
B) Une gouvernance économique toujours plus complexe et contestée 
 
    1) une évolution de la gouvernance dictée par l’enchaînement des crises 
 
Dans  les  années  1990,  relayés  par  le  FMI  et  la  Banque  mondiale,  les  principes  du  consensus  de 
Washington  s'imposent  à un  nombre  croissant d'Etats  incités  à une  ouverture  toujours  plus  grande  de  leur 
marché. Sous l'effet de ces incitations, la mondialisation prend un nouvel essor : les échanges commerciaux et 
financiers internationaux s'intensifient, les pays émergents  connaissent des taux de croissance records, mais 
les  crises  financières  se  multiplient  (1992-1993  :  crise  du  système  monétaire  européen,  1997  :  crise 
économique asiatique …). 
Cette interdépendance accrue des économies, révèle les dangers d'un capitalisme libéralisé échappant 
au contrôle des États et des institutions internationales. La crise des subprimes qui démarre en 2008 au États-
Unis (elle est le résultat d’une politique de crédit trop laxiste de la part de la Banque fédérale américaine pour 
permettre aux Américains d’acheter leurs maisons) confirme ces risques en devenant systémique : la crise du 
crédit  devient bancaire, boursière,  financière  et  s'étend  au  monde  entier.  (On  appelle  risque  systémique  le 
risque  qu’un  événement  particulier  entraîne  par  réactions  en  chaîne  des  effets  négatifs  considérables  sur 
l’ensemble du système pouvant occasionner une crise générale de son fonctionnement.) 
La gravité de la situation stimule le renouveau de la coopération interétatique. En 2008, au sommet de 
Washington,  le  G20  se  lance  dans  la  lutte  contre  la  crise.  En  s'occupant  désormais  des  grandes  questions 
financières et monétaires, le G20, réunion des grandes puissances économiques du Nord et du Sud, prend le 
pas sur le G8 en déclin depuis le début des années 2000. Progressivement le G 20 se transforme en pôle de 
concertation sur les réformes économiques internationales à mener à long terme (renforcement des moyens 
d'intervention  du  FMI,  pression  sur  les paradis  fiscaux,  projets de  taxation  des  transactions  financières)  ;  si 
certains analystes estiment que le G 20 manque d'efficacité et de  légitimité, sa création symbolise toutefois 
l'accession des pays émergents au statut d'acteurs majeurs de la gouvernance économique mondiale. Un an 
après leur entrée au G20, les pays émergents se regroupent au sein du BRIC, puis au sein du BRICS en 2011 
avec l'adhésion de l'Afrique du Sud. 
La mondialisation a en effet stimulé la croissance de nouvelles puissances décidées à ne plus laisser la 
gouvernance aux mains des pôles de la Triade.  La concurrence exacerbée  entre  les  États a aussi rendu  plus 
difficiles  les  prises  de  décisions  collectives  en  matière  de  libéralisation  du  commerce,  de  développement 
durable (cf réticence du 1° ministre australien lors du G20 de Brisbane) ou de lutte contre les problèmes de la 
dette  en  Europe  (cf  difficultés  rencontrées  par  la  Grèce  afin  de  réduire  son  déficit  et  d'obtenir  un 
assouplissement de la part de l'UE). Autre exemple de ces difficultés, la fin du cycle de négociations lancées 
par l'OMC que la plupart des analystes considèrent comme un échec en raison d’objectifs et d'intérêts de plus 
en plus divergents des États. 
Ces difficultés  à mettre en place une gouvernance économique mondiale efficace et  consensuelle se 
traduisent également au travers du renforcement des organisations commerciales à l'échelle régionale plutôt 
que mondiale. 
 
    2) des contestations de plus en plus virulentes 
 
Des  acteurs  non-étatiques  comme  les  FTN,  les  banques,  les  scientifiques  (GIEC  :  groupe  d'experts 
intergouvernemental sur l'évolution du climat), mais aussi les ONG acquièrent une influence grandissante dans 
la gouvernance économique mondiale. Au cours des années 1990, les ONG les plus influentes ( Médecins du 
monde, Action contre la faim …) apparaissent à la fois comme une force de mobilisation contre les dérives de 
la mondialisation, mais aussi comme des partenaires sollicités par les organisations internationales pour leur 
expertise sur les sujets économiques, sociaux et environnementaux. 
 
En 1999, à Seattle, aux Etats-Unis, la forte mobilisation contre le sommet de l'OMC marque l'entrée en 
scène  des  altermondialistes.  A  partir  de  2001,  les  réunions  du  Forum  social  mondial  (FSM) permettent aux 
différents acteurs de l'altermondialisme de médiatiser leur opposition aux décisions prises par les promoteurs 
de la mondialisation libérale (FMI, OMC, Banque mondiale notamment). Le FSM sert aussi de lieu de débats 
consacrés aux projets d'une gouvernance soucieuse de réduire les inégalités de développement. En outre, la 
crise de 2008 a suscité l'apparition de mouvement de citoyens  (Indignés, « Occupy Wall Street ») réclamant