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CANCER DU REIN :
les grands débats,
les grandes questions
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. V - no 2 - avril-mai-juin 2014
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TUMEURS MÉTASTATIQUES : TUMEURS MÉTASTATIQUES : situations particulièressituations particulières
Quel traitement en cas de rechute
après un traitement adjuvant éventuel ?
S. Négrier*
* Centre Léon-Bérard, université Claude-Bernard, Lyon.
A
ctuellement, il n’y a pas d’indica-
tion de traitement adjuvant dans
les cancers du rein après chirurgie.
En eff et, les tentatives rapportées dans des
études randomisées utilisant les cytokines
ont montré des résultats uniformément
négatifs. Nous ne disposons pas de résultats
avec les traitements antiangiogéniques ou
avec les inhibiteurs de mTOR couramment
utilisés en phase avancée (1). Cependant, des
études sont en cours ou en attente de résul-
tats concernant l’utilisation d’un traitement
adjuvant avec du sorafénib, du sunitinib et du
pazopanib ainsi qu’avec du bévacizumab (2).
Aussi, la situation de rechute sous un trai-
tement adjuvant ou peu après est peu fré-
quente – mais néanmoins possible. Si l’on se
réfère aux situations cancérologiques dans
lesquelles les traitements adjuvants sont
utilisés, la survenue d’une récidive locale
ou de métastases sous traitement adjuvant
ou dans les 6 mois suivant la fi n de celui-ci
signe l’échec de la stratégie thérapeutique. En
eff et, cette évolution défavorable témoigne
de la faible effi cacité ou de l’ineffi cacité du
traitement utilisé. Dans ces situations, plus
la récidive est précoce, moins la tumeur est
sensible au traitement utilisé. Assez logique-
ment, le traitement de la rechute ou de la
métastase doit intégrer cet échec initial et
proposer un ou plusieurs traitements diff é-
rents de celui ou ceux précédemment utilisés.
Dans les situations de cancer du rein évo-
luant défavorablement sous ou juste après
un traitement adjuvant par ITK anti-VEGFR,
si l’on doit indiquer un nouveau traitement
médical, il semble logique de se référer aux
traitements indiqués en deuxième ligne de
phase avancée, puisque la situation est très
similaire (3). Selon l’algorithme actuel des
traitements médicaux du cancer du rein
métastatique, 2 médicaments sont possibles :
un inhibiteur de mTOR, l’évérolimus, ou un
anti-VEGFR, l’axitinib. Aucun argument scien-
tifi que n’est aujourd’hui disponible pour faire
prévaloir l’un plutôt que l’autre. Il faut cepen-
dant noter que, sur le plan des autorisations,
rien n’interdit l’utilisation de l’ensemble des
traitements de première intention en phase
avancée, mis à part bien évidemment celui
que le patient a reçu à titre de traitement
adjuvant et qui a échoué.
Dans tous les cas, comme dans les autres
situations cancérologiques où cela se produit,
une rechute sous ou après traitement adju-
vant est très généralement un facteur de
mauvais pronostic, car elle témoigne d’une
maladie rapidement évolutive et d’une faible
sensibilité aux traitements disponibles en
phase avancée.
■
S.Négrier n’a pas déclaré ses éventuels liens d’intérêts.
1. Aitchison M, Bray CA, Van Poppel H et al. Adjuvant 5-fl urouracil, alpha-interferon and
interleukin-2 versus observation in patients at high risk of recurrence after nephrectomy for
renal cell carcinoma: results of a phase III randomised European Organisation for Research
and Treatment of Cancer (Genito-Urinary Cancers Group)/National Cancer Research Institute
trial. Eur J Cancer 2014;50(1):70-7.
2.
Janowitz T, Welsh SJ, Zaki K et al. Adjuvant therapy in renal cell carcinoma: past, present,
and future. Semin Oncol 2013;40(4):482-91.
3. Escudier B, Eisen T, Porta C et al. Renal cell carcinoma: ESMO Clinical Practice Guidelines for
diagnosis, treatment and follow-up. Ann Oncol 2012;23(Suppl. 7):vii65-vii71.
Références