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Ev o l u t i o n d u p E u p l E m E n t
mais il s’est toujours agi d’informations non établies
ou d’introductions manifestes : Lézard vert, Couleuvre
verte et jaune, Vipère aspic.
L’extinction récente de deux amphibiens semble
toutefois acquise. Il n’y a plus aucune mention de
Pélobate brun depuis 1987-1990. La disparition de la
Rainette arboricole est intervenue en 1993 au terme
d’un processus entamé avant 1940. Ces deux espèces
subsistent pourtant à proximité de la Wallonie, le
Pélobate en Flandre et la Rainette en Flandre, dans
le Nord - Pas-de-Calais et dans le bassin grand-ducal
de l’Attert, à quelques kilomètres de la frontière belge.
Pour cette dernière, tout comme pour le Sonneur
à ventre jaune, qui est au bord de l’extinction en
Wallonie, l’efcacité de programmes de restauration
a été démontrée à l’étranger (voir monographies).
Des projets spéciques pourraient donc tenter de
les faire revenir en quelques zones frontalières ou
les réintroduire dans des régions gérées de manière
adéquate. A défaut, le retour naturel d’espèces
indigènes paraît illusoire, compte tenu des barrières
physiques et écologiques qui résultent de l’utilisation
intensive du territoire wallon.
A côté de ces espèces disparues, d’autres taxons
subissent une régression récente et importante de
leur aire de répartition régionale. Ainsi, au cours
de ces dernières décennies, le Crapaud calamite
a disparu de l’Ardenne, la Couleuvre à collier s’est
probablement éteinte (à l’état indigène) en Moyenne-
Belgique et la Vipère péliade a subi une contraction
marquée de son aire de répartition. Cette situation
est d’autant plus préoccupante que plusieurs de nos
espèces connaissent une dégradation de leur statut
à l’échelle de l’Europe occidentale. Pour les espèces
encore présentes, la Wallonie porte de ce fait une
responsabilité en matière de conservation (Crapaud
calamite, par exemple).
Une seule espèce indigène, le Lézard des murailles, a
localement étendu son aire de répartition en Wallonie
au cours de ces 150 dernières années, en raison de
son caractère anthropophile. Cette extension a dû se
produire principalement à la n du XIXe siècle (Graitson
et al., 2000).
Espèces introduites
La multiplication des introductions est une conséquence
directe de la croissance du commerce des animaux et de
la vogue des jardins aquatiques en Belgique. Il ne s’agit
en aucune manière d’une compensation à l’effritement
du peuplement indigène, mais d’un problème en
puissance. Les premières mentions de Grenouille rieuse
et de Tortue de Floride datent des années 1970-80 ; la
Grenouille taureau est sporadiquement trouvée depuis
1999 et la Grenouille de Bedriaga depuis 2001. Leur
présence est surtout mise en évidence dans le nord de la
Wallonie (Fig. 26), qui est aussi la partie la plus peuplée
de la Région. Au contraire des espèces indigènes,
ces exotiques sont les seules espèces clairement en
augmentation et en expansion en Wallonie.
Toutes ces espèces peuvent poser problème. Ainsi, si
les tortues ne se reproduisent pas pour des raisons
climatiques, leur nombre et leur longévité pourraient
sufre à rendre leur présence dommageable à la faune
et à la ore indigènes. Des grenouilles, par contre, se
reproduisent. La Grenouille rieuse peut être considérée
comme naturalisée (capacité à se reproduire et
développer des populations viables), mais aussi comme
invasive (étape ultérieure de l’implantation, marquée
par une phase d’expansion, indépendamment des
éventuels impacts environnementaux et économiques
– Richardson et al., 2000). Il est déjà trop tard pour
enrayer son expansion, mais peut-être pas celle de
la Grenouille de Bedriaga et de la Grenouille taureau.
Toute découverte de cette dernière devait d’ailleurs
imposer une intervention rapide en raison de sa nocivité
écologique démontrée dans les zones d’introduction
en Europe, y compris en Flandre (Jooris, 2005).
D’autres espèces commercialisées en toute légalité
sont susceptibles d’être introduites, avec un risque
de naturalisation peut-être accru pour des espèces
originaires de régions climatiquement semblables à
la Wallonie. Dans ce domaine, il faut constater que
les réglementations interdisant les introductions en
général (Décret du 6 décembre 2001 en Wallonie)
sont peu connues du public et des marchands,
rarement appliquées et peu efcientes car rapidement
contournées, comme c’est le cas depuis l’interdiction