HYPERTENSION Coordonnée par le Pr J.J. Mourad Comment je prescris un protocole d’automesure Cette rubrique a été réalisée avec le soutien institutionnel du Laboratoire MENARINI. Elle témoigne de l’engagement de MENARINI dans le domaine de l’hypertension artérielle. Dans le respect total de l’indépendance scientifique et éditoriale. Nicolas Postel-Vinay Unité d’hypertension artérielle, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris E-mail : [email protected] Pourquoi l’automesure de la pression artérielle doit-elle être encouragée ? Son intérêt scientifique est aujourd’hui bien établi et repose sur sa capacité à pallier la grande variabilité des mesures de la pression artérielle (PA) d’une consultation à l’autre. Pour avoir une bonne représentation du niveau de PA, il est plus logique de multiplier les mesures plutôt que le nombre de consultations, ce que permettent le holter tensionnel (mesure ambulatoire de la pression artérielle [MAPA]) et les campagnes d’automesure (qui durent de 3 à 7 jours). Les mesures ambulatoires permettent ainsi de reconnaître l’hypertension artérielle (HTA) dite de “consultation” (ou HTA blouse blanche) et les HTA masquées dont la signification pronostique péjorative est attestée par plusieurs études épidémiologiques. Si le risque d’événements cardiovasculaires dans le cas d’une HTA blouse blanche est globalement équivalent à celui d’un hypertendu contrôlé, le risque en cas d’HTA masquée (niveau de pression élevé au domicile et normale au cabinet du médecin) est comparable à celui d’un hypertendu non contrôlé (soit environ un doublement du risque). L’automesure est également plus simple à mettre en œuvre et de coût moins élevé qu’une MAPA, argument économique non négligeable quand on sait que l’HTA concerne environ un tiers de la population adulte. Enfin, l’automesure de la pression artérielle est largement plébiscitée par la majorité des patients. Comment mettre en œuvre cette automesure de la pression artérielle ? Existe-t-il des contre-indications ? La pratique de l’automesure sur 3 jours au minimum est recommandée par la Haute Autorité de santé (1). Un délai plus long n’est pas nécessaire si l’on dispose de 18 mesures valides (3 fois le matin, 3 fois le soir pendant 3 jours). Des séquences de 5 à 7 jours consécutifs sont proposées par certains auteurs, notamment pendant la période d’éducation au geste d’automesure, ou bien dans un but d’amélioration de l’observance. Les recommandations européennes proposent 2 mesures le matin, 2 mesures le soir, pendant 7 jours, et de ne pas retenir les résultats du premier jour pour le calcul de la moyenne. La bonne pratique du geste d’automesure dépend de la position du patient. C’est pour cette raison que les appareils avec brassard huméral peuvent être qualifiés de “plus fiables”. L’explication est moins liée à l’appareil en lui-même qu’à son mode d’utilisation. Les appareils avec brassard huméral doivent être préférés aux tensiomètres poignet, car avec ces derniers, les patients font volontiers des erreurs de position (poignet non maintenu au niveau du cœur, mouvement pendant la mesure). Comme pour tous les types de manomètres équipés d’un brassard (y compris ceux de la MAPA), le brassard des appareils d’automesure doit être adapté à la taille du bras, un brassard de taille insuffisante conduisant à une surestimation de la PA, un brassard trop large, à une sous-estimation. La liste de l’Afssaps actualisée en octobre 2005 (2) ne fait état d’aucun appareil d’automesure disposant d’un brassard validé pour les bras d’une circonférence de plus de 32 centimètres. Les contre-indications de l’automesure tensionnelle sont peu nombreuses : elle ne doit pas être proposée aux patients dont la circonférence du bras est supérieure à 33 centimètres (patients obèses ou très musclés). Elle n’est pas non plus validée chez les femmes enceintes ou les enfants, ni en cas d’arythmie cardiaque où les algorithmes de calcul peuvent donner des valeurs erronées. Dans ces cas, la MAPA est une bonne alternative à l’automesure et sa valeur pronostique est également supérieure à celle du cabinet médical. Cette technique est validée pour les gros bras et la MAPA est plus adaptée pour les patients incapables de faire l’automesure. Enfin, parmi les nouveautés, on peut citer les essais récents de couplage de l’automesure à l’autotitration qui permettrait au patient d’augmenter lui-même les doses d’anti­hypertenseur (3, 4). Le site internet www. automesure.com qui a été labellisé par le Comité français de lutte contre l’hypertension artérielle (CFLHTA) assure une éducation en ligne des patients (didacticiel, vidéos) et dispose d’un module spécifique de restitution des résultats (5). ■ Références bibliographiques 1. Haute Autorité de santé (HAS). Prise en charge des patients adultes atteints d’hypertension artérielle essentielle; actualisation 2005. Texte disponible sur le site de la Société française d’hypertension artérielle (www. sfhta.org). 2. Agence francaise de sécurité sanitaire et des produits de santé. www.afssaps.sante.fr 3. Bobrie G, Postel-Vinay N, Delonca J, Corvol P, SETHI Investigators. Self-measurement and self-titration in hypertension: a pilot telemedicine study. Am J Hypertens 2007;20(12):1314-20. 4. McManus RJ, Mant J, Bray EP et al. Telemonitoring and selfmanagement in the control of hypertension (TASMINH2): a randomised controlled trial. Lancet 2010:376(9736):163-72. 5. Postel-Vinay N, Bobrie G, Asmar R. Automesure de la pression artérielle : quelle restitution par les patients ? Enquête Autoprov. Rev Prat 2009;suppl 59:8-12. La Lettre du Cardiologue • n° 446 - juin 2011 | 29