chez 23 patients, alors que pour les 12 autres, le descellement
de la prothèse avait été considéré comme aseptique. La
moyenne des prélèvements peropératoires était de 5,4
(3-11), avec en moyenne 4,3 (2-11) prélèvements positifs à
P. acnes. L’isolement par culture du germe s’est fait dans un
délai moyen de 8,6 jours (4-15 jours). Cette étude souligne
combien il est important d’une part de faire de nombreux pré-
lèvements peropératoires et avant toute antibioprophylaxie, et
d’autre part de conserver relativement longtemps les prélève-
ments en culture au laboratoire.
La durée moyenne du traitement intraveineux (principalement :
rifampicine + bêtalactamine) a été de 4,6 semaines (2-
8semaines) après ablation de la prothèse, relayé par la voie orale
pendant 3,2 mois en moyenne (1-6 mois). P. acnes ne doit pas
être négligé, car même s’il s’agit d’un germe sensible aux
antibiotiques, il est responsable d’infections torpides et
douloureuses.
Alors que les IOA à Bacillus cereus sont classiquement éti-
quetées d’origine nosocomiale, la série présentée par
A. Dubouix et al. (Toulouse,30/C5)plaide en faveur d’un por-
tage de Bacillus dès l’admission chez certains patients trau-
matisés, et propose donc un dépistage systématique de ce
germe. Cette étude a porté sur 30 cas d’infections du site opé-
ratoire (ISO) à B. cereus diagnostiqués entre août 1997 et
mars 2000. Les patients, âgés en moyenne de 39 ± 17 ans,
présentaient initialement des fractures ouvertes prédominant
aux membres inférieurs. Ces fractures étaient souvent souillées
par de la terre, et ont nécessité la mise en place de fixateurs
externes. Tous les patients ont reçu une antibioprophylaxie par
Augmentin®i.v. (non actif sur B. cereus). La recherche systé-
matique de B. cereus a permis d’identifier 30 patients sur 200
(5 %) avec une infection liée à B. cereus. L’équipe toulousaine
recommande tout particulièrement de rechercher B. cereus en
cas de fracture ouverte, et propose d’ajouter à l’association
classique une fluoroquinolone active sur ce germe, en cas de
fracture ouverte souillée par de la terre, en raison de l’extrême
gravité des complications.
IMPACT DE LA RÉSISTANCE BACTÉRIENNE
SUR L’UTILISATION DES ANTIBIOTIQUES
L’impact de l’utilisation des antibiotiques sur l’apparition des
résistances bactériennes est bien connu. À l’inverse, l’impact
de cette résistance bactérienne sur l’utilisation des antibiotiques
est moins documenté. Une session complète a été consacrée
aux conséquences de cette résistance sur l’utilisation des anti-
biotiques en ville et à l’hôpital, ainsi que sur le développement
des antibiotiques et sur le coût des soins.
En ville, l’impact de la résistance bactérienne sur l’utilisation
des antibiotiques a fait l’objet d’une étude présentée par
D. Guillemot (Paris, 2/S1). L’augmentation de la résistance
bactérienne peut être envisagée comme un problème de iatro-
génie médicamenteuse, le principal déterminant de la progres-
sion de la résistance bactérienne aux antibiotiques étant l’usage
des antibiotiques.
L’efficacité thérapeutique des antibiotiques a été maximisée
étape par étape en fonction de l’apparition de nouveaux méca-
nismes de résistance. Face à l’apparition des Haemophilus
influenzae producteurs de pénicillinase, un inhibiteur de péni-
cillinase a été ajouté à l’amoxicilline. Les doses d’amoxicilline
ont ensuite été augmentées face à l’apparition des pneumocoques
de sensibilité diminuée à la pénicilline G et, plus récemment,
une adaptation galénique a été proposée par l’Augmentin®. De
1940 à 1975, est apparu un nouveau mécanisme de résistance
après chaque commercialisation d’un nouvel antibiotique. Cela
a notamment été le cas pour S. aureus, qui a développé une résis-
tance à l’amoxicilline en 1945, à l’érythromycine en 1950, à
l’oxacilline en 1965 et aux fluoroquinolones en 1975.
L’usage d’un antibiotique constitue la cause de la progression
de la résistance bactérienne à cet antibiotique et les taux de
résistance observés dans la communauté sont très étroitement
liés au volume des antibiotiques utilisés. Si la France et l’Es-
pagne sont les leaders en matière de résistance, ils sont aussi
les plus grands consommateurs d’antibiotiques.
Par ailleurs, depuis 50 ans, la progression de la résistance des
principales bactéries communautaires pathogènes aux antibio-
tiques commercialisés a conduit à faire évoluer les recomman-
dations thérapeutiques.
La prescription est l’aboutissement de la relation exclusive qui
existe entre médecin-prescripteur et patient. La difficulté est d’in-
tervenir au sein de cette relation “malade-médecin” afin de modi-
fier la prescription. Les études sociologiques concernant l’usage
des antibiotiques en ville et à l’hôpital ont principalement été
réalisées chez le médecin. L’antibiotique est reconnu par celui-
ci comme un symbole de puissance et de capacité thérapeutique.
Le médecin se sent dans l’obligation de satisfaire le patient,
assimilé à un consommateur, ce dernier étant imprégné d’une
logique concurrentielle (un généraliste pour 800 patients). De
plus, la notion d’antibiotique induisant une résistance est plus
abstraite en ville, la résistance bactérienne étant plutôt considé-
rée comme un problème de médecine hospitalière. Enfin, le
contexte général impliquant l’industrie pharmaceutique, l’assu-
rance maladie, les leaders d’opinion, les comités du médicament
sont autant de facteurs venant s’imbriquer dans cette relation
malade-médecin avec, par conséquent, une influence sur la pres-
cription. Il y a donc d’un côté des enjeux individuels et de l’autre
des enjeux collectifs. L’élément clé serait peut-être de situer
l’intérêt du prescripteur et d’imaginer des solutions nouvelles.
La question du générique et la baisse des prix des antibiotiques
ne peuvent être présentées de la même manière que pour les
autres médicaments. L’auteur a rappelé que certains proposent,
à l’inverse, d’élever le prix des antibiotiques au niveau de celui
de la chimiothérapie pour forcer à une vraie réflexion.
Il est également possible de modifier la prescription en interve-
nant sur les patients, mais peu d’études les concernent à ce jour.
Des études sociologiques devraient être à l’avenir consacrées à
la population grande consommatrice d’antibiotiques.
À l’hôpital, la résistance bactérienne a également un impact sur
le choix des nouvelles molécules, la posologie des antibiotiques
et leur mode d’administration.
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La Lettre de l’Infectiologue - Tome XVII - n
os
1-2 - janvier-février 2002
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