AMBASSADE DE FRANCE EN CROATIE
SERVICE ECONOMIQUE
Baisse régionale des IDE et spécificités croates
1. Analyse comparative et phénomène régional
Ce repli des IDE en Croatie depuis 2009 n’est pas une spécificité et concerne les autres pays de la région
de l’Europe du sud Est. La dégradation de la situation économique dans les pays de l’UE d’où provient la
plupart des investissements y est pour beaucoup [Italie particulièrement mais aussi Autriche en proie à la
nécessaire consolidation de ses réseaux bancaires régionaux (Hypo, RBA)]. Comme dans les autres pays
de la région, les principaux investisseurs en Croatie sont l’Autriche avec 26,4 % des flux IDE cumulés depuis
1993, les Pays-Bas (12,4%), l’Allemagne (11,9%), la Hongrie (8,5%) et le Luxembourg (6,5%) et la France
(5,1%). Comme en Croatie, le stock d’IDE dans les pays de la région Danube-Balkans se répartit
principalement vers les activités financières (22%), le commerce et la distribution (13%) et l’immobilier
(12%), mais relativement plus dans l’industrie (22%) la Croatie accusant un certain retard sur les volets
industriel et exportateur face à ses voisins.
2. L’IDE français en Croatie : un bilan plus qu’honorable et une bonne dynamique depuis 2010
La France, 6ème investisseur en Croatie fait reposer son stock d’IDE sur le rachat par la Société Générale
de la Splitska Banka (6ème banque de la place). Répartit donc au 2/3 sur le financier, le stock français se
dirige aussi à 8 % dans la construction et à 5 % dans l’immobilier. Notre position en investissement se
matérialise plus largement sur 3 autres opérations significatives (Bouygues ; Alstom ; Lactalis), et apparaît
honorable. Nous sommes très présents avec Lesaffre et Axereal dans l’agroalimentaire, en sus de Lactalis.
Les télécommunications croates ont été privatisées au profit de l’Allemagne et de l’Autriche ; le secteur
bancaire est dominé par les banques italiennes et autrichiennes, mais nous y sommes présents également
(6ème position en termes d’actifs). La seule JV dans le secteur de l’énergie a été réalisée avec l’allemand
RWE, pour l’instant. Le report de certains projets (GNL par exemple) a pu contrarier en revanche l’agenda
d’opérateurs français intéressés pour s’implanter, avant 2010 (Total). La concession de l’aéroport de Zagreb
accordée en 2012 à Bouygues-ADP et lancée en 2013 ouvre des perspectives en matière de flux d’IDE
nouveaux à compter de 2014-2015 (230 M€ d’investissement pour la nouvelle aérogare) auxquels s’ajoutent
les 100 à 250 M€ d’investissements pour l’extension des autoroutes d’Istrie. La centrale thermique de
Plomin C (800 MEUR-1 Md EUR) représente un enjeu industriel majeur pour ALSTOM, associé à
MARUBENI. EDISON, filiale à 100% d’EDF, est également impliquée avec un autre partenaire. Enfin, un
appel d’offres pour des blocs offshore dans l’Adriatique (Hydrocarbures) pourrait intéresser des entreprises
françaises. Pour 2014, le gouvernement vient de rabaisser sa prévision de croissance à 0% après avoir
tablé sur 1,7% ; le consensus des économistes envisage une nouvelle récession (-0,5%). Les perspectives
d’un retour à la croissance reposent sur l’investissement. Or celui-ci tarde en raison du décalage des
agendas, de l’atonie de la demande et de lenteurs de mise en œuvre. La procédure de déficit excessif
lancée fin janvier limitera les capacités du gouvernement pour soutenir la relance via la dépense publique.
Par ailleurs les retards observés dans la conduite de projets essentiels qu’il s’agisse de Plomin C (1 Md
EUR), de la « monétisation » des autoroutes (2-3 Md EUR) ou de l’extension des autoroutes d’Istrie (250
MEUR) reportent les retombées à plus tard. La mise en œuvre de projets financés par la solidarité
européenne (11 Mds d’euros de fonds structurels prévus de 2014 à 2020) pose aussi question. La
gouvernance croate peine à mobiliser et à convaincre les investisseurs, et le ciblage de la politique
économique sur la valorisation des avantages comparatifs tarde à se concrétiser. (Potentiel touristique
encore non exploité ; industries agroalimentaires ; agriculture raisonnée ; base logistique régionale
multimodale ; niches industrielles).
La robustesse de l’économie financière et la résilience avérée du tissu socio-économique croate sont des
atouts qui ont besoin plus que jamais de relais de croissance durable. Ils existent, mais il reste à les
consolider et à les développer.
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