Chapitre II - Les origines de la vie Un peu d’histoire Au XVIIème siècle, un célèbre médecin donnait la recette pour faire des souris : «vous prenez des grains de blé et une chemise sale, bien imprégnée de sueur humaine, vous placez le tout dans une caisse et vous attendez vingt et un jours». Mais, grâce aux premiers microscopes, on découvre l’existence d’organismes très petits, des levures, des bactéries qui prolifèrent dans les substances en décomposition. On a ensuite affirmé que la vie naissait en permanence de la matière sous une forme microscopique. En 1862, Pasteur montre que des germes microbiens sont présents partout dans l’environnement, non seulement dans l’air mais aussi sur nos mains ou sur les ustensiles qui servent aux expériences. Les minuscules organismes que l’on observe dans les bouillons de culture, les «générations spontanées» résultent donc d’une contamination. Pasteur fit de nombreuses expériences mais l’une d’entre elles retiendra notre attention. http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Louis_Pasteur Un liquide nutritif (eau de levure de bière, jus de betterave) est versé dans un ballon à long col. Celui-ci est étiré par chauffage pour former un tube fin et recourbé (col de cygne). Le liquide est porté à ébullition ; cette opération tue tous les microorganismes présents. Les poussières contenant les microbes sont retenues par les gouttelettes d’eau à l’extrémité du tube. Le ballon reste stérile pendant très longtemps. Si l’on coupe le col de cygne, le bouillon nutritif est rapidement envahi par les germes. Pasteur avait donc battu en brèche la théorie selon laquelle la vie naissait du «nonvivant» par génération spontanée. Mais, ce faisant, Pasteur relégua l’origine de la vie «aux oubliettes» car on en conclut que la vie ne pouvait naître de la matière inerte et qu’elle ne pouvait provenir que de la vie elle-même ! Pasteur, à l'intérieur de son bouillon de culture isolé, ne découvre pas de trace de vie. On en conclut, sans doute trop hâtivement, que la vie ne peut naître de la matière inerte ! Comment expliquer sa toute première apparition ? Une intervention divine (ce n’est plus de la science), le hasard (un miracle) ou une origine extraterrestre ; des germes de vie auraient été apportés par des météorites. Mais, il ne venait à personne, l’idée que la vie eût pu apparaître graduellement et par évolution… Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 1 Mais, c’est sans compter sur Darwin, qui publie en 1859 l’origine des espèces. Selon sa théorie, les formes vivantes que l’on observe dans la nature ne sont pas apparues spontanément. Elles descendent les unes des autres avec des modifications qui ne se produisent qu’au cours de très grands intervalles de temps. Des variations peuvent se produire à l’intérieur d’une même espèce. Les animaux et les plantes diffèrent de ceux qui vivaient il y a des millions d’années. Contrairement à une opinion fort répandue, les espèces ne sont pas fixes mais se modifient au cours de longues périodes. L’expérience de Stanley L. Miller constitue un tournant dans l’approche expérimentale de l’origine de la vie. Dans les années 1950, ce jeune étudiant (25 ans) travaille à l’Université de Chicago sous la direction de Harold C. Urey, prix Nobel de chimie (1934). Urey s’intéresse aux théories de la formation du système solaire et plus précisément à la composition chimique de l’enveloppe gazeuse qui avait dû entourer la terre primitive. Miller a l’idée, simple mais très audacieuse, de simuler dans un ballon cette atmosphère primitive de la terre et de la bombarder par des décharges électriques figurant les éclairs des premiers temps. Miller tenta donc son expérience «en cachette» en reconstituant l’atmosphère primitive suggérée par Urey et Oparin. http://www.astrosurf.com/luxorion/Bio/exp-miller-dwg.gif Dans son appareillage, après y avoir fait le vide, Miller introduit du méthane, de l’ammoniac et de l’hydrogène («atmosphère primitive»). Il porte à ébullition l’eau d’un petit ballon et il y a production de vapeur d’eau. Les gaz circulent dans l’appareil de Miller tout en passant par un ballon où éclate pendant une semaine une étincelle produite par des décharges électriques de 60.000 volts («éclairs»). La vapeur d’eau est ensuite refroidie et se condense dans un réfrigérant («pluies»). Les composés formés se rassemblent dans la partie du tube en forme de «U» («océans»). Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 2 Après une semaine, Miller examine le liquide contenu dans l’appareil ; seul changement : il a viré de l’incolore au rouge orangé. Après analyse, il révèle la présence de substances organiques et notamment d’acides aminés, à partir desquels se construisent les protéines. La preuve est faite : des composés organiques de première importance peuvent se former dans ces conditions de l’atmosphère primitive. Mais de là à dire que Miller a synthétisé la vie, il y a un grand pas à ne pas franchir. Miller n’a pas été, non plus, le premier chimiste à synthétiser des acides aminés ; en 1928, Wolher réussit à fabriquer l’urée que l’on pensait uniquement résulter d’un principe vital chez les êtres vivants. Mais il a démontré que la synthèse de ces composés dans les conditions de l’atmosphère primitive était non seulement possible mais probable. Les composés indispensables à la vie actuelle l’étaient donc déjà à l’origine de la vie. La vie résulte de la longue évolution de la matière. Toute planète contenant de l'eau et à distance optimale du soleil est susceptible d'accumuler des molécules capables d'évoluer en êtres vivants rudimentaires. La vie ne naît pas spontanément ; il lui faut beaucoup de temps. Un animal primitif unicellulaire : la paramécie Une infusion de foin observée au microscope contient une quantité d’infusoires d’1/4 de mm qui se déplacent rapidement grâce à des cils vibratiles. Ces infusoires ciliés s’appellent paramécies. Le corps d’une paramécie est constitué d’une cellule unique qui se meut, capture et digère des proies (bactéries, algues). Ces proies sont dirigées vers une bouche cellulaire ; les aliments aboutissent dans de petits sacs contenant des substances digestives et sont évacués par un orifice. Le cytoplasme de la paramécie contient aussi deux noyaux qui contiennent le «plan nécessaire» à la reproduction. Deux vésicules assurent également une circulation d’eau à l’intérieur de l’animal. La paramécie se reproduit en se divisant en deux et cela plusieurs fois par jour. Elle reste l’être vivant unicellulaire le plus primitif que l’on connaisse. Structure d'une paramécie : grand protozoaire cilié vivant dans les eaux douces stagnantes. Cils vibratoires : cils minuscules entourant la paramécie et lui permettant de se mouvoir. Vacuole contractile : cavité de la paramécie capable de se contracter. Vacuole digestive : cavité de la paramécie responsable de la digestion. Gouttière orale : canal de la paramécie responsable d'aspirer les nutriments. Petit noyau : un des organites centraux moins importants de la paramécie. Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 3 Pharynx : cavité du pharynx. Ectoplasme : partie superficielle vitreuse de la paramécie. Endoplasme : partie centrale de la paramécie. Gros noyau : organite central le plus important de la paramécie. Canal de la vacuole contractile : ramification de la cavité contractile de la paramécie. Trichocyste : racine du cil vibratile de la paramécie. http://www.infovisual.info/02/004_fr.html Un végétal primitif : l’algue flagellée Les algues flagellées sont des microorganismes très présents dans l’eau. Cette algue appelée Chlamydomonas se déplace grâce à deux flagelles qui battent l’eau vers l’avant, à la manière de deux fouets minuscules. Bien que sa taille soit très inférieure à celle de la paramécie - quelques microns -, ce microorganisme contient tout ce dont il a besoin pour survivre et se reproduire. Ces organes minuscules sont : les mitochondries, minuscules centrales énergétiques ; le chloroplaste renfermant la chlorophylle ; les ribosomes ou centres de montage des protéines ; le noyau où se trouve condensé sous forme chimique – acides nucléiques – le plan nécessaire à la reproduction de tout l’organisme et à la synthèse des composés dont il a besoin. http://plantphys.info/plant_biology/labaids/images/chlamydomonas.jpg Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 4 La présence de chlorophylle devrait classer sans équivoque cette algue parmi les végétaux mais, dans l’obscurité, elle se nourrit, comme n’importe quel animal, de produits organiques puisés dans le milieu. Elle possède, aussi de l’animal, la mobilité ; elle se déplace vers une faible source lumineuse grâce à un «œil» photosensible rudimentaire. De plus, elle peut se reproduire sexuellement car il existe un type mâle et un type femelle… Les bactéries Avec les bactéries, les plus simples organismes dont l’unité de base est la atteint les limites de la vie… Elles pullulent partout (air, eau, terre, corps) et extraordinaire diversité de formes malgré leurs petites dimensions – quelques Elles peuvent causer de terribles maladies (choléra, tétanos, diphtérie…) en des toxines qui perturbent le fonctionnement de l’organisme. cellule, on sont d’une microns –. fabriquant Les bactéries (Bacteria) sont des organismes vivants unicellulaires procaryotes (caractérisées par une absence de noyau et d'organites). La plupart des bactéries possèdent une paroi cellulaire glucidique, le peptidoglycane. Les bactéries mesurent quelques micromètres de long et peuvent présenter différentes formes : des formes sphériques (coques), des formes allongées ou en bâtonnets (bacilles) et des formes plus ou moins spiralées. L’étude des bactéries est la bactériologie, une branche de la microbiologie. Les bactéries étant microscopiques, elles ne sont donc visibles qu'avec un microscope. Antoine van Leeuwenhoek fut le premier à observer des bactéries, grâce à un microscope de sa fabrication, en 1.668. Il les appela « animalcules » et publia ses observations dans une série de lettres qu'il envoya à la Royal Society.[][][] Le mot «bactérie» apparaît pour la première fois avec le microbiologiste allemand Christian Gottfried Ehrenberg en 1.828. Ce mot dérive du grec βακτηριον, qui signifie «bâtonnet». Au XIXe siècle, les travaux de Louis Pasteur ont révolutionné la bactériologie. Il démontra, en 1859, que les processus de fermentation sont causés par des microorganismes et que cette croissance n’était pas due à la génération spontanée. Il démontra aussi le rôle des micro-organismes comme agents infectieux. Pasteur conçut également des milieux de culture ainsi que des procédés de destruction des microorganismes (pasteurisation). Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 5 La plupart des bactéries possèdent un unique chromosome circulaire. Il existe toutefois de rares exemples de bactéries, comme Rhodobacter sphaeroides possédant deux chromosomes. Les bactéries du genre Borrelia (maladie de Lyme) ont la particularité d'avoir un génome linéaire et segmenté, ce qui est exceptionnel chez les procaryotes. La taille du génome peut être très variable selon les espèces de bactéries étudiées. Le génome de la souche d’Escherichia coli, séquencé en 1997, est constitué de 4,6 Mpb (4.600.000 paires de bases), il code 4.200 protéines. Le génome d’une autre souche d’ E. coli séquencé en 2001 comprend 5,5 Mpb codant 5.400 protéines. Certaines bactéries assimilent directement des substances chimiques ; d’autres fabriquent leurs aliments par photosynthèse ; d’autres tirent leur énergie de combustions internes et enfin les dernières vivent en symbiose avec des êtres vivants comme les Frankia sur les racines de l’aulne glutineux ou encore Rhizobium sur les Fabacées. Les bactéries interviennent massivement dans la vie quotidienne : fabrication du vinaigre, transformation des végétaux en humus, purification des eaux… Par exemple, Escherichia coli, bactérie de l’intestin, a la forme d’un bâtonnet qui mesure 2 à 3 microns de long et 0,8 micron de largeur. Au centre de la cellule, on distingue une masse diffuse renfermant le matériel génétique sous forme d’un chromosome. Généralement, les bactéries se reproduisent par simple division en deux. Division d'une bactérie. Le chromosome circulaire de la bactérie est sans doute attaché à une invagination de la membrane plasmique ou mésosome. Après duplication du chromosome (2), la bactérie s'allonge dans sa partie centrale et les chromosomes-fils, s'écartent l'un de l'autre (3). Enfin un étranglement médian sépare les deux cellules filles (4) (d'après J.-P. Changeux, 1965). Les bactéries possèdent également un mode de reproduction sexué. Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 6 Les bactéries «mâles» et «femelles» viennent en contact. Le chromosome «mâle» est lentement injecté dans le corps de la bactérie «femelle» par l’intermédiaire d’un «pont». L’accouplement dure environ 2 heures. Le chromosome «mâle» s’intègre au chromosome «femelle». La bactérie femelle se divise en deux bactéries filles ayant chacune leur chromosome (ces bactéries filles peuvent être «mâles» ou «femelles»). Il existe une sexualité chez les bactéries. Il y a transfert de matériel héréditaire d'une bactérie donatrice dite «mâle» vers une bactérie réceptrice dite «femelle». C'est la conjugaison bactérienne. «Mâle» «Femelle» Accolement ou ouverture du chromosome circulaire Transfert d'une partie du matériel héréditaire par un pont commun aux deux bactéries. Il y a alors formation d'un zygote (oeuf) particulier qui donne une bactérie possédant un fragment d'ADN venant du «père» et un fragment d'ADN de la «mère» (voir ci-dessous). Ceci peut être assimilé à une sexualité vraie car il y a «brassage» du matériel héréditaire. La nouvelle bactérie n'est conforme génétiquement ni au «père» ni à la «mère». http://hse.iut.u-bordeaux1.fr/lesbats/microbio/complethtml/A.htm Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 7 Les virus : modèles chimiques ou êtres vivants ? Les virus sont-ils des êtres vivants ou ne représentent-ils qu’un assemblage complexe de molécules capables de se recopier indéfiniment dans un milieu favorable ? En 1935, un chimiste américain parvient à cristalliser le virus de la mosaïque du tabac qui, placé dans un flacon à l’abri de l’humidité, ne possède aucune des propriétés qui le fait ressembler à un être vivant : il ne bouge pas, il n’assimile pas de substance étrangère, il ne prolifère pas et pourtant cette «poudre», dissoute dans l’eau retrouve son pouvoir infectieux. Une goutte de cette solution sur une feuille verte de tabac infecte cette dernière et le virus s’y reproduit à haute vitesse. Le virus : l’être vivant le plus rudimentaire ? Mais un virus ne peut se reproduire sans l’intervention de la cellule vivante qu’il parasite. Ayant besoin de la vie pour se reproduire, il n’a donc pu la précéder. Il est aussi incapable de transformer de l’énergie de manière autonome, ce qu’effectuent tous les êtres vivants formés d’une ou plusieurs cellules. Les plus grands virus atteignent 3.000 Angströms et les plus petits 100 Angströms. On ne peut les observer qu’au microscope électronique. Presque tous ont la même constitution de base : une écorce formée de molécules de «protéines», sortes de briques et une moelle interne, constituée d’un long filament enroulé d’acide nucléique et renfermant le matériel génétique. Ainsi, le bactériophage T (ou littéralement «mangeur de bactéries») possède la forme d’un têtard : une tête creuse renfermant la longue molécule d’acide nucléique - le plan de copie -, enroulée sur elle-même et une queue entourée d’une sorte de ressort spiralé. Toutes ces parties extérieures sont faites de protéines. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. Tête Queue Acide nucléique Capsule Col Fourreau Fibres de queue Pointes Plateau basal Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 8 http://fr.wikipedia.org/wiki/Virus#Acide_nucl.C3.A9ique Le filament d'acide nucléique peut être de l'ADN ou de l'ARN. Il représente le génome viral. Il peut être circulaire ou linéaire, bicaténaire (double brin) ou monocaténaire (simple brin). Le génome sous forme d'ADN est généralement bicaténaire. Le génome sous forme d'ARN est généralement monocaténaire et peut être à polarité positive (dans le même sens qu'un ARN messager) ou à polarité négative (complémentaire d'un ARN messager). http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/1b/Bacteriophage_structure.png Le virus ne peut se reproduire qu’à l’intérieur d’une cellule vivante ; il va confier, à la cellule qu’il attaque, le soin d’assurer sa propre reproduction. Ainsi, les virus T entourent la bactérie ; l’un deux perce la membrane protectrice de la bactérie à l’aide de sa queue. Par l’intermédiaire de cette seringue, il injecte son filament d’acide nucléique dans le corps de la bactérie. Celle-ci est alors «obligée» d’utiliser les centres de montage qui servent habituellement à la régénération de sa propre substance pour fabriquer de la protéine et de l’acide nucléique du virus T, sans s’écarter du plan imposé. La bactérie éclate en libérant une centaine de copies du virus originel. Ces virus iront, à leur tour, infecter d’autres bactéries. On découvre ainsi l’étonnant pouvoir de duplication de l’acide nucléique. Il existe également des rétrovirus c’est-à-dire des : Virus dont le génome est constitué d'ARN. Sa particularité est de posséder une "transcriptase inverse", enzyme qui permet la transcription de l'ARN viral du génome en molécule d'ADN "complémentaire" (ADNc) capable de s'intégrer à l'ADN de la cellule hôte. Il utilise ensuite la machinerie cellulaire pour se répliquer. Le rétrovirus est utilisé comme vecteur pour le transfert de gènes notamment à visée thérapeutique. http://www.futura-sciences.com/fr/definition/t/vie/d/retrovirus_249/ Les propriétés de la vie En mettant à part les virus, quelles sont les propriétés des microorganismes vivants ? 1. Individualisation : les individus forment une entité vivante autonome ; 2. Nutrition : ils se maintiennent en vie en absorbant ou en fabriquant les éléments dont ils ont besoin pour croître et entretenir leurs réactions vitales ; 3. Respiration-fermentation : ils transforment, par des réactions de combustion lente, l’énergie des aliments en énergie utilisable par la cellule ; 4. Reproduction : tous les êtres vivants peuvent donner des copies d’euxmêmes ; 5. Evolution : les organismes vivants peuvent évoluer par le mécanisme des mutations et de la sélection naturelle ; 6. Mouvement : certains se déplacent à l’aide de cils ou de flagelles ; ce mouvement est coordonné ; 7. Mort. Si on met du formol dans la goutte d’eau où évoluent des unicellulaires, toute activité cesse. Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 9 Les fonctions des êtres vivants Tout ce qui vit sur notre planète dérive des êtres microscopiques. Les trois fonctions de base des êtres vivants sont donc : 1. la possibilité de se maintenir en vie par la nutrition, l’assimilation chlorophyllienne, les réactions énergétiques de respiration et de fermentation ; AUTO-CONSERVATION 2. la possibilité de propager la vie grâce à la reproduction ; AUTO-REPRODUCTION 3. la possibilité de se conduire soi-même. AUTO-REGULATION La structure élémentaire capable d’accomplir ces trois fonctions de base est la cellule vivante, constituant de tout organisme, qu’il soit microbe ou être humain. Leur anatomie de base comporte presque toujours : une membrane qui assure leur individualité et les sépare sans les isoler du milieu extérieur ; un cytoplasme, sorte de gelée protéique transparente renfermant les organes (mitochondries, chloroplastes) ; un noyau contenant le matériel génétique. Les principales structures cellulaires Il existe deux types fondamentaux de cellules selon qu'elles possèdent ou non un noyau : les procaryotes dont l'ADN est libre dans le cytoplasme (les bactéries, par exemple) ; les eucaryotes qui ont une organisation complexe, de nombreux organites et dont le noyau est entouré d'une membrane nucléaire. Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 10 Principales différences entre les cellules procaryotes et eucaryotes Procaryotes Eucaryotes représentants bactéries, archées protistes, champignons, plantes, animaux Taille typique ~ 1-10 µm ~ 10-100 µm Type de noyau nucléoïde; pas de véritable noyau vrai noyau avec une enveloppe ADN circulaire (chromosome), avec des molécules linéaires (chromosomes) protéines HU pour eubactéries avec des protéines histone couplé au cytoplasme synthèse d'ARN dans le noyau synthèse de protéines dans le cytoplasme 23S+16S+5S 28S+18S+5,8S+5S très peu de structures très structuré par des membranes intracellulaires et un cytosquelette flagelle fait de flagelline flagelle et cils fait de tubuline anaérobie ou aérobie habituellement aérobie Mitochondries aucune de une à plusieurs douzaines Chloroplastes aucun dans les algues et les plantes chlorophylliennes Organisation habituellement des cellules isolées cellules isolées, colonies, organismes complexes avec des cellules spécialisées Division de la cellule division simple Mitose (multiplication conforme de la cellule) Méiose (formation de gamètes) ARN/synthèse des protéines Ribosomes Structure cytoplasmique Mouvement de la cellule Métabolisme Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 11 Le cytoplasme des procaryotes (le contenu de la cellule) est diffus et granulaire, du fait des ribosomes (complexe macromoléculaire responsable de la synthèse des protéines). La membrane plasmique isole l'intérieur de la cellule de son environnement et sert de filtre et de porte de communication. Il y a souvent []une paroi cellulaire. Elle joue le rôle de barrière supplémentaire contre les forces extérieures. Elle empêche également la cellule d'éclater sous la pression osmotique dans un environnement hypotonique (moins concentré). L'ADN des procaryotes se compose d'une molécule circulaire super enroulée. Bien que sans véritable noyau, l'ADN est toutefois condensé en un nucléoïde. Les procaryotes peuvent posséder un ADN extra-chromosomal, organisé en molécules circulaires appelées plasmides. Ils peuvent avoir des fonctions supplémentaires telles que la résistance aux antibiotiques. Certains procaryotes ont un flagelle leur permettant de se déplacer activement plutôt que de dériver passivement. http://fr.wikipedia.org/wiki/Cellule_(biologie)#Les_principales_structures_cellulaires AUTO- CONSERVATION Le soleil émet de l’énergie lumineuse sous forme de photons. Dans une première étape, cette énergie lumineuse est transformée en énergie chimique mise en réserve dans les liaisons chimiques du glucose (photosynthèse). Cette phase s’accompagne de la libération d’oxygène gazeux. Au cours d’une deuxième étape, le glucose servant d’aliment est brûlé en présence d’oxygène dans les cellules des animaux et des plantes (respiration). Cette combustion fournit de l’énergie directement utilisable par la cellule sous forme de «petite monnaie». Le nom de cette molécule est l’ATP ou adénosine triphosphate. Les produits de la respiration sont le gaz carbonique et l’eau. L’ATP peut être comparé à un ressort comprimé capable de céder très rapidement l’énergie qu’il contient en se détendant d’un seul coup. Le ressort comprimé, c’est l’ATP, molécule chargée tandis que le ressort détendu est l’ADP, molécule déchargée. La molécule d’ATP contient trois parties : 1. une tête d’adénine ou protéine ; 2. un corps de ribose ou sucre ; 3. une queue de trois molécules d’acide phosphorique. dernière partie que se trouve emmagasinée l’énergie. Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet C’est dans cette 12 http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Adenosintriphosphat_protoniert.svg Dans la réaction de photosynthèse, la chlorophylle est portée à un haut niveau énergétique par les photons du soleil. Cette phase d’excitation des électrons est indispensable à la suite du processus. On comprend ainsi mieux pourquoi animaux et végétaux ne peuvent vivre l’un sans l’autre. La plante fournit le glucose et l’oxygène, agents essentiels de la respiration et l’animal renvoie le gaz carbonique, source de carbone minéral, à partir duquel la plante synthétise les composés organiques dont elle a besoin. Photosynthèse et respiration se font chacune dans un organe bien déterminé de la cellule. Ces deux organes qui se ressemblent sont les chloroplastes, siège de la photosynthèse et les mitochondries, siège de la respiration. Photosynthèse Le gaz carbonique est une molécule à un atome de carbone. Il sert d’élément de construction à la cellule pour fabriquer des composés à plusieurs atomes de carbone ; L’eau est la source d’électrons (jouant le rôle de boulons) ainsi que la source d’oxygène gazeux ; Le glucose, produit de la réaction, est une molécule plus complexe à 6 atomes de carbone. Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 13 http://img103.imageshack.us/img103/8241/photosynthesecopiehr6.jpg Les électrons de la chlorophylle sont portés à un niveau énergétique élevé. Cette énergie sert à couper en deux la molécule d’eau. De l’oxygène gazeux se dégage dans l’atmosphère. Des électrons et de l’hydrogène sont collectés par des transporteurs chimiques. Le flux d’électrons retrouvant un niveau énergétique plus bas abandonne son énergie à une chaîne de transporteurs d’électrons qui sert à recharger l’ADP en ATP. Enfin des électrons excités à nouveau par la chlorophylle sont utilisés avec l’hydrogène et l’ATP pour la construction du glucose dans l’unité de synthèse chimique. Les deux phases de la photosynthèse Si la photosynthèse peut s'étudier de manière globale avec : 6CO2 + 12H2O + lumière C6H12O6 + 6O2 + 6H2O. Ce processus se déroule en réalité en deux phases bien distinctes : 1. Les réactions photochimiques, appelées communément «phase claire», qui peuvent se résumer ainsi : 12H2O + lumière 6O2 + énergie chimique (24 Hydrogènes). 2. Le cycle de Calvin, appelé aussi phase de fixation du carbone ou phase nonphotochimique, ou encore improprement appelé «phase sombre» : 6CO2 + énergie chimique (24 Hydrogènes) C6H12O6 + 6H2O Ce qui est noté «énergie chimique» correspond à 12 molécules de NADPH+H+ et de l'ATP. On aura remarqué que la 2e phase utilise l'énergie chimique fournie par la 1re phase photochimique. La 2e phase dépend aussi de la lumière, mais indirectement. C'est pourquoi l'expression «phase sombre» souvent utilisée dans le passé, est en fait inappropriée. Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 14 http://fr.wikipedia.org/wiki/Photosynth%C3%A8se#Les_deux_phases_de_la_photosynth. C3.A8se Respiration La respiration est en quelque sorte l’inverse de la photosynthèse. Le glucose est brûlé en présence d’oxygène pour redonner de l’eau et du gaz carbonique et en libérant une quantité importante d’énergie. L’énergie produite est en majeure partie stockée par le rechargement d’ADP en ATP. http://ecosys.cfl.scf.rncan.gc.ca/dynamique-dynamic/respiration-fra.asp Au niveau moléculaire, la respiration a lieu dans les mitochondries. http://fr.wikipedia.org/wiki/Mitochondrie#Structure La première étape de préparation du glucose a lieu en l’absence d’oxygène (glycolyse) ; la molécule à 6 atomes de C est coupée en deux molécules à 3 atomes de C. Ces tronçons sont introduits dans une machine à broyer les molécules, véritable moulin énergétique : le cycle de Krebs. Il en sort du gaz carbonique (1 atome de C) et des électrons riches en énergie, utilisée pour recharger ADP en ATP (+/- 50 %). En fin de parcours, les électrons se combinent à l’oxygène qui attire les ions hydrogène pour redonner de l’eau. Le cycle est bouclé. Ce qui entretient et mène la vie est donc «un petit courant électrique porté par le soleil». AUTO - REPRODUCTION Par ce mécanisme, la cellule peut se recopier et contrôler son métabolisme par la synthèse d’agents chimiques : les enzymes. La cellule est en grande partie faite de molécules géantes : les protéines. Ce sont les protéines de structures ou briques et les protéines-enzymes qui contrôlent les réactions chimiques. Les protéines sont assemblées à la manière de wagons de train (environ 200 Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 15 par protéine). Chaque wagon possède une forme et une fonction différente mais le mode d’accrochage de ceux-ci reste le même. Ces molécules constitutives sont appelées acides aminés car leurs extrémités «acide» (CHOH) et «amine» (NH2) réagissent l’une avec l’autre avec élimination d’une molécule d’eau. Il existe, chez les êtres vivants, une vingtaine d’acides aminés différents avec lesquels on peut construire un formidable nombre de «trains» de protéines, l’ordre d’agencement étant déterminant de leurs propriétés. Ainsi l’albumine des œufs, la caséine du lait, la kératine des cheveux ou encore l’hémoglobine du sang sont des protéines. La molécule d’ADN L’immense quantité d’instructions nécessaires à la fabrication d’un organisme vivant se trouve dans le long filament d’ADN. Cette molécule est capable de se dédoubler dans le sens de la longueur pour donner deux copies exactes de l’original. Chaque unité de construction du modèle est une fiche double ou triple, mâle ou femelle (comme les prises électriques). Ces fiches sont montées par l’intermédiaire d’un support sur un barreau aimanté. Le pôle nord de chaque aimant est grisé ; le support est noir. Ces aimants sont faibles et n’ont des effets qu’à courte distance. A chaque fiche correspond une lettre : - la la la la lettre lettre lettre lettre A correspond à une fiche double, mâle ; T correspond à une fiche double, femelle ; G correspond à une fiche triple, mâle ; C correspond à une fiche triple, femelle http://georges.dolisi.free.fr/Schemas/ADN1.gif Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 16 http://www.google.be/imgres?imgurl=http://georges.dolisi.free.fr Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 17 Dans le noyau d'une cellule qui a entamé son processus de division, on peut observer, au microscope, des structures denses et épaisses, les chromosomes (chez l'homme, 46 dans toutes les cellules du corps ou cellules somatiques (cellules non reproductives), 23 dans les cellules reproductives ou gamètes : ovocytes et spermatozoïdes). Ils représentent une forme compactée de la molécule d'ADN, associée à des protéines particulières : les histones. Le chromosome représenté sur ce schéma est formé de 2 "bras" ou chromatides et la partie inférieure de l'une d'entre elles a été déroulée. Les histones forment, avec la double hélice d'ADN, un "collier de perles" caractéristique : le nucléofilament. Chacune de ces perles est un nucléosome. Une chromatide fait environ 700 nm de diamètre (un nm ou nanomètre est la milliardième partie d'un mètre. 1000 nm = 1 µ c'est-à-dire 1 micron, soit un millième de millimètre). A la fin du déroulement, la double hélice d'ADN a un diamètre de 2 nm. Un gène est un fragment de cette molécule d'ADN qui permet la fabrication d'une protéine par la cellule. Remarque : Quand la cellule est au "repos" (elle ne se divise pas), l'ADN et les histones sont toujours présents mais pas sous forme de chromosomes. Composition de l’ADN 1868 - MIESCHLER (Suisse) découvre la "nucléine", riche en azote et en phosphore. 1950 - On ne connaît pas la structure de l'ADN mais tous ses constituants. On sait également que cette molécule peut s'autoreproduire. 1953 - La structure de la double hélice est découverte par 2 américains : CRICK et WATSON - Prix Nobel en 1962. Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 18 Ce que l'on sait aujourd'hui A - Les constituants Par hydrolyse (littéralement coupure à l’eau), on parvient à briser la molécule en petits morceaux. L’ADN (acide désoxyribonucléique) est formé de six corps chimiques différents : 1 - L'acide phosphorique : H3PO4 ou "phosphate" lorsqu'il est combiné à d'autres molécules. Identique à celui de l’ATP dont il constitue la queue. 2 - Le désoxyribose : glucide simple cyclique à 5 atomes de carbone (c'est donc un pentose). Ribose de l’ATP auquel il manque un atome d’oxygène. 3 - Des bases azotées : l'adénine (qui formait la tête de l’ATP), la cytosine, la guanine et la thymine. A, T, G et C sont des bases (l’inverse chimique d’un acide) ; on les appelle les quatre bases de l’ADN. C’est l’agencement de ces molécules qui constitue le code de l’ADN. La combinaison d’une base, de désoxyribose et de phosphate constitue un nucléotide (unité de construction : base = fiche, support = désoxyribose et barreaux aimants = phosphates) à partir de laquelle s’édifient toutes les molécules d’ADN et d’ARN (ou acide ribonucléique). Les quatre bases ont des formes complémentaires qui leur permettent de s’emboîter l’une dans l’autre ; elles s’associent par paires comme indiqué ci-dessus mais leur liaison faible leur permet de «se faire» et «se défaire» Du fait de l’angle des liaisons chimiques, l’échelle d’ADN est tordue autour d’un axe central. B - L'assemblage Le motif de base, formé d'un phosphate, d'un désoxyribose et d'une base est le nucléotide. STRUCTURE "A PLAT" L'ADN est une molécule en double chaîne (on dit aussi bicaténaire) nucléotidique, comparable à une échelle avec montants (succession pentoses phosphates) et barreaux (bases azotées se faisant face). Les bases azotées de 2 nucléotides correspondants sont assemblées par des liaisons «hydrogène» de faible énergie. Les autres liaisons (dites covalentes) sont plus fortes. Comme indiqué plus haut, l'adénine est toujours associée à la thymine et la cytosine l'est toujours à la guanine. A ne peut s’unir qu’avec T et G avec C (à cause de l’écartement des différentes broches). Avec ces quatre pièces, on peut constituer une échelle aussi longue qu’on voudra dont les barreaux sont formés par deux fiches complémentaires et les montants par la succession des aimants collés les uns aux autres, par leurs pôles opposés. L’enchaînement des barreaux de l’échelle peut servir à un code. Une échelle très longue peut donc contenir une grande quantité d’information codée. Imaginons l’ouverture de l’échelle comme une fermeture éclair. Du moment qu’il existe des unités individuelles de montage, une unité complémentaire peut être restituée à chaque partie de l’échelle. Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 19 A partir de l’original, on obtient deux copies identiques. Ces informations sont contenues dans le noyau des cellules, dans les chromosomes (23 paires chez l’homme) sous forme d’acides nucléiques et de protéines «enroulés en boudins». Comment les codes de quatre bases peuvent-ils engendrer la construction de protéines à 20 pièces d’acides aminés ? C’est là qu’intervient l’ARN messager, synthétisé dans le noyau au niveau des chromosomes. Il migre dans la cellule pour porter l’information qu’il contient aux ribosomes, usines de synthèse des protéines. En fait, le message, porté par l’ADN, est transmis sous sa «forme circulante», l’ARN messager. Il porte «en creux» le message «en plein» de l’ADN. Comme dans toutes les macromolécules d’ARN, l’Uracil (U) remplace la Thymine (T). Les ARN de transfert vont chercher les acides aminés dans le milieu ambiant et les apportent sur le ribosome. Chaque ARN de transfert se fixe temporairement sur le ribosome puis laisse la place au suivant. Le ribosome parcourt le filament d’ARN messager en lisant le message qu’il porte. Il suffit de changer l’ordre des groupes de bases pour former une nouvelle protéine. Les ribosomes sont des complexes ribonucléoprotéiques présents dans les cellules eucaryotes et procaryotes. Leur fonction est de synthétiser les protéines en décodant l'information contenue dans l'ARN messager. Ils sont constitués d'ARN ribosomiques, qui portent l'activité catalytique, et de protéines ribosomiques. Les ribosomes sont constitués de deux sous-unités, une plus petite qui «lit» l'ARN messager et une plus grosse qui se charge de la synthèse de la protéine correspondante. http://fr.wikipedia.org/wiki/Ribosome http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:TraductionProt.png Le ribosome est la «machine» assurant la traduction de la molécule d'ARNm dans la synthèse des protéines. Le code génétique assure la correspondance entre la séquence de l'ARNm et la séquence du polypeptide synthétisé. Le ribosome utilise les ARN de transfert ou ARNt comme «adaptateurs» entre l'ARN messager et les acides aminés. Le ribosome est de plus un moteur moléculaire qui avance sur l'ARN messager en consommant l'énergie fournie par l'hydrolyse d’une molécule de Guanosine triphosphate. Plusieurs protéines, appelées facteurs d'élongation, sont associées à ce mouvement, appelé translocation. Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 20 Quel est donc le pont entre la matière et la vie ? L'inerte a, en réalité, engendré le vivant graduellement. l'évolution possible de molécules. Darwin pensait déjà à A la fin du XIXème siècle, un chercheur, Wohler, avait réussi à fabriquer l'urée : un composé de la vie qui est un assemblage de carbone, d'hydrogène et d'azote. Deux chercheurs, le biochimiste Alexandr Oparine et l'anglais John Haldane avancent que les conditions de la terre primitive étaient très différentes de celles d'aujourd'hui. Pour rappel, l'atmosphère ne contenait ni azote ni oxygène mais bien un mélange complexe d'hydrogène, de méthane, d'ammoniac et de vapeur d'eau. Les premiers composés vivants sont donc issus de la combinaison de molécules simples. Ces molécules organiques vont pleuvoir pendant plus de 500 millions d'années avec les averses résultant de la condensation de la vapeur d'eau dans les couches froides de l'atmosphère. Dès cette époque, deux caractéristiques essentielles du monde vivant se déterminent : tous les organismes sont faits de carbone, d'hydrogène, d'oxygène et d'azote et leur source d'énergie est le soleil. La synthèse de l’ATP Dès 1960, le Dr J. Oro, de l’Université de Houston dans le Texas, s’intéresse aux réactions que peut donner l’acide cyanhydrique avec de l’ammoniac. Il mélange ces deux gaz dans de l’eau et chauffe la solution pendant 24 h vers 90°. Il fabrique ainsi de l’adénine, composé entrant notamment dans la composition des acides nucléiques et de l’ATP. En 1963, le Dr C. Ponnamperuma irradie un mélange simulant l’atmosphère primitive et obtient des quantités importantes d’adénine. Dans une autre série d’expériences, il obtiendra des sucres. Le professeur Sidney Fox de l’Université de Miami a préparé presque tous les acides aminés connus dans les protéines en portant à 1.000 °C (température souvent atteinte dans les volcans) le mélange habituel de méthane, d’ammoniac et de vapeur d’eau. Dans la pluie ininterrompue qui arrose la Terre, il y a des acides aminés, des acides gras, les précurseurs des lipides. Deux molécules, le formaldéhyde et l'acide cyanhydrique semblent avoir joué un rôle important. Elles font preuve d’une grande réactivité et furent probablement les intermédiaires à partir desquels se formèrent les premières molécules biologiques. Soumises aux ultraviolets, elles donnent naissance à deux des quatre bases qui composeront l'ADN. Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 21 Le formaldéhyde ou formol est un composé organique de la famille des aldéhydes, de formule chimique CH2O. C'est d'ailleurs le plus simple des composés de cette famille. À température ambiante, c'est un gaz inflammable. Il fut synthétisé pour la première fois par le Russe Aleksandr Butlerov en 1859 mais fut formellement identifié par August Wilhelm von Hofmann en 1867. Le terme formol est généralement réservé à ses solutions aqueuses. http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9thanal Le cyanure d'hydrogène est un composé chimique dont la formule est reprise ci-dessus. Une solution aqueuse de cyanure d'hydrogène est appelée acide cyanhydrique (ou acide prussique). http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Hydrogen-cyanide-2D.png Ponnamperuma soumet de l’acide cyanhydrique en solution dans l’eau à l’action de lampes à ultraviolet pendant une semaine ; il obtient non seulement de l’adénine mais encore de la guanine, une des quatre lettres du code génétique. En répétant la même opération avec du formaldéhyde, Ponnamperuma et Oro, travaillant indépendamment, synthétisent, en 1963, du ribose et du désoxyribose, les deux sucres à 5 atomes de carbone qui entrent dans la composition des acides nucléiques et de l’ATP. Par addition sur lui-même, le formaldéhyde mène au glucose, sucre à 6 atomes de carbone. Plus tard, au moyen d’acide phosphorique, Sagan et Ponnamperuma réussirent à préparer l’ATP, qui s’est fait «tout seul» à partir des conditions originelles. Cet ATP était en tout point identique à celui trouvé chez les êtres vivants. Restait à démontrer comment ces pièces pouvaient s’assembler pour former un «polynucléotide», ancêtre des acides nucléiques. Le professeur, G. Schramm de l’Université de Tübingen en Allemagne, obtint par réaction avec de l’acide phosphorique des enchaînements moléculaires contenant de trente à deux cents nucléotides attachés les uns aux autres. Cependant, l’ordre des séquences est encore anarchique et le chemin vers l’ARN et l’ADN est encore long. Mais les briques sont là ! Il est donc connu que la grande majorité des types de molécules essentielles aux organismes biologiques ont pu être synthétisées en laboratoire, en l’absence de toute forme de vie. Mais tout est encore dilué dans une sorte de soupe composée de molécules très diverses. L'atmosphère de la Terre a engendré des molécules complexes qui lui ont servi de couvercle (protection contre les UV). Plus tard, les premières cellules se serviront de l'énergie du soleil pour produire de l'oxygène et celui-ci donnera de l'ozone dans la haute Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 22 atmosphère qui les protégera à son tour des ultraviolets. La vie s'est assurée sa propre survie. La vie s'organise La vie est probablement apparue, non pas dans les océans mais dans les marécages, secs et chauds le jour, froids et humides la nuit. Grâce à l'argile qui agit comme un aimant, les molécules vont s'assembler en petites chaînes d'acides nucléiques (forme simple d'ADN). Ces molécules ont aussi la propriété de posséder une partie hygrophile et une partie hygrophobe. A l'image des gouttes d'huile dans la vinaigrette, ces molécules se mettent en boule. Pour la première fois dans l'histoire de la vie, quelque chose est refermé sur soi. Il y a un dehors et un dedans ! De petits globules en milieux clos, isolés de la soupe primitive s'individualisent. Ces globules ont entre 10 et 30 microns, ce qui constitue un bon équilibre entre leur volume, leur poids et la résistance de leur membrane. Ce sont des gouttes pré-vivantes (semi-perméables). Seules subsisteront celles qui ont un milieu adapté à l'environnement ou celles capables de produire de l'énergie. Par exemple, certains globules possèdent des pigments capables de piéger la lumière. On assistera rapidement à l'émergence de deux types de cellules : celles qui utilisent les substances extérieures (fermentation) et celles qui utilisent la lumière ; ces dernières étant favorisées. Vers la cellule : l'intervention des lipides Tout le monde sait que l'huile (un lipide) ne se mélange pas à l'eau. En agitant fortement les deux composés on obtient une émulsion où l'huile forme de minuscules gouttelettes dans l'eau. En effet certains lipides sont constitués de 2 parties : une tête hydrophile (qui aime l'eau, c'est à dire qu'elle possède une certaine affinité envers les molécules d'eau), constituée de glycérol ; une queue hydrophobe (qui n’a aucune affinité avec l'eau), constituée d'acides gras. Cette association forme un phospholipide. Les molécules d'eau par leur propriétés physico-chimique tendent à se lier entre elles ou avec les molécules qui leur sont affines. La queue de phospholipides va ainsi être repoussée naturellement sous l'effet de la pression des molécules d'eau qui se réunissent. Avec l'agitation, cela entraîne le regroupement des phospholipides et la formation de micelles, sorte de petites vésicules. A plus forte concentration se forme une émulsion constituée de globules assez gros. De la même manière, les protéines peuvent aussi se protéger de l'eau par groupement en lamelles ou globules notamment sous l'effet de hautes températures. Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 23 C'est à partir de ce phénomène chimique que les coacervats sont apparus. Ce ne sont que des sphères de lipides isolant une portion du milieu aqueux. Les phospholipides vont s'assembler sous forme de deux couches, une où les têtes font face au milieu extérieur et une, interne, où les têtes font face au milieu intérieur de la «protocellule» ou coacervat. Cette individualisation en cellules isole ainsi une petite portion de la soupe primitive, riche en molécules, qui va devenir le cytoplasme. Au début, ces coacervats étaient un désavantage car leurs molécules isolées du reste du milieu réduisaient leurs possibilités d'évolution. Mais à partir du moment où l'ARN est devenu capable d'engendrer des enzymes, dont certaines facilitaient sa propre réplication, ce désavantage s'est transformé en avantage. Les propriétés des membranes lipidiques rappellent, en mieux, celles des bulles de savon. Ainsi, sous l'effet d'une forte agitation les grosses cellules peuvent se diviser. Une microgoutte, protobionte, est un microglobule d'une solution de polymères entouré d'une micelle de lipides. Celle-ci n’est pas un être vivant car elle ne peut pas se reproduire. Les microgouttes sont parfois considérées comme les «ancêtres» (ou les précurseurs) des cellules. Les premiers organismes vivants Oparin va nous aider à franchir le fossé qui sépare les «macromolécules» des premières cellules. Il constate que : 1. la vie n’est pas dispersée dans l’environnement. Tout être vivant est un individu autonome, séparé du monde extérieur par une membrane ou une peau ; 2. la vie présente des suites coordonnées et synchronisées de réactions chimiques alors que les réactions au sein de la «soupe primitive» étaient désordonnées et anarchiques. Pour Oparin, c’est la preuve que les propriétés caractéristiques de la vie ont dû apparaître graduellement dans des systèmes très simples et microscopiques. Dans la «soupe primitive», certaines molécules ont grandi et se sont agglomérées les unes aux autres pour former des agrégats 200 à 1.000 fois plus gros qu’une molécule isolée. Ces agrégats s’appellent des coacervats. Ensuite, les macromolécules se concentrent en des points localisés au lieu d’être dispersées dans la masse liquide. Mais, il est aussi probable, selon Fox, que des molécules géantes se soient formées à la surface de la terre «chaude et sèche». Celles-ci auraient alors été entraînées par les pluies dans les mers. Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 24 Coacervats Source : http://www.didier-pol.net/1orivie.htm Ces prototypes de cellules ou coacervats ont pu être obtenus en laboratoire en dissolvant dans l’eau une protéine avec ajout d’un peu d’acide. Ces coacervats ont une taille comprise entre celle des plus petites et des plus grandes cellules connues (entre 2 micron et un demi-millimètre). Ces microgouttes sont individualisées par une membrane rudimentaire au travers de laquelle se produisent des échanges. Elles se «nourrissent» de petites molécules qui passent à travers la membrane : eau, glucose, acides aminés alors que d’autres composés en concentration importante à l’extérieur n’y pénètrent pas. Les microgouttes peuvent donc être considérées comme les premiers hétérotrophes. Certains réactions chimiques seront dès lors facilitées à l’intérieur des microgouttes. A ce stade déjà, la sélection va faire son œuvre : seules les microgouttes qui possèdent les réactions chimiques et une organisation favorable à leur survie peuvent acquérir une existence plus ou moins longue. Une sorte de compétition «passive» s’instaure entre les microgouttes. On va assister aux premiers repas de la nature ; des cellules vont manger d'autres cellules. Lorsqu'un noyau apparaît, les globules sont bien devenus des cellules. Celles-ci vont se regrouper ; ce qui procure des avantages. Tels sont les premiers organismes marins, vers, éponges et méduses. Un organisme constitué de cellules spécialisées résiste mieux que si les cellules étaient identiques. Les premières sources d’énergie : la fermentation Au fur et à mesure que l’organisation des microgouttes se perfectionne, l’énergie destinée à maintenir l’ordre devient de plus en plus importante. Cette énergie est représentée par les matières organiques dissoutes dans les océans primitifs. Ces substances pénètrent dans le milieu intérieur des microgouttes et s’y transforment chimiquement en libérant l’énergie qu’elles renferment. Le glucose et l’ATP vont jouer un rôle important. La réaction de fermentation alcoolique transforme le sucre des jus de fruits en alcool avec production de chaleur et dégagement de gaz carbonique. Cette réaction s’effectue en 11 étapes, chacune d’elles étant catalysée par une enzyme spécifique. La molécule de glucose est activée par deux molécules d’ATP qui se déchargent en deux ADP. La nouvelle forme activée est du fructose diphosphate. Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 25 Cette molécule se brise en deux tronçons constitués par trois atomes. A partir de ce moment, il y aura deux chaînes parallèles. Chaque tronçon à trois carbone réagit avec du phosphore inorganique présent dans le milieu. Ce nouveau fragment, très riche en énergie va servir à recharger 2 ADP en 2 ATP : la mise énergétique de départ est récupérée. Deux autres molécules d’ADP sont rechargées en ATP : gain net de 2 ATP. Après la perte du dernier phosphate, il reste un fragment à 3 atomes de carbone : l’acide pyruvique qui se brise finalement en un morceau à 1 C : le gaz carbonique (CO2) et un morceau à 2 C : l’alcool éthylique. Le rendement total est de 3 %. http://www.colvir.net/prof/chantal.proulx/images/cellule/Ferm_alcool.jpg La fermentation peut se réaliser en dehors de tout organisme vivant, dans une simple solution contenant les 11 enzymes (dont le rôle est d’accélérer et de réguler) qui catalysent les étapes successives de la dégradation de la molécule de glucose. Il est donc fort probable que cette réaction libératrice d’énergie se soit produite avant la vie soit dans le milieu primitif soit dans les microgouttes hétérotrophes. La fermentation est identique au processus de la glycolyse qui est la première étape de la respiration. Cette fermentation et cette glycolyse se produisent en l’absence d’oxygène. On peut penser que la fermentation a débuté alors qu’il n’y avait pas encore d’oxygène moléculaire sur terre et que la respiration, plus récente, est venue s’ajouter à des processus déjà existants. Les déchets de la fermentation (alcool, acide lactique, gaz carbonique…) s’accumulent dans le milieu. Certains sont toxiques ; d’autres contiennent une part d’énergie non utilisée. Cette modification du milieu va progressivement conduire à la photosynthèse et à la respiration. Les premiers organismes vivants Parmi les «pré-organismes» en évolution, les premiers capables de se reproduire en donnant deux copies exactes d’eux-mêmes ont imposé leur organisation à toute l’évolution ultérieure. Ils ont écrasé sous leur nombre les organismes moins évolués et incapables de se reproduire. La duplication de l’ADN peut-elle avoir lieu en dehors des êtres vivants ? Si non, il est inutile d’y rechercher comment ces mécanismes ont pu apparaître pour la première fois en l’absence de vie. De nombreuses expériences ont montré que ces processus pouvaient se faire dans une éprouvette. Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 26 En 1957, A. L. Kornberg, prix Nobel de médecine (1959) réalisa dans un tube à essai l’«auto-duplication» de l’ADN. M. W. Niremberg (1961) et S. Spiegelman (1965) ont été à la base des découvertes sur les virus à ARN. Dans ces expériences, on utilise un mélange d’ARN synthétique et d’ARN biologique. Mais d’où vient l’information biologique ? Expérience de S. Spiegelman (1965) Le virus Q-béta attaque la bactérie Escherichia coli. Ni le virus, ni la bactérie ne contiennent l’enzyme qui sert à la reproduction du virus. Cette enzyme, la «replicase», se développe dans la bactérie dès qu’elle est infectée par le virus. L’enzyme est alors extraite de la bactérie et purifiée. La «replicase» purifiée est placée dans un tube à essai. On y ajoute les quatre nucléotides à partir desquels se construit l’ARN puis des sels de magnésium. Spiegelman ajoute à ce mélange une faible quantité d’ARN infectieux du virus Q-béta. Cet ARN se reproduit à plusieurs exemplaires avec catalyse par la «replicase» et à partir des 4 sortes de pièces détachées (les nucléotides). Cette expérience est répétée 15 fois. A chaque fois, l’ARN artificiel est introduit dans un mélange identique où il sert de germe. A la fin de la 15ème opération, les chances pour qu’il y ait encore de l’ARN original sont nulles. L’ARN artificiel produit dans le 15ème tube est extrait et purifié puis injecté à la bactérie Escherichia coli. Cet ARN a conservé tout son pouvoir infectieux : la bactérie est rapidement envahie par les virus Q-béta identiques à l’original puis elle éclate. Comment a débuté la photosynthèse ? Les premiers organismes hétérotrophes ont un appétit dévorant ; les réserves de matières organiques des océans s’épuisent. Seuls vont survivre les organismes capables de fabriquer leurs propres éléments à partir des molécules simples du milieu et de l’énergie solaire. Ces synthèses sont devenues possibles car du gaz carbonique, déchet de la fermentation, apparaît en grande quantité et se dissout dans l’eau. Cette molécule simple à un atome de carbone est un élément de construction utilisable dans des molécules plus complexes. L’adaptation des premiers organismes autotrophes pouvait avoir lieu. La photosynthèse va, à son tour, modifier irréversiblement le milieu : Les composés organiques comme le glucose, riches en énergie, qui commençaient à faire défaut dans les océans primitifs, réapparaissent en abondance car ce sont les produits de la photosynthèse ; Certains organismes purent ainsi revenir à leur mode ancien de nutrition : l’absorption de substances chimiques toutes faites mais ces hétérotrophes perfectionnés dépendent désormais des aliments que leur fabriquent les autotrophes. On perçoit ainsi les racines de la divergence entre animaux (hétérotrophes) et végétaux (autotrophes) ; Un des principaux sous-produits de la photosynthèse est l’oxygène ; ce gaz disparaîtrait vite si la vie s’arrêtait sur la Terre ; Dans la haute atmosphère, sous l’action des rayons ultraviolets, l’oxygène donne naissance à l’ozone qui forme une couche protectrice à 30 km de la surface terrestre en absorbant les radiations U.V. les plus énergétiques. Cette couche a définitivement permis aux organismes vivants de conquérir la terre et les airs. Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 27 La respiration Les réactions de fermentation sont peu efficaces sur le plan énergétique. De nombreux composés incomplètement brûlés s’accumulent dans le milieu. Mais le minimum vital est assuré. L’oxygène va bouleverser cela. L’oxygène est avide d’électrons ; il les arrache aux corps qui en possèdent au cours de réactions parfois violentes (explosions). Fermentation et respiration sont des combustions lentes. La respiration permet à un organisme de tirer beaucoup plus d’énergie de la molécule de glucose en la «brûlant» plus à fond. Les produits de la réaction (eau et gaz carbonique) peuvent être éliminés sans danger dans l’environnement. Dans la respiration, le fragment à trois atomes de carbone, l’acide pyruvique – résidu de la fermentation – va être dégradé en un fragment à deux atomes de carbone, l’acide acétique et introduit comme combustible dans le cycle de Krebs qui ne cesse de s’arrêter. Un fragment à 4 atomes de C se combine avec un fragment à 2 atomes de C. Toutes ces réactions sont contrôlées par des enzymes spécifiques et réalisées dans des structures très organisées : les mitochondries. La photosynthèse, couplée avec la fermentation, a assuré définitivement aux organismes leur auto-conservation. Et de plus, un surplus énergétique est dégagé qui devrait permettre toute la suite de l’évolution. Certaines gouttes acquièrent la capacité de multiplier leur cocktail intérieur (autoreproduction). Le code de la reproduction se perfectionne. Deux brins d'ARN s'accouplent en une hélice d'ADN. La division cellulaire va naître… Le processus de fermentation existe encore aujourd'hui mais deux "inventions" majeures vont voir le jour : la photosynthèse et la respiration, grâce à la chlorophylle et à l'hémoglobine, deux molécules presque identiques à la base du divorce entre le monde végétal et le monde animal. La chlorophylle (mot composé en 1817 à partir des racines grecques χλωρός chlorós : vert et φύλλον phýllon : feuille) est le principal pigment assimilateur des végétaux supérieurs. Molécule de chlorophylle, en vert le magnésium, en bleu l'azote et en rouge l'oxygène. Isolé en 1817 par Joseph Bienaimé Caventou, ce pigment, situé dans les chloroplastes des cellules végétales, intervient dans la photosynthèse pour intercepter l'énergie Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 28 lumineuse, première étape dans la conversion de cette énergie en énergie chimique. Son spectre d'absorption du rayonnement lumineux est responsable de la couleur verte des végétaux ; la longueur d'onde la moins absorbée étant le vert, c'est donc cette couleur qui est perçue dans la lumière réfléchie vers l'œil par la feuille. Et la suite de l’évolution ? Les cellules vont ensuite se différencier selon leur emplacement et on assiste à une spécialisation dans les fonctions : locomotion, digestion, stockage d'énergie,… C'est l'urgence de survivre qui dicte ces évolutions et sélectionne les organismes les plus adaptés. Trois grandes branches vont s'individualiser : 1. champignons, fougères, mousses et plantes à fleurs ; 2. vers, mollusques, crustacés, arachnides et insectes ; 3. poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères. La naissance du sexe allait constituer une autre révolution. Elle allait désormais permettre le brassage des gènes. La diversité explose. La grande aventure de l'évolution biologique commence ; elle va connaître d'innombrables essais ratés, des pistes qui ne mènent nulle part, des espèces qui ne survivent pas. «La nature teste en vraie grandeur» : si l'espèce nouvellement inventée ne s'adapte pas, elle disparaît. La mort est aussi importante que la sexualité : elle remet en circulation les atomes, les molécules, les sels minéraux dont la nature a besoin pour continuer à se développer. Elle procède à un gigantesque recyclage des atomes dont le nombre reste constant depuis le Big Bang. Que l'évolution peut-elle faire de mieux ? Elle peut se perfectionner davantage. Le monde vivant va sélectionner une manière de fabriquer de l'énergie ; en utilisant les sucres de la nourriture. Il va enrichir son métabolisme et développer des muscles, ce qui va permettre d'agir, de nager, de voler, de courir… Simultanément, les capteurs que sont les sens coordonnent les activités de l'organisme. Trois grandes nouveautés apparaissent : le système immunitaire qui assure la protection contre les parasites et les virus ; le système hormonal, qui permet la maîtrise des rythmes biologiques et la reproduction sexuée et le système nerveux qui régit la communication interne. Dans les océans, les espèces pullulent. La compétition règne. Il devient avantageux de s'aventurer sur terre ferme pour y trouver de la nourriture, tout en revenant dans l'océan pour y pondre ses œufs. C'est un poisson bizarre nommé ichtyostéga qui a sans doute expérimenté cette formule le premier. Il possède de grosses nageoires, vit dans des petites lagunes et sort de temps en temps ses yeux globuleux hors de l'eau pour percevoir les petits insectes. Au fil des générations, les descendants de cette espèce se risquent plus longtemps sur la terre ferme grâce à leurs branchies capables de capter l'oxygène de l'air mais aussi grâce à leurs larmes : ils doivent conserver leurs yeux humides pour voir aussi bien dans l'air que dans l'eau. Par sélections successives, l'espèce s'améliore : ses nageoires deviennent plus solides, une queue apparaît. Ses descendants seront les batraciens et les amphibiens. Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 29 L’ichtyostéga http://www.search4dinosaurs.com/rm_ichtyostega.jpg&imgrefurl A l'exception des algues qui évoluent à la surface des océans, les végétaux empruntent une voie plus économique grâce à leur immobilité, ce qui permet de ne pas dépenser trop d'énergie. La sélection agit sur des millions de générations successives. Les mécanismes sensoriels s'affinent, les comportements se diversifient. Certaines espèces s'associent et forment un véritable organisme collectif. L'évolution a cependant été chaotique ; elle a connu une accélération constante mais aussi des crises, des culs de sac et des périodes de grande extinction. Il y a deux cent millions d'années, les dinosaures règnent sur la planète. Jamais des espèces n'avaient réussi à conquérir tous les milieux comme ils le font : il y en a des petits, des énormes, des végétariens, des carnivores, des coureurs, des volants, des amphibiens,… A la fin du jurassique, ils disparaissent totalement. Il y a soixante-cinq millions d'années, une énorme météorite de 5 km de diamètre tombe dans le golfe du Mexique, près de Yucatan. Le choc est tel qu'il est répercuté de l'autre côté de la planète. L'incendie est mondial, les forêts s'embrasent, libèrent du gaz carbonique et des poussières qui recouvrent la Terre d'un immense voile. La planète s'obscurcit : un froid terrible en résulte, avec probablement par la suite, un effet de serre qui conduit à un réchauffement. Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 30 fougère arborescente : Cyathea australis http://www.jardinexo.com/C/medullaris2.jpg&imgrefurl Seules quelques espèces comme les lémuriens, mobiles, munis de mains préhensiles, se réfugient dans les anfractuosités des rochers et donnent naissance aux lignées qui conduiront aux mammifères. Ces derniers acquièrent un nouvel avantage pour assurer la survie de leur descendance : le fait de porter l'œuf à l'intérieur de soi le protège bien davantage que s'il est à l'extérieur. Depuis les poissons, puis avec les vertébrés, les amphibiens, les reptiles, les oiseaux, les mammifères et l'homme, le cerveau n'a cessé de se perfectionner par couches successives : le cerveau primitif, le mésencéphale et le cortex cérébral. Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 31 L’archéopterix : quand le reptile se fait oiseau http://www.premiumorange.com/renard/revisions/SVT/LexBio_fichier/archeopterix.jpg Références bibliographiques Reeves Hubert, De Rosnay Joël, Coppens Yves & Simonnet Dominique, 1996. La plus belle histoire du monde. Editions du Seuil. De Rosnay Joël, 1966. Les origines de la vie, de l'atome à la cellule. Editions du Seuil. Sottiaux B. Etude du Milieu - Eléments de géologie – MAJ octobre 2009 Cours industriels et commerciaux Couillet 32