Pratiquement dans tous les CHU, et notamment dans les trois CHU rhônalpins, des CIC ou Centres d'investigations
cliniques, spécialisés ou généralistes, ont été mis en place pour faciliter la recherche clinique. Les CIC sont des ponts en
ressources humaines et en locaux entre recherche fondamentale et clinique. A Lyon, le CIC est plutôt généraliste, avec
une dominante cardiologie et pédiatrie. A Saint-Etienne, le CIC exerce plutôt ses savoir-faire dans le champ des
maladies veineuses (thrombose veineuse ou phlébite, embolie pulmonaire...). Mais historiquement, il existait de
l'investigation clinique dans certains services, comme par exemple, le laboratoire du Professeur Trépo, dirigé aujourd'hui
par le Professeur Zoulim. Ces laboratoires/services n'ont pas besoin du CIC.
Une autre structure qui favorise la recherche translationnelle est fournie par les CRB, centres de ressources biologiques.
Nous avons été pionniers à Lyon avec les HCL pour « forcer la porte », avec Neurobiotec créé en 1997, en organisant
des banques de prélèvements associés aux données cliniques dans un cadre juridico-administratif avec un contrôle
qualité compatible avec des publications de haut niveau. Depuis, Neurobiotec a enseigné à d’autres CRB ses méthodes ;
les contrats entre l'Inserm et les HCL ont été repris par d'autres CRB ; un logiciel a également servi de modèle à l'échelle
nationale. Nous avons construit des règles, un savoir-faire qui a essaimé au sein des HCL qui ont su organiser et
professionnaliser un grand CRB regroupant toutes les pathologies.
Qu'en est-il des dispositifs initiés dans le cadre du programme « investissements d'avenir » financé par le grand
emprunt national, les instituts hospitalo-universitaires (IHU) et les départements hospitalo-universitaires (DHU) ?
La création des instituts hospitalo-universitaires (IHU), en remplacement des anciens CHU, contribue à structurer des
projets de recherche, de soins et d’enseignement réunissant université, établissement de santé et organisme de
recherche sur des axes d’excellence. Seulement six IHU ont pu être crées à l’échelle nationale avec un financement
récurrent. Le classement national des deux projets lyonnais (juste derrière ces six IHU) a donné naissance à deux IUH
B qui ont reçu un financement ponctuel : l’IHU-B Cesame (cerveau et santé mentale) et l’IHU-B Opera
(cardiovasculaire/nutrition).
Dans l'objectif de dynamiser la recherche et de favoriser une diffusion plus rapide des toutes dernières innovations en
santé, des départements hospitalo-universitaires (DHU) sont en cours de création pour permettre l'association d'un ou
plusieurs pôles cliniques, ou d’une partie (service, laboratoire, unité fonctionnelle…) d’un pôle clinique d’un hôpital, avec
une ou plusieurs unités mixtes de recherche (UMR) d’une université et d’un organisme de recherche (ou de plusieurs
organismes) membre d’Aviesan (Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé), autour d'un objectif
partagé. Pour l'instant, seule l'assistance publique de Paris a des DHU. D’autres appel d’offre ont été lancés.
Vous précisiez que la recherche translationnelle implique la valorisation de la recherche et donc des
collaborations entre acteurs publics et privés...
Pour pouvoir traduire une découverte en innovation, préserver les découvertes et les exploiter, c'est-à-dire proposer et
vendre du diagnostic, de la thérapie, des outils, etc., déposer des brevets est indispensable. Cette activité est assurée
par des structures de valorisation comme celle, dirigée par Marina Rousseau-Tsangaris au Centre Léon Bérard. Au
niveau de l'Inserm, une filiale de droit privé s'occupe de cette activité à l’échelle nationale. Il s'agit d'Inserm Transfert, qui
est spécialisé sur les découvertes biomédicales et qui rassemble des grands négociateurs habitués à travailler à
l'international. L’université a son service de valorisation : Lyon Science Transfert. Les hôpitaux et les écoles d’ingénieurs
(ex. Insavalor) ont aussi leurs propres services. Mais, l’existence de toutes ces cellules de valorisation ne facilite pas les
transferts vers l’industrie car souvent plusieurs organismes sont impliqués dans une invention. Pour les industriels la
négociation devient très lourde. Depuis peu, une seule cellule de valorisation prend le « lead « dans les négociations et
s’entend avec les autres cellules en fonction de l’importance de sa participation dans l’invention.
Le projet de création d’une SATT (structure d’accélération de transfert technologique) en région Rhône-Alpes devrait
simplifier et uniformiser les procédures à l’échelle locale. Le domaine de la santé ne pourra y être traité comme celui de
la chimie, il conviendra de définir une politique proactive pour dynamiser les ressources potentielles en santé, qui
dorment dans les laboratoires et les services hospitaliers, susceptibles de générer des retours sur investissement. Il
s’agira d'identifier également des financements pour les preuves de concept, de négocier les contrats de collaboration de
recherche et cession de licence, de mettre en œuvre et d'assurer le management des projets de recherche collaboratifs
internationaux, de concevoir, mettre en œuvre et négocier avec les partenaires industriels les projets d'envergure en
Santé publique, ou encore de créer une entreprise. La SATT pourra, également, valoriser des savoir-faire et des
ressources générés par les laboratoires, des technologies biomédicales innovantes et brevetées, des études
épidémiologiques en Santé publique auprès des industriels.
Elle devra établir une politique efficace pour l’accompagnement des brevets. Soulignons que le nombre de dépôts de
brevet n'est pas un bon indicateur : si vous déposez des brevets et que vous n'investissez pas ensuite pour démontrer la
preuve du concept, cela n'a pas de sens. Mieux vaut déposer moins de brevets et aboutir effectivement à un produit