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La robotique ludique
INTERVIEW DE PASCAL FRANCK
<< Pour nous, les objets intelligents ou l’internet des
objets font partie de la robotique de service. >>.
Responsable Développement
Robopolis Studio
Projets
chez
Robopolis Studio est la cellule R&D de Robopolis et compte
aujourd’hui une quinzaine de personnes. L’équipe
développe actuellement le projet SPARX, une nouvelle
application ludique et éducative autour de deux axes : la
robotique et la réalité augmentée. S'inspirant des
mécaniques de gameplay issues des jeux vidéo classiques,
l'application proposera une interface originale qui permettra
à l'utilisateur de prendre les commandes d'un robot mobile
muni de différents capteurs et caméras sans fil.
Pascal Franck, arrivé il y a un an chez Robopolis Studio,
occupe le poste de Responsable Développement Projets.
Après une expérience chez Imaginove et dans les jeux
vidéo, il travaille aujourd’hui sur le projet SPARX, dont la
commercialisation est annoncée pour Noël 2011. Ce projet
à l’appui, Pascal Franck nous aide à comprendre le
bouleversement qui s’opère dans le secteur du jeu vidéo,
convaincu que l’interface physique et l’action sur le monde
réel en constitueront les principaux champs d’innovations. Il
défend également une conception du robot fondée sur le
modèle du cloud computing, c’est-à-dire un robot à
l’intelligence déportée sur les ordinateurs et intégrée en
permanence au réseau Internet.
Réalisée par : Geoffroy BING
Tag(s) : Usage, Robotique
Date : 24/01/2011
Sur quoi repose aujourd’hui la réussite économique de Robopolis ?
Le robot aspirateur Roomba est notre produit vedette sur lequel repose une très grande partie du chiffre d’affaires de
Robopolis (40 M€ en 2010-11). Notre contrat d’exclusivité pour la distribution de ce robot a permis à la boite de décoller.
Mais nous travaillons également sur d’autres robots mono-fonctions comme le robot serpillière, le robot laveur de vitre ou
le robot tondeuse.
Comment organisez-vous la distribution de ces nouveaux produits ?
Nous avons un site web par lequel nous faisons de la vente directe et qui nous permet d’être au plus près du marché.
C’est une manière de tester les produits que l’on importe via les blogs ou les forums. Il est vrai que la vente par Internet
concerne essentiellement les habitués, les connaisseurs en robotique, qui vont s’approvisionner en pièces ou en kits
robotiques. Elle représente néanmoins une part marginale du CA. Nous vendons de plus en plus en magasin pour
atteindre la cible grand public. Ceux qui achètent en magasin ne s’intéressent pas à la robotique. Ils veulent simplement
une machine qui lave correctement leur sol. Le Roomba se vend très bien chez Castorama ou Boulanger mais il ne se
vendrait pas aussi bien dans des boutiques spécialisées dans la robotique.
La robotique ludique marque la prochaine étape du jeu vidéo et son avènement dans le monde réel.
Pouvez-vous nous expliquer cette prochaine étape ?
Pour Bruno Bonnel, le logiciel sans hardware n’aura plus de valeur demain. Ceux qui se font vraiment de l’argent dans la
Wii, c’est Nintendo, avec les manettes, et c’est la même chose avec la Kinect de Microsoft. Ils misent tous sur la
plus-value du hardware. La génération Y a l’habitude de tout avoir gratuitement sur Internet et il va être de plus en plus
difficile de vendre un jeu vidéo seul. Les opportunités d’innovation et de croissance dans les jeux vidéos résident
désormais dans les interfaces. La Wii, la PS Move, le X-Box Kinect sont des interfaces hardware qui relancent le marché
du jeu aujourd’hui. Avant, les fabricants de consoles vendaient le hardware à perte et faisaient la marge sur les jeux.
Nous faisons le pari inverse. Cela ne signifie pas qu’on ne s’intéresse pas au soft ! Le succès du jeu de demain reposera
sur une parfaite intégration du hard et du soft.
Le mouvement open source que l’on observe depuis quelques années dans le logiciel et qui s’étend aujourd’hui
à la robotique semble en effet redéfinir la part du logiciel dans la valeur ajoutée des produits. Est-ce que
Robopolis s’inscrit dans ce mouvement ?
Oui, nous comptons beaucoup sur la communauté pour qu’elle créé elle-même des contenus. Robopolis Studio compte
aujourd’hui une quinzaine de personnes qui travaillent depuis plus d’un an sur un projet robotique qui consiste à créer
une plateforme applicative (dotée d’une caméra, de microphones, de haut-parleurs, et pilotée par Wifi). A partir de cette
plateforme, la communauté de développeurs peut travailler sur des fonctions de télé-assistance par exemple. En somme,
nous cherchons à élargir le monde des roboticiens via cette plateforme. Nous proposons une boite à outils pour que les
passionnés créent et partagent des applications. Nous cherchons aujourd’hui à démocratiser la programmation du robot
à travers des interfaces logiciels très simplifiées et graphiques. Notre robot, appelé SPARX, sera commercialisé pour
Noël prochain.
Pouvez-vous nous donner un exemple d’application de ce robot ?
Par exemple, vous êtes installé sur votre canapé et voulez communiquer en skype avec votre ami. Le robot vient à vous,
vous filme et en même temps projette sur le mur la vidéo de votre interlocuteur.
Quels types de jeux proposera votre robot SPARX ?
Dans le projet SPARX, la clé de voûte entre les jeux vidéo et la robotique, c’est la réalité augmentée. La réalité est
captée par vidéo par le robot et nous y injectons des objets virtuels (des ennemis, des amis, des obstacles, etc.). Votre
chambre ou votre salle de bain devient votre environnement de jeu! Pour augmenter la réalité, l’utilisateur va disposer
des marqueurs dans la pièce que le logiciel va lire et auxquels il va substituer des objets virtuels. Notre projet a pour
vocation de rentrer plus tard dans les écoles pour enseigner la robotique par le jeu. C’est du serious games robotique en
quelques sortes, avec une interface tangible.
Cette prochaine génération de jeux vidéo sur laquelle vous travaillez est-elle de nature à relancer l’industrie
lyonnaise du jeu vidéo ?
Je le crois. Les entreprises de jeu vidéo souffrent un peu actuellement, elles ont un modèle économique fragile en étant
dépendante d’éditeurs qui peuvent les lâcher du jour au lendemain. Beaucoup de petites entreprises ont essaimé suite
aux crises successives (la première ayant eu lieu en 2000-2002 au moment de la crise internet) et s’orientent pour la
plupart sur des applications hardware. On dit qu’à Lyon, il n’y a que deux boîtes de robotiques alors qu’en fait il y en a
bien plus ! Ce sont des microentreprises. Certains travaillent par exemple sur la brosse à dent connectée à Internet ou
sur une balance intelligente qui, en fonction de votre pesée du matin vous informera par SMS de ce que vous pouvez
manger ou pas au déjeuner. Pour nous, les objets intelligents ou l’internet des objets font partie de la robotique de
service.
Contrairement à un Aldebaran qui développe une robotique humanoïde, vous semblez emprunter le chemin
inverse, c’est-à-dire celui d’une robotique légère dont l’intelligence est dispersée sur d’autres supports. Quels
sont les arguments qui plaident en faveur du développement de cette forme de robotique ?
Nous ne voulons pas aller dans la robotique humanoïde, parce que nous voulons vendre en masse auprès du grand
public ! Un robot comme ROMEO sera de toute façon très cher en raison du coût de la mécanique, des servomoteurs,
de la batterie, etc. Et puis, je ne suis pas certain que ce type de robot pénètre facilement dans les foyers sans susciter
des peurs. Notre objectif est de démocratiser la robotique auprès du plus grand nombre, même s’il faudra prévoir un
certain budget pour acquérir notre robot (600-700€). Pour des raisons de coût, on ne peut pas mettre toute l’intelligence
dans un seul robot. L’intelligence est déjà dans internet, c’est ce que l’on appelle le « cloud computing ». En clair, le PC
de demain n’aura plus de carte graphique, plus de logiciels, ce sera simplement un écran. Pour le robot, c’est pareil, son
intelligence sera aussi sous forme de nuages. Il suffit de rendre son objet connectable à Internet pour le rendre
intelligent. Toute l’intelligence de notre robot est déportée sur le PC, ce qui nous permet de baisser les coûts. Le robot de
demain n’est pas un robot qui embarque tout et dont on doit changer les processeurs au bout de trois ans parce qu’ils
sont obsolètes. Le WIMax (très haut débit par WIFI) qui va arriver, va encore accroître les débits de communication et
l’intelligence par réseau.
Quels sont les principaux freins au développement de la robotique de service telle que vous la concevez ?
Ce qui pose de gros soucis à la robotique en général, c’est l’autonomie des batteries. La puissance des processeurs a
augmenté de manière exponentielle mais les batteries n’ont pas suivi. L’autonomie des appareils ne fait que baisser
depuis plusieurs années. Un Iphone ne tient plus que 2 jours maximum sans être rechargé par exemple !
Est-ce que vous trouvez dans la région les ressources nécessaires au développement de votre projet ?
Nous ne sommes pas centrés exclusivement sur la région, nos partenaires sont situés partout en France. Nous
travaillons avec Meccano sur Calais (fabrication du produit), avec Gostai sur Paris (pour la partie logiciel). Nous sommes
partenaires du projet ROMEO d’Aldebaran sur la partie vision du robot. A Valence, l’école ESISAR (école d’ingénieurs en
électronique) travaille avec nous sur une carte d’extension. A Périgueux, l’entreprise Mobisens nous fournit les caméras.
A Lyon, nous sommes bien sûr en étroite collaboration avec Imaginove et avec des écoles comme l’INSA ou le
laboratoire LIRIS dans le cadre de conventions de stage ou de doctorat.
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