Aperçu Historique

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Aperçu Historique sur le Pays de Vaud
et sur Montreux
par
Patrick de Bondeli
Email : [email protected]
1. Introduction
Cette modeste étude est réalisée au bénéfice des « Amis du Baron de Saint-Didier »
à l’occasion de leur voyage dans la région de Montreux les 22 – 24 Septembre 2006
par Patrick de Bondeli en sa qualité de descendant des anciens Barons du
Châtelard.
Nous commençons dans la section 2 par donner un aperçu historique sur le Pays de
Vaud pour poursuivre, dans la section 3, par un « zoom » sur la région de Montreux.
2. Le Pays de Vaud
2.1. Des Origines à la Période Savoyarde
L’existence du Pays de Vaud (« Pagus Waldensis ») en tant qu ‘entité administrative
semble remonter au VIème siècle, du temps des Rois Mérovingiens. Mais l’histoire
de cette période est mal connue car les chroniques de l’époque sont très maigres.
A la période Carolingienne, Louis 1er, fils de Charlemagne, Empereur d’Occident et
Roi des Francs, attribue le « comté de Vaud » (1ère mention de cette entité) en 839 à
son fils Lothaire qui lui succèdera comme Empereur d’Occident en 840 (Lothaire 1 er).
Les 25 années qui suivirent furent une période de trouble durant laquelle le pays fut
disputé entre deux fils de Lothaire 1er, Louis II, Empereur d’Occident, et Lothaire II,
Roi de Lorraine. Après une victoire remportée en 864 près d’Orbe, l’Empereur Louis
II resta maître du pays qu’il donna à son fils Rodolphe 1 er, Roi de Bourgogne
Transjurane.
A la mort de son petit-fils Rodolphe III, le 6 Septembre 1032, le comté de Vaud
passe sous la domination de l’Empereur Conrad II. Celui-ci se fait proclamer Roi de
Bourgogne à Payerne le 2 Février 1033.
Dans cette période du haut Moyen-âge, l’autorité était en fait partagée entre l’Evêque
de Lausanne, le Comte de Genevois, avoué héréditaire de l’évêque, et quelques
prélats ou seigneurs dont la famille de certains (Gingins, Goumöens, Blonay) a
subsisté jusqu’au XXème siècle ou même jusqu’à nos jours.
2.2. La Période Savoyarde (1150 – 1536)
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Au milieu du XIIème siècle les Ducs de Zähringen, Recteurs de Bourgogne
Transjurane (ils y sont seuls vassaux directs de l’Empereur) depuis 1152, cherchent
à étendre leurs états et à gagner le Pays de Vaud. Ils s’y heurtent aux comtes de
Savoie, qui avaient pris pieds dans l’Est du pays comme protecteurs de l’Abbaye de
Saint-Maurice dès le XIème siècle, et qui finissent par l’emporter.
Dès 1150, les Comtes de Savoie occupent le château de Chillon ; Aigle et Bex
dépendent d’eux avant 1179 et ils fondent Villeneuve en 1214. Cette même année,
ils se font céder Moudon par l’Empereur et l’Evêque de Lausanne.
L’extension de la domination Savoyarde sur le reste du Pays de Vaud est
essentiellement l’œuvre de Pierre II.
Notons qu’une nièce de Pierre II, Aliénor, épouse Henri III d’Angleterre, le
conquérant du Pays de Galles. Celui-ci fait construire certains des formidables
châteaux qui protègent les côtes Galloises (dont Caernarvon) par le même architecte
qui a construit le château de Chillon dans la version qui a subsisté jusqu’à nos jours.
Après la mort de Pierre II (1268), son neveu Louis complète son œuvre en fondant
les villes de Morges et de la Tour de Peilz et en conquérant Nyon et Prangins en
1293. Il s’intitule Baron de Vaud et il transmet son apanage à son fils Louis II à sa
mort en 1302. Le Pays de Vaud est racheté par le chef de la Maison de Savoie, le
comte Amédée VI à la mort de Louis II en 1349. Notons cependant que l’évêché de
Lausanne préserve son autonomie au prix d’une alliance très étroite avec la Savoie.
La politique de la Maison de Savoie en Pays de Vaud fut assez habile : D’une part le
souverain groupa autour de lui la noblesse du pays par l’hommage et les charges et
faveurs de la cour ; d’autre part, il favorise systématiquement le développement des
villes en leur accordant des franchises (celles de Moudon, accordées par Pierre II,
furent les premières accordées par la Maison de Savoie dans le pays). Certaines de
ces franchises, toutefois, ne lui sont pas dues et / ou sont antérieures (Lausanne,
Avenches, Romainmôtier). Pierre II assit l’administration Vaudoise, dirigée par le
Bailli de Vaud, sur de nouvelles bases. Le « don gracieux », impôt institué par Pierre
II pour faire fonctionner cette administration, voyait son montant établi par une
délibération des Etats de Vaud, assemblée de Seigneurs et de Bourgeois du Pays.
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2.3. La Conquête Bernoise (1475 – 1555)
En 1475 les guerres de Bourgogne opposèrent les Confédérés et leurs alliés (comte
de Gruyère, comte de Neuchâtel, duc de Lorraine) au duc Charles de Bourgogne et
à son allié le duc de Savoie. Une troupe de Haute Gruyère conquit le Pays d’Aigle
pour le compte de Berne en 1475. Les Bernois firent des incursions dans le Pays de
Vaud à trois reprises, mais durent l’évacuer en grande partie sur l’intervention de
Louis XI. Les Confédérés gardèrent les baillages de Grandson, Morat, Orbe et
Echallens, arrachés aux Bourguignons. Ces baillages furent rachetés à leurs
Confédérés par Berne et Fribourg qui les gardèrent comme baillages communs
jusqu’à la fin de l’Ancienne Confédération.
Le duc Charles III de Savoie avait la prétention de se proclamer souverain de
Genève et Lausanne, villes épiscopales. Pour résister à ces prétentions, ces deux
villes conclurent des traités de combourgeoisie avec Berne et Fribourg en 1525 –
1526.
L’introduction de la Réforme à Berne (1528) et l’avancée décisive de l’esprit de la
Réforme à Genève en 1532 resserrèrent les liens entre les deux villes. L’hostilité du
duc de Savoie envers ce mouvement (il projetait avec l’évêque de Genève, Pierre de
la Baume, forcé de quitter sa ville le 14 Juillet 1533, une reconquête de Genève)
rendirent inéluctable pour Berne la conquête du Pays de Vaud sans laquelle une
défense efficace de Genève était impossible. De fait, au début de 1536, les
Savoyards avec des alliés du Genevois bloquent complètement la ville de Genève
dont la chute paraît alors probable. Ceci décide de l’intervention Bernoise : Une
armée Bernoise commandée par Hans-Franz Naegeli, futur avoyer, envahit alors le
Pays de Vaud à partir du 22 Janvier. Le duc de Savoie n’avait aucune force capable
de s’opposer valablement à cette armée Bernoise bien organisée et forte de 7000
hommes environ et la population Vaudoise, en partie gagnée à la Réforme, ne
manifesta presqu’aucune hostilité envers les Bernois. A la fin de Mars 1536, Berne
avait conquis tout le Pays de Vaud, y compris l’évêché de Lausanne, ainsi que le
Genevois, le Pays de Gex et une partie de la rive Sud du Lac Léman.
Avec l’arrivée à Genève de Jean Calvin en Juillet 1536, la Réforme y triomphe
définitivement. Par un traité du 7 Août 1536, Berne reconnaît l’indépendance
complète de la nouvelle « Ville et République de Genève ».
Les ducs de Savoie persistèrent dans leurs revendications sur les territoires perdus
et sur Genève jusqu’à la fin du XVIIème siècle. En outre, ces conquêtes Bernoises et
cette grande avancée de la Réforme suscitèrent l’hostilité de l’Empereur , du Valais
et de Fribourg sous la protection de qui certains territoires Vaudois voisins (Romont,
Rue, Chatel-St.-Denis, Vevey, la Tour de Peilz), hostiles à la Réforme, s’étaient
livrés.
Berne avait besoin de se rallier Fribourg afin de faire avaliser ses conquêtes aussi
par les Confédérés demeurés catholiques ; Berne et Fribourg s’entendirent donc
pour partager le pays conquis : Fribourg prit ainsi Estavayer, Surpierre, Vuissens,
Rue, Romont, Châtel-St.-Denis, ainsi que les terres de l’évêché de Lausanne autour
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de Bulle ; Berne garda le reste du Pays de Vaud en laissant au Valais quelques
territoires à l’extrême Est du Pays de Vaud.
Le comte de Gruyère Jean II, rompit ses derniers liens avec le duc de Savoie, son
suzerain, pour s’allier à Fribourg dans son soutien au partage du Pays de Vaud avec
Berne en 1536. Son successeur Michel se joignit au pacte fédéral en 1548 et le
comté de Gruyère devint donc un nouveau canton Suisse pour quelques années.
Mais les derniers comtes de Gruyère avaient accumulé une dette considérable, ce
qui amena la Diète Fédérale à prononcer la faillite du comté de Gruyère en 1554.
Les deux principaux créanciers, Fribourg et Berne, se partagèrent alors le comté,
Fribourg prenant la basse Gruyère avec la ville de Gruyères et Berne la région de
Saanen et de Château d’Oex, avec laquelle elle avait déjà des liens politiques
anciens, qui devint le baillage de Saanen (dont le siège fut finalement établi au
château de Rougemont).
Le territoire Bernois avait alors atteint sa plus grande extension. Mais la Savoie
n’avait pas renoncé aux territoires perdus en 1536 et elle avait l’appui de CharlesQuint, tandis que Berne avait celui de la France. En 1542, la Diète d’Empire intima à
Berne de restituer à la Savoie ses conquêtes de 1536, sans résultat. En 1559, le
nouveau duc de Savoie, Emmanuel-Philibert, éleva à nouveau des prétentions sur
ces territoires et Genève dans un contexte plus favorable où Berne n’avait plus
vraiment le soutien de la France et des Confédérés. La guerre avec la Savoie était
donc sur le point d’éclater, mais Philippe II, successeur de Charles-Quint au trône
d’Espagne, obligea le duc de Savoie à négocier. Une paix fut alors signée à
Lausanne le 30 Octobre 1564 par laquelle l’indépendance de Genève était reconnue
et Berne était forcée de rétrocéder le Pays de Gex (occupé par Genève en 1589 au
nom de la France, puis donné définitivement à celle-ci en 1601), ainsi que le
Genevois et le Chablais à la Savoie. C’était la première fois dans son histoire que
Berne rétrocédait un territoire, qui fut aussi perdu définitivement pour la Suisse.
2.4. Le Régime Bernois (1536 – 1798)
La conquête n’ayant pas été préméditée, Berne n’avait aucun plan préparé à
l’avance pour l’organisation du pays conquis. Il s’ensuivit une courte période de
tâtonnements où Berne envoya des commissions pour prendre les mesures les plus
urgentes et faire des propositions aux Conseils pour l’organisation du Pays.
Les terres conquises se composaient de villes combourgeoises de Berne, Payerne et
Lausanne, dont les contingents avait pris part à la conquête, de villes privilégiées
dépendant de la Savoie ou de l’évêque de Lausanne, de terres qui avaient été la
propriété de ces deux princes, de maisons religieuses quasi indépendantes (les
prieurés de Payerne, Bonmont et Romainmôtier), et de seigneuries dont les
propriétaires étaient vassaux du duc de Savoie ou de l’évêque de Lausanne. Partout
Berne se substitua aux droits du Prince ; les villes conservèrent leurs franchises ; les
vassaux qui firent leur soumission à Berne (tous, finalement, sauf l’ancien Bailli de
Vaud) purent conserver leurs seigneuries après avoir prêté hommage à Berne.
Berne ne conserva en propriété directe que les anciens biens religieux et ceux du
Bailli de Vaud.
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Le pays fut partagé en baillages (Chillon, Lausanne, Yverdon, Moudon, Avenches,
Morges, Nyon, Romainmôtier, Bonmont, et Payerne dont le titulaire était un
gouverneur militaire). A ces baillages proprement Vaudois, s’ajoutèrent les baillages
communs avec Fribourg (cf. section 2.3), le gouvernement militaire d’Aigle (qui
existait depuis 1475), les baillages de Thonon et Gex (perdus, cf. section 2.3, en
1564), et le baillage de Saanen (créé en 1554, suite à la faillite du comte de Gruyère,
cf. section 2.3).
Un nouveau baillage (Aubonne) fut créé longtemps après dans les circonstances
suivantes : Suite au décès de son précédent titulaire, Jean-Baptiste Tavernier en
1684, la baronnie d’Aubonne fut revendue à Henri Duquesne, fils du célèbre amiral
Abraham Duquesne, obligé de quitter la France à la suite de la promulgation par
Louis XIV de l’Edit de Fontainebleau en 1685 par lequel il proscrivait les Réformés
(toutefois l’Amiral Abraham Duquesne, en raison de ses états de service et de son
grand âge, put demeurer en France sans être inquiété lui-même jusqu’à son décès
en 1688).
Henri Duquesne fit sceller le cœur de l’amiral, après son décès, derrière une pierre
d’un mur du temple d’Aubonne en y plaçant une inscription qui est toujours visible
aujourd’hui. En 1691, Les Conseillers de Berne chargèrent Henri Duquesne de
constituer une petite flotille de guerre (galères) sur le lac Léman pour laquelle il
construisit le port de Morges.
En 1701, Henri Duquesne revendit la baronnie d’ Aubonne à Berne qui en fit le siège
d’un nouveau baillage inauguré par Emmanuel de Bondeli, ancêtre direct de l’auteur
de ces lignes.
Le bailli, qui appartenait obligatoirement à l’aristocratie Bernoise et qui était nommé
pour 6 ans, représentait le Souverain (les Conseillers de Berne, « Leurs Excellences
(LLEE en abrégé) de Berne ») et il avait les pouvoirs exécutif et judiciaire (ce dernier
était partagé avec les seigneurs résidant dans le baillage). Le bailli avait un
lieutenant baillival et des assesseurs qui étaient obligatoirement Vaudois ; il en était
de même des juges. Tout appel à des tribunaux étrangers (cour suprême de
Chambéry ou official de Besançon) fut supprimé au profit d’une nouvelle instance
d’appel la « Chambre des Suprêmes Appellations Romandes ». Cette chambre était
présidée par le « Trésorier Romand », ou « Trésorier du Pays de Vaud » qui, ayant
aussi en charge la surveillance, notamment financière (d’où son titre), de
l’administration des baillis, était le premier personnage du Pays de Vaud.
Certaines familles nobles Vaudoises (Goumoëns, Gingins, Tavel) devinrent
bourgeoises de Berne et furent agrégées à l’aristocratie Bernoise. Il s’ensuivit que
certains baillis du Pays de Vaud, choisis dans ces familles, étaient Vaudois. Il y eût
même le cas de Wolfgang-Charles de Gingins, seigneur de Chevilly, qui fut nommé
Trésorier Romand (le dernier) en 1795.
Les « Etats de Vaud » assemblée datant du régime Savoyard (cf. section 2.2)
disparurent progressivement dans la mesure où leur rôle principal, l’établissement du
montant du « don gracieux », disparut lui aussi puisque Berne renonça à lever des
impôts directs.
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Le Pays de Vaud fut assez calme et prospère dans cette longue période. Les
troubles les plus graves qui affectèrent le Pays Bernois (le soulèvement des paysans
en 1653) n’eurent aucun écho dans le Pays de Vaud.
Il y eut cependant un soulèvement spectaculaire, très mis en avant par les Vaudois
des temps modernes malgré qu’il n’eût aucun soutien populaire, celui du major Davel
en 1723 :
Jean-Abraham-Daniel Davel servit au régiment de Sacconay au service des
Provinces Unies, puis il rentra au pays de Vaud en 1711. Il prit une part brillante,
comme major, à la seconde guerre de Villmergen. Il rentra, après cette campagne,
au pays de Vaud où il fût nommé en 1717 major de département.
Les églises réformées Suisses, voulant réagir contre certaines tendances trop
libérales venant de France, proclamèrent en Juin 1675 une profession de foi appelée
« Formula Consensus » en 25 articles qui constituait une interprétation un peu
extrêmiste des Ecritures (on y pouvait lire, par exemple, que Christ n’était pas mort
pour tous les hommes, mais pour les élus seuls). Dès sa promulgation, cette
profession de foi souleva des difficultés, avec les luthériens en particulier, et
plusieurs cantons réformés l’abandonnèrent rapidement, mais Berne, Zurich,
Appenzell Rhodes-Extérieures et la ville de Saint-Gall s’y tinrent fermement. Dans le
pays de Vaud elle soulevait une vive opposition.
Le major Davel se crut appelé par Dieu à sauver le peuple Vaudois de ces vues, qu’il
jugeait anti-chrétiennes, de l’Eglise Bernoise. Il réunit, le 31 Mars 1723, 600 hommes
de son bataillon à Cully et, profitant de l’ absence des baillis, en congrès à Berne, il
marcha sur Lausanne où il demanda au Conseil de Ville de l’aider à occuper le
Château pour y proclamer l’indépendance du pays de Vaud et se porter ensuite aux
limites du pays allemand pour s’y préparer à repousser une attaque Bernoise. Les
magistrats Lausannois, conduits par le bourgmestre David de Crouzaz, firent mine
d’entrer dans ses vues et le retinrent pour la nuit afin de se donner le temps de
prendre les mesures nécessaires pour procéder à son arrestation le lendemain
matin. Les autorités Bernoises eurent quelque mal à réaliser que Davel avait agi seul
et qu’il n’était pas à la tête d’un complot. Il fût condamné à mort pour trahison et
exécuté à Vidy le 24 Avril 1723. Toutefois certains de ses griefs furent reconnus
valables, notamment par l’avoyer Christophe de Steiger, et la « Formula
Consensus » fut abandonnée par l’Eglise Bernoise.
L’un des faits marquants de cette période fut aussi l’attrait particulier que les Vaudois
éprouvèrent pour la carrière militaire. A certains moments il fournissaient jusqu’à un
tiers des effectifs des troupes Bernoises. De nombreux officiers Vaudois s’illustrèrent
particulièrement et certains d’entre eux en vinrent même à jouer un rôle majeur sur la
scène internationale. En voici quelques exemples :
. Jean de Sacconay, seigneur de Bursinel (1646 – 1729) fit un brillant début de
carrière dans des régiments Suisses capitulés en France, mais, écœuré par les
conséquences de l’Edit de Fontainebleau (1685) proscrivant les protestants
Français, il démissionna en 1693. Mais il ne jouit pas longtemps de sa retraite, car le
Roi Guillaume III d’Angleterre le pria de constituer un nouveau régiment Vaudois
pour lequel une capitulation fût signée en 1695 afin de soutenir la Savoie (qui
redevenait ainsi alliée de Berne après plus de deux cents ans d’hostilité). Notons que
Jean-Abraham-Daniel Davel, dont il a été question plus haut, entra comme lieutenant
dans ce régiment. Après s’être battu dans le Piémont, le régiment passa au service
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des Provinces Unies (dont Guillaume était aussi « Stathouder ») et il fit campagne
dans les Flandres. En 1704, Jean de Sacconay fut nommé brigadier, mais il
démissionna peu de temps après, désirant revenir auprès de son épouse qui était
mourante. Après le décès de cette dernière, il entra au service de LLEE de Berne qui
le nommèrent Lieutenant-Général. Il fut commandant en chef de l’armée Bernoise
qu’il conduisit brillamment à la victoire sur les Confédérés catholiques à la bataille de
Villmergen en 1712 malgré les blessures reçues. En récompense suprême, il fut reçu
bourgeois de Berne et coopté au Grand Conseil ; il termina sa très brillante et longue
carrière comme bailli d’Oron (1722 – 1728).
. François-Louis de Pesmes de Saint-Saphorin (1668 – 1737) entra au service de
l’empereur en 1685. Après quelques années, il passa dans la marine impériale où il
fit une carrière fulgurante lors des guerres contre les Turcs. Capitaine de vaisseau
en 1692, il est élevé au rang de vice-amiral en 1695 et il remporte, dans des
conditions très difficiles, une victoire sur le Danube contre la flotte Turque qui s’avéra
décisive pour stopper l’avance des Turcs vers le cœur de l’Empire.
Le prince Eugène de Savoie, commandant en chef des armées impériales, et le
prince de Salm, qui dirigeait la diplomatie impériale, le prirent en grande
considération. Saint-Saphorin leur fit tenir un brillant mémoire sur l’importance
géostratégique de la Suisse et sur l’intérêt qu’il y avait à y battre en brèche l’influence
de Louis XIV et à gagner les Suisses à la cause de l’Empire et de ses alliés. Il fut
promu major-général et il entra dans la diplomatie impériale pour être envoyé en
Suisse comme attaché en 1701, puis chef de mission en 1706. Il tint là un rôle
majeur dans le succès en 1707 de la candidature de Frédéric de Prusse (substitué à
Guillaume III, mort sans enfant en 1702) comme prince de Neuchâtel contre les
candidats Français soutenus par Louis XIV (notons que l’initiative, bien des années
auparavant, de cette candidature à la Principauté de Neuchâtel de Guillaume III
d’Orange-Nassau et Frédéric de Prusse revient largement à Emmanuel de Bondeli,
dont il a été question plus haut, et à son frère aîné Siméon). Louis XIV reconnut
même à Saint-Saphorin la qualité d’ennemi le plus dangereux que la France eût
alors en Suisse. Il termina sa carrière au service de Georges 1 er d’Angleterre qui le
nomma lieutenant-général et ambassadeur d’Angleterre à Vienne, poste qu’il occupa
de 1716 à 1722. La famille de Pesmes s’éteignit avec lui en 1737, et le nom de
Saint-Saphorin, ses biens et ses très riches archives passèrent alors, par sa fille
unique Judith-Louise, dans la famille de Mestral, toujours subsistante aujourd’hui.
. Henri Bouquet, neveu du lieutenant-général Louis Bouquet (1704 – 1781) au
service de Hollande, fit un brillant début de carrière militaire en Europe, puis il
participa à des voyages scientifiques Anglais. Le Roi d’Angleterre l’envoya en
Amérique comme lieutenant-colonel. Il sut acquérir rapidement une parfaite
connaissance du terrain et des tribus indiennes. Celles-ci se soulevèrent en grand
nombre en 1763. Bouquet fut alors chargé de secourir et ravitailler un ensemble de
forts. Attaqué par un nombre d’Indiens dix fois supérieur à ses propres troupes, il
réussit à remporter, au début d’Août 1763 une victoire qui s’avéra décisive ; Aussi
habile diplomate que brillant officier, il put conclure en Octobre 1764 un traité
avantageux avec les tribus indiennes. Au vu de l’ascendant qu’il avait alors pris, le
Roi d’Angleterre le nomma brigadier-général et gouverneur des colonies du Sud,
mais il mourut rapidement après, le 2 Septembre 1765, victime des fièvres. En Août
1883, les Américains élevèrent un monument à sa mémoire à Bushy-Run sur les
lieux de sa victoire d’Août 1763.
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. Amédée de la Harpe (1754 – 1796), seigneur de Yens et cousin du célèbre
Frédéric-César dont il sera question plus loin, fit un début de carrière militaire en
Prusse, mais il dut rentrer à Rolle après quelques années pour prendre la suite de
son père dans la gestion des domaines familiaux.
Le 14 Juillet 1791, admirateur de la Révolution Française, il fut le principal
organisateur d’un banquet à Rolle où l’on devait célèbrer l’anniversaire de la fête de
la Fédération (14 Juillet 1790). Mais les esprits s’y échauffèrent et LLEE de Berne
poursuivirent les responsables et condamnèrent Amédée de la Harpe à mort par
contumace (il était passé en France pour offrir ses services dans les armées
Françaises). Il se fit rapidement remarquer par ses grandes qualités militaires et il eut
un avancement fulgurant : Général de brigade en 1793, puis général de division en
1795. Il fit alors brillamment campagne en Italie sous le commandement en chef du
général Bonaparte. C’est alors qu’il fût, accidentellement, tué par les Français. Il
obtint de magnifiques citations de Bonaparte et de Masséna, avec qui il était très lié,
et son nom fut inscrit sur l’Arc de Triomphe de l’Etoile à Paris.
Bien sûr, des Vaudois s’illustrèrent aussi à l’étranger dans des domaines civils. Un
exemple particulièrement remarquable par la survivance de son œuvre jusqu’à nos
jours est celui de Jean-Rodolphe Perronet (1708 – 1794), originaire de Châteaud’Œx. Ce brillant ingénieur est en effet le fondateur de l’Ecole des Ponts et
Chaussées à Paris (1747) qui est la première grande école d’ingénieurs Française. Il
construisit aussi, entre autres, les ponts de la Concorde et de Neuilly en Ile de
France et le Canal de Bourgogne.
2.5. Révolution Française, Révolution Vaudoise, Chute de
l’Ancienne Confédération (1789 – 1802)
En 1789 Berne et le Pays de Vaud étaient assez prospères, mais la situation
politique se détériorait depuis longtemps : Les Souverains Seigneurs se cooptaient
exclusivement dans les familles patriciennes de Berne dont la base était en voie de
diminution rapide (par extinction des familles) et devenait trop faible. Les efforts
consentis en matière d’éducation et de défense étaient très insuffisants (en
contrepartie les impôts et obligations pesant sur les sujets étaient relativement
légers ; il n’y avait pas, ainsi que nous l’avons vu, d’imposition directe…).
Face à la révolution qui montait en France, LLEE de Berne ne parvenaient pas à
dégager une ligne politique claire : Certains conseillers, comme l’avoyer NicolasFrédéric de Steiger, mesuraient le péril à sa juste mesure et estimaient qu’il fallait
entreprendre un effort de défense considérable pour y faire face, d’autres, comme le
Trésorier Allemand Charles-Albert de Frisching, pensaient au contraire qu’il ne fallait
surtout pas bouger pour éviter toute provocation vis-à-vis de la France
révolutionnaire. Comme ces tendances opposées s’équilibraient sensiblement parmi
les Conseillers, elles se neutralisaient complètement et le Petit Conseil
(gouvernement) en était réduit à la seule expédition des affaires courantes.
Berne était la principale puissance de la Confédération, mais la situation ainsi décrite
se retrouvait peu ou prou chez la plupart des Confédérés.
La période allant de Juillet 1789 au 10 Août 1792 marque une montée en puissance
du péril révolutionnaire : Un « Club des Patriotes Suisses » aux « idées avancées »
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se forme à Paris et il parvient à gagner une certaine influence en Suisse, et
notamment dans le Pays de Vaud. En Juillet 1791, des « banquets » sont organisés
aux Jordils, à Ouchy et à Rolle pour célébrer le premier anniversaire de la Fête de la
Fédération à Paris (14 Juillet 1790) ; ils dégénèrent en manifestations hostiles à
LLEE qui réagissent vigoureusement en arrêtant et condamnant certains des
principaux meneurs.
L’horrible massacre du Régiment des Gardes le 10 Août 1792 est très durement
ressenti dans toute la Confédération. L’avoyer de Steiger pousse (sans succès)
Berne et les Confédérés à rejoindre l’alliance qui se monte contre la France
révolutionnaire et qui entrera en campagne à l’hiver suivant.
La Convention Nationale dénonce toutes les capitulations passées avec le Roi et les
régiments de ligne capitulés en France sont licenciés dans le courant de Septembre ;
trois sur onze subsistèrent cependant : Steiner fut repris par son canton, Zürich,
Courten passa au service de l’Espagne et Salis-Samaden à celui du Piémont.
Malgré ce début calamiteux, les relations avec la France sous le régime de la
Convention Nationale se normalisèrent, en bonne partie grâce à l’intervention de
diplomates de grand talent : L’ambassadeur de France, François de Barthélémy,
grand ami de la Suisse, se refusa à consacrer la rupture par son départ et il réussit à
créer des liens avec des hommes d’état Suisses désireux d’éviter la rupture totale et
la confrontation armée comme l’avoyer Albert de Mülinen, de Berne, et Pierre Ochs,
conseiller de Bâle.
Dans le Pays de Vaud, comme dans le reste de la Suisse, il n’y eût plus dans cette
période d’agitation notable, les partisans des idées nouvelles étant sans doute en
partie découragés par le régime de la « terreur » qui sévit en France en 1792 – 1794.
Dans la période suivante du « Directoire Légal » (27/10/1795 – 4/9/1797), la France
n’entreprit pas d’action hostile envers la Confédération Helvétique et la promotion de
François de Barthélémy et Lazare Carnot, amis de la Suisse, au rang de Directeurs y
contrebalança efficacement l’hostilité foncière d’un autre des cinq directeurs, JeanFrançois Reubell.
Dans le Pays de Vaud, le vieux régime féodal montrait quelques velléités de
s’autodissoudre, quelques seigneurs (comme, à l’automne 1795, Wolfgang-Charles
de Gingins, seigneur de Chevilly et Trésorier Romand et Louis-Stephan-Emmanuel
de Bondeli, baron du Châtelard) rétrocédant leurs droits seigneuriaux aux communes
de leur ressort.
Malheureusement, cette état relativement serein des relations avec la France fut
complètement bouleversé par le coup d’état du 18 Fructidor An V (4 Septembre
1797) à Paris, par lequel les Directeurs Paul de Barras, Louis-Marie LarevellièreLépeaux et Jean-François Reubell firent disperser la nouvelle majorité royaliste élue
au Conseil des Cinq Cents et pourchasser leurs deux collègues François de
Barthélémy et Lazare Carnot, trop honnêtes gens pour cautionner une pareille
manœuvre, instituant en France un régime dictatorial et belliciste.
Ce triumvirat dictatorial mit aussitôt en chantier un important dispositif militaire et
politique en vue d’écraser la Confédération Helvétique et ses alliés (à l’exception de
Neuchâtel trop préservée par la puissance de son Prince, le Roi de Prusse). Il fut
9
poussé et aidé en cela par quelques Suisses hostiles à l’Ancienne Confédération
parmi lesquels se détachent deux personnalités de premier plan : Pierre Ochs,
Conseiller de Bâle, déjà mentionné ci-dessus, et le Vaudois Frédéric-César de la
Harpe (1754 – 1838), cousin germain du général Amédée (cf. section 2.4). Son
influence sur le destin du Pays de Vaud mérite que l’on s’attarde sur son cas.
Docteur en droit, il est chargé en 1784 par Catherine II de l’éducation de ses petitsfils Alexandre (le futur Alexandre 1er) et Constantin. Dès les débuts de la révolution
Française, il prend fait et cause pour elle et il parvient à dissuader la Tsarine de
prendre une attitude hostile à son égard et de se joindre à la coalition de 1792-1793.
Mais la publication de brochures révolutionnaires le fit congédier par la Tsarine avec
le grade de colonel (qui lui permettra plus tard de reprendre rang dans le service
Russe). Banni par LLEE de Berne, il se fixe alors à Paris où il publie en 1797 un
« Essai sur la Constitution du Pays de Vaud ». Le 11 Septembre, quelques jours
après le coup d’état du 18 Fructidor An V, il remet aux triumvirs de Paris un mémoire
leur demandant d’intervenir en Suisse pour constituer un Etat de Vaud sous
protectorat Français. Avec Pierre Ochs il propose le 9 Décembre un plan de
constitution unitaire de la Suisse. Les triumvirs font alors marcher deux armées, l’une
sur le Pays de Gex et l’autre sur l’évêché de Bâle et Bienne, et ils exercent une
énorme pression sur les Vaudois pour qu ‘ils se soulèvent et sur les Bernois pour
qu’ils abandonnent le Pays de Vaud. Berne réagit en faisant nommer Charles-Louis
d’Erlach Général Fédéral, en envoyant un corps expéditionnaire, commandé par le
Colonel François-Rodolphe de Weiss, dans le Pays de Vaud et en y missionnant
ses conseillers les plus compétents sur les affaires Vaudoises, Wolfgang-Charles de
Gingins, Trésorier Romand, et Charles-Victor de Bonstetten, ancien Bailli de Nyon
très apprécié dans le pays, pour analyser la situation. Les deux missions s’efforcent
de calmer le jeu et tentent de persuader le Petit Conseil d’octroyer aux Vaudois une
certaine part de pouvoirs, mais la pression Française est trop forte et les Baillis
perdent pieds. Le 23 Janvier 1798, le général Ménard, commandant l’armée
Française stationnée dans le Pays de Gex, rédige une proclamation exhortant les
Vaudois à se soulever, le colonel de Weiss et le colonel Beat-Emmanuel de
Tscharner, gouverneur militaire d’Aigle, se retirent du Pays de Vaud avec leurs
troupes. Le 24 Janvier marque la « Révolution Vaudoise », sans effusion de sang
puisque les baillis et les troupes Bernoises ont quitté le pays, et la proclamation à
Lausanne de la « République Lémanique » indépendante.
La « République Lémanique » ne devait durer que 4 jours puisque le général Ménard
envahit le Pays de Vaud le 28 Janvier sans y rencontrer d’opposition.
En début Mars, s’y sentant prêts, les Français lancent une attaque généralisée
contre les Confédérés : Le 2 Mars ils attaquent simultanément avec leurs deux
armées Soleure et Fribourg et ils s’en emparent sans grande résistance. Le 5 Mars,
les deux armées Françaises attaquent les Bernois ; l’armée du général Brune, qui a
remplacé le général Ménard, venant du Pays de Vaud, rencontre une sérieuse
opposition à laquelle participe activement, au côté des Bernois, un nouveau régiment
de volontaires Vaudois formé et commandé par Ferdinand-Isaac de Roveréa, un
ancien officier de la garnison d’Aigle. L’armée du général Brune subit des revers,
mais le général d’Erlach n’a qu’un faible rideau de troupes à opposer, lors du combat
du Grauholz, au général Schauenbourg qui attaque par le Nord venant de Soleure et
du Jura. LLEE de Berne sont forcés d’abdiquer et de capituler et les troupes du
général Schauenbourg sont alors les premiers ennemis dans l’Histoire à entrer dans
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la ville de Berne. Les autres Confédérés et leurs alliés (sauf Neuchâtel qui n’est pas
attaquée) n’ont aucun moyen de résistance sérieuse et ils sont tous acculés aussi à
la capitulation. L’avoyer Nicolas-Frédéric de Steiger refuse de cautionner l’abdication
et il prend le chemin de l’exil en Allemagne, ainsi que le régiment de Roveréa qui
refuse de capituler et qui passe au service de l’Empereur.
Les Français instaurent alors une « République Helvétique » unitaire et vassale de la
France. Frédéric-César de la Harpe et Pierre Ochs, qui en avaient été les
promoteurs, prennent part à son gouvernement. Mais cet état, totalement artificiel,
n’a aucune stabilité et aucune base solide dans le pays, et il ne tient que tant que les
troupes Françaises peuvent l’appuyer.
Une guerre entre la France et les deux Empereurs (du Saint-Empire et de Russie), à
laquelle participe le régiment de Roveréa, amène de nouvelles dévastations en
Suisse en 1799. La paix ne fut conclue que le 9 Février 1801 à Lunéville. Elle
garantissait l’indépendance de la République Hélvètique. L’Empereur licencia alors le
régiment de Roveréa avec d’autres troupes de Suisses partisans de l’Ancienne
Confédération et le Roi d’Angleterre forma un nouveau régiment Suisse avec le
colonel Frédéric de Wattevile dont presque tous les officiers étaient issus du
régiment de Roveréa.
L’année 1802 est marquée par des soulèvements qui, partout en Suisse, tendent à
restaurer les anciens états confédérés. Le gouvernement de la République
Helvétique doit alors quitter Berne et se réfugier à Lausanne le 18 Septembre.
Napoléon Bonaparte, maintenant Premier Consul de France, renvoie une armée
Française avec le général Ney en Suisse pour tenter de rétablir la République
Helvétique. Mais il sait que ce ne peut être qu’un expédient provisoire et qu’une
restauration définitive de la Confédération est inévitable. Celle-ci prend la forme d’un
« Acte de Médiation » du Premier Consul, dont l’esprit général avait été esquissé de
longue date, et dont le contenu précis fut discuté par une « consulta » de députés
Suisses envoyés à Paris, réunissant des personnalités de l’Ancienne Confédération
et des tenants des idées nouvelles.
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2.6. L’Acte de Médiation et la Restauration (1803 – 1815)
2.6.1.
Présentation de l’Acte de Médiation
La présentation finale de l’Acte de Médiation, après sa discussion avec la
« consulta », eût lieu le 19 Février 1803. Il entra en vigueur le 15 Avril.
Il fixe la composition de la Confédération à 19 cantons :
. Les 13 anciens cantons d’avant 1798,
. D’anciens pays sujets élevés au rang de cantons : Argovie, Thurgovie, Tessin,
Vaud,
. D’anciens pays alliés : Saint-Gall (réunissant les anciens territoires de la ville et de
l’abbaye), les Grisons.
Genève, l’évêché de Bâle, Mulhouse étaient maintenant Français, les alliances avec
Neuchâtel étaient rompues et le Valais formait une république indépendante.
L’acte comporte 19 chapitres traitant respectivement de chacun des cantons et un
vingtième chapitre fédéral.
Les grands principes qu’il pose sont les suivants :
. Les cantons sont des états à souveraineté limitée : Ils ne peuvent pas disposer de
plus de 200 hommes de troupe permanente et seule la Diète Fédérale peut se
prononcer sur les questions de guerre et paix et traiter avec l’étranger.
. Les privilèges sont supprimés ; il y a égalité entre les citoyens et entre les 19
cantons.
. L’autorité fédérale émane de la Diète Fédérale qui comporte un ou deux député(s)
par canton (2 députés pour les cantons dont la population est la plus importante).
Les décisions y sont prises à la majorité. La Diète se réunit chaque année à tour de
rôle dans chacun des 6 « cantons directeurs » (Fribourg, Berne, Soleure, Bâle,
Zurich, et Lucerne) ; le premier magistrat du canton directeur où elle est réunie
préside la Diète avec le titre de « Landammann de la Suisse ».
Du point de vue de l’organisation cantonale, on peut distinguer trois groupes de
cantons :
. Les anciens cantons à landsgemeinde qui gardent leur organisation ancienne,
. Les anciens cantons-villes où les notions de patriciat et de souveraineté de la ville
sont supprimées : Ils ont un Grand Conseil élu pour 5 ans par tout le canton et un
Petit Conseil élu par le Grand Conseil,
. Les nouveaux cantons dont l’organisation est calquée sur le groupe précédent.
2.6.2.
Le Pays de Vaud sous le Régime de l’Acte de Médiation (1803 –
1813)
Pour la première fois de leur histoire les Vaudois ont leur propre état souverain. Il
n’emporte pas l’adhésion unanime de ses citoyens : Outre l’opposition directe des
militaires Vaudois présents dans le régiment de Watteville capitulé pour le roi
d’Angleterre, certaines campagnes et certains districts restent majoritairement
partisans de l’ancien régime Bernois, notamment le Pays d’En-Haut. A contrario, la
plupart des villes et la côte Lémanique lui sont très favorables.
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Bizarrement Frédéric-César de la Harpe, considéré par beaucoup comme le père de
la Patrie Vaudoise, ne participe pas au Petit Conseil (gouvernement) de Vaud. Après
avoir participé au Directoire de la République Helvétique de 1798 à 1800, il est
chassé du pouvoir par la chute de ce Directoire et, poursuivi en justice par ses
successeurs et adversaires politiques, il gagne la France où il s’établit jusqu’à ce que
les évènements liés à la restauration et la préparation du Congrès de Vienne le fasse
revenir à la politique et au service Russe auprès de son ancien élève Alexandre 1 er.
A l’automne 1813, le triomphe de la coalition contre Napoléon amène l’entrée en
Suisse des armées alliées qui le poursuivent. Les Conseillers survivants de l’Ancien
Régime se restaurent sans coup férir à Berne où il dénoncent leur abdication de
1798 et l’Acte de Médiation et somment leurs anciens sujets d’Argovie et de Vaud de
leur faire à nouveau allégeance. Cependant le général commandant l’armée
Autrichienne qui traverse le Pays de Vaud pour marcher sur Genève et Lyon est
favorablement impressionné par le bon ordre qui y règne et il incite le Petit Conseil
Vaudois à tenir bon.
De son côté Frédéric-César de la Harpe reprend du service auprès d’Alexandre 1 er
avec le grade de Lieutenant-Général dans le but de le convaincre de défendre les
intérêts de l’indépendance Vaudoise au Congrès de Vienne, et il réussit pleinement à
obtenir le maintien de l’intégrité territoriale du Pays de Vaud. Les Bernois,
représentés notamment par l’avoyer Nicolas-Frédéric de Mülinen, ne parviennent
même pas à obtenir le retour du Pays d’En-Haut pour lequel la logique
géostratégique et le souhait de ses habitants militaient pourtant sérieusement.
Beaucoup de Suisses ont servi, durant cette période, dans les armées Françaises.
Parmi eux, il convient de distinguer particulièrement le Vaudois Antoine-Henri Jomini,
originaire de Payerne. Après un début de carrière militaire dans les troupes de la
République Helvètique, les qualités qu’il y avait déployées attirèrent l’intention du
Maréchal Ney qui le fit s’engager dans l’armée Française et le prit comme aide de
camp en 1805. Il se signala alors rapidement par d’importantes publications de
tactique et de stratégie qui attirèrent aussi l’attention de Napoléon. Cela lui valut
d’être élevé au grade de général de brigade par Napoléon qui lui confia la tâche
d’écrire l’histoire de campagnes passées et à venir (Jomini restera par la suite
toujours actif dans cette discipline de l’histoire militaire). L’hostilité du Maréchal
Berthier l’empêcha de monter plus haut dans la hiérarchie militaire Française, et cela
l’incita à passer au service du Tsar Alexandre 1 er en 1813 avec le grade de
lieutenant-général. Il fit une très longue carrière dans l’armée Russe, ce qui valut
même à son fils Alexandre de devenir secrétaire d’état d’Alexandre II.
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2.7. La Période de la Restauration (1814 – 1830)
La constitution Vaudoise est amendée dans le sens d’un renforcement du pouvoir de
l’exécutif. Le « Petit Conseil » laisse la place à un « Conseil d’Etat » présidé
alternativement d’année en année par deux « landammanns ».
Au niveau fédéral, les nouveautés consistent essentiellement en la proclamation par
les puissances signataires du Traité de Vienne de la neutralité de la Confédération et
en un renforcement des pouvoirs de la Diète Fédérale en matière militaire.
Les Vaudois sont d’abord considérés par certains de leurs confédérés comme de
dangereux jacobins, mais la bonne administration du canton et son comportement
irréprochable au plan fédéral démentent assez rapidement cette fausse réputation.
Quelques problèmes sérieux marquent la vie du pays durant cette période :
. L’arrivée de nombreux réfugiés politiques peu désirables en provenance de France
ou du Piémont,
. Un réveil religieux reprochant à l’Eglise Nationale sa froideur et son formalisme.
Mais le Conseil d’Etat et la majorité du peuple s’y montrent hostiles et l’on en reste à
la même politique religieuse que celle de l’ancien régime Bernois : Toute
manifestation religieuse en dehors de l’Eglise Nationale est interdite.
Participation Vaudoise aux capitulations militaires sous la Restauration :
. En France, les Vaudois participèrent à la constitution des deux régiments de la
Garde Royale. Ils eurent malheureusement leur lot de victimes lors de la révolution
de Juillet 1830 à Paris. Cette révolution marqua la fin des capitulations avec la
France et ce fut un Vaudois, le colonel Charles-Jules Guiger de Prangins qui eût la
triste charge de conclure cette grande épopée de plus de trois siècles en ramenant
les régiments en Suisse. Il fut nommé Général Fédéral peu de temps après en
Décembre 1830 lors de la mobilisation suscitée par les troubles Européens
consécutifs aux révolutions. Il eût alors des troupes disponibles, puisqu’aucune
menace effective ne nécessitèrent leur mise en ligne, dont il profita pour développer
les fortifications dans les Alpes.
. C’est dans le Royaume de Naples que les capitulations durèrent le plus longtemps
(jusqu’en 1860 qui marque tout à la fois la fin de ce royaume et l’extinction des
capitulations dont le renouvellement était interdit depuis 1848 par la nouvelle
constitution fédérale). Le colonel, futur Général, Henri-Victor-Louis baron de Ginginsla-Sarraz constitua dans le cadre d’une capitulation de 1829 un régiment avoué par
Vaud et Berne qui fut considéré comme le meilleur de l’armée de cet état. Il combattit
brillamment et contribua à maintenir l’ordre dans Naples lors de la révolution de
1848. Son fils Aymon (1823 – 1898) servit aussi dans ce régiment. Il termina sa
carrière militaire comme commandant de corps dans l’armée fédérale et il fut le
dernier de sa prestigieuse lignée, la maison de Gingins s’éteignant complètement
avec la mort d’Albert (1859 – 1911). Des Vaudois servirent dans les régiments
capitulés pour Naples jusqu’à la fin de ce royaume en 1860.
2.8. La Période de la Regénération (1830 –1848)
14
Comme dans beaucoup d’autres cantons, des troubles se manifestèrent à la suite de
la révolution Française de Juillet 1830 dans le canton de Vaud. Ils éclatèrent en
Décembre 1830, ne donnèrent lieu à aucun combat, mais ils aboutirent à la
convocation d’une assemblée constituante le 17 Décembre à Lausanne. Cette
assemblée acheva ses travaux en Février 1831, dotant le canton de Vaud d’une
nouvelle constitution beaucoup plus démocratique, instituant le suffrage universel
pour l’élection du Grand Conseil. Le Conseil d’Etat était lui-même élu par le Grand
Conseil qui avait donc la prééminence.
Cette période se distingue par d’importants développements dans les finances, les
travaux publics, l’éducation.
Un nouveau parti, le Parti Radical, se forme à partir de 1835 à la gauche du Parti
Libéral au pouvoir.
La question de l’expulsion des jésuites agita Vaud comme d’autres cantons. Les
radicaux étaient fortement partisans de cette expulsion que les libéraux au pouvoir
se refusaient à réclamer. Il en résulta une nouvelle révolution en 1845 par laquelle
les campagnes obtenaient une meilleure représentation au Grand Conseil. Les
citoyens y gagnèrent aussi le droit d’initiative : Toute proposition formulée par 8000
citoyens deviat être soumise à la votation populaire.
La députation du Canton de Vaud à la Diète Fédérale vota l’expulsion des Jésuites
en 1845 et la dissolution par la force du Sonderbund, ligue formée par les cantons
catholiques conservateurs de Lucerne, Uri, Schwyz, Unterwald, Zoug, Fribourg et
Valais, en 1847. La guerre de 25 jours qui en résulta, la dernière à se dérouler sur le
territoire Suisse, n’affecta pas le territoire Vaudois.
Cette guerre eut cependant comme conséquence capitale la révision de la
constitution fédérale dans un sens qui donnait aux autorités fédérales beaucoup plus
de pouvoirs et de stabilité. Cette constitution organisait déjà les autorités fédérales
(Assemblée Fédérale avec ses deux chambres : le Conseil des Etats et le Conseil
National, Conseil Fédéral, Tribunal Fédéral) comme elles le sont encore aujourd’hui.
Toutefois le Tribunal Fédéral n’était pas composé de membres permanents et, en
dehors des élections, le peuple n’intervenait directement que dans les votations
concernant une révision constitutionnelle et il ne pouvait prendre, au niveau fédéral,
d’initiative qu’en cette matière.
La notion de canton directeur tournant était supprimée et la ville de Berne fut
désignée comme siège permanent du gouvernement fédéral.
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2.9. La Période Moderne (après 1848)
La nouvelle constitution fédérale fut adoptée dans le canton de Vaud à une
imposante majorité. Henri Druey, chef du Parti Radical Vaudois, fut nommé membre
du premier Conseil Fédéral. Il y sera suivi par de nombreux autres Vaudois.
Nous ne prolongerons pas plus avant cet aperçu historique sur le Pays de Vaud,
sinon pour parler encore de quelques personnalités Vaudoises particulièrement
remarquables :
. Henri Guisan (1874 – 1960), originaire d’Avenches, fut nommé général fédéral (le
13ème et dernier de l’histoire de la Confédération) le 30 Août 1939 alors que la
Deuxième Guerre Mondiale était sur le point d’éclater. La menace ne venait à priori
que de l’un des belligérants, l’Allemagne Nazie. Dans la première phase de la
guerre, avant Mai 1940, le général eût des contacts avec les Français pour préparer
des plans en cas d’attaque Allemande vers la France à travers la Suisse. Après Mai
1940, l’écrasement rapide de la France et l’entrée en guerre de l’Italie laissèrent la
Suisse complètement encerclée et la menace principale devint l’éventualité d’une
attaque des puissances de l’Axe pour conquérir à travers la Suisse une voie de
communication plus commode entre elles. Pour contrer cette menace, Guisan passa
d’une stratégie de défense aux frontières, rendue illusoire avec l’encerclement du
pays, à la constitution d’un « réduit Suisse » solidement fortifié et bien approvisionné
dans les Alpes, considérant qu’une défense solide à partir de ce réduit pourrait
rendre trop aléatoire et coûteuse la conquête et le maintien d’un axe de
communication assez sûr à travers les Alpes Suisses pour les forces de l’Axe. De
fait, il semble que Hitler ait envisagé cette option, mais qu’il y ait renoncé, justifiant
ainsi la stratégie adoptée par Guisan.
. La famille Piccard, originaire de Lutry, et la conquête des trois dimensions : Voilà un
cas étonnant de trois générations successives de scientifiques et aventuriers : Le
grand-père Auguste réalisa le premier, en 1931, une ascension en ballon dans la
stratosphère (atteignant environ seize mille mètres d’altitude). Il développa ensuite la
technologie des bathyscaphes (assez similaire dans ses principes à celle des ballons
stratosphériques), voie dans laquelle le fils Jacques persista jusqu’à se mettre en
situation d’atteindre le premier, en 1960, les plus grands fonds marins à plus de dix
mille mètres de profondeur. Quand au petit-fils Bertrand, il participa à la course aux
records de distance parcourues en ballon jusqu’à parvenir le premier, en Mars 1999,
au but suprême d’accomplir un tour complet de la terre.
Pour terminer ce chapitre sur le Pays de Vaud, nous pouvons passer en revue les
principales activités actuelles qui y sont développées :
. Le tourisme et l’hébergement d’agrément : Les très beaux sites de la région
Lémanique et des montagnes Vaudoises s’y prêtent naturellement. Le pays a su se
doter aussi d’une hôtellerie de très grande classe supportée par les meilleures
écoles hôtelières (incluant la plus fameuse d’entre elles, l’Ecole Hôtelière de
Lausanne).
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. L’enseignement de haut niveau avec l’Université de Lausanne (succédant à
l’Académie fondée par les Bernois en 1537), l’Ecole Polytechnique Fédérale de
Lausanne et l’Ecole des Ingénieurs d’Yverdon.
. Un fort tissu de PME très performantes.
. De grandes entreprises, parfois d’envergure mondiale (Nestlé dans la région de
Vevey).
L’activité viticole surtout concentrée sur la côte Lémanique à l’Est de Lausanne et
dans le district d’Aigle.
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3. Montreux
Le paroisse de Montreux se compose de trois entités géographiques : Le Châtelard
avec plusieurs hameaux (Brent, Clarens, Sales,…) à l’Ouest de la Baye de Montreux
(le torrent qui traverse le territoire pour se jeter dans le lac), les Planches, village
ancien immédiatement à l’Est de la Baye de Montreux et un peu en hauteur, et
Veytaux à l’Est de la paroisse.
La première trace historique que nous ayons sur cette paroisse est son
appartenance à l’évêque de Sion au milieu du XIème siècle. Il y exerçait son pouvoir
de justice par l’intermédiaire d’un vidomne, office qui fut vendu à la lisière des
XIIIème et XIVème siècle au chanoine Girard d’Oron. En 1317, ce dernier céda au
comte de Savoie tout ce qu’il tenait du vidomnat entre la Baye de Montreux et la
cluse de Chillon, ne retenant que ce qu’il avait à l’Ouest de la Baye, qui devint la
seigneurie du Châtelard. Peu de temps après, l’évêque de Sion céda, de son côté ,
au comte de Savoie le patronage de l’Eglise de Montreux, de telle sorte que la
maison de Savoie eut dès lors toute autorité sur la partie orientale de Montreux, de la
Baye à Villeneuve. Le seigneur du Châtelard disposait de la partie occidentale, mais
en prêta l’hommage à son tour au comte de Savoie.
En 1440, Jean de Gingins, devenu seigneur du Châtelard par son mariage avec
Marguerite de la Sarraz, construisit le château-fort et la terre du Châtelard fut érigée
en baronnie par le comte de Savoie. Le château du Châtelard fut incendié en Avril
1476 pendant les guerres de Bourgogne par les Gruyériens, et deux mois plus tard
son seigneur, Pierre de Gingins fut tué par les Bernois. Le château ne rentra qu’en
1490 à nouveau aux mains des Gingins. L’un d’eux, François, le restaura et ramena
tout autour les habitants que la guerre avait dispersés. Il leur confirma les anciennes
franchises et il peut être considéré comme le véritable fondateur de la commune du
Châtelard. Les Gingins gardèrent la baronnie du Châtelard jusqu’en 1549, date à
laquelle le comte Michel de Gruyère, tuteur des enfants Gingins, ses neveux, la
vendit.
La baronnie du Châtelard passa ensuite entre différentes mains pour être achetée en
1596 par Gabriel de Blonay. Les Blonay la gardèrent jusqu’en 1661, date à laquelle
Marguerite de Tavel, née de Blonay, en hérita.
Les Tavel vendirent la baronnie du Châtelard à Emmanuel de Bondeli en 1708. Les
Bondeli gardèrent la baronnie du Châtelard jusqu’à la révolution Vaudoise de 1798 et
ils revendirent le château en 1803.
En 1795, Louis-Stephan-Emmanuel de Bondeli, dernier baron du Châtelard, revendit
les droits féodaux à la commune du Châtelard. Il quitta le Château avec sa famille
pour regagner Berne peu de temps avant la révolution Vaudoise. Il espérait y revenir
à la faveur d’une accalmie politique, mais il ne put concrétiser cet espoir et dut
vendre le château en 1803.
Les trois communes, le Châtelard, les Planches et Veytaux restèrent distinctes
jusqu’en 1962. Toutefois une autorité centrale, le Conseil du Cercle, se constitua au
XIXème siècle pour gérer les propriétés communes aux trois. En 1962 les trois
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communes furent réunies en une seule commune de Montreux ; son territoire est
assez vaste, car il s’étend aussi sur de nombreux hameaux situés en altitude.
Vivant surtout de la vigne, avec agriculture et élevage dans la partie élevée de la
paroisse, Montreux entretint très tôt des rapports avec le Pays-d'Enhaut par les cols
de Jaman et de Chaude (commune de Villeneuve). Avec l'amélioration du réseau
routier au XVIIe siècle., Montreux se développa vers les rives du lac, puis vers les
hauteurs de Caux et des Avants, mouvement plus net encore avec l'urbanisation
hôtelière du XIXe siècle.
Les grands travaux d'endiguement des bayes (torrents) et d'amélioration du réseau
routier entrepris par Berne entre 1746 et 1751 mirent Montreux à la portée des
voyageurs qui, tels Rousseau ou Byron, firent la renommée de la région. Passage
obligé sur la route d'Italie, Montreux se distingua grâce à son climat hivernal clément
et devint un lieu de séjour idéal pour les malades des bronches. La proximité du lac
et des montagnes, qui correspond à l'imagerie romantique, en fit une « Riviera »
(terme publicitaire dès 1890) appréciée par les voyageurs et Thomas Cook ouvrit à
Montreux une succursale de son agence de voyage en 1892. La ligne du chemin de
fer du Simplon et la création d'un débarcadère favorisèrent le développement de la
station dès la seconde moitié du XIXème siècle. Montreux comptait huit
établissements hôteliers en 1850, 70 en 1900. En 1910, 76 578 voyageurs étaient
descendus dans les hôtels (31 473 en 1902). L'hôtellerie s'écroula en 1915 des
suites du conflit mondial et les hôtels hébergèrent internés, gazés et réfugiés des
deux conflits mondiaux. Délaissés, ils furent peu à peu fermés, puis transformés en
appartements ou détruits pour permettre une modernisation de la ville. Le Festival de
la Rose d'Or (1954), le Septembre Musical (1946) et le Festival de Jazz (1966)
contribuèrent à la renaissance du tourisme montreusien après la Deuxième Guerre
mondiale.
En 1936, la ville avait accueilli la conférence des Détroits (remilitarisés), en 1937
celle des Capitulations, en 1996 les pourparlers intercommunautaires sur l'avenir de
Chypre.
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4. Références
. (1). Dictionnaire Historique et Biographique de la Suisse (DHBS) publié chez
Attinger à Neuchâtel, 1921 – 1934.
. (2). Dictionnaire Historique de la Suisse (DHS), Hirschengraben 11, CP 6576,
CH 3001 Berne, en cours de publication, contenu partiel disponible sur le site :
http://www.dhs.ch .
. (3). Larousse Universel, Dictionnaire Encyclopédique en Deux Volumes, publié
chez Larousse à Paris.
. (4). Généraux Suisses Commandants en Chef de l’Armée Suisse de Marignan à
1939 par Ch. Gos, publié chez Cabédita à Yens/Morges (VD), Suisse, 1990.
. (5). Honneur et fidélité par Paul de Vallière, publié par les Editions d’Art Suisse
Ancien à Lausanne, 1940.
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