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Les journées de l’économie 2013
Notes de conférence
Christophe Rodrigues
Note liminaire :
Ce compte rendu n’est évidemment pas exhaustif. Il n’engage que la responsabilité de son
auteur ! J’indique en rouge, les éléments complémentaires qui me semblent utiles à la
compréhension et qui n’ont pas été explicitement formulés par le ou les intervenants au
moment de la conférence.
Conférence n°1 //
Les conditions de la stabilité de l’euro sont-elles acceptables ?
M. Monti :
Dans la crise actuelle, il faut distinguer l’euro en tant que monnaie et l’euro zone. La crise
financière et des dettes souveraines de la zone euro a contrasté avec la stabilité important de
l’euro en tant que monnaie. Or et par ailleurs, la gouvernance de la zone euro progresse
lentement mais elle progresse.
Un exemple : la décision de soumettre les projets de budget de l’État à un examen de la
commission avant qu’ils ne soient examinés par les différents parlements nationaux (une des
composantes des mesures prises en novembre 2011 par les institutions européennes pour
réformer le pacte de stabilité et de croissance). Malgré les lenteurs des décisions, la
gouvernance de la zone euro a permis de limiter les effets négatifs (exemple : pas de montée
du populisme de droite en Allemagne). Dans les mois à venir le rôle de la France sera crucial.
P. Artus :
La zone euro est une région hétérogène à l’opposé du projet initial de la zone qui était un
projet d’homogénéisation. On observe un creusement des écarts entre les pays du nord et les
pays du sud. Les structures des pays divergent et ne convergent pas, le tout étant accéléré par
la crise : la concentration de l’industrie augmente dans le nord et baisse dans le sud (et la
France et dans le sud !). Exemple : la capacité de production dans l’industrie a baissé de 20 %
pendant la crise. Au final, tout ceci a un impact sur les niveaux de vie des pays. Or, la
gouvernance de la zone est homogène (elle conduit à une gestion symétrique des chocs
macroéconomiques) : objectif de mêmes déficits publics (c’est à dire pas de déficits publics !),
objectifs d’harmonisation des balances commerciales, etc.
Exemple : un pays désindustrialisé ne peut pas équilibrer son commerce extérieur. Seule
perspective : s’appauvrir pour équilibrer le commerce (par la baisse de la demande).
Conclusions : a) nous sommes au début de problèmes croissants liés à la divergence qui
augmente des niveaux de vie au sein de la zone (les migrations inter-zones en sont la
conséquence : 300000 espagnols ont quitl’Espagne en 2012) ; b) il existe une confusion
entre coordination et harmonisation (la coordination de l’hétérogénéité n’est pas à l’ordre du
jour (d’où le pessimisme de P. Artus).
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N. Schmidt : ministre du travail luxembourgeois (travailliste) :
La construction européenne s’est faite sur un rêve : partager une monnaie à partir de quoi le
reste de la construction devait naturellement suivre. La crise de 2009 a révélé le caractère
irréaliste de ce projet. Il est donc plus que jamais nécessaire de construire un système fédéral
plus fort mais il existe un blocage politique notamment en provenance de l’Allemagne.
D. Schwarzer :
Une position hétérodoxe pour une allemande.
L’opinion publique allemande a du mal à entendre une remise en cause même limitée du
modèle allemand en raison du fait qu’une partie significative de la production est orientée
vers l’export. L’Allemagne a un statut de moteur de la croissance de la zone. Le modèle
allemand évolue sur les questions économiques internes : pauvreté, niveau de demande
interne (exemple de la mise en place d’une Smic allemand).
Un enjeu central : a) constitution d’un budget européen pour la zone euro (Paris) ; b) disposer
de budget pour conduire des politiques structurelles (Berlin) ; c) améliorer les conditions
démocratiques de fonctionnement de la zone.
S. Goulard (député européenne centriste) :
La vraie menace pour la stabilité de l’euro est liée à la faible lisibilité du fonctionnement de la
prise de décision politique. Les progrès de la gouvernance sont réels : avant la crise, personne
n’aurait soutenu les nouvelles formes d’intervention de la BCE.
A. Benassy-Quéré :
L’habitude à été prise de regarder la politique économique à travers la typologie de Musgrave.
Dans la zone euro, la seule politique conduite est celle de la stabilisation (pas d’allocation et
pas de redistribution entre pays membres).
Les politiques d’allocation ou de régulation peinent à être efficaces L’union monétaire sans
union bancaire n’a pas de sens dans la mesure ou se sont les BSR qui créent la monnaie. Les
transferts de richesse sont nécessaires mais sont inacceptables sans une évolution de la nature
de la politique économique conduite dans toute la zone.
Exemple : chantier des réformes structurelles sur le marché du travail (un système européen
d’indemnisation du chômage, la question juridique des contrats de travail, des grilles de
rémunération, etc.).
P. Askhenazy :
Il n’existait pas qu’une seule stratégie depuis le début de la crise de la zone euro pour en
sortir. La politique conduite a engendré des dégâts sociaux dans la zone qui sont aujourd’hui
majeurs. Les politiques conduites ont conduit à accroitre les difficultés au lieu de les réduire
sur la base d’une idéologie dominante (il n’y a pas de montée des populismes en Allemagne
car elle est protégée, ce qui n’est pas le cas des pays du sud !).
Par ailleurs, les indicateurs macroéconomiques choisis pour asseoir les politiques sont
arbitraires et manipulables.
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P. Herzog :
En accord avec Monti, des progrès ont été réels depuis la crise grecque mais la prochaine
étape sera plus difficile. La crise politique qui s’annonce interagit avec la crise économique :
a) un problème de fragmentation nord-sud ;
b) la croissance de la zone est non construite mais subie
c) les politiques de financement de l’économie européenne sont au point mort
d) il existe un déficit intérieur dans les pays membres sur l’importance des institutions
européennes (stimulation implicite des populismes divers)
P. Ricketts (ambassadeur britannique en France) :
La réticence anglaise vis-à-vis de la zone euro s’explique par le fait que l’euro implique de
facto d’autres formes de coordination des politiques économiques. Le succès de l’euro est
dans l’intérêt économique et politique de la Grande Bretagne. Il existe cependant une
condition : il faut travailler sur une meilleure articulation entre les pays de l’euro zone et les
pays extérieurs à l’euro-zone.
P. Artus :
Nous vivons une situation de déflation dans la zone euro : le taux d’inflation est si bas que les
taux d’intérêt ne peuvent plus baisse ce qui annule l’efficacité de la politique monétaire
conventionnelle.
La conférence est intégralement en ligne sur le site des JECO :
http://www.touteconomie.org/index.php?arc=v42
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