CD4+CD25- lui confère un phénotype
de T reg (suppression de la production
d’IL-2, surexpression de CD25, CTLA-
4 et GITR) et des propriétés régulatrices
qu’il ne possédait pas auparavant. In
vitro, les T reg inhibent la prolifération
des lymphocytes effecteurs par un
mécanisme contact-dépendant qui utilise
le CTLA-4. Le CTLA-4 interviendrait
d’une part dans l’activation des T reg,
qui résulte de l’engagement du TCR et
d’un signal de costimulation médié par
le CTLA-4. D’autre part, le CTLA-4 à
la surface des T reg interagirait avec son
ligand (CD80 ou CD86) présent sur les
cellules dendritiques pour induire la
production de l’enzyme indolamine 2,3-
dioxygénase (IDO). Cette enzyme
métabolise le tryptophane du milieu
extracellulaire en kynurénine. Le
manque de tryptophane empêche les
lymphocytes activés de proliférer, et la
présence de kynurénine les rend plus
sensibles à l’apoptose. Finalement, le
CTLA-4 au contact de son ligand à la
surface des lymphocytes répondeurs
pourrait induire directement un signal
de désactivation.
"Les T reg induits. Contrairement aux
Treg naturels, l’activité suppressive des
Treg induits est cytokine-dépendante,
et on les classe en fonction du profil de
cytokines qu’ils produisent. On dis-
tingue ainsi la population T regulatory 1
(Tr1), producteur d’IL-10, et les T hel-
per 3 (Th3), producteurs de trans-
forming growth factor (TGF)β. Les
Treg induits sont générés en périphérie
à partir de lymphocytes T naïfs. Ceux-ci,
lors d’une stimulation inadéquate soute-
nue, deviendraient régulateurs (par
exemple lors de la présentation d’anti-
gènes par une CPA immature, déficiente
en molécule de costimulation). Cette
transformation pourrait être facilitée par
la présence de molécules telles que le
TGFβ,connu pour augmenter le seuil
d’activation des lymphocytes naïfs et
pour induire l’expression de foxp3.
LA TOLÉRANCE EN TRANSPLANTATION
On parle de tolérance centrale ou “délé-
tionnelle”, ou encore “récessive”, lors-
qu’une greffe de moelle est effectuée
afin d’induire un chimérisme hémato-
poïétique. En effet, une fois acceptées
par le receveur, les cellules souches
allogéniques ainsi que celles du rece-
veur vont donner naissance aux diffé-
rentes lignées hématopoïétiques,
notamment les thymocytes et les cel-
lules chargées de médier la sélection
négative des précurseurs alloréactifs
dans le thymus. Les thymocytes dirigés
contre les antigènes du donneur seront
éliminés dans le thymus de la même
manière que les thymocytes de trop
forte affinité pour les antigènes du soi.
L’induction d’une telle tolérance est
lourde, car elle nécessite le plus souvent
un traitement myéloablatif.
La tolérance périphérique résulte de
l’utilisation d’anticorps interférant avec
l’activation ou la prolifération lympho-
cytaire, ce qui a pour effet d’anergiser
ou d’induire l’apoptose des cellules
répondant à l’alloantigène. Pour que
cette tolérance se maintienne, des
mécanismes actifs de régulation sont
nécessaires pour lutter contre de nou-
veaux émigrants thymiques alloréac-
tifs. De nombreux travaux de transplan-
tation expérimentale montrent que les
Treg sont capables de réguler des lym-
phocytes alloréactifs. Les T reg induits
ont été décrits comme responsables du
maintien de la tolérance d’allogreffe
chez la souris après un traitement
immunosuppresseur transitoire. Des
expériences de transfert de ces T reg
induits ont mis en évidence leur capacité
à transformer des lymphocytes T CD4+
naïfs (de souris non greffées) en lym-
phocytes tolérants et régulateurs à leur
tour (infectious tolerance), qui permet-
tent à une souris n’ayant jamais vu l’al-
loantigène de le tolérer sans immuno-
suppresseur et de manière spécifique
(figure 3). De plus, ils sont capables
de rendre tolérants des lymphocytes
naïfs spécifiques à un antigène tiers
à condition qu’il soit présenté par
la même CPA (linked suppression)
(figure 4).
Des expériences convaincantes démon-
trent également que le devenir de l’allo-
greffe dépend de la balance entre les
Treg et les lymphocytes T effecteurs du
rejet (T eff), la tolérance résultant d’une
suprématie des T reg (figure 5). Dans la
plupart des cas, le rapport naturel
Treg/T eff pour un alloantigène consi-
déré favorise in fine l’agression du gref-
fon. Dès lors, pour prévenir cette agres-
sion et induire la tolérance au tissu allo-
génique, il faudrait diminuer le réper-
toire alloréactif et, parallèlement, aug-
Figure 3. “Infectious tolerance”.
Souris rendue tolérante vis-à-vis de l’alloantigène "A".