Les interventions du colloque Qu’est-ce qui est vivant ? Jean-Michel CLAVERIE Jean-Michel Claverie est professeur des universités - praticien hospitalier à AixMarseille Université (AMU). Il dirige l'Institut de microbiologie de la Méditerranée (CNRS/AMU), ainsi que le laboratoire Information génomique et structurale (CNRS/AMU). Chercheur au CNRS de 1973 à 2005, il travaille à l'Institut Jacques Monod (Paris), à l'Institut Salk (La Jolla, USA), puis rejoint l'Institut Pasteur (Paris) en 1982 où il crée le premier centre de calcul dédié à la biologie. De 1990 à 1995, il retourne aux Etats-Unis (NIH, Bethesda) pour participer aux débuts de la génomique. Installé à Marseille depuis 1996, il y a dirigé de nombreux travaux de génomique microbienne. Depuis la découverte de Mimivirus en 2003, il se consacre à l'étude des virus géants dont l'existence est un nouveau mystère de l'évolution. Contact : [email protected] - 04 91 82 54 47 Au-delà de l'unité de ses constituants c'est la diversité, presque l'anarchie, qui caractérise le « vivant » et fait de son étude une discipline aux avancées aussi spectaculaires qu'imprévisibles. De microbes nageant dans un bouillon d'acide aux virus géants survivant 30 000 ans dans le sol sibérien, la vie a peuplé les recoins les plus inhospitaliers de notre planète. Confrontée à la créativité débridée de l'évolution, la biologie reste une science de surprises qu'il serait dommageable de trop canaliser. L’Histoire du Vivant Hugues ROEST CROLLIUS Hugues Roest Crollius est directeur de recherche du CNRS à l’Institut de biologie de l'École normale supérieure (IBENS, CNRS/ENS/Inserm) et professeur de génomique évolutive attaché à l’ENS. Il a obtenu en 1997 sa thèse de l’University College London, après des travaux de recherche sur la cartographie du chromosome X humain dans le laboratoire de Hans Lehrach à l’Imperial Cancer Research Fund (Londres) puis à l’Institut Max-Planck de génétique moléculaire (Berlin). Il a ensuite rejoint Jean Weissenbach au Genoscope, le centre de séquençage français, où il a mené l’analyse du génome du « poisson bulle », Tetraodon nigroviridis. En 2004 il a créé une équipe à l’IBENS, où il étudie l’évolution des génomes d’animaux et de plantes, avec un intérêt particulier pour le génome humain, dans le contexte de la médecine génomique. Contact : [email protected] - 01 44 32 23 70 L’incroyable complexité des mécanismes qui sous-tendent la vie ont été façonnés au cours de 3,5 milliards d’années d’évolution. Pour les expliquer et comprendre leur raison d’être, l’étude du vivant est donc indissociable de l’étude de son histoire. Les avancées spectaculaires dans le domaine du séquençage de l’ADN et de la bioinformatique, appuyées sur un cadre théorique de plus en plus solide, nous permettent d’aborder des questions fascinantes sur l’origine des mécanismes du vivant. Claude Truong-Ngoc CC BY-SA 3.0 La complexité du vivant Lionel NACCACHE et Thomas LECUIT Lionel Naccache est professeur des universités - praticien hospitalier en neurologie et neurophysiologie à l'UPMC, neurologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, et chercheur en neurosciences cognitives à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (CNRS/UPMC/Inserm), où il dirige une équipe de recherche. Il consacre son activité à l’exploration des bases cérébrales et des propriétés psychologiques de la conscience. Il est l’auteur de plusieurs essais et membre du Comité consultatif national d’éthique. Contact : [email protected] / secrétariat : 01 42 16 21 11 Au-delà de l'étude de la conscience, les recherches en neurosciences cognitives présentent une particularité remarquable au sein de la biologie : en étudiant les perturbations cognitives provoquées par des maladies, il devient possible de mieux comprendre ces pathologies, mais également de découvrir comment fonctionne le cerveau normal. Ce va-et-vient continu entre l’homme sain et l’homme malade est porteur d’enjeux éthiques importants, et permet de souligner les liens très étroits qui unissent les neurosciences fondamentales et appliquées. Thomas Lecuit est directeur de recherche au CNRS et dirige une équipe à l’Institut de biologie du développement de Marseille (CNRS/AMU). Il étudie l’architecture et la dynamique des tissus biologiques. Par une approche interdisciplinaire aux frontières de la biologie et de la physique, il cherche à percer une énigme centrale en biologie : comment les structure vivantes, à l’échelle de la cellule, des tissus et des organismes, sont-elles à la fois régulières et stables, bien qu’animées par une incessante dynamique interne de développement, de croissance, de renouvellement et de réparation ? Ces propriétés de cohérence et de plasticité assurent les grandes fonctions vitales d’un organisme sain et sont perturbées dans de nombreuses pathologies comme le cancer. Thomas Lecuit a été élu en 2014 à l’Académie des Sciences et a reçu plusieurs distinctions internationales. Contact : [email protected] La complexité du vivant requiert une démarche résolument interdisciplinaire. Par-delà mes propres recherches, je promeus le rapprochement entre biologistes, physiciens, mathématiciens et informaticiens à Aix-Marseille Université, en suscitant des travaux et des enseignements interdisciplinaires. C’est dans ce cadre que je dirige depuis 2012 le Labex InForm (Information Flow and Organization at the Membrane) et que je prendrai la direction du futur Centre Turing des systèmes vivants (CenTuri), porté par Aix-Marseille Université, le CNRS et l’Inserm. L’être vivant dans son environnement Guillaume BECARD, Maria Elena MARTINO et Flora VINCENT Guillaume Bécard est professeur de biologie à l'Université Toulouse III – Paul Sabatier et membre senior de l’Institut universitaire de France. Chercheur au Laboratoire de recherche en sciences végétales (CNRS/Université Toulouse III – Paul Sabatier), il étudie une symbiose végétale très ancienne et très répandue qui associe les racines des plantes et certains champignons du sol appelés champignons mycorhiziens arbusculaires. Cette symbiose améliore la nutrition et la santé des plantes. Avec son équipe de recherche, il a contribué ces dernières années à la découverte des signaux moléculaires et de certains mécanismes ancestraux impliqués dans la reconnaissance entre la plante et le champignon. Au travers de collaborations industrielles, ses travaux visent également à promouvoir l'utilisation agronomique de la symbiose mycorhizienne pour réduire les besoins en irrigation, engrais chimiques et pesticides. Contact : [email protected] - 05 34 32 38 20 Dans un contexte où notre planète nous apparaît comme de plus en plus petite, comprendre comment les êtres vivants interagissent entre eux et avec leur environnement, depuis les échelles cellulaires les plus petites jusqu’aux aux écosystèmes les plus grands, est un enjeu plus que jamais d’actualité. Grâce à de nouvelles technologies pour explorer le vivant, écologues et biologistes se rapprochent et font évoluer nos conceptions dans des domaines tels que l’agriculture, la médecine, ou la conservation des espèces. Maria Elena Martino a obtenu un master en biotechnologie à l'université de Padoue (Italie), suivi d'un doctorat en sciences vétérinaires. Elle s’attache à comprendre les processus qui sous-tendent l'évolution des bactéries et leur adaptation à de nouveaux environnements. Le début de sa carrière de recherche a consisté en la génération de méthodes pour différencier des espèces bactériennes au niveau moléculaire ; son projet de thèse s'est basé sur l’étude de l’évolution du genre Aeromonas, bactérie pathogène pour l’homme et pour plusieurs animaux. En 2014, elle a démarré un contrat postdoctoral sur le thème de l’évolution expérimentale microbienne à l'Institut de génomique fonctionnelle de Lyon (CNRS/ENS de Lyon/Université Claude Bernard Lyon 1). Elle travaille actuellement à caractériser les mécanismes génétiques de l'interaction mutuellement bénéfique entre les bactéries commensales et leurs hôtes animaux. Contact : [email protected] - 04 26 73 13 27 Certaines bactéries nous font du bien ! L’homme entretient une liaison étroite avec son « microbiote », dont on connait bien certains bénéfices, comme la production de vitamines. Toutefois, les mécanismes génétiques et moléculaires déployés par ces bactéries sont encore très peu connus. La recherche fondamentale reste essentielle pour caractériser le rôle du microbiote intestinal ainsi que pour identifier et valider des souches probiotiques qui pourraient être utilisés chez l'homme. Flora Vincent est ingénieure agronome diplômée d’AgroParisTech et actuellement en troisième année de doctorat à l’Institut de biologie de l’École normale supérieure (CNRS/ENS/Inserm). Ses travaux portent sur l’analyse des données récoltées lors de l’expédition Tara Océans, en particulier sur l’importance des diatomées, micro-organismes responsables d’un quart de la production d’oxygène chaque année. En couplant des approches théoriques et expérimentales, elle tente de comprendre comment les interactions entre ces organismes structurent la communauté du plancton. Elle est par ailleurs co-présidente de l’association WAX Science, qui promeut les sciences et la mixité en science à travers le développement d’outils innovants, au ton ludique et décalé. Contact : [email protected] Les micro-organismes marins jouent un rôle capital dans le fonctionnement de notre planète mais sont restés longtemps sous étudiés. L’expédition Tara Océans a révélé la grande diversité des espèces et fonctions que représente cette majorité invisible, et l’impact de l’environnement, notamment la température, sur cet écosystème. Le succès de cette expédition, devenue une référence mondiale, repose sur les dimensions internationale, collaborative, interdisciplinaire, et audacieuse incarnées par les scientifiques de cette initiative sans frontières. La biologie source d’émerveillement pour la société Peter Ford DOMINEY et Eric VIVIER Peter Ford Dominey est directeur de recherche au CNRS et travaille à l’Institut cellule souche et cerveau (Inserm/Université Claude Bernard Lyon 1). Après des études à Cornell University (États-Unis), il a obtenu un doctorat en informatique (neurosciences computationnelles) à l’université de Californie du Sud, pour lequel il a développé les premières simulations du rôle de la dopamine dans l'apprentissage associatif sensorimoteur. Ingénieur informatique chez Data General puis ingénieur des systèmes de la Nasa (au Jet Propulsion Laboratory), il rejoint le CNRS en 1997. Ses intérêts portent sur la neurophysiologie du cortex et du striatum et la simulation mathématique de leurs fonctions. Il s’intéresse plus particulièrement à la compréhension des mécanismes du langage, à ses relations avec les systèmes sensori-moteurs et avec les autres systèmes cognitifs ainsi qu’au traitement du langage dans le cadre de la coopération homme-robot. Contact : [email protected] – 04 72 91 34 84 Eric Vivier est professeur d'immunologie à Aix-Marseille Université. Il est diplômé de l'École nationale vétérinaire d’Alfort et a reçu son doctorat en immunologie de l'Université Paris XI (aujourd’hui ParisSud). Il effectue sa formation postdoctorale à Harvard Medical School, puis il est nommé professeur au Centre d'immunologie de Marseille-Luminy (CNRS/Inserm/AMU) en 1993 avant d’en devenir le directeur en 2008. En 1999, le professeur Vivier cofonde la société de biotechnologie Innate Pharma. En 2014, il est l'un des fondateurs de Marseille Immunopôle, un pôle d'immunologie reliant recherche fondamentale, thérapeutique, innovation et développement industriel. En 2007, Eric Vivier devient membre senior de l'Institut universitaire de France et, en 2013, il est élu à l'Académie nationale de médecine. Les travaux de son laboratoire sont focalisés sur l’immunologie et plus particulièrement sur l'ontogenèse, la fonction et la manipulation thérapeutique des cellules tueuses naturelles (NK) et des cellules lymphoïdes innées (ILCs) chez la souris et l’homme. Le professeur Vivier a publié près de 300 articles scientifiques (Thomson Reuters - Highly Cited Researchers). Contact : [email protected] - 04 91 26 94 12 La biologie est une source d’émerveillement pour la société. La nature est extraordinaire et nous avons beaucoup à apprendre d’elle, pour pouvoir comprendre et agir en construisant de nouvelles applications. Quoi de plus emblématique comme exemple que les études du fonctionnement du cerveau et de ses connections neuronales qui le rendent capable de tout apprendre !