CANCER DU REIN : les grands débats, les grandes questions dossier TUMEURS MÉTASTATIQUES : situations particulières Quel traitement en cas de rechute après un traitement adjuvant éventuel ? S. Négrier* * Centre Léon-Bérard, université Claude-Bernard, Lyon. A ctuellement, il n’y a pas d’indication de traitement adjuvant dans les cancers du rein après chirurgie. En effet, les tentatives rapportées dans des études randomisées utilisant les cytokines ont montré des résultats uniformément négatifs. Nous ne disposons pas de résultats avec les traitements antiangiogéniques ou avec les inhibiteurs de mTOR couramment utilisés en phase avancée (1). Cependant, des études sont en cours ou en attente de résultats concernant l’utilisation d’un traitement adjuvant avec du sorafénib, du sunitinib et du pazopanib ainsi qu’avec du bévacizumab (2). Aussi, la situation de rechute sous un traitement adjuvant ou peu après est peu fréquente – mais néanmoins possible. Si l’on se réfère aux situations cancérologiques dans lesquelles les traitements adjuvants sont utilisés, la survenue d’une récidive locale ou de métastases sous traitement adjuvant ou dans les 6 mois suivant la fin de celui-ci signe l’échec de la stratégie thérapeutique. En effet, cette évolution défavorable témoigne de la faible efficacité ou de l’inefficacité du traitement utilisé. Dans ces situations, plus la récidive est précoce, moins la tumeur est sensible au traitement utilisé. Assez logiquement, le traitement de la rechute ou de la métastase doit intégrer cet échec initial et proposer un ou plusieurs traitements différents de celui ou ceux précédemment utilisés. Dans les situations de cancer du rein évoluant défavorablement sous ou juste après un traitement adjuvant par ITK anti-VEGFR, si l’on doit indiquer un nouveau traitement médical, il semble logique de se référer aux traitements indiqués en deuxième ligne de phase avancée, puisque la situation est très similaire (3). Selon l’algorithme actuel des traitements médicaux du cancer du rein métastatique, 2 médicaments sont possibles : un inhibiteur de mTOR, l’évérolimus, ou un anti-VEGFR, l’axitinib. Aucun argument scientifique n’est aujourd’hui disponible pour faire prévaloir l’un plutôt que l’autre. Il faut cependant noter que, sur le plan des autorisations, rien n’interdit l’utilisation de l’ensemble des traitements de première intention en phase avancée, mis à part bien évidemment celui que le patient a reçu à titre de traitement adjuvant et qui a échoué. Dans tous les cas, comme dans les autres situations cancérologiques où cela se produit, une rechute sous ou après traitement adjuvant est très généralement un facteur de mauvais pronostic, car elle témoigne d’une maladie rapidement évolutive et d’une faible sensibilité aux traitements disponibles en phase avancée. ■ S. Négrier n’a pas déclaré ses éventuels liens d’intérêts. Références 1. Aitchison M, Bray CA, Van Poppel H et al. Adjuvant 5-flurouracil, alpha-interferon and 2. Janowitz T, Welsh SJ, Zaki K et al. Adjuvant therapy in renal cell carcinoma: past, present, interleukin-2 versus observation in patients at high risk of recurrence after nephrectomy for renal cell carcinoma: results of a phase III randomised European Organisation for Research and Treatment of Cancer (Genito-Urinary Cancers Group)/National Cancer Research Institute trial. Eur J Cancer 2014;50(1):70-7. and future. Semin Oncol 2013;40(4):482-91. 60 3. Escudier B, Eisen T, Porta C et al. Renal cell carcinoma: ESMO Clinical Practice Guidelines for diagnosis, treatment and follow-up. Ann Oncol 2012;23(Suppl. 7):vii65-vii71. Correspondances en Onco-Urologie - Vol. V - no 2 - avril-mai-juin 2014 Quel traitement en cas de rechute après un traitement adjuvant éventuel ? ILLUSTRATION CLINIQUE A de 65 ans Patient Néphrectomie de grade 3 en novembre 2008 pour un adénocarcinome T3b, adjuvant par sunitinib de février 2009 à octobre 2009 Traitement Rechute locale en octobre 2009 : que faire ? B A Évolution sous sorafénib (juillet 2013). B Correspondances en Onco-Urologie - Vol. V - no 2 - avril-mai-juin 2014 61