UNE GOUVERNANCE ECONOMIQUE MONDIALE DEPUIS LE SOMMET DE G6 DE 1975
La nécessité d'une coopération entre États s'impose à l'issue de la 2°GM. Tirant les leçons des échecs des années 1930, les dirigeants du monde
mettent en place des institutions internationales pour garantir la paix et favoriser un retour à la prospérité.
Les Alliés posent les bases d'une nouvelle conception du gouvernement du monde. Ils tentent de réguler l'économie mondiale par la mise en place
d'institutions internationales dans le but de favoriser les échanges et d'éviter de nouvelles crises économiques comme celle des années 1930.
A partir des années 1970, avec l'entrée dans une nouvelle phase de la mondialisation et l'apparition de nouveaux défis mondiaux , ces institutions
apparaissent insuffisantes. L'interdépendance accrue des États et l'affirmation d'acteurs de l'économie et de la société civile contribuent à remettre en
cause le rôle des États dans les relations internationales.
Cette nouvelle conception du gouvernement du monde s'exerce d'abord dans la domaine économique. Face aux crises économiques et financières,
les États réorganisent les institutions internationales et multiplient les sommets. Ni simple coopération entre États, ni gouvernement mondial, se met
en place depuis 1991 une « gouvernance de la mondialisation ».
En quoi la gouvernance économique mondiale a-t-elle progressé depuis 1975 ?
L'expression de gouvernance mondiale désigne un modèle idéal reposant sur la mise en place de règles internationales pour encadrer l'économie
mondiale et favoriser la croissance économique globale, avec un souci d'équité.
De 1975 aux années 1990, la gouvernance mondiale issue de l'après-guerre est remise en cause (1° partie), ce qui entraîne le désir de mettre en
place une véritable gouvernance mondiale à partir des années 1990 (2° partie).
I:1975-1990 : UNE GOUVERNANCE REMISE EN CAUSE :
A: De graves crises :
Dans les années 1970, du fait de
difficultés diverses, l'ordre
économique mondial mis en place
Un système économique mondial de plus en plus instable à partir des années 1970
Au cours des années 1970, on assiste à la fin de l'ordre économique mis en place au lendemain de la 2°GM
(conférence de Bretton Woods 1944). Ce système qui reposait sur la création d'institutions internationales
à la fin de la 2°GM prend fin.
En août 1971, les EU suspendent
la convertibilité du dollar en or.
C'est la fin du système de Bretton
Woods.
La valeur des monnaies se fixe
désormais par le jeu de l'offre et
de la demande, d'où un marché
mondial des capitaux très
instable.
Les chocs pétroliers de 1973 et
1979 aggravent encore ces
déséquilibres.
En réponse à ces difficultés, des
solutions néolibérales sont
avancées, entraînant un
renforcement de la mondialisation
et une libéralisation de l'économie
mondiale.
(BIRD, FMI) et sur le rôle pivot des EU est remis en cause du fait des difficultés de l'économie EU, des chocs
pétroliers et de l'accélération de la mondialisation.
Dans les années 1960, la balance des paiements EU (bilan des entrées et sorties de biens et de capitaux
entre un pays et le reste du monde. Lorsque les sorties sont supérieures aux entrées, le pays doit emprunter
ou puiser dans ses réserves d'or ou de devises) connaît un déficit croissant. Le stock d'or EU diminue et les
entreprises perdent confiance dans la valeur du dollar.
En août 1971, sans consulter le FMI, les EU décident de suspendre la convertibilité du dollar en or et le
dévaluent. C'est l'effondrement du système de Bretton Woods : la valeur des monnaies fluctue librement.
L'offre et la demande des monnaies sur le marché mondial déterminent désormais leur valeur, ce qui rend le
marché mondial de capitaux très instable.
Les accords de la Jamaïque (ou de Kingston) de 1976 officialisent ces décisions .
Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 provoquent une hausse importante du prix du pétrole et déstabilisent les
pays occidentaux : l'inflation s'accélère, la production et la demande reculent, le chômage devient massif. Ils
permettent aux pays exportateurs d'accumuler des ressources financières considérables. Mais l'essoufflement
de la croissance économique mondiale touche aussi les pays pauvres frappés par la baisse du prix des
matières premières.
La libéralisation de l'économie mondiale :
Face à ces difficultés à la fin des années 1970, des solutions néolibérales sont apportées aux EU par les
Républicains (R. Reagan) et au RU par les conservateurs (M. Thatcher), fondées sur la réduction des impôts
et la dérégulation des échanges (suppression des réglementations économiques afin de libérer les prix,
encourager la concurrence et favoriser l'investissement privé). Ce vaste mouvement de déréglementation se
traduit par la privatisation des entreprises publiques, la libéralisation des mouvements de capitaux et de
services financiers, la réduction des dépenses de l’État dans les services publics.
Elles se diffusent eu Europe occidentale puis dans les pays du Sud par l'action du FMI et du GATT.
Dans les années 1980, le processus de mondialisation s'accélère, facilité par les progrès techniques et les
Face à des acteurs privés de plus
en plus nombreux et influents, le
rôle des États se transforme
Les NTIC permettent une
explosion des flux financiers et
des flux d'informations.
révolutions des télécommunications. Les acteurs privés (FTN, banques, agences de notation -entreprise
chargée d'évaluer la capacité d'un emprunteur (État ou entreprise) à faire face au remboursement d'une
dette-) acquièrent de plus en plus d'influence sur le fonctionnement de l'économie mondiale et cherchent à
s'émanciper de la gouvernance des États et des institutions internationales. Les mouvements de capitaux se
libéralisent et les FTN multiplient leurs filiales à l'étranger. La révolution de l'informatique et des
télécommunications accroît la circulation de l'information. La multiplication des flux transnationaux (biens,
capitaux, informations) remet en cause le contrôle des États sur l'économie.
Du fait de la déréglementation des activités boursières et des facilités offertes par les NTIC, les services
financiers sont de plus en plus déconnectés de l'activité économique réelle et les transactions boursières
connaissent une véritable explosion.
B: A la recherche d'une nouvelle coopération internationale :
Face à l'incapacité des
organismes internationaux à
lutter contre les déséquilibres
économiques, les dirigeants des 6
plus grands PID décident de se
concerter régulièrement, formant
le G6 auquel se joint le Canada :
G7
Le FMI intervient de plus en plus
auprès des pays du Sud
lourdement endettés, leur
proposant des solutions pour
Du G6 au G7 : le retour des États :
Le GATT et la Banque mondiale ne parviennent pas à lutter contre les nouveaux déséquilibres économiques.
En 1975, les dirigeants des 6 grands pays industrialisés décident donc de se réunir régulièrement pour se
concerter sur les problèmes économiques internationaux. Ce groupe des 6 (G6), élargi en 1976 au Canada
(G7) illustre la volonté des États de retrouver une influence face aux nouveaux acteurs privés de la
gouvernance économique mondiale, en cherchant à relancer une coordination internationale des politiques
monétaires et commerciales.
Un nouveau rôle pour le FMI :
Jusqu'en 1980, grâce au recours abondant à des prêts internationaux facilement accordés par des banques
privées en l'absence de contrôle du FMI, les pays du Sud ont pu limiter les effets des chocs pétroliers et de la
crise économique mondiale. Mais leur endettement atteint des records, si bien qu'en 1982, le Mexique
annonce qu'il est incapable de rembourser sa dette, suivi par de nombreux pays débiteurs.
Cette crise de la dette conduit à la restauration de l'autorité du FMI, soutenu par la Banque mondiale. Le FMI
combler leur dette intervient dans ces pays pour rééchelonner leur dette et apporter des aides au développement mais impose
en retour des mesures drastiques de réduction des dépenses publiques, de déréglementation, de
privatisations, sous la forme de programmes d'ajustement structurel (PAS).
C: Mais des difficultés persistantes :
Mais cette nouvelle coopération
internationale ne résout pas les
problèmes :
le G7 est perçu comme
« un club de riches »
promouvant les intérêts de
ses membres sans se
préoccuper des PED
le GATT ne parvient pas à
empêcher la mise en place
de mesures
protectionnistes
les PAS préconisés par le
FMI accentuent les
difficultés des PED sans
solutionner le problème de
leur dette
Des résultats médiocres :
Le G7 n'est qu'un groupe informel de discussion. Il est accusé d'écarter les autres États de la gestion
économique mondiale, d'être un club des pays les plus riches et de promouvoir une mondialisation libérale
profitant d'abord aux PID sans tenir compte des intérêts des pays du Sud qui réclament un « nouvel ordre
économique mondial ».
Par ailleurs, les organismes internationaux ne deviennent pas plus efficaces. Le GATT, par exemple, dépourvu
de moyens de sanctions, ne peut empêcher la mise en place de mesures protectionnistes comme les quotas
d'importations, utilisés par les PID pour se protéger de la concurrence des PED.
Un dialogue Nord-Sud décevant :
La mise en œuvre des PAS, inspirés par le néolibéralisme, suscite de fortes contestations. Certains, comme
Joseph Stiglitz (EU, conseiller économique du président Clinton de 1992 à 1995, vice-président de la Banque
mondiale de 1997 à 2000 et qui a fréquemment exprimé son désaccord avec la politique de celle-ci. Il prône
une réforme des règles de l'économie mondiale et du fonctionnement de la gouvernance économique afin de
promouvoir une mondialisation soucieuse d'un développement plus équitable), les jugent responsables de
l'aggravation des difficultés des pays d'Afrique et d'Amérique du Sud. Ces plans ont en effet conduit à réduire
considérablement les dépenses publiques en matière de santé, d'éducation, de protection sociale,
hypothéquant ainsi le développement de ces pays, sans pour autant leur permettre d'émerger de la crise de la
dette, dont le montant global ne cesse d'augmenter dans les années 1980. C'est pourquoi les pays du Sud
protestent contre une gouvernance qui s'accompagne du maintien, voire d'une accentuation des écarts de
richesse et de développement entre pays, qui ne fait qu'aggraver leur pauvreté et réclament une annulation
l'économie mondiale reste
incontrôlable, on assiste à
un retour des désordres
monétaires et financiers
que les Etats ou les
institutions internationales
ne peuvent éviter
la concertation
internationale n'a
débouché sur aucune
politique commune de
gestion des défis de la
mondialisation
partielle ou totale de leur dette.
Une économie mondiale incontrôlable :
Alors que les PED souhaiteraient jouer un rôle plus important dans les processus de gouvernance
économique mondiale, la création et le renforcement de regroupements économiques régionaux (Acte unique
européen en 1986, APEC en 1989, Mercosur en 1991) semblent plutôt traduire une tendance à la multipolarité
dans laquelle les pays les plus pauvres restent marginalisés.
Les mouvements spéculatifs de grande ampleur, facilités par la déréglementation, s'accompagnent du retour
des désordres financiers et d'une instabilité monétaire permanente (krach boursier de 1987, rechute de
l’économie mondiale entre 1989 et 1993). Les États et les institutions internationales semblent incapables de
les éviter.
Si, à travers le G7, une certaine coopération économique a vu le jour à l'échelle internationale, celle-ci ne se
traduit pas par l'élaboration d'une politique commune de gestion des défis posés par la mondialisation. Les
déséquilibres financiers et économiques, les inégalités sociales, les menaces qui pèsent sur l'environnement
commencent à démontrer la nécessité d'une gouvernance économique mondiale, plus conforme aux
exigences du DD exposées dans le rapport Brundtland en 1987.
Bilan partie 1 :
1- Définissez la notion de gouvernance.
2- En quoi le système économique mondial est-il de plus en plus instable à partir des années 1970 ? Quelle en est la principale
conséquence ?
3- Définissez la balance des paiements.
4- Qu'appelle-t-on « accords de la Jamaïque » ?
5- Définissez dérégulation.
6- Comment se traduit la recherche d'une nouvelle coopération internationale à partir du milieu des années 1970 ?
7- Quel en est le bilan ?
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