PRESENTATION Démarche de formation aux nouveaux programmes Alain Guerpillon, IA-IPR de Lettres

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Démarche de formation aux nouveaux programmes
La part des LCA dans l’enseignement du français
PRESENTATION
Alain Guerpillon, IA-IPR de Lettres
La part des LCA dans l’enseignement du français
Le préambule des programmes des Enseignements de Complément insiste sur l’apport de l’enseignement des Langues et
Cultures de l’Antiquité à l’enseignement du français :
- pour la maîtrise de la grammaire : il « favorise une meilleure compréhension des fonctionnements de la langue française. »
et il « permet aux élèves d’entrer dans une démarche comparatiste entre langues »
- pour la maîtrise du lexique : il « aide au développement de compétences lexicales et sémantiques »
- pour la maîtrise de la lecture littéraire : son enseignement qui « se fonde d’abord sur des textes authentiques que l’on fait
lire en latin et en grec, mais également, de manière cursive, en traduction » vise « à l’acquisition de compétence de lecture, de
compréhension et de traduction. Il s’agit enfin de faire prendre conscience de la diversité des interprétations en fonction des
époques et du contexte.» En d’autres termes, l’approche des textes de l’antiquité se doit d’être, comme en français, interprétative,
puisqu’elle traite ces textes comme des œuvres littéraires ; il faut donc veiller à ne pas se contenter d’instrumentaliser ces œuvres en
les réduisant à des outils de connaissances historiques ou civilisationnelles.
Si l’on veut rendre sensible l’apport de l’enseignement des langues anciennes à l’enseignement du français, il faut réfléchir à
mettre en synergie les démarches de chacun de ces enseignements. Nous voudrions insister sur trois aspects.
Une cohérence dans l’approche grammaticale
Les nouveaux programmes de français soulignent la nécessité de travailler sur les régularités, sans chercher l’exhaustivité
mais en veillant à faire comprendre que la langue est un système. Ils préconisent par ailleurs une approche explicite et réflexive de
la langue favorisant la mise en activité des élèves et leur intérêt pour l’étude de la langue. Il peut donc être intéressant, pour
conforter la cohérence des démarches en français entre chaque cycle, de reprendre celles-ci pour l’approche des textes latins. L’étude
du texte latin se centrera donc sur l’identification des grands groupes syntaxiques autour du verbe et se donnera comme objectif
l’identification du verbe, des Compléments du verbe et des Compléments de Phrase. Bien évidemment, si la démarche à mettre en
œuvre est commune, elle se prolongera en latin par l’identification progressive des marques spécifiques du verbe, du sujet et des
compléments. L’objectif est bien de mettre les élèves en situation de travailler le plus vite possible sur des textes, de réinvestir et de
conforter leur savoir grammatical et de progressivement dégager les spécificités de la langue latine. Il y a là véritablement une
démarche qui place ces deux langues dans un jeu de miroir et qui conforte l’idée que l’on ne peut véritablement maîtriser sa propre
langue qu’à partir de la pratique réflexive d’une autre langue.
Une cohérence dans l’approche de la lecture et de l’écriture
Les nouveaux programmes insistent sur la démarche d’investigation afin de permettre une authentique appropriation par les
élèves et sur la place de l’interprétation dans la lecture des textes. Nous proposons ici un exemple d’investigation du texte latin à
partir de la traduction ; dans cette première phase de compréhension du texte latin l’approche grammaticale se double
nécessairement d’une approche lexicale. C’est ensuite à la lumière du projet de lecture que cette première étape, nécessaire, de
compréhension - et qui se matérialise ici dans la première traduction proposée – va être dépassée par une lecture interprétative qui
va progressivement rendre explicites les enjeux du texte et les choix d’écriture opérés par l’auteur. Enfin, le travail d’écriture se
conçoit comme le réinvestissement de la lecture construite avec les élèves et de l’activité grammaticale conduite autour de la notion
de groupes. Traduire, c’est faire des choix éclairés et conscients, lesquels ne peuvent être faits qu’après avoir été explicités. La
traduction ne peut donc être traitée que comme un travail d’écriture.
Quattuor robustos filios, quinque filias, tantam
Appius Claudius, aveugle et âgé, dirigeait quatre fils
domum, tantas clientelas Appius Claudius regebat et
en pleine vigueur, cinq filles, une grande maison de
caecus et senex : intentum enim animum tamquam
grandes clientèles : en effet, il avait l’esprit tendu
arcum habebat nec languide succumbebat senectuti ;
tenebat non modo auctoritatem, sed etiam imperium
in suos : metuebant servi, verebantur liberi, carum
omnes habebant ; vigebat in illa domo mos patrius et
disciplina.
comme un arc et ne succombait pas languissamment à
la vieillesse ; il gardait non seulement du prestige mais
encore du pouvoir sur les siens ; ses esclaves le
craignaient, ses enfants le respectaient, tous le
tenaient pour un être cher ; dans cette maison la
coutume et la discipline ancestrales restaient en
vigueur.
Rem publicam consilio et auctoritate etiam
defendebat.
Senectus enim honesta est, si se ipsa defendit, si
Il défendait aussi la République par sa sagesse et son
autorité.
La vieillesse est en effet honorée, si elle se défend
jus suum retinet, si usque ad ultimum spiritum
elle-même, si elle maintient ses droit, si elle conserve
dominatur in suos.
jusqu’à son dernier souffle sa domination sur les siens.
Apex est senectutis auctoritas !
D’après Cicéron, De senectute, Xl,37 - VI, 15 - Xl,38 - XVII.60
L’autorité est la couronne de la vieillesse !
VERS LA COMPREHENSION – APPROPRIATION
DU TEXTE LATIN A PARTIR DU TEXTE FRANÇAIS
ENTREE PAR LA GRAMMAIRE
GS<>Nom.
V
CV<> Acc./Dat.
CP<>Abl.
GS<>Nom.
V
CV<> Acc./Dat.
CP<>Abl.
Appius Claudius, aveugle et âgé, dirigeait quatre fils en pleine vigueur, cinq filles, une grande maison, de grandes clientèles : en effet, il avait
l’esprit tendu comme un arc et nesuccombait pas languissamment à la vieillesse ; il gardait non seulement du prestige mais encore du pouvoir
sur les siens ; ses esclaves le craignaient, ses enfants le respectaient, tous le tenaient pour un être cher ; dans cette maison la coutume et la
discipline ancestrales restaient en vigueur.
Il défendait aussi la République par sa sagesse et son autorité.
La vieillesse est en effet honorée, si elle se défend elle-même, si elle maintient ses droits, si elle conserve jusqu’à son dernier souffle sa
domination sur les siens.
L’autorité est la couronne de la vieillesse !
Appius Claudius, aveugle et âgé, dirigeait
Quattuor robustos filios, quinque filias, tantam
quatre fils en pleine vigueur, cinq filles, une
domum, tantas clientelas Appius Claudius regebat et
grande maison, de grandes clientèles : en effet, il
avait l’esprit tendu comme un arc et ne
succombait pas languissamment à la vieillesse ; il
gardait non seulement du prestige mais
caecus et senex : intentum enim animum tamquam
arcum habebat nec languide succumbebat
senectuti ; tenebat non modo auctoritatem, sed
encore du pouvoir sur les siens ; ses esclaves le
etiam imperium in suos : metuebant servi,
craignaient, ses enfants le respectaient,
verebantur liberi, carum omnes habebant ; vigebat
tous le tenaient pour un être cher ; dans cette
in illa domo mos patrius et disciplina.
maison la coutume et la discipline
ancestrales restaient en vigueur.
Il défendait aussi la République par sa sagesse
Rem publicam consilio et auctoritate etiam
et son autorité.
defendebat.
La vieillesse est en effet honorée, si elle se
Senectus enim honesta est, si se ipsa defendit,
défend elle-même, si elle maintient ses droits, si
si jus suum retinet, si usque ad ultimum spiritum
elle conserve jusqu’à son dernier souffle sa
dominatur in suos.
domination sur les siens.
L’autorité est la couronne de la vieillesse !
Apex est senectutis auctoritas !
Ordre syntaxique hors CP
FRANÇAIS
XXXX
X
XXXX
X
XXX XX
X
X
pronom
XXXX
XXXX
XXX XX
LATIN
X
XXXX
X
XXXX
XXX XX
X
XXX XX
XXX XX XXX
X
XXXX
XXX XX
XXXX
X
X XXX XX XXXX
X
XXXX
XXXX
X
X
XXXX
XXX XX
X
VERS LA COMPREHENSION – APPROPRIATION
DU TEXTE LATIN A PARTIR DU TEXTE FRANÇAIS
ENTREE PAR LE LEXIQUE
1) Identification du personnage principal du texte : praenomen et
nomen.
2) Termes qui montrent que le personnage est bien le dominus.
3) Relecture de la première phrase jusqu'à senex
- les adjectifs qui qualifient le personnage : caecuscécité / senex
(senectuti-senectutis)sénile, sénilité, sénat / carum caressant,
charitable, chérissable, cher.
4) Repérage et classement des 6 connecteurs logiques d’addition, de
cause et de condition.
VERS LA COMPREHENSION – APPROPRIATION
DU TEXTE LATIN A PARTIR DU TEXTE FRANÇAIS
INTERPRETATION
Travail préparatoire du professeur :
- lecture conseilléeEtre enfant à Rome, J-P Néraudeau, édit.Réalia, Les
Belles Lettres, 1984 ;
- Pourquoi Cicéron, qui compose son Cato Major en -44, éprouve-t-il le besoin
de situer son dialogue en -150 et d'évoquer la figure d'Appius en remontant
à deux siècles et demi?
Il y a là évidemment refuge dans le passé puisque le modèle de la familia qui
nous est décrite ne correspond pas à la réalité de la familia à l'époque où
écrit Cicéron. Nostalgie du mos patrius qui permet d'éluder la crise politique,
économique et morale qui sévit, de nier une évolution que l'on refuse et qui
est inexorable.
Face à la montée en puissance des adulescentes à la fin de la République),
Cicéron tente une véritable revalorisation des senes. On trouvera très
facilement de nombreuses anecdotes dans le Cato Major pour illustrer la
notion d'auctoritas (§ 16, 22, 63-64). La belle métaphore finale permet de
mieux comprendre une idée très abstraite.
Projet de lecture proposé à la classe : la conception de la familia dans
le texte
Une figure toute puissante : le pater familiae
 Les mots ou expressions latines qui mettent en évidence la puissance d'Appius :
→ le pouvoir qu'il détient : (p.p. -adjectif : intentum ; verbes : regebat/ habebat /
vigebat / tenebat ; nom : imperium in suos (droit de commandement ; pouvoir absolu)
→ le pouvoir qu'on lui reconnaît :
nom : auctoritas (autorité, prestige, considération) ; verbes : metuebant (servi) /
verebantur (liberi).
 Les procédés d'écriture qui soulignent le pouvoir d'Appius :
→ l'énumération initiale,
→ le rejet du sujet et des adjectifs,
→ la coordination des adjectifs par et... et
→ le procédé d'insistance : non modo ... sed etiam / etiam (à la sphère privée de la
familia s’ajoute la sphère publique de la res publica).
→ Les deux images : comparaison tamquam arcum et métaphore apex
Auctoritas <augeo / auctum >augmenter =>écriture de l’amplification.
Une absente : la femme
Une représentation idéale de la familia
Un éloge de la vieillesse
VERS LA COMPREHENSION – APPROPRIATION
DU TEXTE LATIN A PARTIR DU TEXTE FRANÇAIS
DE L’INTERPRETATION
AU TRAVAIL D’ECRITURE DE LA TRADUCTION
 Exemple du travail mené sur la première phrase : « améliorer » progressivement la traduction,
l’ « enrichir », la « transformer ». (programmes ECRITURE cycles 3 et 4)
Quattuor robustos filios, quinque filias, tantam domum, tantas clientelas Appius Claudius regebat et caecus et
senex.
Appius Claudius, aveugle et âgé, dirigeait quatre fils en pleine vigueur, cinq filles, une grande maison, de grandes
clientèles.
1ère écriture : Quatre fils en pleine vigueur, cinq filles, une grande maison, de grandes clientèles, voilà ce
que dirigeait Appius Claudius, aveugle et âgé.
2ème écriture: Ce sont quatre fils en pleine vigueur, cinq filles, une grande maison, de grandes clientèles qu’
Appius Claudius, aveugle et âgé, dirigeait.
3ème écriture : Ce sont quatre fils en pleine vigueur, cinq filles, une grande maison, de grandes clientèles qu’
Appius Claudius dirigeait, alors qu’il était aveugle et âgé.
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