particulière liée à chaque personne. La mise en place d’une mini- équipe pluridisciplinaire permet un traitement
transversal pour répondre à cette problématique individuelle.
En quoi la mise en place de solutions pour l’accès au logement est-elle essentielle pour les personnes souffrant
de problèmes de santé psychique ?
Les patients qui souffrent de difficultés psychiques déclenchent les symptômes de leur maladie lorsqu’ils deviennent de
jeunes adultes, entre 20 et 25 ans. On dit alors qu’ils « décompensent ».Ce sont des jeunes qui vivent encore dans leurs
familles, parfois étudiants ou nouvellement embauchés. Ils n’ont jamais eu leur propre logement et leur parcours de vie
projetée est « en panne » à cause de la maladie. Les premières années de cette « décompensation » sont consacrées
aux soins, avec souvent des hospitalisations et des allers-retours entre la cellule familiale et l’hôpital.Arrive un moment,
aux alentours de la trentaine lorsque la maladie est stabilisée, où se pose la question de l’insertion sociale. En effet
plusieurs années sont nécessaires pour que la personne intègre le fait qu’elle est malade et qu’elle doit renoncer à ses
projets de vie initiaux. Elle doit alors « faire le deuil » de sa vie projetée. A ce moment là, notre objectif vise à aider
le patient à se maintenir ou à s’intégrer dans des réseaux sociaux ordinaires. Parallèlement, nous devons accompagner
le maintien au sein de la famille et réfléchir à la question de l’insertion par le logement. En effet, le maintien de ces
patients dans leur famille génère souvent des situations difficiles, voire conflictuelles, la solution étant, à ce moment là,
que le patient, stabilisé, puisse jouir de son propre logement ce à quoi beaucoup aspirent.La question de l’insertion par
le logement reste donc cruciale, mais difficile à traiter en raison de la pénurie de logements, des difficultés économiques
qui vont souvent de pair avec la maladie …. mais aussi en raison du regard que les bailleurs ou le voisinage peuvent
porter sur la maladie mentale.
Comment se passent les relations avec les bailleurs ? Est-ce difficile ? De quelle façon travaillez-vous avec eux
pour accueillir ces locataires ?
En effet, cela peut sembler difficile à priori, pour les bailleurs, d’accueillir des locataires qui présentent un handicap, quel
qu’il soit. Mais cela devient possible, si l’on se donne les moyens de leur offrir un accompagnement professionnel
spécifique, assorti d’un engagement des soignants d’être présents.
C’est important que les bailleurs aient des interlocuteurs dans les différentes structures qui gravitent autour des patients
CCAS, MDR, SAVS (Service d’accompagnement à la vie sociale), SAMSAH (service d’accompagnement médico-social
pour adultes handicapés)…Les bailleurs doivent pouvoir avoir pour correspondants les personnes intervenues dans le
parcours de la personne ; ils mettent en place, ensemble, les conditions de son accueil. Ce travail en commun préalable
fait basculer la façon d’appréhender les choses et modifie les regards ; l’intégration devient une réalité et la
discrimination positive pour les personnes handicapée une possibilité.
Quelles sont les modalités de fonctionnement du groupe de travail « santé psychique et logement » ?
Il y a plusieurs volets dans ce projet.
On peut citer un des principaux outils de ce groupe de travail, le volet « formation/action ». La formation apporte à tous
les acteurs en présence un niveau de connaissances partagées sur les problématiques liées à la santé mentale, sur la
gestion des logements sociaux. Il y a là une véritable mise en synergie des professionnels des institutions et de
différents horizons, issus d’univers professionnels très variés. Outre les apports en terme de connaissances et de
méthodologie, ces formations favorisent la création de liens sur les territoires ; de véritables coopérations de travail se
mettent ainsi en place.On peut citer à cet égard, le projet de maison-relais, sur Vénissieux avec Adoma (ex. sonacotra).
Les acteurs de ce dossier se connaissaient, mais de loin. Grâce au projet « santé psychique et logement », le
décloisonnement a pu se faire, des liens de coopération se sont formés et, au-delà du projet initial « santé psychique et
logement », un autre projet va pouvoir aboutir…Un autre exemple de partenariat qui vient d’être mis en place
récemment, c’est celui conclu entre l’Hôpital Saint-Jean de Dieu et la société immobilière Alliade, à Saint-Fons. Pour la
période 2008-2009, une douzaine de logements seront à la disposition de personnes qui quitteront l’hôpital. C’est un
signe que la confiance, petit à petit, s’installe…. Le volet action, quant à lui, permet de travailler sur les pistes
méthodologiques visant à régler les situations individuelles.
Comment envisagez-vous la pérennisation de ce dispositif ?
Le Grand Lyon a apporté son dynamisme et le portage institutionnel et politique nécessaires à ce type d’action et toutes
les personnes concernées par le projet se sont engagées à soutenir la démarche qui concerne l’ensemble de
l’agglomération. Une fois que la machine est lancée, effectivement, comment peut-on déployer et pérenniser ce
dispositif au niveau local ? Les conseils locaux de santé mentale (CLSM) peuvent nous aider à poursuivre ce travail sur
l’ensemble des secteurs car les CLSM sont implantés sur des secteurs, à l’échelle d’un territoire de santé qui concerne
80 000 à 100 000 habitants. Les CLSM rassemblent un réseau très large de soignants psychiatriques, de professionnels
du domaine médico-social, d’associations, d’élus, de représentants d’institutions - éducation nationale, police, institutions
culturelles…- En somme, tous les professionnels ou non qui contribuent à faire avancer la qualité de vie, au sens large,
des personnes touchées par la maladie psychique.Ces CLSM peuvent être soit des coquilles vides, soit des dispositifs
d’animations très dynamiques, tout dépend de ce qu’on en fait. La plupart ont mis en place une commission logement,
cette commission peut se révéler un rouage important du dispositif et contribuer à faire avancer très largement l’action