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L'acrylamide
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L’acrylamide est un composé organique utilisé pour la fabrication des polyacrylamides qui
trouvent de nombreuses applications industrielles. Il se forme également lors de la cuisson à haute
température (supérieur à 120°C) de certains aliments, notamment des fritures et en particulier les
aliments d’origine végétale dont la teneur est riche en glucides et faible en protéines.
Les principales sources d’exposition environnementale à l’acrylamide sont l’alimentation et la
fumée de cigarette. L’eau potable et certains produits de consommation peuvent également
contenir de faibles quantités d’acrylamide.
En 1994, le CIRC a classé l’acrylamide comme agent cancérogène avéré pour l’animal et
probablement cancérogène pour l’homme (groupe 2A).
Ce n’est pas une substance mutagène pour l’homme mais mutagène pour les cellules germinales
des animaux.
En milieu professionnel, la valeur limite d’exposition sur 8h (VLEP­8h) est de 0,3 mg/m3 (Soit 0,1
ppm) (circulaire du 12 janvier 1995).
Un avis sur l’évaluation des risques sanitaires liés à l’exposition alimentaire des consommateurs par
l’acrylamide sera publié en 2015 par l’EFSA.
Présentation générale
Expositions à l'acrylamide et effets sur la santé
Expositions environnementales
Exposition professionnelle à l'acrylamide
Risque de cancer et acrylamide
Recommandations pour réduire l'acrylamide par rapport à l'apport alimentaire
Evolutions récentes
Présentation générale
L’acrylamide est un composé synthétique qui n’existe pas à l’état naturel. Il se présente sous la forme de
cristaux blancs, très solubles dans l’eau et dans de nombreux solvants (méthanol, éthanol, acétone….).
L’acrylamide est utilisé pour la fabrication des polyacrylamides, polymères de haut poids moléculaires qui
trouvent de nombreuses applications industrielles. Les utilisations les plus courantes sont :
• Agent floculant dans le traitement de l’eau et dans celui des minéraux
• Adjuvant dans l’industrie du papier
Les industries des peintures et vernis (agent de fixation), de textiles (imperméabilisant), les industries
cosmétiques (liant) et l’industrie pétrolière (modificateur de la viscosité) utilisent ces polymères. L’acrylamide
sert également à la préparation de gels de polyacrylamides utilisés dans les agents d’étanchéification
(construction de tunnels, barrages….).
Les principales sources d’exposition environnementale à l’acrylamide sont l’alimentation et la fumée de
cigarette. L’eau potable et certains produits de consommation peuvent aussi contenir de faibles quantités
d’acrylamide (INRS, 2007).
Expositions à l’acrylamide et effets sur la santé
Expositions environnementales
L’acrylamide a été détecté pour la première fois en avril 2002, dans plusieurs types d’aliments cuits (EFSA,
2008). Il se trouve dans des produits comme les chips, les pommes de terre frites, le pain, les biscuits et le
café. Lors des processus de cuisson à haute température (120­150°C), notamment lors des fritures, ce
composé chimique peut être généré dans les aliments riches en amidon. Cette réaction de brunissement
appelée aussi « réaction de Maillard » donne la coloration aux aliments et produit l’acrylamide.
Depuis la détection d’acrylamide d’origine alimentaire, le Comité mixte FAO/OMS d’experts sur les additifs
alimentaires (JECFA) a conclu en 2005 que l’acrylamide pouvait constituer un risque pour la santé humaine
(FAO/OMS, 2005). Les études sur la caractérisation de l’exposition à partir des concentrations mesurées dans
les aliments montrent que les doses moyennes d’acrylamide, dans la population générale, varient de 0,3 à 0,8
μg/kg poids corporel­jour (FAO/OMS, 2002). Entre 2011 et 2012 une autre enquête menée par l’EFSA sur
certains produits contributeurs d’acrylamide (cités plus haut) a montré que 12 aliments sur 157 échantillons
testés présentaient une teneur en acrylamide supérieure aux valeurs­guides :
frites prêtes à être consommées (>600 µg/kg) ;
chips de pomme de terre (>1 000 µg/kg) ;
céréales pour petit déjeuner (>400 µg/kg) ;
biscuit sucré (>500 µg/kg) ;
un aliment pour bébé à base de pomme de terre et de carotte (>80 µg/kg).
Sur la base de ces résultats une nouvelle recommandation (2013/647/UE) a été adoptée le 8 novembre
2013. Les valeurs­guides d’acrylamide dans certaines denrées pour nourrissons et enfants en bas âge ont été
abaissées :
de 250 à 200 µg /kg pour les biscuits et biscottes
de 100 à 50 µg /kg pour les préparations à base de céréales.
Exposition professionnelle à l’acrylamide
Chez l’humain l’acrylamide est absorbé par les voies orale, respiratoire et cutanée. Il est distribué dans tout
l’organisme et éliminé dans l’urine. Les biomarqueurs d’exposition les plus fréquemment utilisés pour évaluer
l’exposition récente (quelques jours) de la population professionnelle à l’acrylamide sont les dosages de
métabolites urinaires de l’acrylamide. Le meilleur biomarqueur d’exposition dans ce cas est le N–
acétylcystéine­S­propionamide (NACP) (Hays and Aylward, 2008). Cependant, la mesures des adduits à
l’hémoglobine est un meilleur biomarqueur pour refléter l’exposition un peu plus antérieure, soit celles des trois
derniers mois (DeWoskin et al. 2013).
Les travailleurs les plus exposés à l’acrylamide sont ceux qui doivent manipuler le monomère lui­même,
comme les fabricants d’acrylamide ou les producteurs d’agents floculants et ceux qui font du colmatage. Les
études sont peu nombreuses, elles documentent des effets nocifs possibles de l’acrylamide sur le système
nerveux lors d’expositions à l’acrylamide (U.S. EPA, 2010). Une relation dose­effet est retrouvée entre les
taux d’adduits à l’hémoglobine chez les sujets exposés et les effets neurologiques. En dessous d’un taux
d’adduits à l’hémoglobine de 0,3 nmol/g d’hémoglobine aucun signe neurologique n’est observé.
Effets sur la santé associés à une exposition professionnelle
à l’acrylamide
Chez les professionnels fortement exposés, les premiers signes de toxicité se constatent au niveau cutané et
oculaire, nasal et respiratoire. Ces symptômes précèdent généralement les signes d’atteintes neurologiques
(Mulloy, 1996 ; INRS, 2007 ; U.S. EPA, 2010)
La réglementation établit une valeur limite professionnelle sur 8h (VLEP­8h) est établie à 0,3 mg/m3 (Soit 0,1
ppm) valeur indicative (circulaire du 12 janvier 1995) (INRS, 2012). Les travailleurs exposés à des
concentrations supérieures à 0.3mg/m3 sur 8h ont une prévalence augmentée des symptômes
neurologiques périphériques comparés à ceux exposés à moins de 0.3mg/m3 Aucun effet reprotoxique n’a été observé chez l’humain (U.S. EPA, 2010). Alors que chez l’animal, l’acrylamide
est toxique pour la reproduction. Les effets observés sont l’atrophie testiculaire, une faible numération des
spermatozoïdes (oligospermie) et des effets sur la fonction reproductrice femelle (Hogervorst, 2010).
Risque de cancer et acrylamide
En 1994, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé l’acrylamide comme
probablement cancérogène pour l’homme (groupe 2A). Selon le groupe de travail du CIRC, il existe des
preuves insuffisantes chez l'homme de la cancérogénicité de l'acrylamide mais des preuves suffisantes chez les
animaux de laboratoire (Rice, 2005). L’acrylamide a été classé par l’UE en catégorie 2 (substances devant
être assimilées à des substances cancérogènes pour l’homme. (voir fiche http://www.cancer­
environnement.fr/222­Classification­ europeenne.ce.aspx).
Les études épidémiologiques ne retrouvent pas d’association entre la consommation d'acrylamide de source
alimentaire et un excès de risque des cancers suivants : de la cavité buccale, du pharynx, de l'œsophage,
cancers du côlon et du rectum, cancer du larynx, cancers du sein et de l'ovaire et le cancer de la prostate
(Mucci, 2003, 2004, 2005, 2006 ; Pellucci, 2006 ; Olesen, 2008). La revue de littérature réalisée par Lipworth
et al en 2012 confirme ces résultats (Lipworth, 2012).
En 2014, une étude a été menée chez des femmes non­utilisatrices de contraceptifs oraux et non fumeuses
dans le but d’étudier la relation entre une alimentation riche en acrylamide et le risque de cancer de
l’endomètre. L'apport alimentaire d'acrylamide n'a pas été associé à une augmentation du risque de cancer
de l’endomètre (Obon­Santacana, 2014). Une analyse prospective évaluant l'association entre l'apport
alimentaire de l’acrylamide et le risque de l'adénocarcinome canalaire du cancer du pancréas dans la cohorte
(EPIC) montre que l'apport alimentaire en acrylamide n'est pas associé à un risque accru de cancer du
pancréas (Obon­Santacana, 2013).
Dans la population professionnellement exposée à des doses élevées d’acrylamide, les études
épidémiologiques menées ne retrouvent pas d’excès de risque de cancer tous sites confondus (Marsh GM,
2007)
Recommandations pour réduire l’acrylamide par
l’apport alimentaire
L’EFSA émet quelques recommandations pour réduire l’acrylamide dans l’alimentation
• Surveiller l’huile de friture ou de cuisson pour ne pas la laisser surchauffer.
• Ne pas faire brûler les aliments, les dorer légèrement.
• Ne faire griller le pain que légèrement (obtention d’une couleur dorée et non brune)
• Ne pas consommer les zones les plus brunies lors de la cuisson, qui sont les plus riches en acrylamide.
• Cuire les produits à base de pomme de terre tels que les frites jusqu’à qu’ils soient dorés et non bruns.
• Ne pas stocker les pommes de terre dans le réfrigérateur pour ne pas en augmenter les niveaux de sucre
(qui font potentiellement augmenter la production d’acrylamide pendant la cuisson).
Evolutions récentes
A ce jour aucune évaluation complète des risques associés à l’acrylamide dans l’alimentation chez l’homme n’a
été fournie.
Un avis sur l’évaluation des risques sanitaires liés à l’exposition alimentaire des consommateurs par l’acrylamide
sera publié en 2015 par l’EFSA. Les mesures à mettre en place sur le long terme seront décidées sur la base
de cet avis et en tenant compte des résultats des enquêtes réalisées dans le cadre de l’application de la
recommandation n° 2013/647/UE.
L’Anses préconise d'avoir une alimentation diversifiée et équilibrée, riche en fruits et en légumes et modérée
en aliments gras et frits comme le recommande le Programme National Nutrition Santé qui vise à améliorer
l'état de santé de l'ensemble de la population en agissant sur la nutrition. De telles recommandations ont
également été émises par diverses instances internationales, tels que l'Organisation mondiale de la santé
(OMS) et le Comité scientifique européen de l'alimentation humaine ou nationales telles que la Food Standard
Agency du Royaume­Uni, l'Administration nationale des aliments en Suède, la Food and Drug Administration
aux Etats­Unis
ou le ministère de la santé du Canada.
Auteur : Unité Cancer Environnement
Relecteur : Dr. Mathieu Valcke, chef de l’équipe scientifique sur les risques toxicologiques et radiologiques ­
Institut national de santé publique du Québec (INSPQ)
Nos fiches sur ce thème
Cancer et alimentation
Classification du CIRC
Pour aller plus loin
Etudes et publications scientifiques
CIRC, 2009 : Monographie, Vol.60 : Acrylamide
DeWoskin RS, 2013 : Comparison of PBTK model and biomarker based estimates of the internal dosimetry
DGCCRF, 2013 : La contamination de certaines denrées alimentaires par l’acrylamide
EFSA, 2005 : Statement of the scientific panel on contaminants in the food chain to a summary report
EFSA, 2015 : L’acrylamide dans les aliments est une préoccupation de santé publique
Hays SM, 2008 : Biomonitoring Equivalents (BE) dossier for acrylamide (AA) (CAS No. 79­06­1)
Hirvonen T, 2010 : Dietary acrylamide intake and the risk of cancer among Finnish male smokers.
Hogervorst JG, 2010 : The carcinogenicity of dietary acrylamide intake: a comparative discussion of
INSPQ, 2013 : Importance de l’exposition à l’acrylamide par l’alimentation chez une population poten
IRIS, 2010 : Toxicological review of acrylamide
Lipworth L, 2012 : Review of epidemiologic studies of dietary acrylamide intake and the risk of canc
Marsh GM, 2007 : Mortality patterns among workers exposed to acrylamide: updated follow up
Mulloy KB, 1996 : Two case reports of neurological disease in coal mine preparation plant workers
Obón­Santacana M, 2014 : Dietary intake of acrylamide and endometrial cancer risk in the European Pr
Obón­Santacana M, 2014 : Dietary intake of acrylamide and pancreatic cancer risk in the European Pro
Pelucchi C, 2006 : Dietary acrylamide and human cancer
Rice JM, 2005 : The carcinogenicity of acrylamide
Smith CJ, 2000 : "IARC group 2A Carcinogens" reported in cigarette mainstream smoke
Yang HJ, 2005 : Genotoxicity and toxicological effects of acrylamide on reproductive system in male
Informations des publics
ACS, 2013 : Acrylamide
ANSES, 2014 : L’acrylamide dans les aliments
EFSA, 2014 : FAQ sur l’acrylamide dans les aliments
EFSA, 2014 : L'acrylamide dans l'alimentation
EUFIC, 2008 : Que se passe­t­il pendant la cuisson des aliments ­ comprendre la formation de l’acryl
INRS, 2015 : Fiche d'aide au repérage ­ Cuisson d'aliments dans des bains de friture
Rapports et textes officiels
ANSES, 2011 : Étude de l’alimentation totale française 2 (EAT 2) Tome 2 Résidus de pesticides, additifs,
acrylamide, hydrocarbures aromatiques polycyc
EUROPEAN COMMISSION, 2011 : COMMISSION RECOMMENDATION on investigations into the levels of
acrylamide in food
FAO/WHO, 2002 : Health Implications of Acrylamide in Food
INRS, 2007 : Fiche toxicologique de l'acrylamide
Journal officiel, 2013 : Recommandations concernant l’étude des teneurs en acrylamide des denrées
alimentaires
Mise à jour le 29 mars 2017
Copyright 2016 ­ Centre Léon­Bérard
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