
Jusqu'au XVIII
ème
siècle prévaut l'idée que le cancer est une maladie générale, dont seules les
manifestations locales peuvent être, dans certains cas, accessibles à une thérapeutique. Cette
thérapeutique (médicale ou chirurgicale) a pour objectif de détruire ou de retirer la tumeur.
Enfin, Claude-Anthelme Récamier (1774-1852) introduit la notion de métastase, ce qui entraîne de
nombreuses questions au sujet de la formation, des constituants, et de la dissémination de la tumeur
d'origine.
L'emploi du microscope constitue un tournant décisif dans la recherche sur le cancer. En effet, il
permet, à partir des données de plus en plus précises de l'anatomie pathologique, de construire la
théorie cellulaire. Après avoir été maladie de l'organisme, puis du tissu, le cancer devient maladie de la
cellule et du noyau cellulaire. C'est ainsi que se développe la notion d'anormalité et de mutation
cellulaire.
Puisque le cancer est une maladie locale, seule la chirurgie peut y apporter une réponse efficace. On
assiste alors à la succession des innovations chirurgicales. Biologie, médecine et physique se
rencontrent pour étudier le vivant d'une autre façon (rayons X, chirurgie, chimiothérapie…)
A partir de 1912 et encore aujourd'hui, on oriente les recherches sur le noyau cellulaire. Le mécanisme
de la formation des cancers commence à être perçu : il correspond à la tendance d'une cellule à se
transformer et à se diviser de façon anarchique pour devenir maligne ou dangereuse. Quand le système
immunitaire n'est plus capable de détruire ces cellules malades, leur nombre continue de croître pour
former une tumeur tout d'abord bien délimitée, mais qui va envahir les tissus voisins pour les détruire
progressivement. Aujourd'hui, on commence à entrevoir la possibilité de la maîtrise du cancer grâce à
un diagnostic plus précoce ou plus certain et donc, à un traitement plus efficace.
1.2 Evolution historique du cancer
En 1905, le cancer représentait seulement 4,1 % des causes de décès, loin derrière les tuberculoses
(11,2 %), la diphtérie et les fièvres typhoïdes (10 %), les grippes et affections bronchiques (8,9 %).
La proportion de décès attribuable aux cancers augmente régulièrement depuis cette date et le
phénomène devrait s'amplifier. La raison en est simple: la fréquence de la plupart des cancers est
proportionnelle à l'âge. Le cancer du côlon est par exemple 1000 fois plus fréquent chez les sujets de
80 ans que chez les sujets de 20 ans. Or, l'espérance de vie ne cesse d'augmenter. Le cancer est
exceptionnel avant 35 ans (il est cependant la 2
ème
cause de mortalité chez l'enfant et chez le jeune
adulte après les morts violentes). Sa fréquence augmente régulièrement ensuite. Cette augmentation à
partir de 35 ans fait apparemment du cancer une maladie du vieillissement. Pour beaucoup de cancers
au-delà de 35 ans, il y a comme une « usure » de tel ou tel organe exposé à une cause « d'irritation »
pendant des années. C'est le cas pour les 2 principales causes connues par les statistiques : l'alcool et le
tabac qui sont responsables d'environ 25 % des cancers observés.
Outre le vieillissement, il existe donc des facteurs environnementaux expliquant la plus grande
fréquence des cancers. En France, la consommation de cigarettes est par exemple passée de 2 milliards
par an en 1900 à 75 milliards en 1975, ce qui n'est pas sans incidence notable sur les cancers des
poumons, de la vessie et des voies aérodigestives supérieures.
1.3 Le cancer dans le monde
Le cancer est une cause majeure de décès dans le monde. Sur un total de 58 millions de décès
enregistrés au niveau mondial en 2005, 7,6 millions (soit 13%) étaient dus au cancer. Les principaux
types de cancer responsables de la mortalité cancéreuse sont les suivants :
cancer du poumon (1,3 millions de décès par an)
cancer de l'estomac (près d'un million de décès par an)
cancer du foie (662 000 décès par an)
cancer du côlon (655 000 décès par an)
cancer du sein (502 000 décès par an)