Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVII - n° 2 - février 2013
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Échos des congrès
qui justifie donc un suivi multidisciplinaire. L’atteinte
extra-hypophysaire la plus fréquente est l’atteinte
osseuse. Une surveillance radiologique au minimum
tous les 5 ans est donc recommandée. À l’inverse, en
cas d’histiocytose sans atteinte hypophysaire initiale,
le risque de diabète insipide est de 25 % dans les 5 ans
suivant le diagnostic.
•
L’exposé d’Antoine Tabarin, de Bordeaux, sur le
syndrome de Cushing de l’adolescent, soulignait
l’importance d’une exploration régulière de la courbe
staturopondérale, notamment à l’adolescence. Un
ralentissement statural associé à une prise de poids
doit en effet systématiquement alerter et évoquer le
diagnostic de syndrome de Cushing. En effet, ce mode
de révélation rend compte de plus de 80 % des cas de
syndrome de Cushing et ne doit pas être confondu
avec un retard pubertaire “simple”, même si ce der-
nier est fréquemment associé. Par ailleurs, le retard
au diagnostic entraîne fréquemment une altération
du pronostic, le délai de récupération d’une fonction
somatotrope normale étant en moyenne de 19 mois.
Ainsi, la place du traitement freinateur de la puberté
ou de l’aromatase en association avec l’hormone de
croissance pour optimiser ce rattrapage statural a été
discutée. A été également abordée la question de la
génétique, 2 gènes étant actuellement en cause dans
cette pathologie. Toutefois, la fréquence des mutations
reste faible : 3 cas de NEM1/19 et 2 mutations du gène
AIP sur 220 sujets étudiés. L’enquête génétique doit-elle
être systématique ? Enfin, la fréquence des séquelles
cognitives par atrophie de l’hippocampe due à une
surcharge en corticoïdes a été rappelée. Ces atteintes
cognitives requièrent un soutien et un suivi à long
terme, notamment en pédiatrie, et renforce la néces-
sité d’un diagnostic précoce.
•
La dernière partie de cette session a été consacrée à
la génétique du déficit hypophysaire. Rachel Reynaud,
du réseau GenHypopiT, a clairement exposé la straté-
gie génétique en fonction des phénotypes clinique,
hormonal et radiologique. De ce fait, elle a insisté sur
la description précise de ces 3 éléments afin de mieux
orienter l’étude génétique. En effet, de nombreux gènes
responsables du développement et de la différencia-
tion hypophysaires sont maintenant identifiés, et une
corrélation entre génotype et phénotype commence
à apparaître. Par exemple, un déficit somatotrope et
thyréotrope oriente vers une mutation de POU1. Une
mutation de PROP1 n’est jamais retrouvée en cas de
déficit somatotrope isolé. Par ailleurs, la présence de
malformations associées oriente vers une mutation
de facteurs de transcription, tels que LHX3 en cas de
surdité ou d’anomalie de la rotation du cou, OTX2 en
cas d’anomalies oculaires ou LHX4 en cas de posthypo-
physe ectopique. Enfin, il a été rappelé que, malgré une
démarche de plus en plus stratégique, près de 90 % des
cas de déficit hypophysaire restent inexpliqués, ce qui
laisse encore la place à de nombreuses recherches géné-
tiques dans le cadre du réseau GenHypopiT. Notons
que, récemment, le gène PROKR2 a été rajouté à la
liste et semble responsable de près de 3 % des décits
avec posthypophyse ectopique (Reynaud R. et al. J Clin
Endocrinol Metab 2012;97[6]:E1068-73).
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La seconde session a été présentée sous forme de
symposium organisé par les laboratoires Merck Serono
et animé par les Prs Maïté Tauber, endocrinopédiatre,
et Philippe Caron, endocrinologue adulte.
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Le premier thème était celui de l’hypothyroïdie
congénitale à l’adolescence. Mon exposé a souli-
gné l’importance d’un suivi dans cette tranche d’âge
souvent “délaissée” pour cette pathologie néonatale,
dépistée depuis maintenant plus de 30 ans. Si le déve-
loppement psychomoteur et la taille adulte se sont
presque normalisés, de légères difficultés d’apprentis-
sage, de coordination, de motricité fine, de lenteur et
de troubles de la mémoire et de l’attention persistent,
qu’il est nécessaire de dépister et de suivre. De plus,
il a été constaté chez des adultes jeunes une dimi-
nution de la qualité de vie et de l’estime de soi, ainsi
qu’un niveau scolaire et socioéconomique plus faible
en moyenne que dans la population générale. Il a été
montré que le contrôle de la fonction thyroïdienne
est un des facteurs pronostiques majeurs. Des taux de
TSH supérieurs à 10 U/l mesurés à plus de 3 reprises
signent un risque de séquelles. L’adolescence, qui est
une période critique pour l’observance, est un moment
charnière durant lequel une attention redoublée doit
être demandée au médecin qui suit l’enfant. De plus,
ont été discutés dans cette session les risques poten-
tiels de surpoids, de dysfonction cardiovasculaire et
d’altération de la fertilité, qui justifient un suivi attentif,
optimisé et prolongé au-delà de la période de crois-
sance et de développement neurologique. Enfin, ont
été rappelées l’importance de la remise en question
du traitement en cas d’hypothyroïdie avec glande en
place inexpliquée et la recommandation actuelle de
tenter, dans ces cas particuliers, une diminution des
doses de L-T4 après les 2-3 premières années de vie,
suivie d’une réévaluation de la fonction thyroïdienne
dans le mois qui suit.
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Le deuxième exposé, de T. Edouard, de Toulouse,
portait sur le traitement par hormone de croissance
à l’adolescence, sujet de discussion fréquent pour
les pédiatres et pour les endocrinologues adultes.
Initialement, l’objectif du traitement était de cor-