D O S S I E R Imagerie du sein masculin ● M.H. Marty* L es examens paracliniques du sein de l’homme sont mis en œuvre devant l’apparition d’une hypertrophie du (ou des deux) sein(s) plus ou moins douloureuse, quelquefois associée à : – une masse intramammaire, qui peut aussi exister isolément ; – des anomalies cutanées ; – des anomalies aréolo-mamelonnaires ; – des adénopathies axillaires. Cette démarche a pour objectif, pas toujours facile, d’aider le clinicien à différencier pathologie bénigne et cancer. LES PARTICULARITÉS • En raison de la petite taille du sein, la mammographie en incidence cranio-caudale est parfois techniquement difficile à réaliser, tant en ce qui concerne le positionnement du patient que le réglage des paramètres du mammographe (réglage manuel si l’exposeur automatique est hors du champ exploré) ; en revanche, l’incidence oblique n’est pas plus difficile que pour un sein féminin de petite taille. • Également en raison de la petite taille du sein, la tumeur est palpable dans un très grand nombre de cas ; l’imagerie a donc plus un rôle de caractérisation que de détection, classiquement dévolu à la mammographie, mais dans lequel l’échographie a aussi sa place. • L’échographie est de réalisation facile et peut permettre des prélèvements guidés (cytologie ou biopsie) – la gynécomastie se présente comme un volume mammaire de densité graisseuse contenant une opacité centrée par le mamelon, d’aspect glandulaire comparable à la glande mammaire féminine ; elle est souvent bilatérale, même si l’anomalie clinique semble unilatérale ; l’aspect de cette opacité peut être trompeur, car ses contours sont parfois irréguliers (“gynécomastie dendritique” des anciens auteurs). • Devant une masse intramammaire, la mammographie devra différencier gynécomastie (cf. ci-dessus) et cancer. Le cancer peut se manifester par : – une opacité à contours flous et/ou lobulés, une opacité à contours irréguliers jusqu’à l’aspect stellaire classique ; – des microcalcifications, dont il faut évaluer le nombre, la densité au cm2 et surtout la morphologie : pulvérulentes, groupées et très nombreuses (type 3 de la classification de Le Gal : 4 selon l’ACR), irrégulières ou polymorphes et groupées (4 de Le Gal : 4 ou 5 de l’ACR selon le nombre), vermiculaires et groupées (5 de Le Gal : 5 de l’ACR) ; – l’association d’une opacité et de microcalcifications. • La sémiologie échographique du cancer du sein masculin n’a rien de spécifique : il s’agit d’une image solide, hypoéchogène, de contours irréguliers ; elle peut contenir des microcalcifications qui, avec les sondes de très haute fréquence, sont de plus en plus souvent décelables. Un autre intérêt de l’échographie réside dans la possibilité de prélèvements à visée diagnostique. ■ LA SÉMÉIOLOGIE Celle-ci repose sur les même critères diagnostiques que pour le sein féminin : – l’étude attentive des contours d’une opacité mammographique ou d’une anomalie échographique ; – la recherche et la caractérisation, sur la mammographie et toujours à l’aide d’une loupe, de microcalcifications. • Devant une hypertrophie mammaire, la mammographie permet de différencier adipomastie et gynécomastie : – l’adipomastie se présente comme un volume mammaire de densité exclusivement graisseuse ; * Institut Claudius-Régaud, 20, rue du Pont-Saint-Pierre, 31052 Toulouse. E-mail : [email protected] 16 Figure 1. Nodule dur et douloureux du sein gauche ; antécédent de cancer ORL. Mammographie oblique : opacité retroaréolaire à contour postérieur irrégulier et flou. Échographie : image rétroaréolaire très hypoéchogène, solide, à contours irréguliers. Biopsie échoguidée : gynécomastie. La Lettre du Sénologue - n° 17 - juillet/août/septembre 2002 Figure 2. T1 N0 du sein droit. Mammographie de profil : opacité à contours lobulés mais nets. Échographie : malgré la mauvaise qualité de la reproduction, on identifie une image solide, ovalaire, à contours lobulés. Carcinome canalaire invasif ; N–. Figure 3. Hypertrophie mammaire après mastectomie controlatérale pour cancer invasif. Mammographie incidence cranio-caudale : densité exclusivement graisseuse d’une adipomastie. Figure 4. T4b N0 du sein gauche. Mammographie oblique : opacité stellaire centrale avec épaississement de la peau, rétraction cutanée et aréolaire. Carcinome canalaire invasif associé à du carcinome canalaire in situ ; N+. Figure 5. T1 N0 du sein gauche. Mammographie oblique : opacité stellaire. Échographie : image solide, à contours irréguliers. Carcinome canalaire invasif associé à du carcinome canalaire in situ. Figure 6. T2 N0 du sein droit. Mammographie incidence cranio-caudale : opacité à contours lobulés, par endroits estompés. Carcinome canalaire invasif ; N–. Figure 7. T3 N1 du sein gauche. Mammographie incidence cranio-caudale : volumineuse opacité contenant quelques microcalcifications Le Gal 4. Carcinome canalaire invasif associé à du carcinome canalaire in situ ; N+. Figure 8. T1 N0 du sein gauche. Mammographie de profil : opacité à contours finement lobulés. Échographie : image solide, arrondie, à contours finement lobulés. Carcinome canalaire invasif ; N–. Figure 9. T2 N1 du sein droit. Mammographie de profil : opacité à contours irréguliers et flous ; rétraction du mamelon. Échographie : image solide, à contours irréguliers, sans modification postérieure. Carcinome canalaire invasif ; N+. La Lettre du Sénologue - n° 17 - juillet/août/septembre 2002 17