Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School Cahiers de recherche Working papers REGARD SUR L’INTELLIGENCE ECONOMIQUE MAROCAINE : LA PRISE EN COMPTE D’UN DEVENIR SOCIAL INSCRIT DANS UN CONTEXTE DE SECURITE GLOBALE Claude DELESSE Professeur, BEM & Membre associé du Groupe de recherche sur la sécurité et la gouvernance GRSG - Université Toulouse 1 Capitole CEREBEM, CEntre de REcherche de Bordeaux Ecole de Management. n°136-10, février 2010 1 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School Claude DELESSE est Professeur d'intelligence économique à BEM-Bordeaux Management School, docteur en Sciences de l'information et de la Communication (1983), auditrice 11ème cycle intelligence économique de l’Institut des hautes études de défense nationale (2001) et auditrice 156 ème session régionale Défense IHEDN (2004). Ancienne membre de l'équipe de recherche du Centre d’analyse politique comparée, de géostratégie et de relations internationales (CAPCGRI) Université Montesquieu Bordeaux (2003-2007), elle est aujourd'hui membre du Groupe de recherche sur la sécurité et la gouvernance de l'Université Toulouse 1 Capitole. Elle intervient également à l'Université Montaigne Bordeaux III depuis janvier 1993 et à l'Ecole nationale supérieure d'électronique, informatique, télécommunications, mathématiques et mécanique de Bordeaux (ENSEIRB-MATHMECA). Elle a créé et animé l'Informathèque du Groupe ESC Bordeaux jusqu'en 2000 après une expérience dans une PME locale exportatrice. Elle est chef d'escadron dans la réserve citoyenne de la Gendarmerie Nationale. Ses thèmes d’intérêt sont l’intelligence économique et stratégique, la sécurité globale, la contre-intelligence, l’infosphère et la guerre de l’information, l'intelligence du risque, le risque-pays, les systèmes d'intelligence économique étrangers, le renseignement… 2 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School Regard sur l’intelligence économique marocaine : la prise en compte d’un devenir social inscrit dans un contexte de sécurité globale Claude DELESSE Résumé Ecartelé entre les enjeux méditerranéens et européens, plongé dans la guerre économique, bousculé sur son territoire par des mouvements terroristes, tiraillé entre des valeurs historiques et la modernité, le Maroc est au cœur de stratégies indirectes menées par des puissances étrangères qui risquent de menacer sa liberté économique. Des initiatives particulièrement avancées en matière d’intelligence économique et de veille laissent penser qu’il peut s’imposer dans la modernité et développer une véritable doctrine qui impulse auprès des acteurs du secteur public et auprès du monde entrepreneurial une culture adaptée à des enjeux bien identifiés. Les efforts de promotion et de sécurisation des atouts stratégiques sont indissociables d’un esprit d’ouverture visant à favoriser les interdépendances porteuses d’avenir et l’émergence d’une intelligence sociale. Une politique d’intelligence économique concertée stimulée par un discours ambitieux et étayée par la formation se doit d’atteindre un état de sécurité globale en concertation avec des pays et des interlocuteurs de la proximité méditerranéenne, cela en prenant en compte toutes les dimensions endogènes et exogènes. Mots Clés : Maroc ; Intelligence Economique ; guerre économique ; Méditerranée ; sécurité économique ; intelligence sociale Union pour la 3 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School SOMMAIRE Introduction 5 1. Un pays contrasté tiraillé entre modernité et tradition 7 1.1 Le Maroc oscille entre modernité, ouverture et tradition 1.1.1. Des avancées dans la modernité 1.1.2. Les forces de la tradition et les manœuvres étrangères 1.2 L’Émergence de l’intelligence économique marocaine 1.2.1. Un engouement pour la veille 1.2.2. Des initiatives portées par de fortes personnalités 7 7 10 12 12 14 2. Une avancée vers une intelligence globale porteuse de sécurité et de progrès social 17 2. 1 L’intelligence stratégique, une transformation culturelle portée par l’ambition d’une stratégie nationale de sécurité globale 18 2.1.1. De l’opportunité de concevoir une intelligence économique propre à l’identité marocaine 18 2.1.2. De la nécessité de développer un système national d'intelligence économique 20 2.2 Développer une intelligence sociale capitalisant sur le renseignement et la compréhension 23 2.2.1. Repenser le renseignement 23 2.2.2. Dynamiser les intelligences territoriales et la formation 26 Conclusion 28 Bibliographie 30 Annexes 34 4 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School Introduction L’espace méditerranéen, région d’échanges, berceau de riches cultures et d’histoires croisées, fut marqué de tout temps par des conflits, des discordes, des tensions et des crises de plus ou moins forte intensité. Au XXIe siècle, les Européens, à la recherche de stabilité, ont un intérêt stratégique direct à voir leurs voisins vivre en paix dans un environnement de prospérité. Ainsi, la déclaration de Barcelone en novembre 1995 a lancé un processus de coopération régionale sur trois axes : politique et sécuritaire ; économique et libre-échange ; culturel, social et humain. Des actions communes ont été engagées sur les questions de sécurité et de migration tandis que les domaines culturels et éducatifs ont fait l’objet de rencontres, de forums et de partenariats. Pourtant le processus de Barcelone suscite de nombreuses critiques notamment dans le domaine de la sécurité. M. Fathallah Sigilmassi, ambassadeur du Maroc à Paris aurait ainsi déclaré : « si l’agenda de l’UM, c’est freiner l’immigration et lutter contre le terrorisme, et s’il s’agit essentiellement de préserver la sécurité de l’Europe, alors je ne pourrai pas vendre le projet à mon pays »1. Il faut dire que l’OTAN par son attitude unilatérale a laissé peu de place dans la préparation et la participation à l’élaboration d’une vision stratégique gagnant-gagnant. D’autre part l’OSCE, dont le Maroc est membre, présente un bilan plutôt négatif. Les principaux reproches portent sur la faiblesse du dialogue, sur des soucis de financement et sur des perspectives limitées d’évolution. Si les préoccupations militaires et d’interopérabilité entre les partenaires de la rive sud et ceux du Nord restent toujours plus pertinentes, l’appréciation des réels facteurs de stabilité doit s’élargir aux champs politique, économique, environnemental et sociétal. Repensé, le concept de sécurité englobe les nouveaux défis et les risques du monde contemporain en recherchant un état de sûreté dont puissent bénéficier les divers partenaires. Mais aujourd’hui certains indicateurs font craindre une marginalisation de la zone méditerranéenne dans l’économie mondiale. Des flux d’investissement à hauteur de 2% des IDE, des dépôts de brevets insignifiants, la fuite des cerveaux, un investissement réduit dans la R&D, des échanges intra régionaux les plus faibles du monde sont autant de causes qui ont pour effet la pauvreté, un fort taux de chômage et des risques d’instabilité sociale. Des retombées exogènes se concrétisent notamment sur l’Europe, en termes d’augmentation de flux migratoires irréguliers, d’exportation des conflits internes, de crispations identitaires2. Le Nord et le Sud partagent la responsabilité d’un bilan décevant de dix années de mise en œuvre du processus de Barcelone, malgré les 20 milliards d’euros au total engagés sur la période. « Le sud de la Méditerranée demeure une zone où les réformes politiques et économiques restent à faire et où le développement économique et social est insuffisant »3. Le volet culturel devrait être développé et la fondation Anna Lindh pour le dialogue entre les cultures revitalisée de façon à ce que l’Europe et les pays du sud de la Méditerranée constituent un exemple réussi d’« Alliance de civilisations ». Cependant l’Europe, préoccupée par la fin de la Guerre froide, par la réunification allemande, par son élargissement progressif, et par des questions identitaires et institutionnelles intrinsèques, n’a pas su mettre en place des politiques capables de tirer les pays de la Méditerranée, de promouvoir des projets qui conduisent à une intégration productive et de suffisamment favoriser des réseaux de firmes transméditerranéennes. La 1 Bichara KHADER. « Réactions à l’initiative française », Diplomatie, n° 31, mars-aril 2008, pp. 38-41 citant Katrin Bennhold, « Mediterranean Union Plan : lofty and vague », International Herald Tribune, 25 October 2007. 2 Bichara KHADER. « L’Union méditerranéenne : un beau discours ou une belle idée », Diplomatie, mars-avril 2008, pp. 3437. 3 Abu Ali Husayn Ibn Sine, connu sous le nom d’Avicenne. Rapport Maghreb – moyen orient, contribution pour une politique volontariste de la France. 23 avril 2007. www.ifri.org/files/Moyen_Orient/Avicenne_DBauchard0407.pdf. 5 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School France a failli par manque d’activisme et par assoupissement de sa politique étrangère. Prise d’un sursaut, elle a proposé une « Union pour la Méditerranée » et a lancé avec l’ancien président du Conseil italien, Romano Prodi, et le président du gouvernement espagnol, Jose Luis Rodriguez Zapatero, l’appel de Rome, en décembre 2007. Elle a consécutivement engagé des consultations avant la rencontre programmée du 13 et 14 juillet 2008 au cours de laquelle les chefs d’État et de gouvernement de 43 pays ont décidé la naissance de l’Union pour la Méditerranée. La volonté de créer un véritable partenariat entre l’Union européenne et les pays du pourtour méditerranéen couvre l’ensemble du spectre politique et de sécurité, économique et culturel. L’Europe semble se poser en concurrent d’un leadership régional tandis que les États-Unis d’Amérique avec le concept de « Grand Moyen-Orient » tentent de proposer une version plus large de cet espace. De leur côté, les pays du Maghreb n’arrivent pas à fédérer leur action, ne serait-ce que dans le domaine économique, pour parvenir à la zone de libre échange envisagée à échéance de 2010. L’Union du Maghreb arabe bute sur le conflit Sahara occidental et entretient plus des relations bilatérales. Le projet d’Union pour la Méditerranée est ainsi né d’une idée française au volontarisme très fort mais diplomatiquement maladroit car il n’avait pas pris en compte le poids de l’Allemagne, gros investisseur dans le processus de Barcelone. Il lui fallait prendre de la consistance et se structurer autour de projets concrets dont le financement serait assuré par des opérateurs privés associés à des opérateurs publics et soutenus par les investisseurs des pays du Golfe. En matière économique il s’agissait de ne pas dupliquer Euromed qui avait affiché ses limites, et d’orienter vers d’autres objectifs comme le développement durable, l’énergie, la santé, l’eau et comme la sécurité environnementale, les infrastructures et les transports. On craignait à l’époque un Barcelone plus. Le retour dans le giron de l’Union Européenne en mars 2008 risquait de peser en termes de financement, de technicité, de choix de projets. L’initiative française a cependant réveillé des groupes informels qui se sont approprié l’idée de la Méditerranée. La dimension euphorique put dès lors s’imposer pour faire parler les peuples et convaincre. Le principal risque consistait à rester dans un attentisme des propositions, en particulier françaises. Au cœur de ces conflits d’intérêts, des acteurs marocains ont pris conscience des enjeux d’une croissance partagée et ont découvert l’intelligence économique qui « utilisée dans les combats concurrentiels les plus durs, souvent au bord de toute règle », se laisse aussi « envisager comme une démarche efficace de régulation du développement grâce notamment à l’organisation de dispositifs d’intelligence économique ou sociale spécifiques », comme « un vecteur structurant de la conduite stratégique des entreprises, des États mais aussi des organisations locales et régionales » (Clerc, Pautrat, 2003 : 146). Il serait dommage que le Maroc, après une émergence des initiatives dans ce domaine, s’endorme dans des pratiques routinières pour diverses raisons. Ne lui faut-il plutôt développer l'intelligence économique en visant une politique de sécurité globale à long terme et en incrustant des pratiques qui participeront à la sécurité économique, tout en développant les intérêts marocains ? Concerné par la guerre économique, bousculé sur son territoire par des mouvements terroristes, tiraillé entre des valeurs historiques et la modernité, écartelé entre les enjeux méditerranéens et européens, le Maroc montre parmi les pays arabes des initiatives particulièrement avancées en matière d’intelligence économique et de veille (I). En affirmant une véritable doctrine et une politique d’intelligence globale, en reconnaissant l’importance du renseignement et d’une dynamique collective basée sur la formation (II), il est susceptible de s’imposer comme acteur international majeur du progrès social, et, in fine, de la sécurité globale sur la scène euro-méditerranéenne. 6 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School 1. Un pays contrasté tiraillé entre modernité et tradition pays contrasté Un des constats du travail de prospective qui s’est ouvert en 2005 à l’horizon 2030 au sein du Haut Commissariat au plan marocain est que le Maroc transite d’une « société tribale à une société autrement structurée et marquée par l’émergence de l’individu », « d’une économie archaïque essentiellement agricole à une économie capitaliste », où le secteur industriel croît, d’un « État embryonnaire à un État moderne disposant d’un maillage administratif », d’une « société patriarcale et caïdale à une société plus démocratique »4. Quelques exemples confirment ces caractéristiques principales. 1.1 Le Maroc oscille entre modernité, ouverture et tradition 1.1.1. Des avancées dans la modernité Vu d’ailleurs, le Maroc a des atouts indéniables liés à sa position stratégique, à ses ressources agricoles, ses activités minières, le tourisme, ses diasporas, son ensoleillement… Il sort progressivement des pesanteurs du passé et vit des changements de grande ampleur. Une société civile émerge et s’impose. Le secteur agricole, en réalité fragile, nécessite une réflexion sur les stratégies de développement en vue d’une gestion compétitive soucieuse de la protection de l’environnement, car les changements climatiques, la désertification et le renforcement du stress hydrique sont des facteurs de plus en plus critiques. Le Maroc tend à moderniser son agriculture. Il a lancé le « Plan Maroc vert » et créé l’Agence de développement agricole chargée de travailler sur deux piliers : le développement accéléré de l’agriculture à forte valeur ajoutée et à forte productivité, mais aussi parallèlement la mise à niveau solidaire de la petite agriculture couplée à l’investissement social et à la lutte contre la pauvreté rurale5. Outre ses missions de gestion du PMV et des partenariats avec les investisseurs institutionnels et locaux, cette nouvelle entité doit assurer une veille stratégique et le renouvellement de l’offre Maroc. Par ailleurs le Maroc vise le leadership dans le secteur de la sous-traitance selon les propos de M. Abass El Fassi lors de la première réunion du Conseil stratégique de l’Offshoring tenue à Rabat le mercredi 19 mars 2008. Le pays offre un « fort potentiel de développement en raison de la demande en prestation de services qui émanera au cours des dix prochaines années des pays européens, mais aussi grâce à la position géographique du Maroc, à sa dimension culturelle et à sa dynamique économique, qui en font un pôle à forte attractivité pour de nombreuses sociétés, particulièrement francophones et hispanophones désireuses de délocaliser une partie de leurs activités » à haute valeur ajoutée6. L’exemple du secteur de l’aéronautique montre que l’innovation est considérée comme un axe clé. La société Teuchos Maroc, relevant du groupe Safran7, pionnier au niveau mondial dans ce domaine, s’est vu attribuer la gestion d’un centre de recherches, d’études et d’ingénierie 4 ROYAUME DU MAROC. Haut Commissariat au plan, Prospective Maroc 2030, Eveil aux problématiques du Maroc de 2030, [en ligne], consulté le 2 mai 2008. Http://www.hcp.ma/publication.aspx. 5 Atika Haimoud. « Développement agricole : création d’une agence spécialisée », Aujourd’hui le Maroc, 24 avril 2008. Http://www.aujourdhui.ma/economie-details61318.html. 6 ROYAUME DU MAROC. Premier Ministre, Allocution du Premier Ministre lors de la 1ère réunion du Conseil stratégique de l’Offshoring, [en ligne], 19 mars 2008, [consulté le 13 mai 2008]. Http://www.pm.gov.ma/fr/detail.aspx?id=1330&cat=1&Lg=Fr. 7 Créée en juillet 2005, filiale à 100% de Teuchos du groupe Safran, a signé en 2009 une convention de partenariat avec l’Ecole Mohammadia d’Ingénieurs (EMI) portant sur la formation et la recherche dans le domaine de l’aéronautique. « Teuchos Maroc et l’Ecole Mohammadia d’Ingénieurs créent une filière en aéronautique » ActuMaroc, 23 mai 2009. Http://www.actumaroc.com/maroc/13818/. 7 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School aéronautiques, cinquième de ce type au Maroc. La première pierre a été posée en 2006 et il a été inauguré en octobre 2008. Fournissant des composants aéronautiques aux grandes compagnies internationales, telles que Airbus et les sociétés relevant du groupe Safran, ce centre devrait devenir un pôle technologique et un espace permettant aux ingénieurs et aux techniciens de haute compétence d’effectuer des études et des recherches8. La société Zodiac Aerospace Maroc offre un autre exemple de ce dynamisme. Elle réalisera une entité d'études et de production d'équipements aéronautiques à Aïn Johra (province de Khémisset), pour un investissement d'environ 135 millions de DH, aux termes d'un contrat dont la signature a eu lieu en janvier 2009 à Rabat.9 Le Maroc ambitionne d’être une plate-forme d’investissement pour les métiers de l’aéronautique et plus globalement il cherche à attirer les investissements dans les secteurs non polluants et à forte valeur ajoutée. Le Maroc attire de plus en plus d’investisseurs étrangers bien que le rapport de la CNUCED 200710 considère le capital étranger insuffisant pour soutenir la croissance et la diversification. En 2006, les IDE ont dépassé 25 milliards de dirhams essentiellement dans les secteurs de l’industrie du tourisme de l’immobilier, le secteur bancaire et l’assurance. Les investissements arabes sont passés de 2,8 milliards de dirhams en 2001 à 17,3 milliards en 2006 (28 % des investissements approuvés dans le cadre de la commission des investissements) et à 20,15 milliards en août 2007 selon la dite commission. En novembre 2007 s’est tenu à Rabat une réunion réunissant plus de cent investisseurs des pays du Golfe parmi lesquels Abraj Capital, Al Baraka Real Estate, Amlak, Emaar, Mobily, Diyar Qatariya, Taameen, Noor Investment, Saudi National Bank, International Islamic Bank of Qatar, Al Qudra Holding11. Selon une étude britannique de FDI Intelligence12, le Maroc est la 3e meilleure destination des investissements directs étrangers en Afrique, derrière l’Afrique du Sud et l’Egypte. La création du fonds HASSAN II pour le développement économique et social, accordant des aides directes pour un soutien à l'investissement dans certains secteurs industriels à fort potentiel et des facilités douanières, y aurait largement contribué. L’ouverture de l’économie se confirme également avec la poursuite des privatisations. La compagnie de navigation maritime Comavav a été vendue à un consortium franco- 8 Mounir Rochdi et Siham Harroussi. Le Maroc à l’ère de l’Intelligence Economique, Ingoguerre [en ligne], 9 décembre 2006, [consulté le 10 mai 2008.]. Http://www.infoguerre.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=1039&Itemid=2. 9 Aéronautique : Signature d'un contrat d'investissement de 135 MDH, Portail maroc.ma [en ligne], 27 janvier 2009. Http://www.maroc.ma/NR/exeres/0A9F5DEA-D805-447F-B88B-28F248FCD575.htm. 10 CONFERENCE DES NATIONS UNIES SUR LE COMMERCE ET LE DEVELOPPEMENT. Genève. Rapport sur l’investissement dans le monde [en ligne], Genève, Cnuced, 2007, PDF, 176 pages, 2762 Ko. Http://www.unctad.org/Templates/webflyer.asp?docid=9001&intItemID=4361&lang=2&mode=downloads. 11 « Une réunion exceptionnelle rassemble à Rabat plus de 100 investisseurs des pays du Golfe », Aujourd’hui le Maroc [en ligne], 20 novembre 2007, consulté le 12 mai 2008. Http://www.aujourdhui.ma/economie-details58110.html. 12 « African countries of the future 2009-2010», FDI Magazine: the business of globalisation, [en ligne], August 18, 2009. Http://www.fdimagazine.com/news/fullstory.php/aid/3015/African_Countries_of_the_Future_2009_10.html. Un panel d'experts indépendants a élaboré pour FDI sur la base de données couvrant 59 pays africains, une étude analysant leur situation en prenant en compte le potentiel économique, les ressources humaines, les études de coûts, la qualité de vie, les infrastructures, l'ouverture économique et la stratégie des investissements (voir résultats détaillés dans l’étude en ligne). FDI Intelligence est une division spécialisée du «Financial Times LTD» qui vise à fournir aux investisseurs des données indépendantes afin de les aider à prendre des décisions au sujet des investissements étrangers directs. http://fdiintelligence.com/index.cfm?page_name=home. Selon les dires de la presse professionnelle marocaine en 2008, le Maroc demeurerait la première destination des investissements étrangers directs (IED) au Maghreb, drainant, entre 2001 et 2007, des flux de plus de 13,6 milliards de dollars qui lui aurait permis de surpasser nettement les pays de la région. En 2007, le Maroc aurait attiré environ 2,57 milliards de dollars d’IED contre 2,4 milliards en 2006. La répartition des IED au Maroc par pays d’origine montrait la prédominance des membres de l’Union européenne, conduits par la France avec 14,42 milliards de dirhams (1 dollar = 7,5 dirhams) et l’Espagne avec 6,08 milliards en 2007. « Le Maroc 1ère destination des investissements étrangers au Maghreb », [en ligne], 14 octobre 2008, Http://www.carrefourmaroc.info/content/view/178/2/ 8 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School espagnol ; le solde du capital public de la Régie des Tabacs a été cédé à Altadis, groupe franco-espagnol ; Maroc Telecom a vendu 4 % du capital public, etc. Les banques marocaines, confrontées à la faiblesse de l’épargne et à une maturité trop courte pour financer des investissements à long terme, ainsi qu’à la faiblesse de la bancarisation du fait de l’importance des circuits informels, cherchent par ailleurs à contrer les investissements des banques islamiques. Elles voient dans le financement halal une opportunité13. Les holdings en provenance des Émirats arabes finissent par installer leurs sièges au Maroc alors que les fonds de pension américains y investissent de plus en plus 14. Par ailleurs, des banques, des entreprises étatiques et privées marocaines (Maroc Telecom, Royal Air Maroc, la Comavav, etc.), concrétisent leur assaut sur le territoire africain, prennent des parts de capitaux dans des sociétés ou dans des établissements financiers africains, investissent dans l’hôtellerie et le tourisme ou le bâtiment. Une filiale du holding ONA exploite des mines d’or au Congo et d’autres mines en Guinée, au Burkina et distribue des biens alimentaires dans divers pays. La Attijariwafabank, qui compte parmi ses actionnaires le Groupe ONA, Grupo Santander et le Crédit Agricole SA., est la première banque privée d’Afrique du Nord. Elle veille à être présente dans tous les pays, où existe une communauté marocaine significative, notamment au Sénégal, en Tunisie, voire en Algérie. Des conventions de coopération et des accords douaniers sont signés tandis que le Maroc accueille des étudiants africains et annule la dette de certains pays. Le Maroc est fortement engagé dans le libre-échange avec un réseau d’accords commerciaux conclus avec les États-Unis, l’Union européenne, et avec d’autres partenaires comme la Tunisie, la Jordanie, l’Egypte, les Emirats Arabes Unis, la Turquie… Seize conventions et accords commerciaux ont été signés entre le Maroc et la France lors de la 9e rencontre franco-marocaine des chefs de gouvernement tenue à Rabat le 18 avril 2008. Ils concernent la coopération judiciaire, le financement des infrastructures de base, en passant par l’enseignement, la protection civile, la formation professionnelle et les finances, la décentralisation et l’aménagement du territoire 15. Une crainte liée à différents accords anime cependant des pays du Sud. Ils redoutent que s’instaure un protectorat économique régi par des discours humains ou sécuritaires. Lors du 2e sommet Afrique-UE tenu à Lisbonne en décembre 2007, qui a réuni 52 pays membres de l’Union africaine, ainsi que le Maroc et 27 pays européens, les pays du Sud ont affirmé leur volonté de voir évoluer leurs relations avec l’Europe dans le cadre d’un partenariat d’égal à égal. Ils ont adopté une stratégie conjointe et un plan d’action axé sur huit axes prioritaires : la paix, la sécurité, la lutte contre le terrorisme, l’immigration, la pollution, la désertification, la bonne gouvernance, la démocratie et les Droits de l’homme. Ils se sont cependant opposés aux accords de partenariat économique (APE) visant à instaurer le libre échange entre les 13 Finance islamique aussi dénommée Sharia Finance ou Sharia Banking. Plus généralement, La finance islamique doit être pensée comme une opportunité nationale davantage que comme une menace. Lire à ce propos Jean-Paul Laramée, « La Finance islamique à la française : un moteur pour l’économie une alternative éthique, Secure Finance, 2008, 319 p. et http://www.financeislamiquefrance.fr. 14 « Maroc 2007 », Risques internationaux : dossier risques et opportunités, n° 79, 15 juin 2007, 5 p. 15 Meriem Allam, « Seize contrats pour renforcer le partenariat », Aujourd’hui le Maroc [en ligne], 21 avril 2008. Http://www.aujourdhui.ma/economie-details61253.html 9 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School pays africains et l’UE. Le Maroc préconise des partenariats entre des regroupements régionaux pour favoriser une vision stratégique d’ensemble et appréhender l’Afrique dans sa globalité ; pour favoriser l’action entre groupes européens et africains, renforcer les dialogues Nord-Sud et Sud-Sud16. Au Forum de Paris, dédié au devenir de l’Union pour la Méditerranée, qui le 30 mars 2008 a rassemblé 72 intervenants de haut niveau, la philosophe tunisienne Hélé Beji, a précisé que l’une des conditions de la réussite serait que l’Europe cessât de « vouloir faire de son modèle démocratique le référent absolu et la condition de la coopération ». Selon ses idées « cette démocratie impériale apparaissait à certains égards comme une injonction quasi religieuse ! Les démocraties européennes devaient apprendre à considérer que les cheminements des différents peuples étaient spécifiques et divers ». L’ambassadeur marocain Hassan Abouyoub a lui aussi déclaré lors des rencontres du forum de Paris en mars 2008 : « Il ne faut pas à Bruxelles, confier les dossiers relatifs au destin du Maroc et des pays du sud à des personnes qui ignorent tout de la Méditerranée ». Il a ajouté qu’il fallait « ne pas s’enfermer entre élites » en faisant « en sorte que les populations s’approprient le projet »17. Mais, alors que le Maroc ambitionne d’être un acteur moteur de sa destinée internationale, certaines résiliences et manœuvres pourraient entraver sa détermination. 1.1.2 Les forces de la tradition et les manœuvres étrangères En effet, une absence de confiance et la crainte de l’avenir freinent l’évolution. Selon Abdelmalek Alaoui, président du Forum francophone des affaires au Maroc (FFA), la résistance au changement est une pratique due en grande partie à l’héritage colonial. « La propension marocaine à copier, adopter, et restituer les pratiques en vigueur en France a profondément affecté la psychologie du tissu entrepreneurial. Ce « tropisme français » s’est transformé en une « maladie marocaine, une certaine tendance au conservatisme et à l’application du « principe de précaution, qui se reflète dans l’attitude économique des marocains »18. Deux comportements qui relèvent des questions de sécurité peuvent être aussi soulevés : l’exclusion des Occidentaux par l’appel à la haine et, en face, la montée des extrémismes provocateurs contre l’islam. Ces positions excessives nuisent à la construction d’échanges et à la maîtrise raisonnée des flux migratoires, ainsi qu’au développement du tourisme et des affaires. Ambitionner d’attirer les investisseurs de manière durable nécessite de réformer la bureaucratie. La qualité des institutions, l’accès au foncier et la complexité des procédures qui représentent un frein à l’IDE sont perfectibles. Il conviendrait également de lutter contre « une économie rentière corrompue, fermée et mal gouvernée », contre l’élévation des coûts administratifs, véritables freins à l’attractivité19. Il s’avèrerait ainsi nécessaire de réduire les délais d’octroi de licences et d’exécution des contrats, d’abaisser les coûts de transports, 16 Le Sommet de Lisbonne "un pas historique" vers l’édification de nouvelles relations entre l’Afrique et l’Europe (M. El Fassi), [en ligne], 9 décembre 2007, [consulté le 10 mai 2008]. Http://www.avmaroc.com/actualite/sommet-lisbonne-pasa111396.html. 17 Alfred Mignot, Forum de Paris - Union pour la Méditerranée – Unesco, L’UPM, ambition réaliste ou utopie ? voxlatina.com [en ligne], 30 mars 2008 [consulté le 10 mai 2008]. Http://www.voxlatina.com/vox_dsp2.php3?art=2113. 18 Les premiers extraits d’Intelligence économique : pourquoi le Maroc ne peut pas y échapper ? , Forum Francophone des Affaires, [en ligne], consulté le 10 mai 2008]. Http://ffa-maroc.org//index.php?option=com_content&task=view&id=18&Itemid=1. 19 Khadija El Issaoui (docteur et chercheur en économie) « Le Maroc au cœur de la problématique de l’attractivité », Afrik.com, [en ligne,] 12 avril 2008, consulté le 12 mai 2008.http://www.afrik.com/article14083.html. 10 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School d’améliorer les délais de livraison. Promod n’a-t-elle pas menacé de déménager en Tunisie en raison de la proximité et de la réactivité d’exécution de nouvelles commandes 20 ! Le rapport « Doing Business au Maroc» 21 réalisé par la Banque mondiale en 2008 analyse les réglementations favorisant ou limitant la création d’entreprises, l’octroi de licences, le transfert de la propriété et l’exécution des contrats. Il note un fort besoin de réforme pour atteindre un meilleur classement. Le rapport 2010 note une progression du Maroc du 130ème au 128ème rang mais le classe parmi les 27 pays identifiés comme compliquant les affaires en ce qui concerne l’obtention de prêts. L’institut américain Heritage Foundation et le Wall Street Journal lui ont attribué la 101ème position en fonction du calcul de l’indice de liberté économique sur 179 pays étudiés et la 12ème position par rapport aux 17 pays de la région MENA. Malgré une amélioration de 3 points par rapport au score de l'année précédente, le système judiciaire du Royaume serait, selon le rapport "The Index of Economic Freedom", encore inefficace et souffrirait de corruption et d'interférences politiques. Les résultats sont toutefois contestés. Le score du Maroc devrait être de 70 au lieu de 50. Ce qui le classerait à la 78ème place sur 179 pays22. Il faut également regretter des fragilités profondes comme la pauvreté, les inégalités, l’analphabétisme, l’arrivée sur le marché du travail de masses importantes de personnes, nées entre 70 et 80 et un fort taux de chômage, bien que sensiblement en baisse au premier trimestre 2008, avec un taux de 9,6 %23. La désaffection à l’égard du politique se poursuit, dans l’opinion marocaine, alors même que le pouvoir se durcit face à une grogne sociale croissante24. La situation des Droits de l’homme suscite des manifestations contre les arrestations de personnes accusées d’avoir porté atteinte aux « valeurs sacrées ». Par ailleurs, la hausse des prix des denrées de première nécessité (huile, sucre, farine, lentilles, pâtes…), le renchérissement des cours du pétrole et du blé sur le marché international sont aussi des sources de contestations. Patrimoine naturel et culturel dans une région stratégique, le Maroc, économiquement porteur, est la cible de puissances étrangères qui déploient des manœuvres indirectes pas toujours perceptibles au premier regard. Les États-Unis, qui ont une culture du défi et sont en permanence à la recherche de nouvelles profitabilités, ambitionnent de modeler le monde « shapping the world », en s’appuyant sur leur puissance capacitaire (militaire, financière, technologies de l’information et de la communication, standards technologiques, dispositif commercial, etc.), mais aussi en déployant à l’échelle planétaire leur soft power qui s’appuie sur des tactiques subtiles de social Learning, capacity building, verrouillage des organigrammes, occupation de postes clés dans les instances décisionnaires internationales, diffusion de concepts, etc. Les manœuvres de perception management sont portées par un lourd dispositif dans lesquelles les Think Tanks, les agences gouvernementales comme l’USAID pour ne citer qu’elle, déploient toute leur force de conviction25. 20 Maghreb confidentiel, n° 827, 27 mars 2008. BANQUE MONDIALE. Washington. Doing Business au Maroc, [en ligne], 29 novembre 2008, PDF, 1,3MB Http://francais.doingbusiness.org/subnational/ExploreEconomies/morocco.aspx. 22Abdelali Boukhalef. « Indice de liberté économique, un classement biaisé pour le Maroc, le Matin.ma [en ligne], 04 octobre 2009. Http://www.lematin.ma/Actualite/Journal/Article.asp?idr=110&id=120553. 23 9,6 également pour 2009. Cela semble marquer une stabilisation du taux. 24 « Petits et gros soucis du Royaume, alertes et veilles », Risques internationaux : alertes [en ligne], n°95, 15 mars 2008. http://www.risques-internationaux.com. 25 L’agriculture intéresse tout particulièrement les américains. Une importante délégation américaine a occupé un stand de 180 m2 prenant part pour la troisième fois au Salon international de l’agriculture (SIAM) à Meknès. Le stand des États-Unis accueillait l’agence américaine pour le développement international (USAID) du Maroc, le programme du Millenium Challenge Corporation (MCC), le département américain de l’Agriculture (USDA), et le service commercial et le service des affaires publiques de l’ambassade des États-Unis. Dans le cadre de son programme baptisé « Agriculture et agrobusiness intégrés » (AAI), l’USAID présentait une analyse des filières de l’olive, de la viande ovine et des petits fruits rouges. 21 11 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School Par ailleurs, en quête de puissance et de matières premières, les Chinois accroissent également leur influence. L’exemple du textile montre qu’ils exercent un dumping majeur sur les prix, prouvent leur capacité de rattrapage grâce leurs facultés d’innovation, de benchmarking, de copie. Les français considèrent qu’il faut toujours avoir deux temps d’avance pour pouvoir se développer par rapport à la Chine26. Sans compter que celle-ci déploie ses Instituts Confucius et devrait se montrer plus redoutable dans la pratique du soft power que les Américains. La présence de l’Inde est plus discrète mais bien réelle. La France, quant à elle, peut s’appuyer sur une communauté française solidement implantée et sur la francophonie pour développer des réseaux économiques et d’influence. Les Européens, préoccupés par la lutte contre le terrorisme et les mouvements migratoires, s’évertuent à persuader de la nécessité de travailler avec les occidentaux sur les enjeux sécuritaires de la zone méditerranée, mais aussi sur les potentiels de développement du pourtour Maroc, pôle majeur d’ancrage. Il faudrait ici porter un regard plus incisif sur les faits pour vérifier si les puissances étrangères et les multinationales utilisent l’intelligence économique afin d’asseoir leur puissance et de s’assurer un profit ou afin de promouvoir un modèle de coopération internationale, l’enjeu affiché étant le développement et le rééquilibrage des relations de par le monde. Mais qu’en est-il au Maroc ? 1.2 L’Émergence de l’intelligence économique marocaine Parmi les pays arabes, le Maroc montre des initiatives particulièrement avancées en matière d’intelligence économique et de veille, porteuses par ailleurs de nouveaux emplois. Les actions s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie nationale ou émanent d’initiatives privées. Les dynamiques s’inspirent d’un modèle démocratique croyant à une modernité industrielle, mais aussi d’un modèle symbiotique qui favorise les TIC et un maillage en réseaux27. 1.2.1 Un engouement pour la veille L’intelligence économique, plutôt la veille, a fait son apparition au Maroc dans les années quatre-vingt-dix. La holding privée Omnium Nord Africain (ONA), l’Office national d’Electricité (ONE) ou encore l’Office chérifien de Phosphate (OCP), ont mis en place à cette époque, des cellules de veille dans un but de compétitivité pour protéger leur développement et leurs investissements. La veille a ensuite été boostée par la bulle spéculative et les difficultés à trouver des informations qualifiées. Quant à l’intelligence économique, Alaoui L’agence a présenté sa méthodologie d’analyse qui permet d’apprécier les filières dans leur ensemble, en commençant par une étude des marchés existants et potentiels. « L’analyse permet d’identifier les acteurs de chaque filière, de cartographier les relations entre ces acteurs, de définir leurs forces et leurs faiblesses, et de tracer le circuit des produits depuis la production jusqu’à la consommation. Cette opération permet, dans une filière bien intégrée, d’améliorer la compétitivité et la valeur ajoutée des produits. Lors d’un débat organisé en marge de la Foire sous le thème « Conquête du marché américain par les exportateurs : facteurs de blocage et solutions », les experts de l’agence américaine ont présenté également une approche de marketing pour les exportations marocaines sur le marché américain ». Leila el Attafi, « ÉtatUnis, l’agriculture marocaine séduit l’oncle Sam », Aujourd’hui le Maroc [en ligne], n° 1658, 26 avril 2008. Http://www.aujourdhui.ma/?mod=resultatQuery&choix_search=2&aa=2008&motcle=delegation+americaine&table=dossier s. 26 Mohamde Benabib, « Guerre économique : Le plus important, ne pas se faire avoir, Entretien avec Christian Harbulot », Leconomiste [en ligne], 15 mars 2006, [consulté le 16 mai 2008, http://www.spinpartners.fr/content/view/74/ 27 L’énergie circule mais il n’y a pas de centres, ni de hiérarchie. Modèle qui sous-tend le développement des TIC et des réseaux sociaux. 12 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School Abdelmalek révèle qu’elle s’est paradoxalement illustrée par son absence. Le scandale « Ennajate » en 2002 fut un déclic28. Les PME/PMI maîtrisent peu le concept, tandis que des organismes publics, régionaux et des associations œuvrent pour appuyer des actions, sensibiliser, former proposer des services. L’association marocaine pour la Recherche-Développement, R&D Maroc, a organisé en mars 2005 un colloque « veille stratégique et compétitivité », consacré à l’importance de la veille technologique. Cette association professionnelle, reconnue d’utilité publique en 2001, s’emploie à promouvoir l’innovation et la R&D, en particulier auprès des PME/PMI. Elle ambitionne de contribuer à améliorer l’efficacité du système national de recherche et d’innovation, à valoriser les résultats de la recherche et à faire émerger une économie compétitive basée sur le savoir29. Un consortium constitué de l’Institut marocain de l’information scientifique et technique IMIST, division du Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST) et de treize universités marocaines, a conclu début 2008 un accord avec Elsevier octroyant l’accès à deux ressources électroniques SciendeDirect et Scopus30. L’IMIST étudie par ailleurs l’acquisition d’autres sources scientifiques et techniques, publie une lettre électronique et a créé le catalogue national des thèses et mémoires (Toubkal). Les secteurs du tourisme et des investissements directs étrangers (IDE) sont des domaines où la veille trouve son terrain de prédilection. Comment le Maroc est-il perçu ? Que font les pays concurrents ? Quelles sont les menaces qui pèsent sur le pays ? Comment évaluer le risque-pays ? Ce sont quelques interrogations parmi d'autres qui mériteraient d'être traitées de très près et à grande échelle. Le gouvernement a décidé, dans le cadre de sa stratégie nationale d’intelligence économique, de mettre en place le Centre de Veille Stratégique CVS, après en avoir confié l’étude de faisabilité au cabinet français SpinPartners. Cette structure a donc été instituée auprès des services du Premier Ministre au sein de la direction des investissements, aujourd’hui dissoute au profit d’une agence nationale. Les missions du CVS étaient d’observer les mouvements de capitaux découlant des investissements directs étrangers à travers le monde en rapport avec le Maroc, en focalisant sur certains secteurs spécifiques l’offshoring, l’automobile, l’agroalimentaire, les produits de la mer et l’industrie textile mais aussi hors plan comme les nanotechnologies et le tourisme31. Il se devait d’essaimer et de promouvoir les pratiques de l’intelligence économique et de la veille dans les institutions publiques, les associations professionnelles et les entreprises, cela dans le cadre du plan Emergence. Cependant il faut déplorer qu’il s’avère un échec, la plupart de ses cadres ayant quitté la structure32. Son site n’est d’ailleurs guère à jour. Dans le domaine des exportations, le Centre marocain de promotion des exportations (CMPE) établissement public créé en 1976, sous tutelle du ministère du commerce extérieur, 28 Abdelmalek Alaoui, Intelligence économique et guerres secrètes au Maroc, Monaco, Koutoubia, éditions Alphée, 2009, 189 p. Une société soit disant basée aux Emirats Arabes Unis et affichant grand standing abusa du soutien des pouvoirs publics marocains, aveugles à la forfaiture. Elle proposa plusieurs dizaines de milliers de contrats d’embauche dans l’industrie du loisir en imposant cependant un « examen » médical surfacturé. L’arnaque de type Advanced fee Fraud coûta près de 10 millions de dollars à l’économie marocaine. 29 http://www.rdmaroc.com/presentation.php 30 Nassima Akariou. Démocratisation de l’accès aux ressources électroniques via un consortium marocain, veille.ma, [en ligne], 6 mai 2008, [consulté le 16 mai 2008]. Http://www.veille.ma/+Democratisation-de-l-acces-aux+.html. 31 Programme « Emergence » présenté au souverain le 21 décembre 2006 pour créer de la richesse, donc de l’emploi et de la croissance et pour créer des activités exportatrices à haute valeur ajoutée en s’appuyant sur une étude de McKinsey faisant ressortir les atouts proximité, main-d’œuvre qualifiée, accès aux marchés, qualité de vie. 32 Alaoui Abdelmalek, Op. Cit., p. 85 13 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School mais doté de personnalité morale et d’autonomie financière, oriente et assiste les exportateurs de produits industriels, agroalimentaires, de services et de tous produits qui ne relèvent pas, en vertu d’une disposition législative ou réglementaire, de la compétence d’autres administrations ou organismes. Il s’est modernisé et a développé un site web interactif. L’Association marocaine des exportateurs (ASMEX), organisme associatif privé créé en 1982, a pour mission de représenter et de promouvoir les intérêts des exportateurs marocains, de les soutenir dans le développement de leurs compétences et de leur compétitivité en œuvrant à défendre leurs intérêts, et d’élargir leurs débouchés, en favorisant l´investissement et le partenariat multiforme avec les opérateurs étrangers. Le site propose en ligne des guides pratiques, un accès à des bases de données comme Intracen, Trademap, P-maps et des études pays. Le Centre national de documentation (CND), service de l’État géré de manière autonome (SEGMA), est une direction centrale sous tutelle du Haut Commissariat au Plan. Il est plus spécialement chargé d’assurer le traitement et l’informatisation des données concernant le Royaume du Maroc, d’accueillir les usagers et de diffuser des produits documentaires nationaux et internationaux. Sa division « Centre de Documentation et d’Information Multimédia » a organisé un séminaire « veille et textmining », les 24-25 mai 200733. Le programme témoignait de l’intérêt porté par les institutions et les entreprises marocaines aux technologies avancées de veille et de management des connaissances. Il met à disposition un portail de recherche documentaire « Abhatoo » ainsi qu’un portail de veille « Maraacid » qui concerne principalement le développement économique, social et durable du Maroc dans son environnement euro-méditerranéen et qui propose comme thématiques le tourisme ; l’énergie et les mines ; la pauvreté et la précarité ; la conjoncture ; l’artisanat ; le commerce ; l’enseignement, l’éducation et la formation ; l’industrie ; l’agriculture ; la pêche ; l’habitat, le logement et l’urbanisme (L.U.H). Seront mis en ligne courant 2009-2010 l’emploi et le travail ; l’économie de services ; l’environnement ; les équipements et infrastructures, la nouvelle économie ; la recherche développement ; le transport ; la santé ; la culture ; le droit et la justice ; l’information et la communication ainsi que les sports et loisirs34. La plupart des organismes qui fournissent des services d’information et de veille se sont informatisés. Cela explique le succès de grandes sociétés du marché de l’information comme par exemple Digimind, Datops racheté par LexisNexis. Cybion, Knowings, Iscope, Témis, Pertinence Mining, etc. Cherchant à gagner des contrats elles possèdent en général une représentation permanente sur place comme d’ailleurs certains cabinets d’intelligence économique. 1.2.2. Des initiatives portées par de fortes personnalités Une analyse critique de l’intelligence économique au Maroc ferait ressortir que le nombre d’acteurs qui se préoccupent de la guerre économique et informationnelle « reste insignifiant au regard des menaces » et que les moyens humains et financiers alloués sont faibles35. Alaoui Abdelmalek reproche le manque de spécialistes, de formation spécifique et 33 34 35 Http://www.cnd.hcp.ma. Http://www.cnd.hcp.ma/Portail-de-Veille-du-CND-Maraacid_a21.html. Alaoui Abdelmalek, Op. Cit. p.80. 14 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School de campagne de sensibilisation des PME, l’absence de culture du partenariat public - privé et de développement de la transversalité, ainsi que le manque de culture du partage et « l’opacité des circuits institutionnels fournissant des informations stratégiques ». Il critique globalement « l’absence de visibilité totale quant à la stratégie du pays face aux nécessités de la guerre économique » et « "une pudeur lexicale" aiguë face aux métiers liés à l’intelligence économique et au lobbying. Il faut cependant citer quelques initiatives marquantes. Les rencontres de Tetouan de novembre 2004 ont prouvé la volonté de construire une politique et une démarche d’intelligence économique et plus finement territoriale. Cette initiative engageait le Maroc et les pays émergents du sud à réfléchir sur les nouvelles stratégies permettant d’endogénéiser les connaissances et les savoir-faire, l’intelligence économique et la veille étant censées transformer la R&D en support essentiel de la création de la valeur et des richesses et apporter des avantages stratégiques. Driss Alaoui Mdaghri, ancien Ministre (Energie et Mines, Jeunesse et Sports, Communication), et enseignant dans nombre d’écoles/Universités, est à « l’origine d’un projet sur l’économie du savoir et l’intelligence économique au Maroc. Certains entrepreneurs marocains ont bien compris les enjeux des prestations de veille au Maroc. Des investisseurs ont mis en place des structures importantes dédiées à ce type de prestation. Mohammed El Maaroufi a crée un espace virtuel « Evem », dédié aux entrepreneurs et dirigeants mettant à leur disposition des informations décisionnelles, des guides professionnels pratiques et offrant une plate forme didactique pour les universitaires et les grandes écoles. Un volet entreprise citoyenne appuie la mise en place d’un réseau d’informations dédiées au développement humain 36. « Veille.ma » est le premier portail marocain bilingue français-arabe qui traite de la veille et de l’IE. Il a été lancé par Mounir Rochdi et Siham Harroussi. Il se compose d’un observatoire de l’économie regroupant des informations quotidiennement mises à jour sur l’économie nationale et principalement sur les secteurs économiques stratégiques pour le Maroc. Un deuxième observatoire est dédié quant à lui au monde de la veille et de l’IE, avec en supplément un annuaire de sites spécialisés et d’outils de veille. Les fondateurs ont également lancé un équivalent pour l’économie européenne : Veille & IE 37. Mohammed Benabid, rédacteur en chef de L’Économiste, s’intéresse plus particulièrement au domaine de l’intelligence économique et à ses applications au Maroc. La première conférence internationale sur l’intelligence territoriale s’est tenue à Casablanca les 22 et 23 mars (2007) à l’initiative de l’Association marocaine d’intelligence économique et du Forum francophone des Affaires au Maroc. Ella a réuni des experts internationaux, des spécialistes marocains et des chefs d’entreprises qui ont comparé divers systèmes territoriaux étrangers « afin de réfléchir aux défis de l’intelligence des territoires, ou comment placer au cœur de la réflexion nationale les problématiques liées aux spécificités des territoires »38. Intervenant sur le Maroc, le président du FFA Maroc, Alaoui Abdelmalek, 36 Http://www.evem.ma. Http://veille-intelligence-economique.fr. 38 Yazid Sabeg, Président de CS Communication et Système (Matériel de défense), le Général Jean Bernard Pinatel, Président de la Fepie, Le Général Jean Louis Esquivié , Président d’honneur de L’IERSE, Moulay Driss Alaoui M’daghri, Président de l’AMIE, Lamghari Essakl, Président de l’Agence du Bouregreg, Tawfik Mouline, Président de l’IRES et chargé de mission au cabinet Royal, et Abdelmalek Alaoui, Président du FFA Maroc. FFA Maroc M. Alaoui : La chance du Maroc, c’est l’autonomie du Sahara, Forum Francophone des Affaires, mise à jour 11 décembre 2007. Http://ffamaroc.org//index.php?option=com_content&task=view&id=2&Itemid=1 37 15 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School y déclara que le plan d’autonomie des provinces du Sud, qui devait être présenté incessamment à l’ONU, constituerait « un modèle d’intelligence territoriale unique qui correspond à l’histoire du Royaume, tout en ouvrant la porte à un développement dans lequel la solidarité nationale s’exprime en respectant les identités régionales ». La publication de son ouvrage « intelligence économique et guerres secrètes au Maroc » confirme son combat, l’enjeu fondamental pour le Maroc étant de parvenir à créer « une culture de veille stratégique originale, qui emprunte aux modèles étrangers le meilleur de ce qu’ils ont à offrir ». Un « manager hybride » doit émerger « qui sait surveiller comme les chinois, analyser comme les français et agir comme les américains… » (Les pointillés laissent envisager d’autres imprégnations). Ces avancées confirment qu’il serait regrettable que des entreprises, obnubilées par les parts de marché, se cantonnent à des formes simplifiées de veille stratégique déclinée en veilles concurrentielles, commerciales, technologiques. L’intelligence économique n’est pas réductible à la veille, qui se révèle décalée, alors qu’en coulisses des compétiteurs étrangers donnent une autre portée à l’intelligence en accordant une large place au renseignement ciblé, à la protection du secret et aux stratégies d’influence. Les organisations en alerte doivent développer un système d’intelligence économique s’appuyant sur des veilles et du renseignement de sûreté (Francart, 2002), plus précis, élaboré à partir des activités d’observation et d’investigation de personnes qui en ont l’expertise en fonction des circonstances et de l’ambiance, et dont la mission est d’apporter un éclairage pertinent. La veille a pénétré les mœurs affairistes marocaines. Peut-on dire pour autant que dans l’ensemble, la dimension globale de l’intelligence économique est intégrée ? Que le concept est appréhendé dans toute sa dimension par les acteurs publics et privés en fonction des stratégies à long terme et en temps que facteur de progrès social ? La doctrine française développée à partir de la comparaison de divers systèmes étrangers pourrait inspirer la conception d’un système marocain, sans pour cela tomber dans le « tropisme français » décrié par Aloui Abdelmalek. L’ancien haut fonctionnaire chargé d’intelligence économique, Alain Juillet39, la présente comme « la maîtrise et la protection de l’information stratégique pour tout acteur économique. Elle a pour triple finalité la compétitivité du tissu industriel, la sécurité de l’économie et des entreprises et le renforcement de l’influence ». Le député Bernard Carayon affirme que « L’intelligence économique, politique publique par excellence d’identification, de protection et de promotion des intérêts majeurs, en territoire, en France et dans le Monde, apparaît comme la grille de lecture d’une économie mondialisée, singulière certes par la fluidité des échanges, mais plus encore par la construction de rapports de force, qui dérogent aux règles libérales classiques d’organisation des marchés ». Le Maroc saura-t-il s’appuyer sur une intelligence économique bien pensée et vécue pour relever les nombreux défis auxquels il est et sera exposé ? Peut-on oser penser que l’intelligence économique marocaine échappera aux corporatismes, aux cloisonnements 39 Fonction qu’Alain Juillet, nommé par Jacques Chirac alors Président de la République exerça au sein du Secrétariat Général de la défense nationale du 31 décembre 2003 au 27 mai 2009. En août 2009 il a intégré le cabinet américain d'avocats d'affaires Orrick. 16 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School public/privé/académique, aux individualismes, qu’elle s’affranchira des structures hiérarchiques pour gagner en fluidité, qu’elle se libèrera des jeux de pouvoir portés par l’asymétrie de l’information ? Comment peut-elle s’imposer en tant qu’état d’esprit concerté, en tant que démarche pour dynamiser des stratégies individuelles et collectives à long terme porteuses de progrès sociétal ? 2. Une avancée vers une intelligence globale porteuse de sécurité et de progrès social « L’intelligence économique n’est pas aliénée à un effet de mode, mais correspond bien à un impératif de premier plan pour les acteurs exposés à la compétition mondiale ». Elle peut être vue comme « un outil de performance économique, un facteur de compétitivité et de consolidation du rayonnement du Maroc au sein du concert des nations modernes ». L’influence devient possible à travers « la mise en place de dispositifs de surveillance, fournissant des informations fiables, permettant de scruter les concurrents, les opportunités d’affaires, les technologies et les nouveaux procédés »40. L’idée progresse dans les milieux économiques qui mettent en avant l’importance du soutien politique. Selon Abdelmalek Alaoui 41: « Le Maroc ne peut pas échapper à l’intelligence économique », pratique selon lui qui consiste à « surveiller son environnement sur trois échiquiers : Géostratégique, Concurrentiel, Sociétal pour l’aide à la décision stratégique ». Il énonce les pistes à privilégier pour instituer une démarche nationale d’intelligence économique qui soit adaptée au modèle de développement du Royaume du Maroc, pour lui, confronté à mille défis. Une stratégie nationale d’IE viendrait donner un cadre de cohérence aux chantiers tous azimuts lancés durant les dernières années, définir un périmètre de sécurité économique, renforcer la compétitivité, accompagner les entreprises marocaines dans leur développement international, identifier les risques informationnels42. Abdelmalek Alaoui voit en l’intelligence économique l’ambition d’une démarche qui permettrait au Royaume de renforcer sa compétitivité, tout en laissant s’exprimer sereinement la solidarité nationale. 40 Extrait de l’allocution de M. Rachid Talbi El Alimi alors Ministre des affaires économiques et générales et maire de Tétouan aux rencontres Internationales de Tétouan, 25-26-27 novembre 2004 cité par P. Clerc. L’Intelligence économique au Maroc, Regards sur l’IE, n° 10, juillet-août 2005, pp. 56-58. 41 Les premiers extraits du livre de Abdelmalek Alaoui « Intelligence économique : pourquoi le Maroc ne peut pas y échapper », Forum Francophone des affaires [en ligne], 3 janvier 2008, consulté le 9 mai 2008. Http://ffamaroc.org//index.php?option=com_content&task=view&id=18&Itemid=1. Il y explique sa synthèse de la vision des études menées par le Forum Francophone des affaires au cours des deux dernières années. Fondé en 1987 ce dernier est pour Stève Gentili (chef d’entreprise, président du conseil d’administration de la BRED et président international du FFA) « la seule organisation économique reconnue comme institution officielle par le sommet des chefs d’État et de gouvernement francophones. Trente ans après sa création, en 1970, à Niamey, la francophonie est devenue une organisation internationale à part entière qui réunit 55 pays ou communautés ayant le français en partage ». Entretien avec Stève GENTILI, Le monde n’est pas à dominer, il est à partager, Forum francophone des affaires [en ligne]. Http://ffamaroc.org//index.php?option=com_content&task=view&id=17&Itemid=25. 42 Idem 17 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School 2. 1 L’intelligence stratégique, une transformation culturelle portée par l’ambition d’une stratégie nationale de sécurité globale « Il n’est de richesses que d’hommes »43. Se rappeler cela peut éviter de parcellariser l’intelligence économique et d'en faire une approche uniquement centrée sur les TIC. 2.1.1. De l’opportunité de concevoir une intelligence économique propre à l’identité marocaine Sans volontés, initiatives et principes de base, l’intelligence économique ne peut ni prouver son efficacité ni perdurer. Son existence et sa durabilité présupposent une disposition culturelle qui incite à penser les futurs possibles, à maîtriser l’information, à comprendre des situations, à anticiper les moyens d’agir pour assurer une liberté d’action. La France le comprend lentement, tandis que la Chine est imprégnée de cette pratique stratégique séculaire. Le Maroc, tiraillé entre dynamique économique et conservatisme culturel, sembleprendre conscience de la nécessité de se donner du recul pour agir avec ambition mais de manière responsable. Le défi porte sur la capacité à développer et à légitimer une vision de l’avenir construite à partir des interdépendances de facteurs exogènes et endogènes qui favorisent ou contraignent la modernisation de l’économie et de la société. Il ne s’agit pas d’occulter le champ culturel dans lequel un « travail intelligent, colossal et critique de réappropriation du patrimoine arabe classique doit être lancé en vue de concilier cet héritage avec les temps modernes »44. Une doctrine propre à l’identité marocaine reste à définir en termes d’intelligence, de gouvernance et de coexistence. Confrontée à la complexité des relations internationales et engagé dans une dynamique de modernisation, le Maroc prendrait des risques en s’engouffrant tête baissée dans la globalisation financière qui d'évidence est certes liée à la profitabilité, mais aussi à la volatilité et à une spéculation éphémère. Il serait aussi dangereux de répondre sans prise de recul aux sollicitations de la Real Politik imposée par la superpuissance américaine qui affirme la suprématie des technologies et croit à une vision messianique de la démocratie dans laquelle les dimensions identitaires et du culturel trouvent peu de place. Céder à un angélisme ambiant par croyance en la prospérité, la paix, la réduction des inégalités n’est pas non plus la solution. Selon Xavier Guilhou (2005), le niveau d’entropie ambiant est tel que les systèmes de compréhension, les référentiels sont sérieusement malmenés et mis à l’épreuve45. Pour autant, une économie émergente ne doit pas se laisser réorienter de l’extérieur. Une vision très naïve et très dangereuse consiste à laisser les hommes d’affaires piloter un pays, comme l’illustre le cas de l’Argentine. Des multinationales étrangères à la recherche du profit y ont imposé le soja et cela au détriment des pâturages et de l’élevage (Harbulot, 2006)46. Le monde se transforme, se désarticule pour resurgir avec des dynamiques d’acteurs souvent inattendus. Le Maroc a su entamer un travail de prospective à l’échéance 2030 qui devrait lui 43 Jean Bodin. Mohamed ENNAJI, « Changement social, culture et valeurs », in Éveil aux problématiques du Maroc de 2030, Introduction aux forums I et II, 2004, pp. 63-69. 45 Xavier Guilhou, “Introduction”, in, Maroc, prospective 2030, environnement géostratégique et économique. La géostratégie, où va le monde ?, Forum I – session 1, 2005, p. 13. 46 Propos recueillis par Mohamed Benabid, « Entretien avec C. Harbulot, guerre économique : l’important, ne pas se faire avoir », L’Economiste, 15 mars 2006. Http://www.leconomiste.com/article.html?a=69301. 44 18 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School permettre de faire des choix opportuns et de se situer dans un contexte complexe géopolitique et économique mais aussi idéologique et culturel47. Embarqué dans une bataille économique mondiale, il peut valoriser ses atouts et proposer ses expertises. Pour cela il lui faut identifier avec réalisme et de manière dynamique les marchés stratégiques sachant qu’aucun facteur de différenciation n’est un acquis définitif. « Au cœur d’une émulation considérable en termes de potentiel mais aussi en termes de risques majeurs »48, il doit prendre en compte à la fois des opportunités de développement et des crispations, des radicalisations dans les jeux d’acteurs. L’État a par ailleurs parmi ses principales prérogatives celle d’impulser un projet de société ancré sur l’identité, l’histoire, la culture, cela en toute lucidité et en intégrant les jeux d’amitiés et d’inimitiés. Il lui appartient de défendre les valeurs fondamentales et de préserver la jeunesse, une richesse nationale. Il lui incombe de mener dans une approche globale une réflexion approfondie sur la doctrine de sécurité économique dont il peut se doter et sur les actions d’intelligence territoriale qu’il veut impulser y compris dans les zones menacées par un déséquilibre économique. La prise en compte du développement d’activités innovantes est aussi importante que la définition des types d’interaction entre le monde entrepreneurial et les pouvoirs publics, y compris les forces de police, la gendarmerie, les services de renseignement et l’armée dont certaines missions ciblent la préservation de la sécurité économique. L’enjeu est de faire émerger de nouvelles logiques de vie dans les domaines politiques, économiques et sociaux afin de préserver les intérêts nationaux au sein du Royaume, de la sphère euro-méditerranéenne et sur la scène mondiale, de faire face à des stratégies étrangères prédatrices ou déstabilisantes voire d’anticiper les crises sociales. L’intelligence économique peut aider à la décision en termes de puissance (militaire, économique) mais aussi en termes de rayonnement (scientifique, culturel). La psychose culturelle du risque et la hantise des menaces qui peuvent peser sur le territoire et aux frontières ainsi que l’atavisme s’estompent pour céder la place à une volonté constructive, consciente des dangers, des vulnérabilités et des fragilités qu’il convient de gérer avec optimisme. Cela renvoie le Maroc à lui-même, à ses responsabilités, à un engagement dans le domaine du possible car il faut composer avec les velléités d’adversaires, de partenaires, de compétiteurs aux rationalités particulières. Il est en effet souhaitable de rechercher des intérêts communs ou une zone mutuellement attentive et respectueuse. Encore faut-il écarter la pensée systématique que l’autre est celui qui agresse par l’affirmation de sa différence ou celui dont on doit tout attendre. Une forme d’empathie est nécessaire pour parvenir à une compréhension des intentions, des finalités et des stratégies possibles. Selon Abdelmalek Alaoui « une stratégie d’influence décomplexée poussera le Maroc à cultiver son prestige, son rayonnement et son autorité pour en faire un partenaire de plus en plus écouté dans les différents auditoires mondiaux »49. Au cœur d’enjeux multipartites, l’État stratège peut donner une identité forte à l’intelligence économique. Porteur d’une dynamique cohérente à long terme il se doit d'accompagner le changement pour promouvoir l’influence marocaine sans oublier de favoriser les évolutions sociales. En définissant une doctrine il recherche l’efficacité et une communauté de pensée en vue de susciter des actions concertées à travers des structures dédiées. 47 Royaume du Maroc. Haut Commissariat au plan, Prospective Maroc 2030, Introduction aux Forums I et II, Eveil aux problématiques du Maroc de 2030, [en ligne], [2004], consulté le 2 mai 2008, 81p. Http://www.hcp.ma/publication.aspx. 48 Xavier Guilhou, Op. cit., p. 13. 49 Op.cit., p. 170. 19 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School 2.1.2. De la nécessité de développer un système national d'intelligence économique Le Maroc devant s’affirmer sur la scène internationale et européenne, il appartient avant tout à sa majesté le Roi Mohammed VI ainsi qu’à son gouvernement de « savoir où le Maroc veut aller », de fixer les grandes orientations mais aussi de déterminer l’intelligence stratégique nécessaire pour avancer dans cette direction. Une doctrine d’intelligence économique cohérente avec la vision du futur souhaité définit les principes directeurs qui serviront de guide dans l’élaboration des décisions pratiques à prendre. Ainsi l’intelligence économique doit être présentée comme une politique publique et sociale susceptible de faire gagner le Maroc en compétitivité à plus ou moins longs termes et de lui éviter de tomber dans une aliénation politique, économique et culturelle d’un type nouveau, par suite de velléités étrangères ou d’entraves liées à la tradition. Il convient ici de rappeler que selon le Roi, le « but ultime réside dans l’édification d’un Maroc d’égalité des chances et de partage des responsabilités ». Depuis le discours royal du 18 Mai 2005, annonçant l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), décideurs politiques et administratifs, acteurs économiques et de la société civile sont mobilisés pour relever le défi de combattre la pauvreté et l’exclusion sociale. Le développement humain est ainsi érigé à l’unanimité comme une priorité nationale à la recherche d’une société de progrès et d’équité. Ce projet réussira d’autant plus qu’il sera soutenu par le peuple marocain et par ses forces vives, que les investissements se révèleront porteurs d’emplois productifs, que l’enseignement s'avèrera utile et que les conditions de vie seront dignes et respectueuses des Droits de l’homme. Viser la cohésion sociale implique de construire en permanence une intelligence des situations permettant de peser les ambitions économiques et industrielles, de mettre dans la balance les impacts négatifs de la mondialisation, les industrialisations entravées, les délocalisations, les pertes d’emplois, la fuite des cerveaux, la détresse de jeunes populations condamnées au chômage et entraînées dans la violence et la drogue. Il ne s’agit pas de transmettre aux générations futures une région qui ne soit qu’un « hypermarché, au centre d’un champ de ruines sociales »50. Un secteur comme le tourisme pourrait éviter de susciter des réactions hostiles en s’inscrivant dans une logique basée sur une approche « intelligence stratégique ». La volonté d’associer les diasporas à l’avenir du Maroc ne peut que favoriser une politique d’intelligence économique. En application des orientations du Roi Mohamed VI visant à impliquer pleinement la communauté marocaine résidant à l’Etranger à la réussite du projet sociétal moderne et démocratique, le gouvernement marocain, en partenariat et en collaboration avec les établissements intéressés publics et privés, a mis en place une stratégie nationale globale et intégrée pour mobiliser les marocains résidant à l’étranger MRE. Ce programme a été dénommé Forum international des compétences marocaines à l’étranger (FINCOME)51. Celui-ci consiste à faire appel aux différentes expertises de la diaspora marocaine, pour accomplir des missions, sur place et/ou à distance, en appui ou dans le cadre 50 Mohamed Benabid. Entretien avec Bernard Carayon, La guerre économique n’épargne pas le Maroc, Leconomiste.com Len ligne), vendredi 27 mai 2005 Consulté le 9 mai 2008. Disponible sur Http://www.spyworldactu.com/spip.php?article444. 51 FINCOME, action gouvernementale supervisée par les services du Premier Ministre, vise à faire contribuer les compétences marocaines à l’étranger au processus de développement du Maroc. Il dispose de deux cellules pour la gestion opérationnelle des projets : CNRST et R&D Maroc soutenues par le Ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur, de la formation des cadres et de la recherche scientifique. http://www.rdmaroc.com/fincome.html. 20 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School des programmes de développement de leur pays d’origine, sur la base du volontariat et d’un engagement déontologique. L’idée d’« intelligence sociale » mise en avant par Stevan Dedijer semble l’approche la mieux adaptée à l’éclosion et au développement d’un système national d’intelligence économique. L’intelligence sociale se définit comme « l’ensemble des activités d’une société, reliées à l’intelligence, la capacité à s’adapter, répondre à des circonstances changeantes, afin de réaliser des objectifs de développement décidés»52. Cela implique de dynamiser le secteur de la connaissance, de densifier les réseaux d’information et d’expertise et d’en améliorer la qualité53. Le progrès en est l’enjeu, encore faut-il en avoir défini la forme souhaitée. Il n’est pas forcément synonyme de croissance économique car celle-ci s’accompagne souvent d’insécurités accrues, d’inégalités, de manque de confiance, de stress au travail, de plus grande complexité dans la gestion de la vie quotidienne, de dégradation de l’environnement. Multidimensionnel, il recouvre des aspects économiques, sociaux, environnementaux. La déclaration d’Istambul en juin 2007 appelle à réfléchir au sens du terme, à stimuler le débat international et à construire des indicateurs statistiques solides54. Chaque société doit élaborer ses propres mesures et définir ses enjeux véritables en fonction de ses valeurs tout en sachant où elle en est, où elle veut aller, quels sont les choix à faire pour atteindre l’état souhaité. Bonheur et bien être sont des sensations à redécouvrir, à partager dans une vision plus holistique55. L’engagement de l’État est en conséquence une clé dans le changement social pour favoriser l’innovation et l’initiative privée en matière de prospective, pour atténuer les tensions migratoires, pour séculariser les rapports entre l’État et la culture et pour reconsidérer l’approche environnementale. Trop de programmes d’aménagement ont été basés sur des visions sectorielles sans tenir compte de la dimension environnementale (surexploitation des ressources et dégradation de l’environnement). Il appartient à l’État de penser et de déterminer ses choix avec lucidité et pragmatisme afin de consolider l’espace économique et culturel, sans pour autant sacrifier la lutte contre la pauvreté. L’autonomie et la liberté économique marocaine sont globalement en jeu. Impulser et créer l’adhésion sont des fondamentaux de l'intelligence économique. Confrontés à des menaces induites par des entités stratégiques aux cultures méconnues et d’autant plus redoutables, les acteurs publics marocains doivent en connaissance de cause transcender leurs a priori pour agir de concert avec les sphères privées, et réciproquement. Par exemple les agences de développement56 dont les missions principales sont d’attirer les investisseurs et d’orienter leur démarche dans des régions qui pâtissent à la fois de carences en matière d’infrastructures et d’un déficit d’attractivité économique ont un rôle fédérateur des départements et administrations concernés par ces enjeux. Les diverses parties prenantes impliquées dans la sécurité économique ont l’impérieuse nécessité d’acquérir une meilleure visibilité de la globalité, d’instiller de la transversalité dans leur système, de comprendre les spécificités locales, sectorielles, entrepreneuriales, culturelles, politiques, décisionnelles, 52 Philippe Clerc, Directeur de l’intelligence économique de l’innovation et des TIC à l’Assemblée des chambres françaises de commerce et d’industrie (AFCCI). 53 Philippe Clerc. « L’intelligence économique au Maroc ». Regards sur l’IE, n° 10, juillet - août 2005, pp. 57-60. 54 « Mesurer et favoriser le progrès des sociétés ». Deuxième forum mondial de l’OCDE sur « Statistiques, connaissances et politiques». Istambul, Turquie, 27-30 juin 2007. Http://www.oecd.org/document/53/0,3343,fr_21571361_31938349_37412213_1_1_1_1,00.html. 55 Kate Scrivens. « Mesurer le progrès des sociétés », Diplomatie, n° 31, mars - avril 2008, pp. 14-16. L’auteur est chercheur au projet global de l’OCDE. 56Elles sont au nombre de trois : la plus ancienne l’Agence de développement du Nord, puis l’Agence de développement des provinces du Sud et l’Agence de développement de l'oriental. 21 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School réticulaires, etc. par rapport aux divers intérêts et aux enjeux collectifs. Il s’agit plus de créer des sphères d’influence en favorisant le co-développement et les relations apprenantes. Des complémentarités complices doivent se substituer aux rivalités. Cependant, le Maroc vit une révolution économique et sociale sans les changements culturels qui devraient l’accompagner dans un processus d’évolution cohérent. Le développement humain tel que défini de nos jours appelle un certain nombre de réformes afin que la culture soit désormais au service du développement. C’est bien d’une vision globale que le Maroc a besoin aujourd’hui. Mohammed Ennaji de l’université Mohammed V pose certaines questions : quelle dynamique travaille la société et l’économie marocaine ? Quelles forces motrices profondes sont à l’œuvre et ont façonné le Maroc actuel ? De quels acquis et de quels atouts dispose ce pays pour affronter les défis de l’avenir ? À quelles contraintes devra-t-il faire face ? Quels choix privilégient les acteurs sociaux parmi les possibles ?57 S’il revient à L’État in fine d’apporter des réponses stratégiques, il lui serait difficile de le faire sans se renseigner et sans s’appuyer sur diverses expertises. De même il ne pourrait engager des réformes, s'il n'impulsait pas et n'accompagnait pas un changement culturel dans toutes les strates de la société. L’intelligence économique qui développe l’art d’écouter et de poser des questions apporte la puissance de projection et de compréhension générée par une intelligence collective. Aussi il incombe à chaque citoyen marocain, acteur public, entrepreneur, agriculteur, salarié, consultant, enseignant, ouvrier ou inactif d’en intégrer les fondements et les principes pour afficher une volonté d’innover, de protéger, d’influencer, de comprendre et de se mobiliser dans des projets. Le défi consiste à concilier développement et sécurité, ouverture et protection. Il est important de raisonner en termes de « sécurité globale », celle-ci se définissant comme «la capacité d’assurer à une collectivité donnée et à ses membres, un niveau suffisant de prévention et de protection contre les risques et les menaces de toutes natures et de tous impacts, d’où qu’ils viennent, dans des conditions qui favorisent le développement sans rupture de la vie et des activités collectives et individuelles ». L’intelligence économique, état d'esprit intégré en tant que réflexe permanent, incite à s’engager avec courage pour construire un avenir non subi, à impulser et à s’appuyer sur des dynamiques consensuelles. Sa dimension systémique facilite la définition d'une stratégie concertée de développement économique, technologique, culturel et social, la mise en œuvre de moyens d’anticipation et de prospective, l'élaboration des stratégies d’influence visant l’attractivité et le rayonnement. Elle fait prendre conscience des enjeux liés à la protection des espaces naturels, des biens et des personnes. A qui sait reconnaître ses réelles dimensions, elle offre une grille de lecture qui aide à mieux identifier l’improbable. Détecter les menaces et saisir les opportunités avec un large temps d’avance relèvent de la responsabilité des décideurs marocains. Encore faut-il qu’ils soient sensibilisés aux risques de libéralisation sauvage et imprévoyante, celle-ci laissant libre cours aux injonctions du religieux et aux extrémismes. De plus il faut qu’ils manifestent l’envie d’être bien renseignés et d’agir de manière concertée. 57 Synthèse du débat général in : Royaume du Maroc. Haut Commissariat au plan. Prospective Maroc 2030, Introduction aux Forums I et II, Eveil aux problématiques du Maroc de 2030, [en ligne], [2004], consulté le 2 mai 2008, pp. 73-80. Http://www.hcp.ma/publication.aspx. 22 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School 2.2 Développer une intelligence sociale capitalisant sur le renseignement et la compréhension Vouloir comprendre le nouveau chaos mondial impose selon Alain Bauer « d’englober – au moins intellectuellement – sûreté, sécurité, technologie de l’information, intelligence économique, veille juridique et moyens d’assurance en une doctrine de sécurité au niveau d’un groupe ou d’une alliance d’entreprises »58. Une politique de sécurité globale garante du développement des activités et des emplois se décline au sein des organisations en s’appuyant sur une culture dynamique du risque et sur le renseignement, l’intelligence globale ambitionnant de faciliter un état de sécurité et de sûreté en cohérence avec les valeurs identitaires59. 2.2.1 Repenser le renseignement Sans données, sans connaissance de soi, de l’autre et de l’environnement, sans maîtrise des moyens et sans perception claire des objectifs, aucune action collective ne peut être ni pensée, ni entreprise, ni surtout conduite à bonne fin. Le renseignement élaboré collectivement permet d’appréhender la complexité, de cartographier les dynamiques d’acteurs, d’étudier les risques et les vulnérabilités pour tout processus ou tout projet. La vision des enjeux, des stratégies et des manœuvres est liée à la prise en considération d’une globalité où s’imbriquent les activités licites et illicites, légales et illégales, légitimes et illégitimes à l’échelle mondiale mais aussi dans des sphères locales. Elle scrute les ramifications ainsi que les multiples interstices, trous noirs de la connaissance. Pourquoi le Maroc serait-il épargné par les activités obscures de réseaux qui sont animés par des agents et des cellules multiples dispersées. Il est sûr que sans renseignement il s’avère illusoire de détecter les trafics, les contrebandes et les contrefaçons de produits en tout genre que Moisés Naím dénonce en évoquant l’économie mondiale60. Il est aussi difficile de répondre aux questions qui concernent les relations entre les acteurs non conventionnels et les autres, de saisir les logiques et les dispositifs de l’économie criminelle et ceux des économies « vertueuses »61. La transnationalité des flux marchands et financiers défie en permanence les frontières physiques, virtuelles et morales. Les cultures inhérentes à des territoires délimités s'en trouvent bousculées. La compétition est imprégnée à l’échelle mondiale par des logiques de « coopétition ». Les firmes et les instituts de recherche rivalisent et coopèrent, s’internationalisent, s’expatrient, s’engagent dans des projets multinationaux, multipartenaires, externalisent. Cela augmente leurs vulnérabilités. Grandes ou petites, plus ou moins maillées, de multiples organisations 58 Alain Bauer, « Sécurité, crime et entreprises : le nouveau chaos mondial », Défense nationale, n° sup. 03, 2005. L’état de sécurité est réalisé lorsque les informations, le matériel, le personnel, les activités et les installations sont protégés contre l’espionnage, le sabotage, la subversion et le terrorisme, ainsi que les pertes et les divulgations non autorisées. L’état de sûreté est réalisé quand on parvient à priver l’ennemi de renseignement et à assurer la liberté d’action d’une force, à la prévenir de toute action inopinée et à la protéger d’une attaque. 60 M. Naím. Le livre noir de l’économie mondiale : contrebandiers, trafiquants, faussaires. Paris, Grasset, 2005, 394 p. Titre original. Illicit: How Smugglers, Traffickers and Copycats Are Hijacking the Global Economy. 61 Michel Peraldi, « Economies criminelles et mondes d’affaire à Tanger », Cultures et Conflits[en ligne], n°68, 2008, Htt://www.conflits.org/index5973.html. « Les « économies criminelles » rassemblent usuellement des activités qui visent la production, la circulation, la commercialisation de produits interdits d’un point de vue moral ou légal, des activités dont l’organisation et l’effectuation incorporent une part de violence physique réellement exercée ou potentiellement présente dans l‘organisation même du cycle productif, et enfin des activités menées par des individus, des groupes marginaux ou déviants, dans des conditions de totale ou de relative clandestinité ». 59 23 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School innovent dans divers secteurs stratégiques scientifiques, technologiques, informatiques et militaires, consomment ou produisent des matières premières, distribuent de l’énergie. Elles deviennent ainsi l’objet de convoitises et de prédations sans limite tout en l’ignorant plus ou moins. L'intelligence économique incite à analyser finement les enjeux multipartites. Ainsi les événements vécus par certains laboratoires de recherche ou des pôles de compétitivité sont d’autant plus envisageables que l’on s’intéresse à la militarisation de l’économie, aux systèmes de recherche étrangers, à la « guerre scientifique et technologique », aux manœuvres normatives et plus globalement aux stratégies d’Infodominance 62. La performance des entreprises présentes sur la scène internationale est étroitement dépendante de la volonté de puissance et d’influence des États63, ceux-ci ayant de surcroît la lourde responsabilité de définir les frontières entre un patriotisme économique sensé et un protectionnisme jugé plutôt inopportun aujourd’hui. Plongées dans la complexité chaque fois singulière dans l’espace et dans le temps, les organisations ne peuvent ignorer les opportunités fugaces, ni se conforter dans l’ignorance profonde des menaces qui pèsent sur elles : textes législatifs et réglementaires, vide juridique, droit « mou », us et coutumes non coutumiers, tactiques des fonds d’investissement et plus généralement des acteurs de l’économie trafiquante, activités mercenaires, manœuvres souterraines d’adversaires économiques dans les secteurs stratégiques, blanchiment d’argent, contrefaçon, corruption externe ou interne, fraudes en tout genre, espionnage et atteinte au secret, pression de la société civile, pouvoir des médias et force de l’opinion publique, cybercriminalité, etc. Les TIC – un leurre de liberté pour les individus – se révèlent aussi des sources d’une extrême sophistication et de fragilités, en particulier pour les entreprises. Leurs activités peuvent par ailleurs les projeter dans des zones d’insécurité, dont le risque terroriste ne peut être exclu. Le catalogue des menaces reste ouvert bien que l’imagination humaine se heurte aux limites du prévisible. Il devient ainsi vital pour les entreprises de s’affranchir d'une observation classique du marché pour se livrer à une activité plus subtile de décèlement précoce permettant d’établir des diagnostics amont à partir de l’observation sur des zones, des groupes et des flux dans un espace temps projeté vers le futur. Bref, il leur faut anticiper pour éviter d’agir avec une témérité irréfléchie ou inversement de mettre en place par paranoïa une politique de sécurité trop contraignante. Ces deux comportements ne seraient guère propices à leur développement. Encore faut-il avoir la faculté de construire et de décoder des grilles de lecture, ce qui implique d’avoir une capacité d’adaptation à d’autres modes de pensée. Les criminels, les terroristes maîtrisent mieux la cybersphère que beaucoup de citoyens. Ils communiquent, recrutent, se financent, se renseignent, donnent des instructions, piratent, détruisent altèrent des données. Citons aussi l’exemple des Asiatiques. Ceux-ci fondent leurs stratégies sur la patience, l’attente de l’émergence des choses et non sur le volontarisme de type occidental, qui cherche à tout prix à forcer le destin, à accélérer l’acquisition de résultats immédiats. Diverses formes d’influence sont souvent difficilement perceptibles. En effet, il faut garder en 62 Claude Delesse, « Du réseau Échelon à la “Révolution des affaires de renseignement ” aux États-Unis », in Annuaire français de Relations internationales, Vol. V, Paris, La Documentation française & Bruylant, 2004, pp. 945-967. 63 Bernard Carayon, Patriotisme économique : de la guerre à la paix économique, Monaco, Éditions du Rocher, 2006 ; Bernard Carayon, À armes égales : rapport au Premier ministre, Paris, La Documentation française, 2006 ; Conseil économique et social, Intelligence économique, risques financiers et stratégies des entreprises, Rapport Roger Mongereau, Avis et rapports du CES, 2006 ; Assemblée nationale, Les Outils de la politique industrielle, Rapport Bernard Carayon, n°2299, mai 2005 ; Assemblée nationale, Participation des capitaux étrangers aux industries européennes d’armement, Rapport Bernard Deflesselles et Jean Michel, n° 2202, 23 mars 2006. 24 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School mémoire que beaucoup de pays « sponsorisent » la production stratégique. Il serait naïf de penser que les think-tanks, les ONGs, et autres cercles de réflexion sont exempts de liens avec les États et évoluent dans la plus stricte neutralité. Le principe à retenir face à cette complexe réalité est donc la mise en perspective d’informations émanant de sources formelles et informelles bien distinctes qui repousseront les limites de l’incertitude. Une vision élargie antidote de la méconnaissance s’obtient par le renseignement, produit de multiples expertises en questionnement, collecte, analyse et interprétation. Le partage des informations constitue le ciment de toute dynamique d’action. Les services de renseignement ont été les premiers - c’est leur métier - à alerter sur l’importance d’une culture offensive de projection et d’action et il faut l’avouer d’une culture subversive. Les méthodes comme les champs d’application de l’intelligence économique ne sont pas celles du renseignement mais elles s’en inspirent fortement (cycle de l’information, recours aux sources ouvertes blanches ou grises, recoupement des informations). L’intelligence économique ne veut pas dire espionnage économique mais les actions, les principes interagissent64. Sans compter qu’aujourd’hui les services de renseignement sont des acteurs de la défense économique. Il relève de la responsabilité de l’État marocain de faciliter l’approvisionnement en informations nécessaires à la dynamique de prise de risque et d’innovation, mais aussi à la sécurité des activités économiques. L'utilisation des technologies étrangères (sources d’information, logiciels de traitement et de protection de l’immatériel, internet sous dominance américaine) comporte des risques de dépendance et de contrôle. Il s'agit de les réduire et d'alerter les partenaires économiques et scientifiques afin d'assurer à long terme l’accès au renseignement ouvert et de sécuriser les activités sensibles, entrepreneuriales ou non. Il ne faut pas oublier que l'intelligence économique comprend des activités de renseignement, de contre - intelligence, de contre - ingérence et d’influence. Le renseignement facilite l’accès à la compréhension et le renforcement d’un état de sûreté. L’intelligence des dangers atténue la vulnérabilité qu’elle soit physique ou virtuelle, tandis que l’identification de menaces d’origine humaine facilite la prise de mesures de prévention, de protection ou de dissuasion qui visent à priver un adversaire de renseignements et ainsi à contraindre sa liberté d’action. Globalement, la pratique de l’intelligence économique prouve sa valeur en s’incrustant dans une dynamique sociétale. Les entreprises et l’administration marocaine, imprégnées par une longue tradition pyramidale, ont de ce fait à surmonter certaines réticences afin de faire émerger de la transversalité. L’adoption de stratégies communes ne peut que favoriser un meilleur ciblage des actions y compris des pratiques de contre-information. Celles-ci se révèlent d’autant plus efficaces qu’elles s’inscrivent dans l’anticipation et occupent le terrain en amont. Les institutions marocaines doivent à ce titre accentuer les efforts de communication en ligne pour attirer les investisseurs, à l’image de l'Agence Maghreb arabe presse (MAP) qui a lancé une version japonaise, chinoise et coréenne de son site. 64 Mohamed Benabid. « La guerre économique n’épargne pas le Maroc », Leconomiste.com [en ligne], 27 mai 2005, [consulté le 15 mai 2008]. Disponible sur Http://www.spyworld-actu.com/spip.php?article444. 25 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School 2.2.2 Dynamiser les intelligences territoriales et la formation Une politique d’intelligence économique articulée sur la recherche d’un développement économique et social se décline en intelligences territoriales, celles-ci mobilisant différents acteurs publics et privés. Le Maroc a plus à gagner en structurant et dynamisant à travers ses régions son capital immatériel qu’en focalisant sur les coûts ce qui ne saurait garantir à terme la compétitivité dans un contexte international particulièrement agressif. Cela implique de repérer les compétences, les savoir-faire, d’identifier les réseaux de personnes et d’institutions, de s’appuyer sur la culture et l’histoire ainsi que sur les diasporas très attachées à leur territoire d’origine. Capital immatériel et capital social 65 sont constitutifs d’une capacité d’influence et par là même d’une puissance de marché 66 sachant que par ailleurs tout sentiment d’appartenance à un groupe incite à partager des informations relatives à la sécurité commune. Les actions territoriales se conçoivent en fonction des atouts physiques, structurels et humains d’une région. Au cas par cas, des acteurs moteurs ou relais peuvent s’adapter aux valeurs historiques en activant les transferts de savoirs traditionnels et en les valorisant. Ils tirent des avantages en privilégiant l’innovation et la R&D tout en cherchant à développer des pôles techniques d’excellence. L’intelligence territoriale stratégique se construit avec des réseaux d’appui, tels que les centres régionaux d’investissements techniques, des PME à fort potentiel technologique, des écoles et des universités (écoles d’ingénieurs, école supérieure de l’industrie textile et de l’habillement ESITH, écoles de commerce, … ), avec l’Institut marocain de l’information scientifique et technique (IMIST), avec le soutien des instances ministérielles et de sociétés d’investissements. Quel que soit le projet, une intelligence sociale se génère au sein et entre des organisations impliquées, l’information y devenant plus fluide. Entreprises, associations, professions libérales, collectivités locales, centres de ressources et individus impliqués dans la vie économique, sociale, politique et culturelle apprennent à se connaître et à travailler ensemble. La circulation des compétences entre divers univers, la diversification des profils sont gage d’efficacité. Encore faut-il pallier l’éparpillement et l’émiettement des structures administratives, s’entendre sur des règles comportementales, identifier les zones de compétences en possible intersection avec le privé, instaurer une confiance mutuelle, pour gagner en efficience. Ensemble, les partenaires doivent surmonter leurs différences, innover, initier des projets, mettre en exergue des pistes de collaboration, de coopération et de coordination pour lesquelles les acteurs de la formation ont un rôle crucial à jouer. Les décideurs en matière de formation veilleront à cultiver certaines valeurs sociales et environnementales marocaines, à faire des choix judicieux en matière de ressources en particulier en ce qui concerne les technologies de l’information, à rendre opérationnels des enseignements transdisciplinaires reliés par l’intelligence économique dans les universités, les écoles de commerce et d’ingénieurs. Ces actions doivent être soutenues par une volonté 65 Réseaux, normes, valeurs, et convictions communes qui facilitent la coopération au sein de groupes entre eux. Ciment qui lie les communautés, les organisations, les entreprises et les différents groupes sociaux, le capital social permet d’agir ensemble avec efficacité car il comprend des éléments structurels et psychologiques tels que les réseaux de relations personnelles et les sentiments de compréhension mutuelle. Cf. : "Du bien-être des nations : le rôle du capital humain et social". Paris : OCDE, 2001,13, 136 p. Http://www.oecd.org/document/32/0,3343,en_2649_37419_1918112_1_1_1_37419,00.html. En sociologie et psychologie sociale, le capital social correspond à la valeur collective de toutes les normes et relations sociales permettant la coordination d’actions en vue d’atteindre des objectifs communs (James Coleman) ou à un ensemble d’attitudes et de dispositions mentales favorisant la coopération dans la vie sociale (Patrick Hunout). Le terme de capital social est d’ailleurs dans ce cas utilisé par analogie avec d’autres formes de capital économique. Il renvoie alors directement à celui de cohésion sociale (Wikipedia). 66 Philippe Clerc, « Intelligence économique et développement territoriale ». Rencontres internationales de TETOUAN. 2526-27 novembre 2004. s244543015.onlinehome.fr/ciworldwide/wp-content/uploads/2008/06/rencontres_tetouan.pdf - 26 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School politique unique et cohérente, au service d’une stratégie d’envergure internationale et européenne. L’intelligence économique peut permettre à une élite agissante de faire des choix stratégiques en matière de projets éducatifs, de construire des relations gagnant - gagnant en n’y perdant pas son âme. La première université internationale privée du Maroc dont l’ouverture a été annoncée en septembre 2007 à Rabat, a-t-elle été pensée dans ce sens ? Ce projet nécessitant 180 millions d’euros d’investissements a été porté par l’ambassadeur du Maroc en France Fath-allah Sijilmassi, et Jean-René Fourtou, PDG de Vivendi. Il était prévu qu’elle compte un département de sciences politiques, une école de tourisme, un pôle santé, un institut d’aéronautique, un département d’agro-industrie et même la première école d’études pétrolières au Maroc…, cela financé essentiellement par des fonds internationaux67. La formation à l’intelligence économique, tout en garantissant l'avenir d'individus et celui de biens communs, contribue à l’émergence de l’intelligence sociale. Parmi les actions à envisager il convient de déterminer les sensibilisations qui s’adressent à des représentants de la société civile, cela en particulier en matière de défense et de protection du patrimoine. Plus pragmatiques, des actions de formation doivent être conçues à différents niveaux et pour divers acteurs en fonction des expertises requises. La transmission du savoir et les apprentissages doivent s’adapter à chaque culture qu’elle soit administrative, politique, entrepreneuriale, industrielle, agricole, e-business, artisanale, urbaine ou rurale. Selon les situations, l’informel peut s’imposer face au formel mais l’essentiel reste la responsabilisation et la confiance réciproque. Des formations à des méthodes d’organisation du travail basées sur les échanges d’informations et d’expériences sont à développer dans les centres ruraux. Une initiation à l’informatique peut y être envisagée ainsi que dans les écoles. Les cadres dirigeants, les fonctionnaires doivent acquérir des compétences spécifiques et des connaissances nouvelles au contact de formateurs issus de milieux professionnels divers. Des stratégies apprenantes sont à développer dans les champs de l’intelligence stratégique, de la prospective, des Relations Internationales et européennes, des sciences humaines et cognitives, etc. L’intelligence économique vue comme approche managériale peut se singulariser dans la pratique en se gardant de la seule appropriation rapide de méthodes basées sur les règles classiques du marché. Il faut apprendre à prendre du recul, à déceler qui fabrique les règles pour influencer qui et dans quel but. Il faut savoir qualifier les prestataires de services et les multiples officines qui font de près ou de loin commerce d’influence et de renseignement : cabinets de lobbying, d’avocats d’affaires, d’audit, agences de détectives, de relations publiques, consultants en management. Les principes essentiels sont la pratique de la prospective (savoir voir loin), le questionnement pertinent, le renseignement stratégique (surveillance de la complexité géoéconomique, surveillance concurrentielle d’une filière, repérage d’appels d’offres, etc.). D’autres qualités rendent le pilotage de projet plus performant comme savoir persuader et mobiliser une intelligence collective. De plus des expertises et des comportements spécifiques sont requis pour sécuriser un patrimoine qu’il soit matériel, immatériel et/ou relationnel. L’effort doit porter aussi sur l’apprentissage et la pratique courante de langues étrangères diverses, et cela plus encore que sur l’usage abusif de technologies dont il faut cependant développer l’expertise en matière de sécurité. L’apprentissage permanent peut être porté par l’appartenance à des réseaux associatifs. Ainsi l’Association pour le progrès des dirigeants affiche pour mission de contribuer au renforcement de la société civile et au développement économique à travers le débat et 67 Une première université internationale privée au Maroc, bladi-net, [en ligne] 10 mai 2008. Http://www.bladi.net/18158universite-internationale-privee-maroc.html. 27 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School l’échange d’idées. Elle propose des forums, des formations et des conférences. Certaines ont été directement consacrées à l’intelligence économique comme « L’intelligence économique et la performance », « L’utilisation du web 2 ». D’autres apportent un éclairage sur la gestion mais aussi sur des thématiques comme le blanchiment d’argent, la géopolitique, etc. C’est un espace privilégié de rencontres entre des dirigeants d’entreprises tant du secteur public que privé, d’échanges et de débats entre les acteurs du gouvernement, les administrations, les syndicats, les grandes entreprises, les PME, les entreprises nationales ou internationales 68. Vouloir pratiquer l’intelligence économique amène à s’adapter à l’économie de la connaissance et à faire l’apprentissage d’outils. Mais il s’agit avant tout de se piquer de curiosité pour la complexité et de développer la capacité à travailler ensemble en échangeant les informations ainsi que les expériences. Il est important de rappeler que l’intelligence économique est un état d’esprit. Les initiatives devraient veiller à éduquer (et non à enseigner), à préparer des personnes à l’humilité, à l’altérité, à la compréhension d’autres cultures et de modes de pensée y compris criminels. En butte permanente contre l’inculture, les incompréhensions, l’ignorance profonde ou volontaire, il s’agit de renforcer les comportements d’écoute, de questionnement et de partage, de respect du secret, et de faciliter l’adoption de référents éthiques. Une intelligence économique marocaine peut trouver son identité à travers les paroles d’Alaoui Mdaghri : « Ce qui importe pour que le monde soit plus vivable, c’est de vivre en bonne intelligence avec les autres et avec soi-même. Dans ce but, il est nécessaire d’ancrer nos pratiques dans des valeurs fondatrices comme la solidarité pour contrer l’égoïsme, l’équité et la justice pour que l’exemple soit suivi, le sens et la finalité pour montrer que nos actions ne sont pas gratuites et qu’elles correspondent à des projets, la spiritualité pour ne pas se laisser envahir par la culture à courte vue de la jouissance matérialiste immédiate à laquelle tout nous invite. Cela suppose de s’engager dans le chemin tortueux et difficile de la sagesse, et c’est peut-être en cela que la religion dans ce qu’elle a de plus essentiel, peut être un fondement majeur de l’apprentissage du management des organisations et des hommes »69. Conclusion Imprégné de cultures arabo-musulmane, africaine et française, latino-andalouse, entre Europe et Afrique, entre influences anglo-saxonne, francophone et asiatiques, le Maroc doit affirmer son identité à travers la démonstration de ses capacités culturelles, économiques et sociales. L’intelligence économique peut lui permettre de saisir les opportunités en développant des stratégies d’influence et de marché tout en l’aidant à se prémunir contre des menaces de toutes natures. Il doit s’imposer comme acteur de la dynamique compétitive mondiale et malgré une certaine avance parmi les pays du Sud rattraper un retard technologique et économique. Sans verser dans le clonage des économies occidentales dont l’observation des méfaits industriels peut servir d’exemples à éviter, il peut s’aventurer dans la prise de risque, s’ouvrir aux idées nouvelles et aux échanges constructifs tout en définissant le périmètre stratégique de souveraineté, les intentions et les limites qu’il se donne. Fort de certains atouts il a la possibilité d'affirmer ses intérêts au cœur des mondialisations et 68 Association pour le progrès des dirigeants. Maroc APD Maroc Http://www.cpamaroc.ma. Driss ALAOUI MDAGHRI. Le Management et la religion. Paris : Ecole des Mines, 5 octobre 2001, Séminaire Vie des Affaires http://www.ecole.org. 69 28 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School régionalisations, de s’intégrer dans la société mondiale de manière responsable et autonome, de bâtir localement une évolution sociale respectueuse des valeurs marocaines en élevant les niveaux d’instruction et de formation. En s’appuyant sur des pôles d’intelligence économique régionaux qu’il aura modelés, sur des think tanks marocains dont il aura favorisé l’éclosion, le Royaume sera en mesure de porter les intérêts marocains et maghrébins dans le cadre de projets comme l’Union pour la Méditerranée. Celle-ci devrait apporter une valeur ajoutée grâce à l’élan politique donné à la coopération autour de la Méditerranée et à la mobilisation des sociétés civiles, des entreprises, des collectivités locales, des associations et des ONGs. Le Maroc gagnerait à s’affirmer comme un leader dans cette aventure en s’appuyant sur une pratique concertée de l’intelligence économique. Une meilleure compréhension des rouages géopolitiques, géostratégiques et géoéconomiques ne peut que favoriser le développement d’une diplomatie moderne capable de négocier, de jouer un rôle dans les lieux de décision, de valoriser une richesse culturelle70. Le Maroc peut se garantir une liberté d’action dont la sécurité et la sûreté sont deux corollaires, cela en optant pour un développement soutenu par l’intelligence économique et en respectant certains principes. Protéger son patrimoine, ses ressortissants et son capital immatériel et relationnel sont des objectifs permanents. Une politique d’intelligence économique concertée et impulsée par le discours et la formation a pour finalité un état de sécurité globale en concertation avec des pays et des interlocuteurs étrangers et en prenant en compte toutes les dimensions endogènes et exogènes. Ainsi engagé dans une vision à long terme et fort de ses appuis internes et externes, le Maroc œuvrera pour un développement humain durable, tout en sécurisant son avenir. La tolérance, l’esprit d’ouverture, le respect des diversités culturelles sont des valeurs qui mêlées d’intelligences pourront contribuer à édifier une certaine stabilité et à favoriser la prospérité en Méditerranée et en Afrique à plus ou moins long terme. Octobre 2009 70 L’Académie Royale Marocaine de Diplomatie annoncée dans le discours royal du 20 août et ouverte en 2008 a parmi ses missions « l’intégrité territoriale, la promotion à l’international des réformes engagées par le Maroc, la consolidation de la position du Maroc en tant que pôle régional d’avant-garde et facteur de stabilité et de paix dans son environnement maghrébin, la prospection de nouveaux espaces économiques ». « L’Institut des Nations-Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) de Genève s’est chargé de préparer le curriculum de formation de l’Académie, complété et adapté par les contributions des directeurs généraux et directeurs du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, ainsi que par les ambassadeurs du Royaume ». M. Izdine. « L’Ecole du tact et de la négociation », Maroc-hebdo [en ligne], consulté le 14 mai 2008. http://www.maroc-hebdo.press.ma/MHinternet/Archives_746/html_746/ecole.html ; Mohamed Boudarham, « L’Académie nationale de diplomatie est sur les rails », Aujourd’hui le Maroc[en ligne], 18 mai 2007. Http://www.aujourdhui.ma/nation-details54537.html. 29 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School Bibliographie Avicenne, Rapport Maghreb – Moyen-Orient. Contribution pour une politique volontariste de la France, (en ligne), 23 avril 2007. Consulté le 27 avril 2008. http://www.ifri.org/files/Moyen_Orient/Avicenne_DBauchard0407.pdf. Alaoui Mdaghri D., Le Management et la religion, Paris, École des Mines, 5 octobre 2001, Séminaire Vie des Affaires Http://www.ecole .org. Alaoui Abdelmalek, Intelligence économique et guerres secrètes au Maroc, Koutoubia, éditions Alphée, 2009, 189 p. Bauer A., « Déceler-etudier-Former : une voie nouvelle pour la recherche stratégique : rapprocher et mobiliser les institutions publiques chargées de penser la sécurité globale. Rapport au Président de la république et au Premier ministre », Cahiers de la Sécurité, supplément au °4, avril-juin 2008. Carayon B., (2003), Intelligence économique, compétitivité et cohésion sociale, Rapport au Premier Ministre, La Documentation française, Paris, 175 p. Carayon B, Patriotisme économique : de la guerre à la paix économique, Monaco, Éditions du Rocher, 2006. Carayon B, À armes égales : rapport au premier ministre, Paris, La Documentation française, 2006. Clerc P, Pautrat R., « Prospective des dispositifs d’intelligence économique dans le monde » pp. 145-161 dans De l’intelligence économique à l’économie de la connaissance, Economica, 2003. Clerc P., « Hommage au professeur Stevan Dedijer », Regards sur l’IE, n° 5, septembre/octobre 2004, pp. 32-36 Delbecque É., Préf. R. 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Maaghreb Arabe Presse, agence officielle de presse. Http://www.veille.ma. Portail marocain de la Veille et de l’IE, bilingue, français/arabe. Il a été lancé par Mounir Rochdi et Siham Harroussi. Il présente un observatoire de l’économie regroupant des informations quotidiennement mises à jour sur l’économie nationale et principalement sur les secteurs économiques stratégiques pour le Maroc. Http://www.veille-intelligence-economique.fr. Observatoire dédié au monde de la Veille et de l’IE pour l’économie européenne et créé par les fondteurs de veille.ma. Http://www.mcinet.gov.ma. Royaume du Maroc. Ministère de l'Industrie, du Commerce et des nouvelles technologies. Portail du département du commerce et de l’industrie : Les informations sur les entreprises, secteurs, normes, technologies et activités industrielles. Http://www.mincom.gov.ma/MinCom/FR. Royaume du Maroc. Ministère de la communication voir en particulier structure administrative du Maroc Http://www.justice.gov.ma site e-justice permet de faire des recherches sur le greffe, les registres du commerce et les ventes aux enchères. Http://www.imist.ma. Institut Marocain de l'Information Scientifique et Technique. Http://www.cnr.ac.ma. Centre National pour la Recherche Scientifique et Technique. Pour en savoir plus : AGENCE DE L’ORIENTAL. Intelligence Economique Régionale. Premières Journées Scientifiques « oriental.ma », 26-27 janvier 2009, Oujda. http://www.veille.ma/+Les-videosdes-Premieres-Journees+.html. ASSOCIATION MAROCAINE D’INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE L’Intelligence économique dans l’espace méditerranée. Casablanca. 4-5 décembre 2008. Http://www.veille.ma/+Les-videos-des-annuelles-AMIE-L+.html. CLUB ENTREPRENDRE. Conférence sur l’intelligence économique, 21 juillet 2009. Http://www.veille.ma/+Club-Entreprendre-Conference-sur-l+.html. 32 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School 33 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School ANNEXES - I. Sigles, acronymes et dénominations - II. Glossaire - III. Régions et Centres régionaux d’investissement - IV. La Confédération générale des entreprises marocaines (CGEM) - V. Services de renseignement marocains 34 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School I. SIGLES, ACRONYMES ET DÉNOMINATIONS APDN : Agence pour la promotion et le développement du Nord créée sur décision royale en 1996 elle répondait à un souci majeur : la lute contre le trafic de drogue et la culture du kif. http://www.apdn.ma. Par la suite ont été créées l’Agence de Développement des Provinces du Sud et l’Agence de Développement de l'Oriental. Cette dernière a été « officiellement mise en place depuis mai 2006, l'Agence de l'Oriental, a été créée dans le sillage de l'Initiative Royale pour le Développement de l'Oriental énoncée lors du discours Royal à Oujda le 18 mars 2003. L'Agence a pour mission d'apporter son appui et son assistance aux acteurs nationaux et locaux pour la mise en œuvre des programmes de développement dans la Région Orientale du Royaume » … qui « représente 11,6 % du territoire national, soit 82.820 km², et compte près de 2 millions d'habitants ». Http://www.oriental.ma/main.php?&Id=192&lang=fr. AMDI : Agence marocaine de développement des investissements créée en janvier 2009 est un établissement public doté de personnalité morale et d’autonomie financière. Elle a pour missions principales de veiller à la promotion des investissements, d’organiser des manifestions, d’assurer un suivi des pratiques étrangères en la matière, de contribuer à renforcer l’attractivité du Maroc, d’accompagner les entreprises dans leurs démarches d’investissement avec l’appui des 16 régions. http://www.invest.gov.ma/ AMIE : Association marocaine d'intelligence économique présidée par Moulay Driss Alaoui M' Daghri Moulay Driss Alaoui, ancien ministre de l’Energie et des Mines dans le Gouvernement Mohammed Karim Lamrani, puis ministre de la Jeunesse et des Sports et ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement dans le Gouvernement Abdellatif Filali. Titulaire d'un DEA en Sociologie à Rabat et d'un doctorat en Sciences économiques à Nice, il a aussi été le directeur de l'Institut supérieur de commerce et d'administration des entreprises (ISCAE). Le 17 juillet 2009, il devient président de la commission économie à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). L’AMIE a été créée en novembre 2006 par des acteurs appartenant au secteur privé, à l’administration et au monde de la recherche. C’est un cercle de réflexion qui a pour objectifs d’informer et d’accompagner les organisations (entreprises, administrations et associations professionnelles...), de fédérer diverses initiatives et de promouvoir les formations en matière d’intelligence économique. ANPME : Agence nationale pour la promotion de la petite et moyenne entreprise. HTT://www. Anpme.ma. APD : L’Association pour le progrès des dirigeants, organisme privé, à but non lucratif et indépendant est un centre de formation, d´information et de contact au service des dirigeants et des entrepreneurs. APD Maroc est dirigé par Saad Kettani. Http://www.cpamaroc.ma/ APDN : Agence de développement du Nord, « L'Agence pour la promotion et le développement économique et social des préfectures et provinces du Nord du royaume est un établissement public créé par la loi 6-95 en juin 1996 et placé "sous la tutelle" du Premier Ministre. C'est un outil gouvernemental mis en place pour assurer le développement et la mise à niveau du nord du Maroc et pour jouer le rôle de coordonnateur interministériel et d'animateur inter institutionnel en faveur de son périmètre d'intervention. L’agence est administrée par un Conseil d'Administration présidé par le Premier Ministre et composé de ministres, présidents de régions et présidents des assemblées préfectorales et provinciales. Elle est dotée, également, d'un organe consultatif dit « Conseil d'orientation de l'Agence », présidé par le Premier Ministre et composé des ambassadeurs des pays membres de l'Union 35 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School Européenne et de l'ambassadeur chef de la délégation de la commission européenne à Rabat ». Http://www.apdn.ma/presentation.htm ASSOCIATION MAROCAINE POUR LA Http://www.rdmaroc.com/rd_dans_10ans.php. RECHERCHE DÉVELOPPEMENT. ASMEX : Association marocaine des exportateurs « Organisme associatif privé, crée en 1982 entre personnes physiques et morales exerçant au Maroc des activités exportatrices, conformément aux dispositions du Dahir n° 1-58-376 du 3 Joumada I 1378 (15 Novembre 1958) réglementant le droit d´association. Il a pour mission de représenter et de promouvoir la fonction et le rôle des exportateurs marocains en oeuvrant à défendre leurs intérêts, à élargir leurs débouchés, les assister dans le développement de leurs compétences et promouvoir l´investissement et le partenariat multiforme avec les opérateurs étrangers » . http://www.asmex.org/asmex/index.jsp CLUB ENTREPRENDRE. (Fondateur Farid Benyakhle, a organisé le 6 mai 2009 une conférence sur le thème « Et si vous aidiez votre organisation à devenir plus intelligente ? ». Http://www.clubentreprendre.ma/page-eve.php?id=9 06/05/2009. CMPE : Centre marocain de promotion des exportations. http:// www.cmpe.org.ma. CND : Centre national de documentation CRI : Centres régionaux d'investissement ont deux fonctions essentielles selon la Lettre Royale : l’aide à la création d’entreprise et l’aide aux investisseurs. http://www.cri.ma/accueil/index.htm. CVS : Le Centre de veille stratégique est un organe rattaché au département du Premier Ministre et basé à la Direction des Investissements. Le Maroc dans un contexte économique concurrentiel s'est doté d'une stratégie industrielle. http://www.veille.gov.ma/index.php?link=actualite_Offshoring DGED : Direction générale des études et de la documentation, service de renseignement extérieur marocain DGSN : Direction générale de la sûreté marocaine DGST : Direction générale de la surveillance du territoire, service de renseignement intérieur marocain. EUROMED : Le partenariat Euromed, dit aussi Processus de Barcelone, a été créé en 1995 à Barcelone, à l'initiative de l'Union européenne (UE) et de dix autres États riverains de la mer Méditerranée (Algérie, Autorité palestinienne, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Tunisie et Turquie). EVEM : L’Espace virtuel des entreprises du Maroc s’inscrit dans la perspective de soutenir la compétitivité internationale du Maroc et de ses entreprises, liée à l’accès aux informations pertinentes et décisionnelles, à une culture du partage de l’information ainsi qu’à une synergie des compétences et des moyens. Http://www.evem.ma/index.php?option=com_entreprendre2&Itemid=98. FFA : « Créé en 1987 au Sommet de Québec (Canada), le FFA, Forum francophone des affaires, est la seule organisation internationale économique reconnue comme institution 36 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School officielle par le Sommet des chefs d'État et de gouvernement ayant le français en partage. Porte parole du secteur privé, le Forum Francophone des Affaires est composé de comités nationaux -un dans chacun des 55 pays États ou communautés représentés au Sommet des chefs d'État et de gouvernement. » http://ffa-maroc.org//index.php?option=com_content&task=view&id=5&Itemid=6 FINCOME : Forum international des compétences marocaines à l’étranger. GROUPE ONA : ONA est un groupe industriel, financier et de services, centré sur des positions de leadership dans des domaines d'activités stratégiques : les mines, l’agroalimentaire, la distribution, les activités financières, les relais de croissance et holdings et autres. http://www.ona.ma/groupeona.php HERITAGE FOUNDATION : La fondation Heritage est un des plus importants think tank conservateur américain. Fondé en 1973, par le milliardaire Joseph Coors, il est basé à Washington. En partenariat avec le Wall Street Journal, la fondation Heritage publie annuellement l'Index of Economic Freedom qui mesure la liberté d'un pays au respect du droit de propriété et au niveau de régulation étatique (Wikipedia). IMIST : L’Institut marocain de l'information scientifique et technique a pour vocation de mettre à la disposition des milieux scientifiques, des industriels et des différents décideurs la documentation scientifique et technique dont ils ont besoin pour être à la pointe de leurs activités et de faciliter l’accès aux travaux et aux compétences scientifiques nationaux. Http://www.imist.ma/ IMRI : Institut marocain des relations internationales (IMRI). Présisdent Jawad Kerdoudi INDH : Initiative nationale pour le développement humain. INSTITUTS CONFUCIUS : Institutions de la RPC censées être des vitrines de la culture chinoise. IRES : Institut royal d'études stratégiques dirigé par Tawfik MOULINE - étudie des questions de veille stratégique. MAP : Agence Maghreb arabe presse. Ali Bouzerda est depuis 2009 son directeur général. http://www.map.ma MENA : Pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. MRE : Marocains résidant à l’étranger OMPIC : Office marocain de la propriété industrielle et commerciale. ONG : Organisation non gouvernementale, personne morale à but non-lucratif ne dépendant ni de l’État, ni d’Organisations Intergouvernementales. OTAN : Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN, en anglais NATO), parfois connue sous le nom d'Alliance Atlantique. Http://www.nato.int/cps/fr/natolive/index.htm. OSCE : L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe est la plus importante des organisations de sécurité régionale. Elle déploie un large éventail d'activités relevant des trois dimensions de la sécurité: humaine, politico-militaire et économico-environnementale. Elle regroupe 56 États situés en Europe, en Asie centrale et en Amérique. Http://www.osce.org/ 37 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School PMV : Plan Maroc vert P-MAPS : Le portail Product Map du Centre de commerce international (CNUCED/OMC) est consacré au marché des biens. Il comprend trois principaux types d’outils: des Market Positioning Tools (outils de positionnement sur le marché), des Market Intelligence Tools et des Networking Tools (outils de réseaux de contacts). P-MAPS couvre 72 secteurs de produits et comprend plus de 5.300 produits classés dans le système harmonisé (SH), et ce dans plus de 220 pays et territoires. http://www.p-maps.org/Client/UserGuide.aspx. SEGMA : Service de l’État géré de manière autonome. TRADEMAP : Trade statistics for international business development. Trade Map fournit aux utilisateurs des indicateurs sur la performance de l'export, la demande internationale, les marchés alternatifs et le rôle des compétiteurs. Trade Map couvre 220 pays et territoires et 5300 produits du Système Harmonisé. Les données commerciales sont aussi disponibles au niveau de la ligne tarifaire pour plus de 120 pays ainsi qu'au niveau trimestriel et mensuel pour plus de 50 pays. Http://www.trademap.org/index.aspx. UPM : L’Union pour la méditerranée. Organisation internationale intergouvernementale à vocation régionale. Elle rassemble les 27 pays de l’Union européenne et les 16 États riverains de la Méditerranée. Réunis en sommet à Paris le 13 juillet 2008, à l’invitation du président de la République française et du Président Egyptien, les chefs d’État et de gouvernement de 43 pays ont décidé de mettre en œuvre un partenariat renforcé autour de la Méditerranée. Six axes prioritaires ont été définis (dépollution de la Méditerranée, autoroutes maritimes et terrestres, développement de l’énergie solaire, enseignement et recherche, protection civile, développement des PME). Ils ont par la suite fait l’objet de l’établissement d’un programme d’action les 3 et 4 novembre lors de la réunion des ministres des affaires étrangères tenue à Marseille. L’UPM doit contribuer à faire de l’espace euro-méditerranéen un espace de paix, de stabilité et de prospérité pour les peuples des deux rives. L’année 2009 a été marqué par un report des réunions suite à la crise ouverte à Gaza. Toutefois en juin a eu lieu la première réunion ministérielle de L’UPM sur le développement durable co-présidée par la France et l’Egypte. En juillet s’est déroulée à Bruxelles une réunion des ministres des finances de l’UPM tenue en marge de l’ECOFIN. USAID : Agence des États-Unis pour le développement international (United States Agency for International Development ou USAID). Agence indépendante du gouvernement elle est chargée de développement économique et de l’assistance humanitaire dans le monde (wikipedia). 38 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School II. GLOSSAIRE CAID : Fonctionnaire du ministère de l’intérieur cumulant les fonctions d’administrateur et d’agent d’autorité à l’échelle d’une circonscription territoriale et administrative. CAPACITY BUILDING : se rapporte à l'aide qui est fournie aux entités, à des sociétés de pays habituellement en voie de développement, qui ont un besoin de développer certaines compétences. Les services de capacity building sont proposés par des entreprises publiques ou du secteur public ou des organisations non gouvernementales souvent dans le cadre de programmes de coopération technique. CHARI’A : En termes juridiques, la loi islamique telle qu’extraite des sources sacrées (le Coran – ou Cor’an – et la Sunna). « Au demeurant, les injonctions de la Chari’a ne fonctionnent pas toujours comme des règles de droit tant elles constituent un ensemble d’obligations, de devoirs et de considérations morales servant à orienter les fidèles dans la direction de l’obéissance à Dieu » (Jean Paul Laramée) CONTRE – INTELLIGENCE : La contre-intelligence est l’ensemble des actions permettant de se protéger de l'intelligence de ses adversaires. CONTRE –INGÉRENCE : Opération visant à déceler et à neutraliser toute menace contre la sécurité résultant des activités des services de renseignement, d’organisations ou d’agents se livrant à l’espionnage, au sabotage, à la subversion ou au terrorisme. DOCTRINE : Ensemble de conceptions qui sous-tend une stratégie. La doctrine fixe un guide pour l’action dans un environnement donné. Elle est gouvernée par la recherche de l’efficacité pratique (cf T. de Montbrial et J. Klein, Dictionnaire de stratégie, PUF, 2000) HALAL : « Tout ce qui est autorisé, permis, licite. En Islam, il existe des activités, des professions, des contrats et des transactions qui sont explicitement prohibés (haram) par le Coran ou la Sunna. A l’exception de ces derniers tous les autres sont halals. Une activité peut être économiquement viable mais insusceptible d’être pratiquée dans une société islamique si cette dernière n’est pas permise par la Chari’a » (Jean-Paul Laramée). INFLUENCE : Stratégie indirecte visant à obtenir un assentiment ou un comportement essentiellement par l’emploi de signes (sans force ni contrepartie) : ainsi, par le prestige de son image, par persuasion, par modification ou formatage des critères de jugement, ou, enfin par la médiation d’alliés et réseaux. (cf F-B. Huyghe, Http://www.huyghe.fr/actu_678.htm) INFODOMINANCE OU DOMINANCE INFORMATIONNELLE : Dominer par l’information Au sens tactique, strictement militaire : moyens essentiellement technologiques de connaître les forces adverses et l’environnement et désorienter l’Autre par l’acquisition, la rétention ou l’altération de données, tout en coordonnant instantanément ses propres forces. Donc supériorité en termes de savoir débouchant sur la maîtrise de l’espace (ubiquité), du temps (instantanéité) et des forces (« projetables » en tout lieu). (cf F-B. Huyghe, Http://www.huyghe.fr/actu_678.htm) INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE : « Maîtrise et protection de l’information stratégique pour tout acteur économique. Elle a pour triple finalité la compétitivité du tissu industriel, la sécurité de l’économie et des entreprises et le renforcement de l’influence (d’un pays) » (Alain Juillet). 39 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School INTELLIGENCE SOCIALE : « l’ensemble des activités d’une société, reliées à l’intelligence, la capacité à s’adapter, répondre à des circonstances changeantes, afin de réaliser des objectifs de développement décidés » (selon Stevan Dedijer) INTELLIGENCE STRATEGIQUE : Ensemble des méthodes destinées à éclairer la réalité (mieux connaître les dangers et opportunités de la configuration présente) et découvrir les projets et les ressources des acteurs dans une situation de compétition ou de conflit. Elle dépasse la simple veille chère à l’intelligence économique ou le « renseignement » aux connotations sulfureuses (espionnage, surveillance électroniques…). Elle suppose le traitement des informations pour en faire des facteurs de décision, comme le recours à l’influence pour changer le rapport de force et peut être politique, militaire, diplomatique… (cf F-B. Huyghe, Http://www.huyghe.fr/actu_678.htm) « MARAACID » : Portail de veille informationnelle et documentaire du CND. MOKADDEM : Représentant de l’autorité à l’échelle d’un quartier ou d’un douar. Sous tutelle caïdale directe, le mokkadem est les yeux et les oreilles du caïd sur les activités de ses administrés. PERCEPTION MANAGEMENT : L'ensemble d’actions destiné à modifier la perception d’un individu/d’une entité dans le but de lui faire accepter et/ou réfuter des informations extérieures afin d’obtenir des actions - de la part de l’individu et/ou de l’entité - favorables aux objectifs définis par les opérateurs. SÉCURITÉ GLOBALE : C’est « la capacité d’assurer à une collectivité donnée et à ses membres, un niveau suffisant de prévention et de protection contre les risques et les menaces de toutes natures et de tous impacts, d’où qu’ils viennent, dans des conditions qui favorisent le développement sans rupture de la vie et des activités collectives et individuelles » (selon l’INHES). SÉCURITÉ (Safety) : Mesures de prévention et de réaction mises en œuvre pour faire face à une situation d’exposition résultant de risques accidentels, qu’ils soient du fait de l’homme, de la machine ou de la nature. SOCIAL LEARNING : Opération d’influence très élaborée dont la méthode consiste à conquérir des marchés sous couvert d’une socialisation des élites et des centres de décision qui débouche sur un véritable conditionnement des esprits. Le formatage vise à contrôler par des voies indirectes le référentiel de raisonnement et à orienter les comportements socioculturels très en amont des marchés. Le social Learning peut « instrumentaliser les pôles de connaissance les plus influents, les institutions internationales, les entreprises et les ONG sur des intérêts particuliers, afin de conquérir les sources d’information et les centres de décision situés aux points névralgiques d’un pays visé » (cf Eric Denécé) SMART POWER : Consiste à mélanger le pouvoir dur et le soft en un « pouvoir intelligent ». SOFT POWER : Concept des relations internationales lancé par Joseph S. Nye prônant l’influence. Il ne s’agit pas de dominer uniquement par la puissance militaire (hard power), mais de séduire et d’attirer, de rayonner par divers moyens d’influence (réputation, négociation, diplomatie, media et culture, universités, présence active dans les institutions internationales et les ONG… 40 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School Le « SUNNA (ou Sounna) : La Voie et la Tradition du Prophète Mohammed, y compris ses propos, ses actes, ses approbations et désapprobations explicites ou implicites3… Deuxième source de la révélation islamique après le Coran (Jean-Paul Laramée). SURETÉ : Mesures de prévention et de réaction mises en œuvre pour faire face à une situation d’exposition résultant de menaces ou d’actions malveillantes. THINK TANK : « réservoir à pensée » – désigne des centres de recherche de droit privé à but non-lucratif, Ils agitent les idées dans le domaine politique, économique, stratégique, écologique et font des propositions dont ils assurent la promotion. Ce type d’institutions joue un rôle crucial dans le monde anglo-saxon et surtout américain, d’où l’habitude d’employer cette expression anglaise » (http://www.infoguerre.fr/glossaire) WALI : Haut fonctionnaire du ministère de l’intérieur nommé par le roi à la tête d’une wilaya. WILAYA : Région administrative composée de deux ou plusieurs provinces et /ou préfectures. 41 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School III. RÉGIONS ET CENTRES RÉGIONAUX D’INVESTISSEMENT Les seize régions du Royaume sont : 1. Oued-Eddahab-Lagouira ; 2. Laâyoune-Boujdour-Sakia ; 3. Guelmi-Es Smara ; 4.SoussMassa-Draâ ; 5. Gharb-Chrarda-Beni Hssen ; 6. El Hamra Chaouia-Ouardigha, 7. MarrakechTensift-Al Haouz ; 8. l'Oriental ; 9. Casablanca ; 10. Rabat-Salé-Zemmour-Zaër ; 11. Doukkala-Abda ; 12. Tadla-Azilal ; 13. Meknès-Tafilalet ; 14. Fès-Boulemane ; 15. TazaTaounate-Al Hoceima et 16. Tanger-Tétouan. http://www.africa-onweb.com/maroc/cartes/carte-administrative-01.htm 42 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School Centre Régional d’Investissement Agadir71 Site du Centré régional d’investissement du Souss Massa Draa. Le Centre a deux fonctions essentielles : l’aide à la création d’entreprises et l’aide aux investisseurs. Centre régional d’investissement Marrakech Centre régional d’investissement Rabat regroupe les villes de Rabat, Salé, Zemmour, et Zaër. Centre régional d’investissement Tadla Azilal. Centre régional d’investissement Tanger – Tetouan regroupe les villes de Tanger, Tétouan, larache et Chaouen. Centre régional d’investissement Casablanca Centre régional d’investissement Kenitra Centre régional d’investissement de Kenitra. Centre régional d’investissement Laayoune. Centre régional d’investissement Dakhla 71 http://www.bladi.net/cri,206.html 43 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School IV. LA CONFÉDÉRATION GÉNÉRALE DES ENTREPRISES MAROCAINES (CGEM) (cf : http://www.cgem.ma/index.php) Elle constitue une force de représentation, de promotion et d’assistance pur ses membres mais également de réflexion et de proposition sur les principales thématiques touchant notamment la compétitivité des entreprises. Elle distribue à ses adhérents le bulletin CGEM Infos. Elle regroupe 31 fédérations sectorielles : 1 Fédération Nationale des Agents et Courtiers d'Assurance au Maroc (FNACAM) 1. Fédération des Entreprises d'Artisanat (FEA) 2. Fédération Nationale de l'Agro-alimentaire (FENAGRI). Site web : www.fenagri.org 3. Fédération Marocaine des Sociétés d'Assurance et de Réassurance (FMSAR) 4. Fédération de l'Automobile (FA) 5. Fédération Interprofessionnelle du Secteur Avicole (FISA) Site web : http://www.fisa.org.ma 6. Fédération des Secteurs Bancaire et Financier (FSBF) 7. Fédération Nationale du Bâtiment et Travaux Publics (FNBTP) 8. Fédération de la Chimie et Parachimie (FCP) Site : www.fcpmaroc.org 9. Fédération du Commerce et Services 10. Fédération Nationale de l’Electricité et de l’Electronique (FENELEC). Site web : www.fenelec.com 11. Fédération de l'Energie 12. Fédération de l'Enseignement Supérieur Privé et Technique 13. Fédération des Industries du Cuir (FEDIC). Site web : www.fedic.org.ma 14. Fédération des Industries Forestières, de l'Emballage et des Arts (FIFAGE) 15. Fédération des Industries des Matériaux de Construction (FMC) 16. Fédération des Industries Métallurgiques Mécaniques et Electriques (FIMME). Site web : www.fimme.ma 17. Fédération Nationale des Industries de Transformation et de Valorisation des Produits de la Pêche (FENIP). Site web : www.fenip.com 18. Fédération Marocaine des Média (FMM) 19. Fédération des Mines (FDIM) 20. Fédération Nationale de la Minoterie (FNM). Site Web : www.fnm.org.ma 21. Fédération Nationale des Négociant en Céréales et Légumineuses (FNCL) 22. Fédération des Nouvelles technologies de l'Information, des Télécommunications et de l'Off-shoring (APEBI). Site Web : www.apebi.org.ma 23. Fédération des Pêches Maritimes et de l'Aquaculture (FPMA) 24. Fédération Nationale des Promoteurs Immobiliers (FNPI). Site web : www.fnpi.co.ma 25. Fédération du Textile (AMITH). Site web : www.amith.org.ma 26. Fédération Nationale du Tourisme (FNT). Site Web : www.fnt-maroc.com 27. Fédération du Transport 28. Groupement des Industriels Marocains Aéronautique et Spatial (GIMAS). Site Web : www.gimas.org 29. Fédération des Pêches Maritimes (FPM) 30. Fédération Nationale des Associations de Microcrédit (FNAM) 44 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School V. LES SERVICES DE RENSEIGNEMENT MAROCAINS 72 Hassan II décida, dès les années 60, de doter les services, tous les services, de moyens d’action (matériel, équipements, budgets) conséquents. Ils gagnèrent « en puissance après le coup d’état de 1972 où le roi revêtit la tunique de chef suprême des armées, créa la DGST et la DGED, et centralisa une fois pour toutes les collectes de renseignements, d’où qu’ils viennent. La philosophie hassanienne est toujours appliquée aujourd’hui, même si les hommes ont changé et si les départements - clé ont subi un sérieux relifting »73. 1. Certains services sont subordonnés au ministère de l’intérieur : - La Direction Générale de la sûreté nationale qui comprend la DGST, les RG et la DSR. La Direction Générale de Surveillance du Territoire (DGST), service de sécurité issue de la sûreté nationale s’occupe de contre-espionnage à l’intérieur du Royaume, d’anticipation et de suivi des actions potentiellement subversives, protection du patrimoine économique et scientifique. Le 15 décembre 2005, Abdellatif Hammouchi a été nommé à la tête de la Direction Générale de la Surveillance du Territoire, en remplacement de Ahmed Harrari. La DGST comprend le cabinet du directeur général, les brigades territoriales qui sont les représentations régionales delà DGST, ainsi que les services centraux. La Direction de la sécurité royale DSR : Elle assure la protection dans les différents palais et dans les lieux et résidences du souverain. Les Renseignements Généraux : Service de renseignements de la police. - La Direction des Affaires Générales DAG collecte et filtre les renseignements de la chaîne wallis, caïds et mokaddem. Elle dispose dans toutes les entités territoriales (wilayas, préfectures, cercles, arrondissements, etc) d'une armée de cadres et d'agents qui travaillent sur l’information. 72 (octobre 2009) 73 Karim Boukhari et Abdellatif El Azizi, « Exclusif. Voyage au cœur des services secrets », leconomiste, n° 167, mars 2005. http://www.telquel-online.com/167/couverture_167_1.shtml. 45 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School - Les Forces auxiliaires Désormais gérées par le général Hamidou Laânigri, relèvent théoriquement du ministère de l'Intérieur. Composées de plusieurs milliers d'agents, elles participent au maintien de la sécurité urbaine. Elles sont également sollicitées pour des opérations contre l'immigration clandestine ou contre le trafic de la drogue74. 2. La Direction générale des études et de la documentation, directement attachée au roi du Maroc, est le service de renseignement extérieur. En mai 2007 son patron Yassine Mansouri a lancé une cellule dédiée à la « contre-ingérence économique et formée d’une vingtaine d’experts. Leur champ d’intervention est très large et dépasse les prérogatives de l’ancienne cellule chargée de contre-espionnage économique aux activités précédemment gelées. Les agents de renseignement traquent des informations économiques : « commerce et détermination des prix, données sur les stratégies d'investissement, détails sur les gros contrats, listes de fournisseurs, documents de planification et bases de données informatiques, etc. »75. Ils surveillent les délégations d’hommes d’affaires étrangers et sont particulièrement actifs sur la protection des informations sensibles concernant les grands groupes nationaux. Ils pistent d’éventuelles “débauches de cadres détenant un savoir-faire pointu”, de “piratages ou de vols d’ordinateurs”, de “rumeurs d’appartenance sectaire pour exclure un concurrent d’un appel d’offres”, “d’infiltrations par le biais de cadres étrangers” ou encore “d’actions de lobbying offensif”. L’offensive chinoise nourrie par l’espionnage économique en particulier de faux migrants est une de leurs principales préoccupations. Le détournement d’investisseurs par les Tunisiens qui écoutent et observent dans les expositions et dans les lieux publics en est une autre 76. La DGED comprend des effectifs civils et militaires aux fortes spécialisations. Les services sont articulés entre le siège central, à Rabat, et les représentations extérieures au Maghreb, au Moyen-Orient, en Europe, en Amérique et ailleurs, même en Malaisie. Plusieurs directions sont en place : contre-espionnage, action, contrôle…, ainsi que de nombreux services spécialisés (social, administration et finances, relations extérieures…)77. On peut citer - Les Représentations extérieures : personnel permanent affecté aux ambassades et aux représentations extérieures diplomatiques du Royaume. Ils sont chargés des études et de la documentation. - Le service action : un corps délite dirigé par colonel-major Mohamed El Azzaoui effectue le travail de terrain, les interventions directes pour préserver les intérêts du Royaume. - La Direction du contre-espionnage opère à l’intérieur du pays, collabore souvent avec la DGST - La Direction des transmissions 74 Driss Ihajjiten, Maroc,qui nous protège ?, blog Maroc News, 20 août 2009. Http://www.blogg.org/blog.php?idblog=46440&tag=dged Maroc. Abdellatif el Azizi, Renseignement, « le commando économique de la DGED », Tel Quel online, n°280, 6 juillet 2007 http://www.telquel-online.com/280/maroc4_280.shtml 76 Idem. 77 Putch civil à la DGED http://www.maroc-hebdo.press.ma/MHinternet/Archives_640/html_640/putsch.html 75 46 Cahiers de Recherche CEREBEM BEM – Bordeaux Management School 3. Les services de l’armée relèvent de sa majesté le Roi, chef des Armées : - La Gendarmerie royale a pour missions la sécurité et le renseignement (à l’intérieur du corps de la gendarmerie et dans le pays profond là où la DGST n’est pas présente). C’est « une grosse machine dotée de moyens humains, techniques et logistiques importants. Ainsi, le général Hosni Benslimane dispose de 22 000 gendarmes dont 1 000 officiers, 22 commandements régionaux, des hélicoptères de combat de recherche et de sauvetage, d'avions de lutte contre les incendies, etc. Le budget de fonctionnement de la gendarmerie absorbe 21% du budget des Forces armées royales. Le budget global alloué à la gendarmerie en 2006 représente 7,8 du budget alloué à l'administration de la Défense ». Ayant toutefois besoin d’être modernisée elle quadrille toutes les zones rurales et étend ses prérogatives parfois sur des périmètres urbains ou récemment urbanisés. - Le 2ème bureau : Peu connue mais très sensible, cette direction du renseignement militaire est officiellement chargée du " renseignement sur l'ennemi et de l'étude des menaces ". Elle opère entre autres aux postes frontières terrestres et collabore avec la DGST et la DGED. - Le 5ème bureau: Cette direction du renseignement militaire a pour mission de déjouer l'intrusion d'éléments armés sur le territoire. Elle veille à la sécurité des militaires et doit également protéger l'armée de toute tentation d'infiltration. 47