La Lettre du Psychiatre • Vol. VIII - no 1 - janvier-février 2012 | 11
En effet, l’amélioration rapide au traitement
était corrélée à la réponse à 3semaines, dès le
deuxième jour pour l’asénapine, alors qu’il faut
attendre 4jours pour l’olanzapine. Globalement,
cette corrélation était également plus étroite pour
l’asénapine
(4)
.
Ainsi, la réponse au traitement au terme de 2 à
4 jours peut être cliniquement utile pour prédire
si un patient bénéficiera effectivement au long
cours d’un traitement instauré récemment.
Références bibliographiques
1. Zhao J, Ha X, Szegedi A. Early improvement predicts later
outcome in manic or mixed episodes associated with bipolar
I disorder: post hoc analyses of asenapine studies.
Bipolar
Disorders, Special Issue: Abstracts of the Ninth International
Conference on Bipolar Disorder 2011;13,S1:107.
2. McIntyre RS, Cohen M, Zhao J, Alphs L, Macek TA, Panagides J.
Asenapine for long-term treatment of bipolar disorder: a double-
blind 40-week extension study. J Affect Disord 2010;126(3):
358-65.
3. McIntyre RS, Cohen M, Zhao J, Alphs L, Macek TA, Panagides
J. Asenapine versus olanzapine in acute mania: a double-blind
extension study. Bipolar Disord 2009;11(8):815-26.
4. Szegedi A, Zhao J, van Willigenburg A, Nations KR, Mackle
M, Panagides J. Effects of asenapine on depressive symptoms
in patients with bipolar I disorder experiencing acute manic or
mixed episodes: a post hoc analysis of two 3-week clinical trials.
BMC Psychiatry 2011;11:101.
Obésité, statut émotionnel
etcomportement alimentaire :
le rôle de l’inflammation
Bordeaux (France)
L’obésité constitue aujourd’hui un réel problème
de santé publique. Les personnes obèses
présentent un risque significativement augmenté
de développer des pathologies cardiovasculaires,
un diabète ou d’autres maladies chroniques, mais
également des troubles neuropsychiatriques.
Ainsi, certaines études rapportent une préva-
lence de troubles dépressifs de l’ordre de 30 %
chez le sujet obèse. Le surpoids et l’obésité se
caractérisent également par une inflammation
chronique à bas bruit avec production continue de
facteurs inflammatoires par le tissu adipeux. Cette
inflammation chronique systémique est égale-
ment présente dans le système nerveux central
sous la forme d’une micro-neuro-inflammation.
Compte tenu des effets connus des cytokines sur
le cerveau, il apparaît donc probable que l’inflam-
mation chronique à bas bruit caractéristique de
l’obésité puisse contribuer à la prévalence élevée
de troubles dépressifs observés chez les patients
obèses. Deux équipes françaises se sont associées
pour explorer cette hypothèse. Une centaine de
femmes souffrant d’obésité sévère ou morbide
et en attente d’une chirurgie bariatrique ont
participé à cette étude. Elles ont été évaluées
avant la chirurgie, puis 1an après. À chaque
étape de l’étude, elles ont été soumises à des
prélèvements sanguins destinés au dosage des
marqueurs de l’inflammation, comme l’interleu-
kine-6, et des adipokines. Elles ont également
eu à répondre à un entretien psychologique
qui comprenait un questionnaire de compor-
tement alimentaire (
Three Factor Eating Ques-
tionnaire
[TFEQ]), des mesures du névrosisme
et de l’extraversion (
Neuroticism Extraversion
Openness Personality Inventory
[NEO-PI-R]). Le
névrosisme est une dimension de personnalité
caractérisée par une disposition aux émotions
négatives comme la colère, la tristesse, l’anxiété,
la dépression ou la culpabilité. Les personnes
présentant un score de névrosisme élevé ont plus
souvent tendance à percevoir les événements
comme négatifs ou néfastes. Cette dimension
de la personnalité a été identifiée comme un
puissant facteur de vulnérabilité aux troubles
émotionnels, et elle a été associée à diverses
altérations du comportement alimentaire. Les
résultats de l’étude montrent, comme les cher-
cheurs s’y attendaient, une relation significative
entre l’adiposité et le statut inflammatoire avant
la chirurgie bariatrique. Plus l’indice de masse
corporelle (IMC) est élevé, plus l’inflammation est
importante. Il a été observé −c’est un résultat
particulièrement original rapporté par cette
étude− que l’inflammation systémique mesurée
avant la chirurgie bariatrique était associée à
l’état psychologique des patientes, notamment
aux dimensions dépressives et anxieuses du
névrosisme, et ce indépendamment de l’âge, du
statut diabétique et de l’IMC.
La perte de poids induite par la chirurgie baria-
trique entraînait à la fois une amélioration signi-
ficative du profil inflammatoire des femmes, et
une nette diminution des scores dans les échelles
de névrosisme et de comportement alimentaire.
Là aussi, la diminution des concentrations des
marqueurs de l’inflammation était significati-
vement associée à l’amélioration des scores
de névrosisme, notamment dans sa dimension
anxieuse.
Les résultats de cette étude confortent ainsi le
rôle de l’inflammation liée à l’adiposité dans
les altérations émotionnelles observées chez
les individus obèses. D’une façon plus générale,
l’association observée entre adiposité, névrosisme
et comportement alimentaire, et la modulation
de cette relation par l’inflammation renforcent
l’idée que l’obésité représente une situation de
vulnérabilité aux troubles émotionnels et suggère
que l’inflammation contribue pour une part non
négligeable à cette vulnérabilité. L’état inflamma-
toire semble constituer un médiateur important
de la détresse émotionnelle et des caractéristiques
psychologiques des individus obèses.
>
Capuron L, Poitou C, Machaux-Tholliez D et al. Relationship
between adiposity, emotional status and eating behaviour in
obese women: role of inflammation. Psychol Med 2011;41:1517-28.