PREMIERE REFLEXION.
Le parasitologiste-écologue étudie des systèmes parasite/hôte. Il est donc
attentif à la fois à la systématique des parasites et à celle des hôtes. De la qualité de
cette analyse dépend toute conclusion sur la spécificité parasitaire.
Généralement rapportée comme une caractéristique de chaque espèce parasite
(distinction entre parasites oïoxènes, sténoxènes, euryxènes, voir EUZET et COMBES,
1980), la spécificité est très sensible à une mise en évidence correcte des isolements re-
producteurs:
- quand la systématique des hôtes s'affine, le spectre d'hôtes s'agrandit;
- quand la systématique des parasites s'affine, le spectre d'hôtes se rétrécit.
Au cours des dernières années, c'est presque toujours la seconde de ces alternatives
qui s'est produite, probablement parce que la séparation des espèces d'hôtes n'a pas subi
de grands bouleversements alors que celle des parasites a été véritablement renouvelée par
les techniques moléculaires (méthode des iso-enzymes) permettant l'analyse des flux
géniques dans et entre les populations. Ainsi s'est dessiné un déplacement quasi-général de
la spécificité vers la sténoxénie et l'oïoxénie.
Cette tendance s'est affirmée dans tous les groupes. Nous citerons l'exemple suivant,
très caractéristique: RENAUD (1988) montre que le Cestode, connu sous le nom
de"Bothriocephalus scorpii", supposé parasite à l'état adulte de Téléostéens variés, est en
fait un complexe d'au moins quatre espèces parfaitement isolées reproductivement (fig. 1) et
apparemment oïoxènes.
Il faut noter bien sûr que l'oïoxénie n'est pas nécessairement le résultat des re-
cherches utilisant les iso-enzymes. Le plus souvent même, l'éclatement du taxon initial se
fait en des unités à spectres d'hôtes d'amplitudes différentes. Les nouveaux spectres d'hôtes
peuvent de plus être juxtaposés ou recouvrants. Nous illustrons les spectres juxtaposés (fig.
2) par l'exemple des Diplozoon (d'après LE BRUN et al., 1988), et les spectres recouvrants
(fig. 3) par celui des Helicometra (d'après REVERSAT et al., 1990). D'autres exemples de
spectres juxtaposés ont été révélés par l'électrophorèse des enzymes dans d'autres groupes
de parasites tels que Acanthocéphales (de BURON et al., 1986) et Copépodes (ZEDDAM et
al., 1988).
Parfois enfin, l'affinement des méthodes aboutit à séparer de nouvelles espèces,