J. De Flines e t coll.
Rev Med Liège 2009; 64 : 2 : 109-114
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à courte durée d’action et/ou dépourvu de méta-
bolites actifs, pour limiter le risque hypoglycé-
mique tel que celui rencontré par le patient décrit
dans la vignette. Le gliclazide est, de ce point
de vue, une bonne alternative, surtout depuis la
publication de l’étude ADVANCE qui avait fait
de ce traitement la base de la stratégie thérapeu-
tique (7). Une autre possibilité est de recourir à
un glinide, à résorption rapide et courte demi-vie
(réplaglinide). Enfin, on peut aussi prescrire une
gliptine (sitagliptine, vildagliptine). Ces médi-
caments, en inhibant l’enzyme dipeptidylpepti-
dase-4 qui dégrade le glucagon-like peptide-1,
augmentent l’insulino-sécrétion de façon gluco-
dépendante et n’exposent donc pas le patient
à un risque accru d’hypoglycémies, contraire-
ment aux sulfamides (19). L’inconvénient de
cette alternative est son coût plus élevé, raison
pour laquelle cette classe de médicament n’est
pas encore prise en considération dans le der-
nier consensus de l’ADA-EASD (6), ce qui ne
devrait cependant plus tarder compte tenu de
l’engouement pour cette nouvelle approche.
Le second choix serait d’ajouter à la met-
formine un autre insulinosensibilisateur de la
famille des thiazolidinediones (rosiglitazone,
pioglitazone). Cette solution n’est cependant
pas considérée comme une option prioritaire (6),
surtout depuis la controverse récemment soule-
vée à propos de la sécurité cardio-vasculaire des
glitazones et, en particulier, de la rosiglitazone,
même si la discussion n’est sans doute pas close
à ce sujet (20). Quoi qu’il en soit, le dernier
consensus ADA-EASD ne recommande plus
l’utilisation de la rosiglitazone, mais préconise
celle de la pioglitazone, si l’option d’ajouter une
glitazone est choisie (6).
b) Thérapeutique réduisant le risque cardio-
vasculaire
Outre l’hyperglycémie, ce patient présente un
risque cardio-vasculaire nettement accru (9, 11).
En effet, il cumule la présence d’un diabète de type
2, d’un syndrome métabolique, en ce compris une
hypertension artérielle, et d’une hypercholestéro-
lémie LDL. Ce patient doit donc bénéficier d’une
stratégie de prévention multirisques. Celle-ci a
démontré qu’elle est capable de réduire l’incidence
des complications cardio-vasculaires et la mortalité
associée de l’ordre de 50 % (10). Heureusement, le
patient a interrompu le tabagisme depuis de nom-
breuses années. Sur le plan hygiéno-diététique, un
entraînement physique progressif doit certainement
être recommandé. Il faut également insister sur le
respect d’une alimentation équilibrée, modérément
hypocalorique, restreinte en sucres simples et en
graisses saturées, mais enrichie en fruits et légu-
mes (fibres) et en graisses mono- et poly-insaturées
(1, 5, 11).
Le traitement médicamenteux incontestable
consiste en la prescription d’une statine, avec comme
objectif un taux de cholestérol LDL < 100 mg/dl au
vu du profil de risque élevé du patient (5, 11). La
statine a, en effet, démontré sa capacité à réduire
les événements cardio-vasculaires, et notamment
coronariens, d’environ un tiers par rapport à un pla-
cebo, y compris dans la population diabétique de
type 2 et indépendamment d’une hypercholestéro-
lémie avant traitement (5, 11). La diminution rap-
portée a été de 25% dans l’étude «Heart Protection
Study» avec la simvastatine 40 mg et de 37% dans
l’essai contrôlé CARDS avec l’atorvastatine 10
mg dans une population de patients diabétiques de
type 2 (21). L’ajout d’un fibrate (fénofibrate) peut
être discutée, dans un second temps, pour tenter de
réduire le risque résiduel sous statine, s’il persiste
une hypertriglycéridémie avec taux abaissé de cho-
lestérol HDL (21).
Le recours à un traitement antiagrégant plaquet-
taire est moins unanimement reconnu en prévention
primaire chez le patient diabétique (alors qu’il est
bien entendu indispensable en prévention secon-
daire) (19). Néanmoins, au vu du cumul de facteurs
de risque de ce patient (en ce compris la corona-
ropathie fatale de son père), il paraît opportun de
prescrire une dose anti-agrégante d’acide acétylsa-
licylique (80 à 160 mg/jour) (5, 22).
La pression artérielle doit être contrôlée de façon
optimale, avec une valeur cible < 130/80 mm Hg, et
même si possible < 125/75 mm Hg compte tenu de
l’existence d’une microalbuminurie, témoin d’une
néphropathie débutante (5, 11). Pour ce faire, le
recours à plusieurs antihypertenseurs, éventuelle-
ment en associations fixes, est souvent indispen-
sable (23). Le patient bénéficie déjà d’une triple
thérapie combinant un IEC (périndopril) et un diu-
rétique (indapamide), association fixe ayant montré
son efficacité dans l’étude ADVANCE (24), avec
un antagoniste calcique de la famille des dihydro-
pyridines. Si ce traitement s’avère insuffisant, et a
fortiori s’il persiste une microalbuminurie dont on
connaît le mauvais pronostic sur le plan cardio-vas-
culaire et rénal, on pourrait, dans un second temps,
compléter le blocage du système rénine-angioten-
sine, en ajoutant un antagoniste sélectif des récep-
teurs AT1 (sartan) ou un inhibiteur direct de la rénine
(aliskiren), tout en surveillant la kaliémie (25).
3) r
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La rédaction d’une ordonnance est un acte
essentiel de la consultation médicale qui mérite
la plus grande attention (26). L’ordonnance