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masse du parti unique, la situation de multipartisme actuelle n’ayant pas bouleversé les
relations structurelles antérieures).
La dimension historique de la domination étatique autoritaire
L’historien algérien M. Harbi, dans un article de synthèse récemment publié
, situe les
sources de l’autoritarisme algérien dans un processus de sédimentation dont les origines
remontent à l’époque de la domination turque. « L’Algérie moderne est le produit d’une
accumulation d’influences. (…) dans des contextes sociopolitiques différents, les pouvoirs qui
s’y sont succédé se sont affirmés sur la base du principe autoritaire. »
« Du XVIe au XIXe
siècle, la formation étatique établie par les Ottomans peut se définir comme une domination
patrimoniale de type militaire (…) la sphère politique se présente à la manière des poupées
russes comme une imbrication de groupements d’intérêts clientélistes. »
La religion envahit
toutes les activités. « Les vertus prônées par la tradition islamique : respect, obéissance aux
gouvernants, aux supérieurs en rang, aux parents conviennent à tous les pouvoirs, qu’ils soient
de caractère spirituel ou temporel. »
« L’autoritarisme n’est pas simplement une
caractéristique du pouvoir. Il est aussi celle de la société. » « L’ambiance de routine et
d’immobilisme qui fait de l’innovation une initiative blâmable (bidâ’)
est peu propice au
progrès. L’autocratie ne dissout pas la société dans l’État et ne l’incorpore pas. »
Dans ces
conditions, selon M. Harbi, c’est la colonisation qui a imposé le changement.
La colonisation
va détruire l’ancienne organisation étatique et asseoir « (…) un nouveau système appuyé par
un peuplement (…) qui concentre entre ses mains tous les pouvoirs et impose par la violence
une autre culture. » « Le capitalisme colonial intègre les Algériens au monde et les met en
présence d’un nouveau système de références »
. « La fascination des élites nouvelles pour
le modèle français n’étouffe pas l’intérêt des Algériens pour leur passé : bien au contraire, la
langue [arabe] et la religion [musulmane] tiennent une place centrale dans le débat identitaire,
M. Harbi « Culture et démocratie en Algérie : retour sur une histoire », les Éditions de l’Atelier | Le
Mouvement Social, 2007/2-3 - n° 219-220, pages 25 à 34.
M. Harbi, op. Cite, p 25.
Idem, pp 25/26.
Idem.
Croyance ou coutume qui n’est pas fondée sur un précédent datant de l’époque du prophète.
Idem, p 27
Nous pensons que cette assertion n’est vraie qu’en partie, car, après l’affaiblissement de la domination
patrimoniale étatique de type militaire établie par les Ottomans, qui a perdu la flotte navale (base des activités
essentielles que sont la course et le trafic marchand) dont elle disposait en Algérie (dans la bataille de Navarin
en 1827), et sans la colonisation française ou celle d’une autre puissance européenne (Espagne, Angleterre) aux
appétences colonialistes similaires , il n’est pas exclu qu’un un processus de dislocation n’ai pu pu s’effectuer et
se cristalliser par la formation de royautés, à l’image de ce qui préexistait à l’intervention du califat ottoman
d’Istanbul, appelé (en 1518) pour protéger le pays contre une occupation espagnole imminente, à un moment
où les velléités d’expansion de l’Europe mercantiliste (sous couvert d’affrontement entre la chrétienté et
l’Islam) étaient en plein essor.
Idem ;