La Lettre du Neurologue - vol. IX - n° 9 - novembre 2005 325
…/… Cependant, dans la majorité des cas, il existe un contexte
d’alcoolisme chronique, l’EGW étant la conséquence d’un déficit
en vitamine B1 secondaire à une interaction de l’éthanol sur le
stockage et l’utilisation de la thiamine (3).
Manifestations cliniques
L’installation est généralement progressive, précédée de troubles
digestifs, d’une asthénie, d’une perte de poids et d’une somno-
lence. Parfois, en cas de carence en vitamines B12 ou en acide
folique surajoutée, le début peut être aigu.
Les signes cliniques forment une triade détaillée par Harper et al.
[1986] (4),associant des troubles psychiques (confusion, agitation),
des troubles oculomoteurs (diplopie, nystagmus) et un syndrome
cérébelleux. Cependant, la triade n’est pas toujours complète.
Ces auteurs proposent que deux des trois éléments précités soient
présents (en dehors d’autres étiologies neurologiques pouvant
expliquer les symptômes) pour poser le diagnostic d’EGW.
✓ Troubles psychiques
Ils sont présents dans 90 % des cas et représentent donc le signe
cardinal de l’EGW. Ils comportent essentiellement un syndrome
confusionnel, rendant l’analyse neuropsychologique fine difficile
à la phase aiguë, fréquemment associé à des hallucinations et à
des zoopsies.
✓ Troubles oculomoteurs
Bien que très évocateurs d’une EGW dans un contexte de confu-
sion, ils ne sont présents que dans 50 % des cas environ. Ils sont
difficiles à affirmer au début des troubles car la coopération
des patients est souvent faible, notamment pour examiner la
poursuite et les saccades. Les symptômes les plus fréquents sont
une diplopie (atteinte du III ou du VI), parfois une ophtalmo-
plégie inter- ou supranucléaire, souvent associée à un nystagmus
multidirectionnel. L’atteinte de la musculature intrinsèque est
exceptionnelle.
✓ Syndrome cérébelleux
Une ataxie est plus fréquemment observée qu’un syndrome céré-
belleux cinétique ou qu’une dysarthrie.
✓ Signes associés
Il existe souvent des troubles neurovégétatifs, un signe de Babinski,
une hypertonie oppositionnelle et un syndrome frontal.
Examens complémentaires
Aucun examen complémentaire n’est spécifique de l’EGW, mais
un certain nombre d’éléments biologiques et radiologiques seront
des arguments forts pour le diagnostic.
Les examens biologiques recherchent une carence vitaminique
grâce au dosage de la thiamine, de l’activité transcétolasique des
hématies, des folates, de la vitamine B12 et de la vitamine PP. On
évaluera la présence de désordres hydroélectrolytiques associés
à cette carence vitaminique.
En ce qui concerne les examens radiologiques, l’IRM cérébrale
a clairement montré sa supériorité sur le scanner et doit désor-
mais être considérée comme l’examen de référence (1). Cepen-
dant, la réalisation de l’IRM peut s’avérer difficile en raison de
l’agitation et de la confusion des patients à la phase aiguë.
L’IRM cérébrale montre un hypersignal diencéphalique en
séquence FLAIR ou en pondération T2, pouvant s’étendre au tha-
lamus (figures 1 et 2). Une prise de gadolinium peut être obser-
vée de façon transitoire. Dans un second temps, une atrophie
apparait, notamment cérébelleuse et du corps calleux (figure 3).
Il semble que les images en hypersignal T2 persistent fréquem-
ment pendant plusieurs semaines après la phase aiguë (1).
L’évolution peut se faire vers un syndrome de Korsakoff ou
vers un retour ad integrum du tableau clinique. Il semblerait que
l’absence d’hypersignal diencéphalique en pondération T2 soit
prédictif d’une meilleure évolution (1).
Les études autopsiques ont montré que ces lésions en hypersignal
T2 correspondaient à une dilatation des capillaires associée à
une hypertrophie des cellules endothéliales, à une démyélinisa-
tion et à une prolifération astrocytaire et microgliale. Il peut éga-
lement exister des lésions pétéchiales hémorragiques du tronc
cérébral (4).
Figure 1. IRM en pondération T2, en coupe axiale, montrant un hyper-
signal périaqueducal très évocateur dans un contexte d’EGW à sa phase
aiguë.
MISE AU POINT