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Mémoire d’une mémoire, celle des éléphants Introduction Qui n’a jamais éprouvé cette sensation frustrante de ne pouvoir retrouver le mot exact à l’instant souhaité ; trouver son chemin ou se perdre. Quel étudiant n’a jamais cru en certaines substances miracles en période d’examen. Il n’y a qu’à scruter une devanture de pharmacie, certain rayonnage de supermarché pour se convaincre qu’hormis la frénésie d’éliminer sa graisse l’homme reste vigilant sur le dopage de sa mémoire. La mémoire est une faculté qui oublie dit-­‐on souvent pour justifier ses absences. N’avons-­‐nous pas au moins une fois rêvé d’être dotés d’une mémoire d’éléphant. Alors, Légende ou réalité. Les quelques études réalisées sur ces pachydermes vont lever un coin du voile sur la capacité suivant l’hypothèse qu’ils pourraient devenir un modèle en la matière, d’engranger une multitude d’informations afin après analyse d’en ressortir une image mentale concrète. Mais à quel type de mémoire faisons-­‐nous allusions ? A. Le cerveau siège de la mémoire Les théories de la mémoire opèrent deux distinctions principales à propos de la façon dont nous apprenons et dont nous retenons en se basant principalement sur le facteur temps. I.
A court terme On a ainsi identifié une mémoire à court terme comprenant : 1. La mémoire perceptive Mémoire instantanée ne dure que quelques fractions de seconde et concerne toutes les informations perçues par nos sens (visuelles, auditives, cutanées…) puis 2. La mémoire de travail Mémoire immédiate stocke des informations limitées en nombre et à court terme (quelques secondes). C’est par exemple un numéro de téléphone lu dans le bottin, un chiffre dans un calcul… et une mémoire à long terme. Cette dernière comporte plusieurs subdivisions : II. A long terme 1. Déclarative ou explicite La mémoire déclarative : ce que nous savons consiste en souvenirs explicites d’événements de notre vie ou de connaissances relatives au monde ⇒ conscience, Comprenant une mémoire épisodique, mémoire autobiographique et contextuelle. une mémoire sémantique, mémoire culturelle et décontextualisée. opposée à 2. Non déclarative et implicite La mémoire non déclarative : Comprenant une mémoire procéduriale, mémoire des habitudes senso-­‐motrices (conduire, jouer du piano) une mémoire implicite, souvenirs inaccessibles à la conscience. Le cerveau est à l’origine de la pensée. Suivant notre modèle l’éléphant, comment pouvons-­‐nous expliquer sa singularité vs celui de l’homme ? Est-­‐ce une question de taille ? Avec ses 5 kg de matière cérébrale en moyenne, nous sommes largement dépassés avec nos 1,6kg. Le nombre de neurones serait-­‐il un meilleur candidat pour la définir ? Avec 100 milliards de neurones, nous sommes encore distancés par notre pachyderme qui en possède le double très complexes et très diversifiés. Aussi, si on veut comprendre ce qui distingue notre cerveau de celui de l’éléphant, il faut chercher ailleurs. Une autre piste nous conduit à comparer les structures étroitement liés à la mémoire. B. L’anatomie comparée Paul MacLean dans les années 50 avait forgé l’idée que dans le crâne humain coexisteraient trois cerveaux. Selon sa théorie, ce cerveau triunique se serait construit au cours de l’évolution en trois grandes étapes. I. Théorie du cerveau triunique de Paul MacLean 1. Le cerveau pulsionnel ou reptilien Un cerveau « reptilien », le plus ancien, responsable des comportements archaïques qui assure les fonctions vitales de l’organisme : se nourrir, se reproduire, fuir ou combattre. Ces comportements instinctifs et réflexes, de bases des reptiles et des poissons sont gérés par le tronc cérébral et le cervelet. 2. Le cerveau limbique ou sentimental Un cerveau « limbique », apparu avec les premiers mammifères et venu se greffer sur le cerveau reptilien est capable de mémoriser les comportements agréables ou désagréables, peur, colère. Il comprend principalement l’hippocampe et l’amygdale. 3. Le cerveau des représentations imaginaires ou verbales et de la commande volontaire ou néocortex. Un « néo-­‐cortex », apparu plus tardivement dans l’évolution prend de l’importance chez les primates supérieurs et culmine chez l’humain avec ses deux gros hémisphères cérébraux qui prennent une importance démesurée. Pour Paul MacLean le néocortex était le siège des activités cognitives les plus élaborées. Or on sait maintenant que ces « trois cerveaux » ne fonctionnent pas de manière indépendante et ont tissé de nombreuses connexions par lesquelles ils peuvent s’influencer mutuellement. Nous allons en détail étudier leurs structures et leur rôle. A la doctrine de l'unité d'action du cerveau, centre de l'intelligence, on a alors substitué celle des localisations cérébrales, qui fait du cerveau, non un organe homogène, mais une fédération d'organes dont les propriétés et les facultés sont distinctes. II.
Divisions fonctionnelles du cortex cérébral 1. Le lobe frontal a. Le cortex préfontal b. Le cortex frontal Le lobe frontal est une région du cerveau des vertébrés. Il est situé à l'avant des lobes pariétal et temporal. Le lobe frontal intervient essentiellement dans la planification, le langage et le mouvement volontaire. On subdivise le lobe frontal en trois grandes structures depuis le sillon central jusqu'au pôle frontal, la partie la plus antérieure du lobe frontal : • Le cortex moteur situé juste en avant du sillon central • Le cortex prémoteur en avant du précédent • Le cortex préfrontal qui regroupe toutes les autres régions du lobe frontal. Le cortex préfrontal est la partie antérieure du cortex du lobe frontal du cerveau, située en avant des régions prémotrices. Cette région est le siège de différentes fonctions cognitives dites supérieures (notamment le langage, la mémoire de travail, le raisonnement, et plus généralement les fonctions exécutives). c. Le cortex olfactif Le bulbe olfactif (BO), parfois appelé lobe olfactif, est une région du cerveau des vertébrés dont la fonction principale est de traiter les informations olfactives en provenance de neurones chémorécepteurs olfactifs. Le bulbe olfactif effectue un traitement et un codage de l'information avant de l'envoyer vers les cellules mitrales. Les axones qui en sortent se rendent en partie au bulbe opposé et en partie vers le noyau olfactif antérieur. Les fibres ré-­‐émises vont au cortex olfactif, vers le cortex limbique, vers l'hippocampe ou les corps mamillaires. On comprend ainsi le rôle inconscient de l'olfaction dans beaucoup de comportements fondamentaux dépendants de l'hypothalamus et du système limbique. Les voies olfactives sont les seules voies à ne pas faire relai d'abord dans le thalamus. Mais des informations traitées dans le cortex olfactif entrent dans le thalamus antérieur, de sorte que nous avons souvent une mémoire associative des odeurs plutôt qu'une mémoire absolue. Le souvenir d’une odeur renvoie d’une manière particulièrement nette aux souvenirs des évènements qui y sont associés. d. Les neurones Von Economo Comme chez l’homme, des neurones en fuseaux ont été principalement localisés en abondance dans le cortex fronto-­‐insulaire et en moins grand nombre dans le cortex cingulaire antérieur, en couronne des circonvolutions cérébrales. Ces neurones von Economo du nom de son découvreur, en 1925 ont été mis en cause en 1999 par John Allman et ses collègues de l’institut de Technologie de Californie, dans les fonctions cognitives supérieures. Ils faciliteraient également une communication rapide sur une longue distance dûe à sa morphologie. D’autre part, le cortex fronto-­‐insulaire FI est étroitement liée à l’insula. Ces régions font partie du cortex orbito-­‐frontal dans lequel un circuit complexe est associé à la perception spatiale, le sens du toucher, la conscience de soi et la complexité des émotions. Les auteurs ont également trouvé des signaux provenant d cortex cingulaire antérieur ACC reçus dans l’aire de Brodman dans le cortex frontal. Ce relais de neurones semble véhiculer la motivation à agir et concerne la reconnaissance discriminante. Ces énormes neurones sont caractérisés par une grande broche en forme de soma s’amincissant graduellement en un seul axone apical avec une dendrite unique face à face. Mais continuons notre examen des structures restantes. 2. Le cortex somato-­‐sensoriel a. Le lobe pariétal Le lobe pariétal (ou cortex pariétal) est une région du cerveau des vertébrés. Il est situé en arrière du lobe frontal, au-­‐
dessus des lobes temporal et occipital. Le lobe pariétal est considéré comme un cortex associatif hétéromodal. C'est-­‐à-­‐
dire qu'il joue un rôle important dans l'intégration des informations issues des différentes modalités sensorielles (vision, toucher, audition). Cette région du cerveau est notamment impliquée dans la perception de l'espace et dans l'attention et, plus particulièrement, le cortex pariétal supérieur est impliqué dans la voie dorsale du système visuel. b. Le lobe occipital Situé à l'arrière de la tête, à côté du lobe pariétal et du lobe temporal. C’est le centre visuel. Il permet la reconnaissance des orientations et des contours des images en ce qui concerne les premiers traitements d'analyse visuelle. Bien développé chez l’homme, le lobe occipital chez l’éléphant est presque mal défini lié à un développement médiocre de ce sens, malgré que sa vision ne soit pas mauvaise en lumière mate. c. Le lobe temporal Le lobe temporal est une région du cerveau des vertébrés située derrière l'os temporal (l'os situé derrière les tempes), dans la partie latérale et inférieure du cerveau. C'est une zone importante pour de nombreuses fonctions cognitives, dont notamment l'audition, le langage et la mémoire et la vision des formes complexes. On peut trouver une similitude pour la superficie du lobe temporal de l’éléphant à la superficie occupé dans le cortex cérébral par le lobe frontal chez l’humain. On peut noter aussi que l’orientation du lobe temporal humain est presque horizontal, tandis que celui de l’éléphant nettement plus postérieur est horizontal. 3. Le système limbique ou cortex cingulaire de Paul Brocca a. Présentation Le terme limbique (latin : bord, bordure) a été forgé par le neurologue Paul Brocca pour désigner les régions situées sur le pourtour du cortex cérébral. Dressant une analogie avec le cerveau des animaux et remarquant la réduction du lobe olfactif chez les primates humains et non humains, il associe cette aire au comportement bestial par opposition aux facultés intellectuelles situées dans le reste du cortex. Révisée par la suite cette notion exempte des régions olfactives prend en charge les émotions agressivité, peur, plaisir), les apprentissages et la mémoire. C’est le siège de les jugements de valeur, souvent inconscients, qui exercent une grande influence sur le comportement principalement dans la vie en commun. Ce circuit de Papez présent chez tous les mammifères contrôle également le système endocrinien et le système nerveux autonome. b. Ses différentes structures et leur rôle (Fornix, hippocampe, circonvolution cingulaire, hypothalamus, amygdale, septum) l'hippocampe (du grec ancien hippocampos, signifiant " cheval courbé ") : rôle dans l'apprentissage et le stockage d'une information en mémoire à long terme. l'amygdale (du latin amygdala qui signifie " amande ") : rôle dans l'agressivité, la colère, la peur, l'anxiété et la mémoire émotionnelle le fornix (du latin fornix signifiant " arche") : ensemble de neurones qui relie l'hippocampe à l'hypothalamus le cortex limbique (gyrus cingulaire, cingulum, insula et gyrus parahippocampique) : rôle dans le contrôle conscient du comportement. le septum (du latin saeptum qui signifiant "barrière"): rôle dans le contrôle des émotions? Corps mammillaires : ils jouent un rôle très important dans la mémoire c. Relation du système limbique avec les autres structures corticales. Le cortex associatif comprenant (pariéto-­‐temporo-­‐occipital et préfrontal) envoie des efférences vers le cortex limbique et ce dernier en reçoit à son tour des afférences. Grâce aux ganglions de la base, amas de cellules nerveuses plusieurs circuits cependant non moteurs, mais impliqués dans la mémorisation et le traitement des processus cognitifs et émotifs sont étroitement interconnectés. Aussi on peut montrer le rôle du cortex par rapport au système limbique. Un chat est privé de cortex préfrontal et frontal continue à manifester des réactions émotionnelles mais exagérées à la vue d’un chien ou d’un rat. Le cortex préfrontal et frontal intervient dans les réactions émotionnelles, avec un rôle de contrôle (modulation, atténuation). On ne peut déclencher volontairement une émotion, la sensibilité consciente et la motricité volontaire ont leur siège dans le cortex. Le cortex serait source d’informations pour le système limbique, il agirait aussi dans le sens d’une modulation. Le système limbique serait un centre d’analyse, de confrontation, de prédiction, puis de décision. Chez les macaques privés de système limbique, les réactions émotionnelles disparaissent, ce qui confirme le rôle de ce système dans l’émotion. Dans les conditions normales, système limbique et hypothalamus interviennent ensemble, le système limbique assure la modulation des comportements émotionnels, leur ajustement à l’expérience du sujet et à ses possibilités. Car pendant la stimulation électrique de l’hypothalamus d’un chat, on déclenchera une colère spectaculaire vis-­‐à-­‐vis d’un chien par exemple. On sait aujourd'hui qu'il n'existe pas de "centre de la mémoire", mais plusieurs sites du cerveau impliqués dans le traitement et la conservation des informations. La mémoire répond ainsi au même schéma que les autres fonctions supérieures du cerveau (la motricité, le langage, la perception, l'intelligence...) Pour simplifier, on peut préciser que : -­‐ la mémoire à court terme fait intervenir le cortex* préfrontal, -­‐ la mémoire sémantique met en jeu le néocortex, -­‐ les corps striés* et le cervelet* sont très impliqués dans la mémoire procédurale, -­‐ la mémoire déclarative intéresse l'hippocampe*, -­‐ l'hippocampe est également sollicité par la mémoire épisodique (en même temps que le thalamus* et le cortex préfrontal).(long terme déclarative) Les neurobiologistes s'accordent pour conférer à l'hippocampe un rôle essentiel. Situé au coeur du cerveau, il assure la mise en relation des informations stockées en différentes zones cérébrales. Son intervention est nécessaire pour faire passer les souvenirs de la mémoire à court terme vers la mémoire à long terme. En analysant ce tableau récapitulatif d’après la comparaison des différentes structures faite précédemment, nous remarquons que l’homme ne se démarque pas à chaque fois. Paul broca a donné le nom de mammifères osmatiques ceux dont la prédominance du sens de l’odorat est attestée par un impressionnant développement du lobe olfactif au cours de l’évolution chez de nombreux mammifères non-­‐humains et bien sûr l’éléphant. Pour les anosmatiques, hormis la cause déterminante de cette atrophie due à la conséquence d’ une vie aquatique, le sens de l’olfaction chez l’homme s’est réduit à une simplicité de l’appareil olfactif et ses dépendances. Par contre, par l’examen du cerveau l’auteur nous montre que la raison de cette modification anatomique est due à l’immense développement du lobe frontal, cause déterminante de cette diminution de fonction entrainant également un amoindrissement du grand lobe limbique. Ce siège, en se référant aux travaux d’Alexandre Luria dans les années 60, de la pensée abstraite, du raisonnement complexe et du contrôle du comportement, a exproprié à l’étage antérieur du crâne la masse sensorielle qui gênait son expansion. Nous ne sommes donc pas étonnés que l’odorat qui joue un rôle supérieur dans la majorité des mammifères pour la poursuite de proie, le choix de la nourriture, la fuite du danger… prédomine grâce à ses structures bien développées chez notre éléphant. (allusion au lobe frontal avec une mémoire à court terme limité jusqu’à l’âge de 20-­‐30 ans article the brain) Bien que les éléphants soient connus pour avoir un sens du contact, la taille du lobe pariétal qui chez l’homme est lié au cortex somato-­‐sensoriel est relativement petit. Le degré de développement des sens chez l’éléphant change avec l’âge. Nous éluderons la vue qui par rapport à l’ouïe nous l’avons vu (lobe occipital) reste basique. La sensibilité gustative reste inconnue malgré une sélectivité certaine. Le nombre de neurones Von economo trouvé chez l’éléphant est d’environ 20.000, chiffre inférieur au 193000 trouvés chez l’homme. Concernant les circonvolutions du cortex cérébral, siège de compétences cognitives améliorées comme la mémoire de travail, la planification, l’orientation spatiale sont aussi nombreuses que chez l’homme. Leur complexité leur confère une grande aptitude au traitement des informations sensorielles. Si on se concentre sur le système limbique, dont l’hippocampe. Sa taille nettement supérieure à celle de l’homme sert à fixer de nouveaux souvenirs, dont de nature spatiale qui seront stockés par la suite dans les lobes temporaux également de taille plus importante. Le lobe temporal médian joue un rôle fondamental dans la mémoire et les émotions. Plus particulièrement, l'hippocampe et les structures adjacentes sont impliqués dans la mémoire dite épisodique ou déclarative, notamment dans la mémoire spatiale. On admet généralement que c'est la plasticité de la modification des synapses et des circuits neuronaux de cette zone qui permet la formation de la mémoire Le volume relatif de ces deux structures pourrait peut-­‐être expliquer alors la capacité qu’ils ont d’engranger une quantité importantes et une diversité de souvenirs (des lieux, des personnes, des événements), mémoire sociale et chimique à long terme ainsi que leur capacité de naviguer sur de longues distances. Ces structures associées à un apprentissage complexe de fonctions comportementales peuvent fournir le substrat pour les compétences cognitives acquises par les éléphants. Par des exemples observés et analysés par des scientifiques, j’illustrerai des acquis. C. Les profits cognitifs acquis par les éléphants I. La mémoire 1. Mémoire sensitive (visuelle, olfactive, auditive) Mémoire visuelle Une série d’expériences réalisées démontraient qu’une éléphante après avoir appris sur deux séries d’images celles qui étaient correctes, pouvaient mémoriser ses symboles et les différencier avec succès après 8 ans. (L’éléphant d’Asie Eve Mourier) Mémoire olfactive Un éléphant est capable de reconnaitre l’urine de sa mère après 27 ans de séparation. Mémoire auditive Une éléphante était capable d’apprendre 3 notes successives d’une mélodie pour arriver au bout d’un an au total à une vingtaine de sons. 2. Mémoire spatiale et écologique Les matriarches sont capables de se souvenir des trajets qu'ils empruntent chaque année, captant les périodes où certains végétaux et fruits parviennent à maturité. Ils se déplacent et parcourent parfois des centaines de kilomètres, juste pour les manger au bon moment. Retrouver les points d’eaux en évitant certains couloirs qui en sont démunis en période de sècheresse sauvant ainsi la harde d’une mort certaine. 3. Mémoire sociale (apprentissage vocal, utilisation et modification d’outil) Les exemples d’utilisation d’outil parmi les éléphants incluent l’utilisation d’un bâton pour rayer leur dos, placer des brindilles et des branchages pour éviter à leurs pieds de passer dans de la terre molle, placer un cube de bois sous un arbre et s’aidant d’un bâton pour y décrocher des fruits mûrs. II.
La conscience 1. Perception de la mort (émotions) Nous ne savons pas si l’éléphant a une perception précise de la mort, dans le sens philosophique du terme. Quoi qu’il en soit les comportements relatés devant des carcasses d’éléphants n’ont pas été observés devant des carcasses de buffle. Le biologiste kenyan Joyce Poole, qui étudie les éléphants d'Afrique depuis 1976, fait état d’une mère ayant perdu son nouveau-­‐né : « En observant la façon dont Tonie veillait sur son nouveau-­‐né mort, j’ai eu pour la première fois la conviction que les éléphants pleuraient. Je n’oublierai jamais l’expression de son visage, ses yeux, sa bouche, la position de ses oreilles et de sa tête et sa posture. Tout, en elle, indiquait le chagrin. » Cynthia Moss en 1976 a observé un rituel devant le cadavre d’une femelle du groupe :les éléphants autour du cadavre, le touchent délicatement avec leur trompe et leurs pieds, grattent la terre pour en déposer sur le cadavre ainsi que des branchages. Une chose est certaine, l'éléphant possède une formidable mémoire. Dans un autre documentaire du National Geographic, une matriarche qui a perdu son éléphanteau, revient à l'endroit où le petit corps s'est décomposé, un an après la tragédie. Pendant, un long moment, elle manipule avec sa trompe les ossements comme si elle voulait rendre la vie à son petit. Il s'agissait d'un véritable cérémonial. Comment interpréter un tel geste ? L’animal a-­‐t-­‐il compris que la mort est définitive ? A-­‐t-­‐il voulu exprimer son chagrin ? 2. Motivation (notion de vengeance) Ils ont appris que : Pour éradiquer une surpopulation sur un territoire voisin, en Afrique du Sud dans le parc de Pilanesberg, des éléphants y ont été transférés. Or à l'époque, on ne possédait pas encore de techniques très avancées pour déplacer des éléphants adultes, aussi seuls les éléphanteaux furent transférés. Aussi après capture de harde entière, les parents intransportables, furent abattus sous les yeux de leur progéniture, puis attachée aux corps de leurs mères, le poids de ces dernières préservant d’une éventuelle fuite. Comme, il n’y a pas de petit profit, ils les dépecèrent sous le regard des éléphanteaux. Transférés à Pilanesberg, traumatisés par ce qu'ils avaient vécu et sevrés trop tôt de l’apprentissage social, ces rescapés ont manifesté en 1994, un comportement violent par des attaques mortelles sur les rhinocéros blancs, animaux protégés très rares et intrus sur le territoire. Pour créer une réserve protégée au Kenya dans le parc d'Amboseli pour les éléphants, il avait été décidé de déplacer des populations massaï, les déracinant ainsi de leurs terres. Mécontents de devoir quitter les terres de leurs ancêtres, ils massacrèrent de nombreux éléphants, les responsabilisant de leur exode. Quelques années plus tard, en 1996, les éléphants majoritairement juvéniles témoins et traumatisés du massacre de leur parent ont éventrer les vaches des troupeaux Massai. Dans le Parc Queen Elisabeth en Ouganda, après plusieurs attaques mortelles d'éléphants sur des hommes, l'explication n'était pas bien difficile à trouver. Sous le dictateur Idi Amin Dada, les éléphants ont été massacrés à 90%, notamment pour la revente de l'ivoire. Les éléphanteaux ont été épargnés, n'ayant pas encore de défenses. En 2006, devenus adultes, ils ont alors mené des attaques contre des hommes. 3. Etude associative ou raisonnement causal (critiques) Aussi est-­‐il possible de faire chez l’éléphant une corrélation entre la mémoire, la conscience et l’intelligence. A savoir si leur comportement découle d’une étude associative ou d’un raisonnement causal, question d’interprétation différente ou pas des observateurs ? En ce qui concerne les impliquant des éléphants assoiffés de vengeance, nous pouvons émettre un doute. En effet le massacre des troupeaux Massaï fait intervenir un troisième facteur : cibler indirectement un coupable en massacrant son troupeau. Ont-­‐ils la faculté d’élaborer des stratégies aussi complexe à seule fin de se venger ? Dans le cas du caisson servant de tabouret et du bout de bois, l’éléphant doit imaginer ce dont il a besoin, savoir ou le trouver… Tout ceci va bien au-­‐delà du modèle d’apprentissage classique de la plupart des animaux. Ce qui peut quand même nous faire penser que les éléphants sont capables de compréhension de cause à effet et de résolution mentale d’un problème. Conclusion Si le cerveau des éléphants s’est développé de façon particulière au cours de l’évolution comparativement à d’autres espèces animales, ce n’est pas le fait d’un ajout à l’architecture cérébrale, mais plutôt un mode d’organisation particulier impliquant un surdéveloppement de structures très ciblées et l’essor de certaines fonctions dû à une nécessité principalement liée à la survie. Le modèle du cerveau triunique de Mac Lean malgré son succès, est donc faux. Pendant de nombreuses années, le manque de tissu de cerveau d’éléphant bien adapté à l’analyse histologique ont contribué à appauvrir un manque de données neuroscientifiques. Les recherches sur les neurones von economo sont récentes. L’observation selon laquelle ces neurones en fuseau sont produits dans un groupe restreint et pour certain proche de l’homme, a mené à la spéculation qu’ils ont une grande importance dans l’évolution humaine et/ou le fonctionnement du cerveau. La restriction parmi les primates pour les grands singes et les baleines conduit à l’hypothèse selon laquelle il y a eu une éventuelle adaptation il y a 15 à 20 millions d’années (divergences des primates) obligatoire dans les cerveaux de grande taille, leur permettant hormis la contrainte géométrique, un traitement et le transfert rapide de l’information permettant des comportements intelligents émergeant. Aussi, pour continuer dans notre raisonnement d’une spécialisation comportementale commune aux hominidés, éléphants et baleines de déterminer si des mammifères tels que la girafe ou l’hippopotame possèdent des neurones von Economo dans la partie FI et ACC de leur cerveau. D’autres part de nombreux exemples bien documentés dans lesquels des éléphants semblent répondre à de l’empathie, une attitude rituelle devant la mort (Poole et Mousse, 2008) ont prouvé que les neurones Von Economo localisés dans le cortex fronto-­‐insulaire et le cortex cingulaire antérieur augmentent le fonctionnement des circuits et les structures relatives impliquées dans la conscience sociale intensifiant la vigilance devant la détresse de leur congénères. Compte-­‐tenu des résultats surprenants obtenus, d’autres recherches toujours sur les éléphants, sortant ainsi du cadre des primates et des souris, se sont actuellement orientées sur d’autres types de neurones et sur le cervelet. Nous ne sommes pas à l’abri de nouvelles surprises. 
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