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PROJECTIONS ÉCONOMIQUES POUR LA BELGIQUE – PRINTEMPS 2015
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BNB Revue économique
quasiment stagné au cours de ces derniers trimestres,
affichent par exemple une croissance plus élevée, tan-
dis qu’à Chypre, la profonde récession a pris fin. En
revanche, l’activité dans certains pays plus petits de
la zone euro, comme la Grèce et certains pays baltes,
s’est encore contractée. L’incertitude entourant l’issue
des négociations avec les créanciers internationaux
dans le premier cas et les tensions géopolitiques avec
la Russie dans le second ont incontestablement joué
un rôle à cet égard.
La reprise légèrement plus importante de l’économie
européenne doit être considérée comme un mouve-
ment de rattrapage, qui s’explique par la forte baisse
du cours de l’euro et par des effets de confiance posi-
tifs, dans lequel c’est principalement la consommation
privée qui semble s’être accrue en raison de l’impact
favorable du recul des cours du pétrole sur les revenus
réels des ménages. Au niveau mondial, en revanche,
les perspectives de croissance n’ont pas été revues à
la hausse. Le rythme de croissance dans certains pays
avancés importants s’est même nettement dégradé,
alors que le ralentissement enregistré dans certaines
économies émergentes, dont la Chine, est plus signifi-
catif que prévu. En outre, les échanges internationaux
semblent être nettement moins tirés par la croissance :
l’intensité en commerce de la croissance mondiale de-
meure singulièrement basse, comme l’indiquaient déjà
les projections d’automne.
L’environnement lié à la politique intérieure n’a guère
changé par rapport aux projections d’automne. En effet,
les mesures annoncées dans l’accord du gouvernement
fédéral d’octobre 2014 étaient déjà presque intégra-
lement reprises dans ces prévisions. Les modifications
limitées qui ont été apportées sont principalement liées
à de nouvelles informations sur la mise en œuvre pré-
cise de certaines mesures. C’est ainsi que la politique
d’activation des chômeurs âgés et des chômeurs avec
complément d’entreprise a été instaurée de manière
plus progressive qu’annoncé précédemment, d’où une
absence de hausse soudaine de la population active
(et du taux de chômage) en janvier 2015, comme le
suggéraient les projections d’automne. En outre, ces
estimations tiennent compte d’une croissance salari-
ale légèrement accrue en 2016, sur la base du projet
d’accord interprofessionnel de janvier 2015 entériné
par le gouvernement fédéral. Enfin, la mise en place du
saut d’index a également été légèrement modifiée et
retardée par rapport aux projections d’automne, mais les
effets macroéconomiques estimés demeurent quasiment
inchangés. De manière générale, la politique de maîtrise
des coûts salariaux entraîne également une amélioration
relativement importante de la compétitivité en matière
de coûts pour les entreprises belges exposées à la con-
currence internationale dans ces projections.
Dans ce contexte, les projections de printemps actuelles,
qui ont été clôturées le 20 mai 2015, indiquent également
une reprise accrue pour la Belgique , qui est légèrement
plus importante que ne le prévoyaient les projections
d’automne. À cet égard, l’estimation de la croissance
a été revue à la hausse, à 1,2 %, principalement pour
2015, bien que cela s’explique en partie par une révision
à la hausse par l’ICN de certaines statistiques relatives à
la croissance trimestrielle pour 2014. L’année prochaine,
la croissance progresserait comme prévu, pour atteindre
quelque 1,5 % et, pour 2017, dont la croissance a été
estimée pour la première fois, une nouvelle accélération
limitée de l’activité est attendue. À cet égard, il con-
vient de rappeler la grande marge d’incertitude inhé-
rente aux estimations pour des années plus éloignées.
L’affermissement de la croissance est principalement
soutenu par la progression des exportations nettes. C’est
la conséquence non seulement de l’augmentation conti-
nue des débouchés étrangers pertinents pour la Belgique,
selon les hypothèses techniques et extérieures communes
sur lesquelles reposent les prévisions de l’Eurosystème et
dont les principales sont décrites dans l’encadré 2 figurant
au premier chapitre du présent article, mais également
de l’amélioration de la compétitivité par la voie de la
politique de modération salariale. Bien que cette derni-
ère, comme l’indiquait l’article de décembre 2014 sur les
dernières projections d’automne, pèse dans un premier
temps sur la demande intérieure, l’incidence sur la crois-
sance est meilleure à terme en raison de la progression
des exportations.
La reprise économique et l’incidence favorable de la
lente croissance des coûts salariaux continuent de se
répercuter sur le marché du travail. Au cours de ces
trois années, de 2015 à 2017, quelque 94 000 postes
de travail supplémentaires seraient créés, et ce en dépit
de la poursuite de la progression du taux de participa-
tion au-delà de la hausse de la population active. Le
taux de chômage reviendrait donc graduellement à
moins de 8 % en 2017, soit un taux encore supérieur
au taux de chômage moyen observé depuis le début
de ce siècle.
Au début de cette année, l’inflation a atteint un creux,
principalement sous l’effet de la nette diminution des
prix de l’énergie, mais est redevenue positive depuis
avril 2015. Selon les projections actuelles, le rythme
moyen de l’inflation progresserait à peine cette année
par rapport à 2014, mais augmenterait à partir de 2016
pour atteindre près de 1,5 %. En raison des fortes vari-
ations des composantes volatiles, au niveau desquelles