Comment organisez-vous la distribution de ces nouveaux produits ?
Nous avons un site web par lequel nous faisons de la vente directe et qui nous permet d’être au plus près du marché.
C’est une manière de tester les produits que l’on importe via les blogs ou les forums. Il est vrai que la vente par Internet
concerne essentiellement les habitués, les connaisseurs en robotique, qui vont s’approvisionner en pièces ou en kits
robotiques. Elle représente néanmoins une part marginale du CA. Nous vendons de plus en plus en magasin pour
atteindre la cible grand public. Ceux qui achètent en magasin ne s’intéressent pas à la robotique. Ils veulent simplement
une machine qui lave correctement leur sol. Le Roomba se vend très bien chez Castorama ou Boulanger mais il ne se
vendrait pas aussi bien dans des boutiques spécialisées dans la robotique.
La robotique ludique marque la prochaine étape du jeu vidéo et son avènement dans le monde réel.
Pouvez-vous nous expliquer cette prochaine étape ?
Pour Bruno Bonnel, le logiciel sans hardware n’aura plus de valeur demain. Ceux qui se font vraiment de l’argent dans la
Wii, c’est Nintendo, avec les manettes, et c’est la même chose avec la Kinect de Microsoft. Ils misent tous sur la
plus-value du hardware. La génération et il va être de plus en plus
Y a l’habitude de tout avoir gratuitement sur Internet
difficile de vendre un jeu vidéo seul. Les opportunités d’innovation et de croissance dans les jeux vidéos résident
désormais dans les interfaces. La Wii, la PS Move, le X-Box Kinect sont des interfaces hardware qui relancent le marché
du jeu aujourd’hui. Avant, les fabricants de consoles vendaient le hardware à perte et faisaient la marge sur les jeux.
Nous faisons le pari inverse. Cela ne signifie pas qu’on ne s’intéresse pas au soft ! Le succès du jeu de demain reposera
sur une parfaite intégration du hard et du soft.
Le mouvement open source que l’on observe depuis quelques années dans le logiciel et qui s’étend aujourd’hui
à la robotique semble en effet redéfinir la part du logiciel dans la valeur ajoutée des produits. Est-ce que
Robopolis s’inscrit dans ce mouvement ?
Oui, nous comptons beaucoup sur la communauté pour qu’elle créé elle-même des contenus. Robopolis Studio compte
aujourd’hui une quinzaine de personnes qui travaillent depuis plus d’un an sur un projet robotique qui consiste à créer
une plateforme applicative (dotée d’une caméra, de microphones, de haut-parleurs, et pilotée par Wifi). A partir de cette
plateforme, la communauté de développeurs peut travailler sur des fonctions de télé-assistance par exemple. En somme,
nous cherchons à élargir le monde des roboticiens via cette plateforme. Nous proposons une boite à outils pour que les
passionnés créent et partagent des applications. Nous cherchons aujourd’hui à démocratiser la programmation du robot
à travers des interfaces logiciels très simplifiées et graphiques. Notre robot, appelé SPARX, sera commercialisé pour
Noël prochain.
Pouvez-vous nous donner un exemple d’application de ce robot ?
Par exemple, vous êtes installé sur votre canapé et voulez communiquer en skype avec votre ami. Le robot vient à vous,
vous filme et en même temps projette sur le mur la vidéo de votre interlocuteur.
Quels types de jeux proposera votre robot SPARX ?
Dans le projet SPARX, la clé de voûte entre les jeux vidéo et la robotique, c’est la réalité augmentée. La réalité est
captée par vidéo par le robot et nous y injectons des objets virtuels (des ennemis, des amis, des obstacles, etc.). Votre
chambre ou votre salle de bain devient votre environnement de jeu! Pour augmenter la réalité, l’utilisateur va disposer
des marqueurs dans la pièce que le logiciel va lire et auxquels il va substituer des objets virtuels. Notre projet a pour
vocation de rentrer plus tard dans les écoles pour enseigner la robotique par le jeu. C’est du serious games robotique en
quelques sortes, avec une interface tangible.
Cette prochaine génération de jeux vidéo sur laquelle vous travaillez est-elle de nature à relancer l’industrie
lyonnaise du jeu vidéo ?
Je le crois. Les entreprises de jeu vidéo souffrent un peu actuellement, elles ont un modèle économique fragile en étant
dépendante d’éditeurs qui peuvent les lâcher du jour au lendemain. Beaucoup de petites entreprises ont essaimé suite
aux crises successives (la première ayant eu lieu en 2000-2002 au moment de la crise internet) et s’orientent pour la
plupart sur des applications hardware. On dit qu’à Lyon, il n’y a que deux boîtes de robotiques alors qu’en fait il y en a
bien plus ! Ce sont des microentreprises. Certains travaillent par exemple sur la brosse à dent connectée à Internet ou
sur une balance intelligente qui, en fonction de votre pesée du matin vous informera par SMS de ce que vous pouvez
manger ou pas au déjeuner. Pour nous, les objets intelligents ou l’internet des objets font partie de la robotique de
service.