La Lettre du Gynécologue ̐ n° 370 - mars 2012 | 31
CONGRÈS
L’association d’un retard de croissance intra-utérin
à une grossesse prolongée est un facteur de risque
important de mortalité périnatale (grade C), mais il
n’y a pas de données spécifiques qui permettraient
de définir une conduite à tenir particulière face à ces
fœtus hypotrophes. Enfin, rien ne prouve l’intérêt
d’une surveillance différente ou plus précoce chez
les patientes d’origine africaine ou asiatique.
À partir de quand faut-il
déclencher l’accouchement ?
C’est seulement au moment où le rapport bénéfice-
risque d’une surveillance fœtale versus un déclen-
chement de l’accouchement devient franchement en
faveur du déclenchement que ce dernier s’impose de
manière indiscutable, c'est-à-dire à 43+ 0 SA.
Auparavant et en l’absence de pathologie, un déclen-
chement du travail devrait donc être proposé aux
patientes entre 41
+ 0
SA et 42
+ 6
SA (grade B). Cette
période, qui peut durer 13 jours au maximum, constitue
donc un large “espace de liberté” au sein duquel la
balance bénéfice-risque penche progressivement mais
régulièrement vers “un peu plus de risques” au fur et
à mesure que l’on s’approche de 43
+ 0
SA. Le moment
exact du déclenchement sera déterminé en fonction
des caractéristiques maternelles (conditions cervi-
cales locales, cicatrice utérine, parité, indice de masse
corporelle, âge), de la préférence des patientes et de
l'organisation des soins (accord professionnel).
Si la grossesse est prolongée au-delà de 42+ 0 SA,
le groupe a cependant insisté pour que la surveil-
lance soit assortie d’une information à la patiente
de la balance bénéfices-risques dont elle fait l’objet :
augmentation des risques fœtaux (asphyxie néonatale)
mis en balance avec les inconvénients potentiels
d’un déclenchement (accord professionnel). Cette
remarque est d’autant plus nécessaire que la géné-
ralisation de l’échographie pour déterminer l’âge
gestationnel pourrait augmenter la proportion de
“vrais” post-termes par rapport aux grossesses mal
datées dans la population des femmes dépassant
41+ 0 SA (accord professionnel).
Comment déclencher
l’accouchement ?
Les méthodes “naturelles”
Le décollement de membranes augmente signifi-
cativement le nombre de patientes entrant spon-
tanément en travail dans la semaine (grade B). Il
n’augmente pas le taux de césariennes (grade A)
et réduit le recours au déclenchement de 41 % à
41+ 0 SA et de 72 % à 42+ 0 SA (grade B). Il est sans
risque médical, mais ses désagréments doivent être
exposés et acceptés par la patiente avant sa réalisa-
tion (contractions, métrorragies, douleurs) [accord
professionnel]. Aucune autre méthode dite “natu-
relle” n’a montré son utilité. Ainsi, l’acupuncture, la
stimulation mamelonnaire et l’activité sexuelle de fin
de grossesse n’ont pas d’efficacité prouvée à ce jour.
Méthodes artificielles
de déclenchement
Lorsque le col est favorable, l’ocytocine est la molécule
de référence. En cas de col défavorable, les prosta-
glandines E2 sous forme de tampon ou de gel sont
les molécules de choix, mais avec une attention parti-
culière aux anomalies du rythme cardiaque fœtal qui
peuvent survenir du fait d’une hypercinésie (grade A).
L’utilisation du misoprostol – prostaglandine E1 – est
possible mais les doses les plus faibles sont à privi-
légier en commençant avec des doses vaginales de
25 μg toutes les 3 à 6 heures (grade A). Par ailleurs,
l’utilisation de cette molécule impose de pouvoir inter-
venir rapidement en cas d’anomalie du RCF. Enfin, le
déclenchement par la mise en place d’une sonde de
Foley intracervicale est possible : elle diminue le risque
d’hyperstimulation utérine – sans augmenter le taux de
césariennes (grade A) – mais nécessite une évaluation
plus robuste avant une pratique généralisée (grade B).
Accueil du nouveau-né
Il n’est plus question d’aspirer le nouveau-né “à la
vulve”, car cette pratique ne diminue pas le risque
d’inhalation méconiale (grade A). En revanche, ceux
qui naissent dans un contexte de liquide méconial
et “qui ne sont pas vigoureux” doivent bénéficier
d’une intubation et d’une aspiration endotrachéale
(grade C) ou bien d’une ventilation au masque en cas
d’échec. L’intubation endotrachéale systématique
d’un nouveau-né “vigoureux” n’est donc plus recom-
mandée (grade A). En cas d’asphyxie, l’équipe doit
connaître les critères d’inclusion pour un traitement
en hypothermie contrôlée, qui diminue les risques
de séquelles neurologiques à long terme (grade A).
Elle doit prendre contact avec l’équipe de néonato-
logie – avec laquelle elle a passé convention – afin
que l’enfant y soit transféré et pris en charge pour
hypothermie dans les meilleurs délais.
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