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560 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XVIII - n° 10 - décembre 2009
Résumé
Le physicien médical intervient dans les domaines où la physique est associée à la pratique de la médecine,
et principalement dans les secteurs mettant en œuvre les rayonnements ionisants, que ce soit à visée théra-
peutique ou à visée de dépistage dans le cadre de l’imagerie diagnostique ou de la médecine nucléaire.
Son rôle est majeur en radiothérapie, notamment dans la mise en place des nouvelles technologies.
Du parcours universitaire au cadre quotidien de l’exercice, cet article fait un état des lieux de la physique
médicale, spécialement en radiothérapie.
Mots-clés
Physique médicale
Organisation
Keywords
Medical physics
Organization
sur les effectifs minimaux de physiciens – dont la
présence n’est pas systématiquement contrôlée par
les autorités, donc non respectée par tous les établis-
sements –, un nouvel arrêté du 19 novembre 2004
est venu préciser le rôle du physicien médical.
Nous sommes alors passés de la réductrice notion de
“présence” du radiophysicien, devenu depuis spécia-
lisé en radiophysique médicale, à une responsabilité
de “garantie de la dose”, puis à une covalidation de
la préparation de chaque traitement avec le médecin
qualifié en oncologie radiothérapique ou avec le
médecin qualifié spécialiste en médecine nucléaire
(article R. 1333-60 du Code de la santé publique
et décret n° 2007-389 du 21 mars 2007 relatif aux
conditions techniques de fonctionnement appli-
cables à l’activité de soins de traitement du cancer).
De profondes modifications législatives et réglemen-
taires (radioprotection du personnel et du patient,
management de la gestion des risques, décisions de
l’Agence française de sécurité sanitaire), liées essen-
tiellement au plan Cancer 1 initié par le précédent
Président de la République, Jacques Chirac, sont
venues renforcer ces textes majeurs dans le sens
d’une meilleure qualité et d’une meilleure sécurité
des actes médicaux utilisant les rayonnements ioni-
sants. Toutes ces évolutions génèrent une augmenta-
tion conséquente des activités de physique médicale.
Les physiciens médicaux, spécialistes des rayonne-
ments ionisants en milieu hospitalier, interviennent
désormais dans les domaines de la radiothérapie,
de la curiethérapie, de la médecine nucléaire, du
radiodiagnostic, de la radiologie interventionnelle et
en radioprotection. Dans ce cadre, ils mettent leurs
connaissances spécifiques de physique théorique et
pratique au service du patient, du monde médical et,
dans le cadre de la radioprotection, des travailleurs
et du public. Le plan Cancer 2, initié par le Président
Nicolas Sarkozy sur la base d’un travail piloté par
le Pr Jean-Pierre Grünfeld, poursuit le premier plan
Cancer dans le sens d’une amélioration de la qualité,
de la sécurité et de la “connaissance de la dose” des
actes utilisant les rayonnements ionisants.
Cette “culture de la dose” et cette connaissance du
risque radiologique sont acquises par le physicien
médical lors d’un master 2 de physique spécialisée,
très souvent complété par un doctorat de physique,
puis obligatoirement par une année d’internat de
physique médicale en milieu hospitalier à missions
de soins, dépistage, enseignement et recherche
(centres hospitaliers universitaires – CHU – et centres
de lutte contre le cancer – CLCC). Une harmonisa-
tion européenne des formations fera passer cette
formation complémentaire à 2 ans à partir de 2012 ;
elle est d’ailleurs actuellement de 3 ans en Suisse
et de 4 ans en Italie.
Garantir les doses issues des dispositifs médicaux,
maîtriser tous les moyens mis en œuvre pour les
calculer et assurer leur métrologie dans l’ensemble
des processus utilisant les rayonnements ionisants
en médecine conduit désormais à une nouvelle
responsabilité et amène à une nouvelle organisa-
tion. Les missions sont désormais précises et obli-
gent le physicien médical à repenser ses activités,
sa formation continue et ses pratiques, en termes
de responsabilité assumée et/ou partagée avec le
corps médical. Ces changements obligent à une sorte
de conversion du regard de la part d’établissements
ou de responsables de départements de radiothé-
rapie ou autres unités fonctionnelles de soins peu
habitués, voire dans certains cas peu enthousiastes,
à travailler avec des scientifiques non médicaux.
Ces changements dans l’organisation et une transver-
salité de la physique dans tous les domaines utilisant
les rayonnements ionisants ou non imposent, notam-
ment par voie réglementaire depuis 2004, de “définir
et mettre en œuvre avec le chef d’établissement une
organisation en physique médicale adaptée aux activités
de l’établissement”. Ceux-ci fixent ainsi les fondements
des nouvelles organisations de la physique médicale
en France en affirmant leur transversalité.
Les facteurs organisationnels et humains sont impli-
qués dans plus de 90 % des incidents ou accidents de
radiothérapie ; il faut donc s’étonner qu’il faille plus
de 5 ans pour qu’un texte opposable de la République
française, somme toute simplissime et de bon sens
sur le plan de l’organisation de la physique médicale,
entre dans les mœurs et soit mis en application. Le
parler vrai oblige à dire qu’il existe une volonté des
établissements et de certaines fédérations de santé,
qui devrait être exemplaire, de mettre en œuvre
avec “des pieds de plomb”, voire à ne pas mettre
en œuvre, cette nouvelle organisation voulue par le
législateur dans l’intérêt de la qualité des traitements
et de la sécurité des patients.