sur le site.
Avant son urbanisation, ce quartier était une friche urbaine célèbre pour ses « bidonvilles ». Les quatre
espèces d’amphibiens précités y trouvaient à la fois les sites de reproduction et les habitats terrestres qui leur
sont nécessaires. Le crapaud accoucheur, Alytes obstetricans, y était sans doute également présent. C’est ainsi la
seule espèce d’amphibiens qui paraît avoir disparu de ce quartier.
La présence actuelle de ces 4 espèces d’amphibiens montrent que les continuités biologiques ont été
maintenues à chaque phase de l’urbanisation. Ce respect des rythmes propres à la biodiversité paraît résulter
pour l’essentiel de blocages ou de retards dans la conduite des chantiers. Alors que personne ne se préoccupait
de trames vertes ou bleues, ce phénomène heureux est ici à l’évidence tout à fait involontaire.
On voit ici l’importance du phasage des travaux, question essentielle qui n’est pourtant pratiquement ja-
mais traitée ni dans les études d’impact ni dans les plans de gestion.
Motivée par l’urgence politique et/ou sociale, l’urbanisation s’est faite à l’évidence sans se préoccuper
d’environnement et encore moins de biodiversité. Assez logiquement, l’aménagement initial du Parc André
Malraux n’a pas plus intégré de préoccupations environnementales.
La prise en compte de la biodiversité dans la gestion du Parc André Malraux est une volonté récente qui
est loin d’être intégrée dans tous les aspects de sa gestion et dans la culture de tous les intervenants. Espérons
que cette volonté nouvelle aura un effet plus positif que le désintérêt des décennies précédentes, en gardant
la modestie devant les faits par l’exploitation systématique du retour d’expérience, en évitant les évolutions
brutales et en se méfiant des vulgarisations trop simplificatrices.
2.7 Récapitulation concernant les amphibiens
On trouve dans le Parc André Malraux :
– deux espèces à fort enjeu patrimonial : le crapaud commun et la grenouille rousse. Ces deux espèces sont
en danger d’extinction à court ou moyen terme.