Berne ne conserva en propriété directe que les anciens biens religieux et ceux du
Bailli de Vaud.
Le pays fut partagé en baillages (Chillon, Lausanne, Yverdon, Moudon, Avenches,
Morges,  Nyon,  Romainmôtier,  Bonmont,  et  Payerne  dont  le  titulaire  était  un
gouverneur militaire). A ces baillages proprement Vaudois, s’ajoutèrent les baillages
communs  avec  Fribourg  (cf.  section  2.3),  le  gouvernement  militaire  d’Aigle  (qui
existait depuis 1475), les baillages de Thonon et Gex (perdus,  cf.  section 2.3, en
1564), et le baillage de Saanen (créé en 1554, suite à la faillite du comte de Gruyère,
cf. section 2.3).
Un  nouveau  baillage  (Aubonne)  fut créé  longtemps après  dans les  circonstances
suivantes!: Suite  au décès  de  son précédent  titulaire, Jean-Baptiste  Tavernier en
1684, la baronnie d’Aubonne fut revendue à Henri Duquesne, fils du célèbre amiral
Abraham Duquesne, obligé  de  quitter la France  à  la suite de  la  promulgation par
Louis XIV de l’Edit de Fontainebleau en 1685 par lequel il proscrivait les Réformés
(toutefois l’Amiral Abraham Duquesne, en raison de ses états de service et de son
grand âge, put demeurer en France sans être inquiété lui-même jusqu’à son décès
en 1688).
Henri Duquesne fit sceller le cœur de l’amiral, après son décès, derrière une pierre
d’un mur du temple d’Aubonne en y plaçant une inscription qui est toujours visible
aujourd’hui.  En  1691,  Les  Conseillers  de  Berne  chargèrent  Henri  Duquesne  de
constituer  une  petite flotille  de  guerre  (galères)  sur  le  lac  Léman  pour  laquelle  il
construisit le port de Morges.
En 1701, Henri Duquesne revendit la baronnie d’ Aubonne à Berne qui en fit le siège
d’un nouveau baillage inauguré par Emmanuel de Bondeli, ancêtre direct de l’auteur
de ces lignes.
Le bailli, qui appartenait obligatoirement à l’aristocratie Bernoise et qui était nommé
pour 6 ans, représentait le Souverain (les Conseillers de Berne, «!Leurs Excellences
(LLEE en abrégé) de Berne!») et il avait les pouvoirs exécutif et judiciaire (ce dernier
était  partagé  avec  les  seigneurs  résidant  dans  le  baillage).  Le  bailli  avait  un
lieutenant baillival et des assesseurs qui étaient obligatoirement Vaudois!; il en était
de  même  des  juges.  Tout  appel  à  des  tribunaux  étrangers  (cour  suprême  de
Chambéry ou official de Besançon) fut supprimé au profit d’une nouvelle instance
d’appel la «!Chambre des Suprêmes Appellations Romandes!». Cette chambre était
présidée par le «!Trésorier Romand!», ou «!Trésorier du Pays de Vaud!» qui, ayant
aussi  en  charge  la  surveillance,  notamment  financière  (d’où  son  titre),  de
l’administration des baillis, était le premier personnage du Pays de Vaud.
Certaines  familles  nobles  Vaudoises  (Goumoëns,  Gingins,  Tavel)  devinrent
bourgeoises de Berne et furent agrégées à l’aristocratie Bernoise. Il s’ensuivit que
certains baillis du Pays de Vaud, choisis dans ces familles, étaient Vaudois. Il y eût
même le cas de Wolfgang-Charles de Gingins, seigneur de Chevilly, qui fut nommé
Trésorier Romand (le dernier) en 1795.
Les  «!Etats  de  Vaud!»  assemblée  datant  du  régime  Savoyard  (cf.  section  2.2)
disparurent progressivement dans la mesure où leur rôle principal, l’établissement du