Correspondances en Onco-Urologie - Vol. II - no 4 - octobre-novembre-décembre 2011
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Alpharadin® : une nouvelle radiothérapie métabolique des métastases osseuses
du cancer de la prostate résistant à la castration ; intérêt des émetteurs de particules α
Études précliniques
Les études pharmacocinétiques menées chez la souris et
le chien ont montré une élimination rapide − sanguine
et des tissus mous − avec élimination urinaire et fécale
du produit en 1 heure (5). La concentration du 223Ra
dans l’os est 2 fois plus importante que celle du 153Sm
et du 89Sr.
Des souris porteuses de tumeurs mammaires n’expri-
mant pas de récepteurs hormonaux et ayant des MO
ont été traitées par 6 ou 11 kBq de
223
Ra ou par placebo.
Ces souris, qui habituellement souff raient de para lysies
en rapport avec des compressions médullaires induites
par les MO, ont présenté une survie sans paralysie
augmentée de façon significative (p < 0,05) contre
placebo et contre pamidronate, ainsi qu’une survie
globale (SG) augmentée. L’eff et sur les compressions
médullaires était lié à la dose mais avec un plateau qui
pourrait s’expliquer par un accès limité des particules α
aux cellules tumorales du fait de leur faible parcours.
Les administrations à doses croissantes – répétées
4 ou 12 fois et espacées de 4 semaines sur des rats et
répétées 6 fois sur des chiens avec le même délai entre
les doses – ont montré une toxicité médullaire majorée
beaucoup plus lentement résolutive ainsi qu'une
baisse signifi cative des phosphatases alcalines (PAL).
Vingt-deux cas d’ostéosarcome ont été observés
chez 16 rats sur les 24 traités par de fortes doses
(325 ou 1 300 kBq/kg, ou 4 × 325 kBq/kg).
Études cliniques
Étude de phase I
La première étude de phase I conduite par une équipe
norvégienne et publiée en 2005 a inclus 25 patients
souff rant de MO liées à des cancers prostatiques ou
du sein (6). Ces patients ont été répartis en 5 groupes
de 5 paliers de dose allant de 46 kBq/kg à 250 kBq/kg
en 1 seule injection. Les études pharmacocinétiques
ont confi rmé la clairance sanguine rapide de l’Alpha-
radin® avec environ 4 % de l’activité totale résiduelle
dans le sang à 4 heures de l’injection. L’élimination est
principalement fécale. Les doses délivrées aux organes
sains objectivées par les études de dosimétrie sont
notables pour la moelle osseuse, puis dans une moindre
mesure pour les intestins et enfi n les voies urinaires.
La toxicité médullaire limitant la dose n’a jamais été
observée, puisque seules des neutropénies de grade 3
spontanément résolutives en 2 mois ont été observées.
Aucun patient n’a présenté de thrombopénie sévère
contrairement à ce qui peut être rencontré avec le
89
Sr
ou le 153Sm. Grâce à une faible émission de rayons γ, des
images scintigraphiques ont montré une concordance
des foyers de fi xation du 223Ra et des foyers observés
en scintigraphie osseuse. Les eff ets indésirables étaient
principalement d’ordre digestif, avec des diarrhées,
des nausées et des vomissements transitoires, et une
fatigue. Bien qu’une recrudescence transitoire des
douleurs osseuses ait été notée chez 7 patients la
première semaine, plus de la moitié des sujets ressen-
taient une amélioration de leurs douleurs à 1 semaine
de l’injection, qui se poursuivait à la huitième semaine.
La dose la plus basse (50 MBq/kg) a été retenue pour
les études ultérieures.
Étude de phase II
La même équipe a ensuite conduit une étude de phase II
dans laquelle 4 injections de 50 MBq/ kg d’Alpharadin®
étaient administrées toutes les 4 semaines à 33 patients
alors que 31 sujets recevaient un placebo (7). Ces patients
présentaient une évolution métastatique osseuse
isolée d’un cancer de la prostate et non contrôlée par
l’hormonothérapie avec ascension prouvée du taux
de PSA. Ils pouvaient avoir été auparavant traités par
chimiothérapie ou radiothérapie externe, mais pas par
radio thérapie métabolique. Les 2 groupes étaient homo-
gènes. Avec une toxicité médullaire peu diff érente entre
les 2 groupes, la survie sans événement osseux, notam-
ment sans changement dans le traitement antalgique,
la réponse du PSA (critères de Bubley) et des PAL, ainsi
que la SG (65,3 versus 46,4 semaines [p = 0,066]) étaient
signifi cativement en faveur de l’effi cacité du traitement.
La toxicité était identique à celle observée lors de la
phase I avec une toxicité médullaire très modérée, des
signes digestifs – dont autant de signes de diarrhée que
de signes de constipation (12 patients traités contre
2 recevant le placebo) – et une recrudescence transitoire
des douleurs osseuses.
Étude de phase III
Les résultats de l’étude ALSYMPCA (ALpharadin®
SYMptomatic Prostate CAncer study) de phase III,
multicentrique et internationale ont fait l’objet d’une
communication à l’ECCO/ESMO 2011 (8). L’inclusion
de 922 patients s’est terminée en janvier 2011. En juin,
l’arrêt de l’étude a été préconisé en raison de la démons-
tration d’un bénéfi ce signifi catif du traitement après
analyse intermédiaire planifi ée de 314 événements
observés chez les 809 patients analysés. Les patients
inclus devaient présenter un cancer de la prostate
métastatique à l’os, résistant à la castration, avec au
moins 2 foyers d’hyperfi xation à la scintigraphie et sans
lésion secondaire viscérale. Ils pouvaient soit avoir reçu
du docétaxel, soit présenter une contre-indication à son
utilisation, soit l’avoir refusé. Les patients étaient classés
en fonction de l’utilisation du docétaxel, du taux de PAL
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