CROATIE - Les investissements directs étrangers croisés avec la

Juin 2014 © DG Trésor
AMBASSADE DE FRANCE EN CROATIE
SERVICE ECONOMIQUE
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Les investissements directs à l’étranger
entre la France et la Croatie en 2013
Résumé Avant la crise économique et financière, les flux d’IDE ont atteint jusqu’à 8,4% du PIB (2008)
s’établissant en moyenne à 5% sur 2000-2008. Très fortement concentrés dans le secteur financier et trop
peu dans le domaine productif, ceux-ci ont permis de soutenir le rattrapage des infrastructures, des
entreprises et des ménages durant une décennie. En revanche, ils ont entraîné une hausse de l’endettement
des agents qui se désengagent à présent. L’arrêt net des flux d’IDE depuis 5 années est la cause essentielle
et maintenant une conséquence du cycle de récession actuel (-12,3% de PIB entre 2008 et 2013). La
demande globale est atone, la consolidation du secteur financier en Europe a entraîné une forte sélectivité
de l’offre de crédit, alors que les prêts non performants atteignent 28% pour le secteur des entreprises. La
FBCF comptait pour 28% du PIB en 2008 ; elle est retombée à moins de 19% du PIB en 2013. Depuis
l’adhésion, le seul projet important d’investissement qui s’est concrétisé est celui de la concession de
l’aéroport de Zagreb. (Bouygues-ADP)
D’un boom relatif des IDE à un tarissement des flux
1. Rappel chronologique
L’IDE a rapidement augmenté au début des années 2000 avec des flux annuels atteignant en moyenne 5%
du PIB sur la période 2000-2008 et des flux cumulés depuis 1993 passé de 3 Mds EUR en 1999 à plus de
20 Mds EUR avant la crise. La Croatie qui est sortie de la sphère socialiste yougoslave en 1991, à un
moment où l’immense majorité des actifs était détenue par la puissance publique, a connu deux périodes de
privatisation distinctes. La 1ère intervenue à partir de 1991-1995, entamée durant l’indépendance et la
guerre, qui a d’abord profité à des intérêts locaux selon un schéma volontariste ; elle a abouti au
développement de grands groupes privés (Agrokor, Atlantic, Dukat ou Vindija). Les investisseurs étrangers
ne sont arrivés qu’à partir des années 2000. C’est surtout à partir de 2003-2004, puis 2006, qu’ont eu lieu
les grandes privatisations qui ont concerné successivement la totalité du secteur bancaire, les
télécommunications, la pharmacie, l’énergie, les autoroutes, les assurances et la distribution et, dans une
moindre mesure, l’industrie manufacturière. Toutefois très peu d’IDE « greenfield » ont eu lieu durant ce
processus de transition, sauf dans le domaine autoroutier.
2. Aspects sectoriels : le poids du secteur financier
Fin 2013, les principaux secteurs dans lesquels se concentre l’IDE sont le secteur financier (bancaire) avec
33,3% des flux d’IDE cumulés depuis 1993, la distribution (15%), l’immobilier (11%) ou les
télécommunications (6,5%). Entre 15 et 20% de l’IDE se rapporte à de l’investissement productif dans les
secteurs industriels de transformation des produits pétroliers (6%), chimiques (5%), agroalimentaires (1,5%)
ou autres (papier, bois, textile etc…). A l’aune de ce constat, la crise financière a fortement impacl’IDE
moins disposé à soutenir une économie la prime de risque et les taux de défauts ont particulièrement et
rapidement augmenté, à quoi s’ajoutent les nouvelles contraintes imposées par les maisons mères et les
régulateurs. Du fait de la forte détérioration de la demande interne, du doublement du chômage et de la
baisse du pouvoir d’achat, le moteur du modèle de croissance établit depuis l’an 2000 (consommation des
ménages, développement des activités de services) s’est éteint. Par ailleurs, la FBCF qui comptait jusqu’à
28% du PIB en 2008 et retombé à moins de 19% aujourd’hui. Pourtant, la Croatie n’a pas d’autre alternative
que de faire reposer sa nouvelle stratégie de croissance sur les investissements et les IDE, volatiles et
encore plus difficiles à attirer en période de crise.
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Baisse régionale des IDE et spécificités croates
1. Analyse comparative et phénomène régional
Ce repli des IDE en Croatie depuis 2009 n’est pas une spécificité et concerne les autres pays de la région
de l’Europe du sud Est. La dégradation de la situation économique dans les pays de l’UE d’où provient la
plupart des investissements y est pour beaucoup [Italie particulièrement mais aussi Autriche en proie à la
nécessaire consolidation de ses réseaux bancaires régionaux (Hypo, RBA)]. Comme dans les autres pays
de la région, les principaux investisseurs en Croatie sont l’Autriche avec 26,4 % des flux IDE cumulés depuis
1993, les Pays-Bas (12,4%), l’Allemagne (11,9%), la Hongrie (8,5%) et le Luxembourg (6,5%) et la France
(5,1%). Comme en Croatie, le stock d’IDE dans les pays de la région Danube-Balkans se répartit
principalement vers les activités financières (22%), le commerce et la distribution (13%) et l’immobilier
(12%), mais relativement plus dans l’industrie (22%) la Croatie accusant un certain retard sur les volets
industriel et exportateur face à ses voisins.
2. L’IDE français en Croatie : un bilan plus qu’honorable et une bonne dynamique depuis 2010
La France, 6ème investisseur en Croatie fait reposer son stock d’IDE sur le rachat par la Société Générale
de la Splitska Banka (6ème banque de la place). Répartit donc au 2/3 sur le financier, le stock français se
dirige aussi à 8 % dans la construction et à 5 % dans l’immobilier. Notre position en investissement se
matérialise plus largement sur 3 autres opérations significatives (Bouygues ; Alstom ; Lactalis), et apparaît
honorable. Nous sommes très présents avec Lesaffre et Axereal dans l’agroalimentaire, en sus de Lactalis.
Les lécommunications croates ont été privatisées au profit de l’Allemagne et de l’Autriche ; le secteur
bancaire est dominé par les banques italiennes et autrichiennes, mais nous y sommes présents également
(6ème position en termes d’actifs). La seule JV dans le secteur de l’énergie a été réalisée avec l’allemand
RWE, pour l’instant. Le report de certains projets (GNL par exemple) a pu contrarier en revanche l’agenda
d’opérateurs français intéressés pour s’implanter, avant 2010 (Total). La concession de l’aéroport de Zagreb
accordée en 2012 à Bouygues-ADP et lancée en 2013 ouvre des perspectives en matière de flux d’IDE
nouveaux à compter de 2014-2015 (230 M€ d’investissement pour la nouvelle aérogare) auxquels s’ajoutent
les 100 à 250 M€ d’investissements pour l’extension des autoroutes d’Istrie. La centrale thermique de
Plomin C (800 MEUR-1 Md EUR) représente un enjeu industriel majeur pour ALSTOM, associé à
MARUBENI. EDISON, filiale à 100% d’EDF, est également impliquée avec un autre partenaire. Enfin, un
appel d’offres pour des blocs offshore dans l’Adriatique (Hydrocarbures) pourrait intéresser des entreprises
françaises. Pour 2014, le gouvernement vient de rabaisser sa prévision de croissance à 0% après avoir
tablé sur 1,7% ; le consensus des économistes envisage une nouvelle récession (-0,5%). Les perspectives
d’un retour à la croissance reposent sur l’investissement. Or celui-ci tarde en raison du décalage des
agendas, de l’atonie de la demande et de lenteurs de mise en œuvre. La procédure de déficit excessif
lancée fin janvier limitera les capacités du gouvernement pour soutenir la relance via la dépense publique.
Par ailleurs les retards observés dans la conduite de projets essentiels qu’il s’agisse de Plomin C (1 Md
EUR), de la « monétisation » des autoroutes (2-3 Md EUR) ou de l’extension des autoroutes d’Istrie (250
MEUR) reportent les retombées à plus tard. La mise en œuvre de projets financés par la solidarité
européenne (11 Mds d’euros de fonds structurels prévus de 2014 à 2020) pose aussi question. La
gouvernance croate peine à mobiliser et à convaincre les investisseurs, et le ciblage de la politique
économique sur la valorisation des avantages comparatifs tarde à se concrétiser. (Potentiel touristique
encore non exploité ; industries agroalimentaires ; agriculture raisonnée ; base logistique régionale
multimodale ; niches industrielles).
La robustesse de l’économie financière et la résilience avérée du tissu socio-économique croate sont des
atouts qui ont besoin plus que jamais de relais de croissance durable. Ils existent, mais il reste à les
consolider et à les développer.
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