1 UNIVERSITE DE NANTES FACULTE DE MEDECINE MAITRISE EN SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES M.S.B.M MEMOIRE POUR LE CERTIFICAT D’ANATOMIE, D’IMAGERIE ET DE MORPHOGENESE 2000-2001 UNIVERSITE DE NANTES NEUROTISATION ENTRE LE NERF ACCESSOIRE ET LE NERF SUPRASCAPULAIRE Par BALCON Julie LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES Président du jury : Pr. J. LEBORGNE Vice-Président : Pr. J.M. ROGEZ Enseignants : • • • • • • • • • • • • • • Pr. O. ARMSTRONG Pr. C. BEAUVILLAIN Dr. F. CAILLON Pr. P. COSTIOU Pr. D. CROCHET Pr. A. DE KERSAINT-GILLY Pr. B. DUPAS Pr. D. DUVEAU Pr. Y. HELOURY Pr. P.A. LEHUR Pr. J.P. MOISAN Pr. N. PASSUTI Pr. R. ROBERT Pr. D. RODAT 2 NEUROTISATION ENTRE LE NERF ACCESSOIRE ET LE NERF SUPRASCAPULAIRE A la suite de traumatismes, de lésions du plexus brachial, les patients doivent faire face à l’incapacité permanente d’utiliser leur membre paralysé ou à une récupération très lente, très longue. Pendant très longtemps, le pronostic de ces patients était pessimiste en raison d’une attitude passive d’attente et de nombreux patients étaient finalement amputés. Cependant, les patients demandent rarement à être amputés même si leur membre est totalement paralysé et anesthésié. Ils le cognent alors fréquemment dans les chambranles de portes et sa seule fonction se résume à servir de « presse-papier ». C’est pourquoi, redonner ne serait-ce qu’un tout petit peu d’abduction à ces gens-là change considérablement leur vie. La chirurgie dont le but est de restaurer le plexus brachial endommagé a commencé au début du XX ème siècle mais une attitude pessimiste régnait dans les années soixante suite à des résultats insatisfaisants. Depuis ces dernières dizaines d’années, les chirurgiens ont essayé d’améliorer les résultats des reconstructions du plexus brachial chez des patients présentant des paralysies post-traumatiques. L’avènement de la microchirurgie, une meilleure compréhension de la nature de ces préjudices et un gain d’expérience au fil des années sont à l’origine d’une amélioration des résultats depuis ces deux dernières dizaines d’années. Plusieurs techniques sont envisagées conjointement (neurotisation, greffe de nerf, arthrodèse, ténodèse, transfert de muscle libre vascularisé…) pour la reconstruction du plexus brachial. La neurotisation du nerf accessoire sur le nerf supra-scapulaire en est une d’entre elles. Elle permet de redonner de l’abduction étant donné que le nerf supra-scapulaire innerve les muscles supra-épineux et infra-épineux. Bien que les grandes lignes de la prise en charge des lésions du plexus brachial aient été établies, les débats au sujet de la stratégie de reconstruction et au sujet des résultats acceptables existent toujours. 3 1- NOTIONS A PROPOS DU SUJET 1.1- LES TRAUMATISMES DU PLEXUS BRACHIAL Les paralysies du plexus brachial de l’adulte représentent des préjudices très lourds. Dans la majorité des cas, ce sont des dommages post-traumatiques, habituellement causés par des accidents violents comme les accidents de la route et tout particulièrement les accidents de moto et de motocyclette. Outre les lésions du plexus brachial, ces patients présentent de multiples lésions mettant parfois leur vie en jeu (fractures, lésions intra-thoraciques,…) et beaucoup d’entre eux se sont même retrouvés dans le coma. L’impact socio-économique de ces paralysies est important parce que de tels préjudices se produisent le plus souvent chez des sujets jeunes (dans de nombreuses études, la moyenne d’âge des patients est comprise entre 20 et 30 ans). A la suite du dommage, les patients doivent faire face soit à l’incapacité permanente d’utiliser le membre paralysé soit à une récupération très lente, très longue et incomplète. Il existe différents degrés d’atteinte du plexus brachial. En fonction de la sévérité de l’atteinte, un score (score arbitraire introduit par Julia K.TERZIS)est établi lors de l’exploration chirurgicale du plexus brachial lésé, il représente la sommation des différents score de gravité de chaque racine : (dans l’ordre décroissant de gravité) 0 : avulsion 1 : rupture/avulsion 2 : rupture 3 : rupture/traction 4 : traction 5 : normal Le score total de sévérité pour un plexus brachial normal, non lésé est de 25. Plus le score de sévérité est bas, plus l’atteinte est importante. Dans la majorité des lésions du plexus brachial post-traumatiques, le score est faible (dans l’étude de J. K. T. , il était en moyenne de 5). En effet, les patients ont très souvent une avulsion d’au moins une racine et dans la plupart des cas de plusieurs voire de toutes les racines ( de C5 à T1). Les racines cervicales C5 et C6 sont très fréquemment endommagées : avulsées de la moelle spinale, ou 4 rompues, ou encore étirées…De plus, ces patients présentent d’autres lésions notamment des lésions de la région sous-clavière. Dans la plupart des atteintes sévères du plexus brachial, des lésions des vaisseaux sub-claviers coexistent. L’ischémie résultante du membre aggrave la lésion du tissu nerveux. Jusqu’à ces deux dernières dizaines d’années, le pronostic des traumatismes dévastateurs du plexus brachial de l’adulte était mauvais, pessimiste en raison de résultats insatisfaisants et la majorité des patients étaient finalement amputés. En 1961, YEOMAN et SEDDON recommandaient même une amputation précoce et la mise en place d’une prothèse appropriée. Certains auteurs recommandent toujours une amputation afin de soulager les syndromes douloureux post-traumatiques. La nouvelle façon d’agir, par contraste, consiste en une intervention chirurgicale précoce et très évoluée : microneuroanastomoses chirurgicales directes ou utilisant des greffons nerveux d’interposition vascularisés ou non, neurolyses, réparation de nerfs,…L’amputation ne doit plus être pratiquée pour soulager la douleur précoce post-traumatique car c’est habituellement une douleur de déafférentation, d’origine centrale et ainsi non soulagée par l’amputation périphérique. De plus, les patients demandent rarement à être amputés même si leur membre est totalement paralysé et anesthésié. Depuis ces dernières années, les chirurgiens essaient d’améliorer les reconstructions du plexus brachial qui consistent à redonner de façon la plus complète possible de la force et des mouvements d’abduction du bras, de flexion de l’épaule, de flexion-extension de l’avant-bras, et les mouvements fonctionnels de la main. Pour cela, plusieurs techniques chirurgicales sont utilisées conjointement : neurotisation, arthrodèse, ténodèse, transfert de muscle libre vascularisé, etc. La procédure chirurgicale inclut premièrement une analyse précise de l’étendue des lésions (cf. score vu précédemment). La neurolyse est réalisée quand les nerfs périphériques sont en continuité et que des signes de fibrose sont présents. Selon l’importance de la fibrose, le but chirurgical est d’enlever ou de déplacer la fibrose autour des faisceaux nerveux. S’il n’y a aucun faisceau indemne, la résection du segment nerveux endommagé et une greffe de nerf sont réalisées. Les autres indications pour les greffes de nerfs sont les ruptures de racines ou de troncs nerveux. Les greffons sont obtenus à partir du nerf sural, des nerfs sensitifs de l’avant-bras, des nerfs sensitifs de la région claviculaire et du nerf ulnaire vascularisé dans certains cas. Dans les cas de traumatismes sévères avec avulsions de racines, la neurotisation peut être effectuée utilisant des nerfs non lésés du plexus cervical, des nerfs crâniens, ou des nerfs intercostaux. Le concept thérapeutique vise à rétablir un contrôle actif de l’épaule, une flexion active du coude et la restauration d’une simple prise, 5 d’un serrement de la « pince de préhension ». De plus, la microchirurgie du plexus brachial atténue la douleur et restaure la sensibilité nociceptive ainsi que le réflexe de retrait à la douleur : elle restaure donc « l’instinct de protection » (protective sensation). Le patient est ainsi capable de connaître la position de son membre dans l’espace et d’éviter les chocs, les blessures, les traumatismes, et n’importe quelle information afférente, même protectrice, bloque de façon spectaculaire les voies afférentes nociceptives. La diminution de la douleur permet aux patients de se focaliser sur la rééducation fonctionnelle de leur membre et d’améliorer la dextérité. 1.2- DEFINITION DE LA NEUROTISATION Dans les neurotisations ou « anastomoses nerveuses », un nerf sain (non lésé) mais « moins important » est transféré dans le but de réinnerver un territoire sensitif ou moteur plus important qui a perdu son innervation à la suite d’une lésion irréversible de ses nerfs. Dans les traumatismes du plexus brachial, les nerfs en dehors du plexus (transfert nerveux extraplexuel) comme le nerf accessoire (sa branche externe), les rameaux du plexus cervical, les nerfs intercostaux ou les nerfs appartenant au plexus brachial et qui maintiennent la continuité avec la moelle spinale sont transférés aux racines, faisceaux, troncs ou nerfs du plexus brachial que le chirurgien souhaite réinnerver. Cette méthode est particulièrement indiquée dans les avulsions de racines qui se produisent fréquemment après un traumatisme par traction du plexus brachial. Neurotisation est à peu près équivalent à réinnervation. Elle se produit quand des fibres nerveuses en croissance atteignent une cible périphérique dénervée et rétablissent une connexion entre les neurones et les organes moteurs ou sensitifs périphériques. Neurotisation dans le sens chirurgical strict implique un transfert de nerf ou un enjambement de nerfs. Un nerf sain ( le donneur) est séparé de son territoire, il est ensuite raccordé directement ou par l'intermédiaire d'un greffon nerveux d'interposition à la portion distale saine, située en aval de la lésion d’un nerf non fonctionnel ou est directement implanté dans le muscle dénervé ou la peau désensibilisée. Les bourgeons nerveux vont croître à partir du nerf transféré 6 jusque dans les éléments dénervés et établissent un contact entre ces derniers et les neurones qui commandaient autrefois un autre territoire. Ces neurones se chargent d’une nouvelle spécificité d’organe, ce qui signifie qu’une fonction périphérique donnée sera désormais contrôlée par des centres médullaires ou cérébraux qui remplissaient d’autres fonctions. Mais, le sacrifice du nerf donneur doit en valoir la peine, la fonction gagnée doit être de plus grande valeur que la fonction perdue. De plus, le nerf donneur doit contenir des fibres nerveuses analogues au nerf, muscle ou territoire cutané receveur que le chirurgien désire réinnerver. Ces connexions médullaires et cérébrales doivent posséder une plasticité suffisante pour effectuer la fonction que le chirurgien souhaite restaurer. Il y a peu de sens par exemple à transférer un nerf hypoglosse (XII) au niveau de la partie distale d’un nerf phrénique endommagé de façon irréversible, irréparable malgré la relative facilité technique d’un tel transfert. Dans un cas comme celui-là, le patient serait obligé de se concentrer sur la mobilisation de sa langue pour respirer et serait probablement incapable de parler ou boire à cause de l’activation désordonnée du diaphragme1. A l’inverse, dans les avulsions des racines cervicales C5 et C6, un meilleur résultat est obtenu quand les branches terminales du nerf accessoire (XI) sont transférées au nerf supra-scapulaire. En effet, élever, hausser les épaules est une fonction similaire à l’abduction de l’humérus au niveau de l’articulation gléno-humérale1. 1.3- PETIT RAPPEL HISTORIQUE En 1873, LIETIEVANT réimplanta l’extrémité distale d’un nerf irréparable au niveau de l’extrémité d’un nerf sain (non lésé) mais son essai échoua. Cependant, les transferts de nerfs furent appliqués à la réparation du nerf facial (VII) utilisant les nerfs accessoire (XI) et hypoglosse (XII)1. HARRIS, un neurologue anglais et LOW, un chirurgien sont les premiers à avoir réellement introduit la technique de neurotisation en 1903 qui depuis est réalisée dans de nombreux centres2. Ils ont effectué des transferts de nerfs chez trois patients ayant subi un traumatisme par traction du plexus brachial en réimplantant l’extrémité distale des racines cervicales C5 ou C6 rompues sur les racines cervicales adjacentes non lésées C6 ou C7. Leurs résultats n’ont jamais été rapportés mais il a tout de même été dit que les lésions partielles infligées aux nerfs sains adjacents au cours des interventions chirurgicales n’ont pas eu d’effets délétères1. 7 Il semble que le premier essai envisagé utilisant un nerf donneur en dehors du plexus brachial (transfert nerveux extraplexuel) pour réinnerver la partie distale du plexus fut rapporté en 1913 par TUTTLE selon NARAKAS. En effet, TUTTLE avait prévu d’utiliser le nerf accessoire (la branche externe) non endommagé pour réinnerver le tronc primaire supérieur lésé du plexus brachial. Mais il ne parvint pas à effectuer le rapprochement et eut alors recours à l’utilisation de plusieurs branches motrices profondes du plexus cervical qu’il neurotisa sur la partie supérieure du plexus brachial. Malheureusement, ses résultats ne sont pas connus1,3. Depuis ces deux dizaines dernières années, la résurgence de l’intérêt porté à l’application de la chirurgie dans les lésions du plexus brachial a donné un nouvel élan à la technique de « neurotisation » de TUTTLE. La première neurotisation par anastomose directe a été rapportée en 1963 par SEDDON. Il neurotisa le nerf musculo-cutané avec les nerfs intercostaux tout en maintenant leurs origines3. MILESI introduisit un greffon nerveux d’interposition et mit l’accent sur les effets délétères observés au niveau du site de connexion4. L’utilisation de greffons nerveux d’interposition permet d’éviter la tension qui s’exerce au niveau du site de connexion (KOTANI)3. L’utilisation de greffons nerveux vascularisés a été introduit par TAYLOR et HAM en 1976. Divers nerfs donneurs ipsilatéraux et controlatéraux sont utilisés pour la neurotisation des cibles distales. Ces donneurs incluent : les nerfs intercostaux ipsilatéraux, le nerf phrénique, la racine C7 controlatérale, les branches motrices du plexus cervical ipsilatérales, le nerf pectoral latéral controlatéral, le nerf accessoire (XI), le nerf hypoglosse (XII) et des donneurs appartenant au plexus brachial (transfert nerveux intraplexuel)4. Les avancées en microchirurgie donnent aussi la possibilité aux chirurgiens de prélever et de transférer des muscles libres vascularisés et neurotisés au niveau de l’extrémité supérieure afin de restaurer une flexion du coude ou une extension et de réanimer la main4. Malgré l’expérience gagnée au fil des années et les méthodes très élaborées qui sont utilisées, une approche universelle de ces lésions n’a pas encore été établie. Cependant, dans les avulsions complètes des racines du plexus brachial suite à un traumatisme par étirement, la seule possibilité qui existe pour la réinnervation de la partie distale repose sur des anastomoses avec des nerfs voisins par une suture directe ou par l’intermédiaire d’un greffon nerveux d’interposition qui atténue la tension qui s’exerce au niveau du site de connexion4. 8 La neurotisation du nerf accessoire (la branche externe) sur le nerf supra-scapulaire est une des techniques réalisées : nous allons rappeler brièvement sa réalisation, montrer ses réussites, ses échecs, sa pertinence et en quoi le choix de cette technique est judicieux. 1.4- LES BASES ANATOMOCHIRURGICALES NEUROTISATION PAR LE NERF ACCESSOIRE DE LA Dans le creux supra-claviculaire, la branche externe du nerf accessoire (XI) est située à proximité du nerf supra-scapulaire qui naît du tronc primaire supérieur du plexus brachial. Le nerf accessoire innerve le muscle sterno-cléido-mastoïdien ipsilatéral qu’il croise et envoie ensuite des branches au muscle trapèze ipsilatéral et pénètre ainsi en profondeur. Il existe plusieurs et d’assez larges anastomoses entre le nerf accessoire et les divisions du plexus cervical. Ces dernières contiennent des fibres motrices et sensitives qui peuvent fournir une innervation motrice partielle au muscle trapèze3 (ce point important sera détaillé plus loin). L’utilisation de la partie supérieure du nerf accessoire avant qu’il ne croise le muscle sterno-cléido-mastoïdien fournit le plus grand nombre d’axones donneurs disponibles pour la neurotisation de la partie distale dénervée du plexus mais au prix d’une paralysie partielle du muscle sterno-cléido-mastoïdien et d’une possible paralysie du muscle trapèze3. Prendre le nerf accessoire dans le creux supra-claviculaire après qu’il ait donné quelques branches à la face interne du muscle trapèze fournit un plus petit nombre d'axones régénérant mais conserve la fonction du muscle sternocléido-mastoïdien et du muscle trapèze dans la plupart des cas grâce à l’innervation secondaire réalisée par le plexus cervical3. A ce niveau, la partie distale du nerf accessoire peut être utilisée par une microneuroanastomose directe pour réinnerver le nerf supra-scapulaire. 9 2- RAPPELS ANATOMIQUES 2.1- LE NERF ACCESSOIRE (XI) 2.1.1- origine, trajet et rapports de la branche externe Ne sera considérée que la branche externe du nerf accessoire (issue de la racine spinale) à partir de son émergence dans l’espace rétro-stylien. Dans l’espace rétro-stylien, le nerf accessoire est situé entre le nerf vague (X) et son ganglion inférieur (ganglion plexiforme) médialement et la veine jugulaire interne. L’artère carotide interne plus antérieure se dirige vers l’orifice d’entrée du canal carotidien. Le nerf glosso-pharyngien (IX), déjà plus antérieur dans le foramen jugulaire, s’éloigne vers l’avant après avoir abandonné le nerf tympanique (nerf de JACOBSON). Le nerf hypoglosse (XII) est plus médial émergeant du canal de l’hypoglosse. Le nerf facial est plus latéral émergeant du foramen stylo-mastoïdien et traversant rapidement le rideau stylien pour gagner la loge parotidienne. Le rameau externe du nerf accessoire plus volumineux et plus long est oblique en bas, en arrière et latéralement. Il chemine d’abord dans l’espace rétro-stylien, puis traverse le triangle cervical postérieur. Dans l’espace rétrostylien, il est en rapport avec les premiers nerfs cervicaux avec lesquels il peut s’anastomoser (anse de MAUBRAC). Il croise tantôt la face postérieure, tantôt la face antérieure de la veine jugulaire interne5 parfois, il bifurque en deux branches qui circonscrivent la veine jugulaire interne ; il est alors situé dans la gaine du paquet vasculo-nerveux du cou. Il gagne le bord antérieur du muscle sterno-cléïdo-mastoïdien environ trois centimètres sous l’apex du processus mastoïde à la hauteur du disque C2C3 et de l’angle de la mandibule5. Il chemine à sa face profonde ou le perfore à quatre centimètres environ de l’apophyse mastoïde6 entre son plan profond et son plan superficiel (à travers le chef cléido-mastoïdien dans la majorité des cas). Le nerf accessoire s’anastomose avec les deuxième et/ou troisième racines cervicales qui participent à l’innervation du muscle sterno-cléido-mastoïdien. Une arcade dite anastomotique dite de MAUBRAC est souvent décrite entre la deuxième racine cervicale et la branche externe du nerf accessoire7,8. Le nerf accessoire émerge du bord postérieur du muscle sterno-cléido-mastoïdien environ six centimètres en dessous de l’apex du processus mastoïde à hauteur de l’os hyoïde et du disque C3-C45. Il traverse ensuite le triangle cervical postérieur 10 obliquement en bas, en arrière et latéralement pour gagner le bord antérieur ou la face profonde du muscle trapèze deux à trois centimètres au-dessus de la clavicule5,6, au-dessus du plan du muscle omo-hyoïdien5. Il s’anastomose avec la troisième racine cervicale et parfois avec la quatrième. Il est rejoint par l’artère transverse du cou (collatérale du tronc thyro-cervical) et descend, appliqué sur la face profonde du muscle trapèze jusqu’au voisinage de son extrémité inférieure. 2.1.2- fonction La branche externe du nerf accessoire participe à l’oculocéphalogyrie puisqu’elle assure l’innervation motrice des muscles sternocléido-mastoïdien et trapèze qui permettent la rotation et la flexion-extension de la tête. Pour ROUVIERE et DELMAS8,9 , elle assure aussi l’innervation proprioceptive de ces muscles. 2.1.2.1- le muscle sterno-cléido-mastoïdien C’est un muscle puissant. Il est tendu obliquement de l’apophyse mastoïde au sternum et à la clavicule. Il comprend trois ou quatre chefs : sternomastoïdien, cléido-mastoïdien, cléido-occipital et éventuellement sternooccipital souvent confondu avec le chef sterno-mastoïdien. Lorsqu’il prend son point fixe sur le sternum et la clavicule, il fléchit la tête, l’incline de son côté et imprime une rotation qui porte la face du côté opposé. Son action bilatérale et simultanée fléchit la tête sur le cou. Lorsqu’il prend son point fixe sur la tête, il devient inspirateur accessoire. 2.1.2.2- le muscle trapèze C’est un muscle large et aplati. Il constitue le plan superficiel de la région postérieure du cou et du tronc. Il s’étend du rachis cervico-thoracique à l’épaule. Il s’insère, en dedans, sur le tiers externe de la ligne courbe occipitale, sur le ligament nucal, sur les apophyses épineuses de la septième vertèbre cervicale et des dix ou onze premières vertèbres thoraciques. De là, les fibres convergent vers la ceinture scapulaire en trois faisceaux (supérieur, moyen et inférieur) qui se fixent sur le tiers externe de la clavicule, sur le bord interne de l’acromion et sur l’épine de la scapula8. Le faisceau supérieur élève l’épaule. Le faisceau moyen fait glisser la scapula en dedans sur le gril costal et lui imprime un mouvement de rotation. Le faisceau inférieur abaisse le moignon de l’épaule. Lorsqu’il prend son point fixe 11 sur la ceinture scapulaire, le faisceau supérieur réalise une inclinaison homolatérale de la tête et une rotation controlatérale de la face. L’action bilatérale et simultanée des deux trapèzes provoque une extension de la tête. Les muscles sterno-cléido-mastoïdien et trapèze reçoivent également une innervation par le plexus cervical par des fibres directes issues des racines C2 et C3 pour le muscle sterno-cléido-mastoïdien et des racines C3 et C4 pour le trapèze, ou par une anastomose inconstante du plexus cervical avec le nerf accessoire (anse de MAUBRAC)5. Ces neurofibres véhiculeraient toujours la sensibilité proprioceptive des muscles mais aussi parfois la commande motrice destinée aux chefs superficiels du muscle sterno-cléido-mastoïdien et à la partie thoracique du muscle trapèze. De ce fait la section du nerf accessoire (et par conséquent, la désinsertion de la moitié de ses branches terminales) peut avoir des conséquences d’importance variable5. Ainsi, en innervant les muscles sterno-cléido-mastoïdien et trapèze, le nerf accessoire (la branche externe) participe à la céphalogyrie. 2.1.1.3- examen de la céphalogyrie10 • • • • Il comprend l’examen : de la contraction des sterno-cléido-mastoïdien par le palper, lors des mouvements contrariés de rotation de la tête à droite et à gauche, menton abaissé, de la tonicité du trapèze sur le malade de face, puis lors du haussement d’épaules , avec ➤ symétrie de hauteur des épaules et des bords supérieurs des trapèzes, ➤ symétrie des moignons de l’épaule, des creux sus-claviculaires et des saillies des clavicules, de la contraction du trapèze et de la symétrie des mêmes éléments lors du haussement d’épaule, de la symétrie des bords spinaux des omoplates sur le malade de dos, au repos 2.1.1.4- les troubles consécutifs à une atteinte de la branche externe10 Ils traduisent une paralysie des muscles sterno-cléido-mastoïdien et trapèze avec : • disparition de la corde du sterno-cléido-mastoïdien à la vue et au palper lors des mouvements contrariés de rotation de la tête vers le côté sain, menton abaissé, • atonie du trapèze sur le malade de face avec : ➤ abaissement de l’épaule et concavité du bord supérieur du trapèze, 12 ➤ moignon de l’épaule projeté en avant, creux sus-claviculaire exagéré, saillie de la clavicule, • absence de contraction du trapèze et accentuation des signes précédents lors du haussement d’épaules, • déviation du bord spinal de l’omoplate en dehors. 2.2- LE PLEXUS BRACHIAL Le plexus brachial est destiné à l’innervation du membre supérieur et de sa ceinture. Il est formé par l’union des rameaux ventraux des quatre derniers nerfs cervicaux et d’une portion importante du premier nerf thoracique. Les lésions traumatiques de ce plexus sont fréquentes, en particulier les tractions obstétricales et les traumatismes du rachis cervical inférieur11. 2.2.1- constitution Le plexus brachial est constitué par le mixage des rameaux ventraux des nerfs cervicaux et thoraciques en troncs puis des troncs en faisceaux. 13 2.2.2- les rapports Le plexus brachial a la forme d’un sablier, dont la partie moyenne rétrécie est croisée par la clavicule qui détermine une partie supra-claviculaire, cervicale et une partie infra-claviculaire, axillaire. On ne s’intéressera qu’ à la partie supra-claviculaire. 2.2.2.1- la partie supra-claviculaire Le plexus traverse l’espace interscalénique et répond : • en avant au muscle scalène antérieur et au ventre inférieur du muscle omohyoïdien • en arrière aux muscles scalènes moyen et postérieur • en bas à l’apex pleural et à la première côte L’artère scapulaire dorsale passe entre les troncs supérieur et moyen. Les artères cervicale transverse et supra-scapulaire croisent le plexus brachial en avant. 2.2.3- fonction10 Le plexus brachial est formé par le mixage de cinq racines cervicales (C5 à Th1). Il en sort donc des collatérales et des troncs terminaux parfaitement définis sur le plan de la fonction. Il comprend quatre couches : • la première couche ou des collatérales antérieures, destinées aux muscles antérieurs de l’épaule (muscles pectoraux surtout) est la couche de l’adduction, de la rotation interne et de l’antépulsion du membre supérieur. • la deuxième couche ou des troncs antérieurs, nerfs médian, ulnaire et musculo-cutané, troncs nerveux des régions antérieures du bras et de l’avantbras est la couche de la flexion, de la pronation et de l’opposition. • la troisième couche ou du tronc postérieur, nerf radial, nerfs des régions postérieures du bras et de l’avant-bras, est la couche de l’extension et de la supination. • la quatrième couche ou des collatérales postérieures dont le nerf axillaire et le nerf supra-scapulaire font partie, destinées aux muscles externes et postérieurs de l’épaule, deltoïde, supra- et infra-épineux surtout est la couche de l’abduction, de la rotation externe et de la rétropulsion (tous les mouvements qui éloignent le membre supérieur du tronc). Ainsi, les deux couches antérieures (adduction et rotation interne, flexion-pronation) sont les couches des mouvements et attitudes de possession, 14 de repli alors que les deux couches postérieures (abduction et rotation externe, extension-supination) sont les couches des mouvements et attitudes d’offrande, d’extériorisation, d’ouverture. Les fonctions des deux couches antérieures sont complémentaires ainsi que celles des deux couches postérieures. Les fonctions des deux couches antérieures et celles des deux couches postérieures sont opposées. Les collatérales et troncs terminaux du plexus brachial sont ainsi différenciés en vue de la fonction alors que les racines ne le sont nullement puisque chacune d’entre elles participe à la formation de la deuxième et de la troisième couche. Les racines sont simplement différenciées au plan embryologique des myotomes donc topographique. On peut donc dire que le plexus est nécessaire entre les racines et les troncs terminaux et ceci sur le plan fonctionnel essentiellement. 2.3- LE NERF SUPRA-SCAPULAIRE 2.3.1- origine, trajet, rapports Le nerf supra-scapulaire naît du tronc primaire supérieur du plexus brachial au niveau de son origine, parfois mais plus rarement de la partie terminale de la branche antérieure du cinquième nerf cervical12. Généralement volumineux, ce nerf se dirige obliquement en bas et en dehors en suivant parallèlement le tronc primaire supérieur qui lui est sousjacent. Il s’engage sous le ventre postérieur de l’omo-hyoïdien et sous le trapèze puis il atteint le bord supérieur de la scapula entre la base de l’apophyse coracoïde et les insertions scapulaires de l’omo-hyoïdien ;il rejoint à ce niveau les vaisseaux scapulaires supérieurs puis il s’engage dans l’incisure de la scapula sous le ligament transverse supérieur de la scapula qui le sépare des vaisseaux homonymes5,6,12; il traverse la fosse infra-épineuse caché sous le muscle infraépineux et en dedans des vaisseaux scapulaires supérieurs puis il contourne le bord externe concave de l’épine de la scapula appliqué contre cette dernière par le ligament transverse inférieur de la scapula5,6,12 ; enfin atteignant la fosse infraépineuse , il se termine sous le muscle infra-épineux, où il se divise en un bouquet de trois ou quatre branches qui pénètrent le muscle par sa face profonde. 15 Dans son trajet, il abandonne des rameaux au muscle supra-épineux, des rameaux articulaires pour la face postérieure de l’articulation scapulohumérale, très grêles et généralement au nombre de deux12 : l’un supérieur se détache dans la traversée de la fosse infra-épineuse, il se dirige en dehors masqué par le muscle supra-épineux sous le tendon duquel il chemine puis il se distribue à la partie supérieure de la capsule ; l’autre inférieur (d’une finesse extrême) naît du nerf supra-scapulaire au point où celui-ci croise la base de l’épine de la scapula, obliquement dirigé en dehors et en bas il est recouvert par le tendon de l’infra-épineux et se distribue à la face postérieure de l’articulation. Le nerf supra-scapulaire abandonne aussi des rameaux pour l’articulation acromio-claviculaire, des rameaux destinés aux ligaments coraco-claviculaires et des rameaux ostéo-périostés pour la scapula12. 2.3.2- fonction 2.3.2.1- le muscle supra-épineux C’est un muscle épais de forme pyramidale et triangulaire, il s’étend de la fosse supra-épineuse qu’il occupe à l’extrémité supérieure de l’humérus. Il glisse au-dessus de l’épine de la scapula , il passe au-dessous de l’articulation acromio-claviculaire et du ligament acromio-coracoïdien et au-dessus de l’articulation scapulo-humérale. Il se termine par un tendon très adhérent à la capsule articulaire sur la facette supérieure du tubercule majeur de l’humérus. Il est innervé par le nerf supra-scapulaire (C4, C5, C6). Il est abducteur du bras. Au début du mouvement, il entraîne une légère ascension de la tête humérale ; puis il la maintient contre la cavité glénoïdale. Il est le « starter » et le stabilisateur de l’abduction. Lors du bilan musculaire, l’examinateur place une main sur la face latérale du coude ; de l’autre main, il palpe la fosse supra-épineuse. Le sujet, la tête en arrière pour détendre le muscle trapèze, quant à lui , écarte le bras contre résistance11. 2.3.2.2- le muscle infra-épineux C’est un muscle large et triangulaire qui s’insère sur les trois quarts médiaux de la fosse infra-épineuse et sur la face profonde du fascia infraépineux. Ses fibres convergent obliquement en haut et latéralement vers un tendon épais qui croise la face postéro-supérieure de l’articulation de l’épaule adhérant à sa capsule. Le muscle infra-épineux se termine sur la facette moyenne de la face postérieure du tubercule majeur de l’humérus. 16 Il est innervé par le nerf supra-scapulaire (C5, C6). Il est rotateur latéral du bras et c’est l’un des rotateurs latéraux principaux avec le muscle petit rond12. Lors du bilan musculaire, l’examinateur saisit d’une main le poignet du sujet ; de l’autre main il palpe la fosse infra-épineuse. Le sujet dont le coude est fléchi avec le bras le long du corps, tourne l’avant-bras latéralement contre résistance11. La lésion de C5-C6 donne le syndrome radiculaire supérieur du plexus brachial avec donc paralysie des muscles de l’épaule et de la loge antérieure du bras, c’est-à-dire des muscles proximaux du membre supérieur. Ce qui donne notamment (mais pas uniquement) une paralysie de l’abduction du bras (C5), de la rotation externe du bras (C5), …N’oublions pas que le syndrome radiculaire est un syndrome sensitivo-moteur avec donc aussi des signes sensitifs : anesthésie ou hypoesthésie et/ou douleur12. N.B : Le syndrome du nerf supra-scapulaire à l’étroit est un syndrome canalaire rare. L’étranglement, la distension ou les microtraumatismes du nerf suprascapulaire à l’étroit dans l’échancrure coracoïdienne est à l’origine d’une neuropathie canalaire souvent longtemps méconnue. La description clinique est souvent stéréotypée et associe un syndrome douloureux de l’épaule et une atteinte motrice des muscles supra- et infra-épineux mais qui est le plus souvent modérée13. 3- METHODE DE DISSECTION 17 Tous les sujets ont été positionnés en décubitus latéral gauche, seule position permettant d’accéder à la fois au nerf accessoire que l’on voit émerger dans l’espace rétro-stylien et dont les branches terminales se distribuent à la face interne du muscle trapèze et au nerf suprascapulaire qui naît du tronc primaire supérieur du plexus brachial (il est surtout constitué de fibres nerveuses issues de la racine cervicale C5) et qui gagne postérieurement la scapula pour assurer l’innervation des muscles supra-épineux et infra-épineux. Un billot est placé sous la tête des sujets qui sont alors de profil. Ce n’est pas un profil strict car on antéfléchit et on tourne légèrement la tête des sujets du côté opposé à celui sur lequel il repose (c’est-à-dire qu’on la tourne ici vers la droite) afin de bien dégager les différentes structures de la région du cou qui nous intéressent: les muscles notamment sterno-cléido-mastoïdien et trapèze , les nerfs accessoire et supra-scapulaire, le plexus cervical, la région supra-claviculaire du plexus brachial, etc. Trois incisions sont réalisées : • une première incision allant de l’apex de l’apophyse mastoïde à la symphyse mandibulaire ; • une deuxième incision allant de la symphyse mandibulaire au bord supérieur du manubrium sternal (creux sus-sternal) ; • une troisième incision, horizontale, allant du bord supérieur du manubrium sternal, longeant le bord supérieur de la clavicule, passant par l’articulation acromio-claviculaire, se prolongeant postérieurement le long de l’épine de la scapula et gagnant la troisième ou la quatrième vertèbre thoracique. Après avoir récliné le plan cutané, le muscle platysma, la couche graisseuse, le fascia cervical ; le nerf accessoire est alors repéré soit au bord antérieur ou au bord postérieur du muscle sterno-cléido-mastoïdien. Le nerf supras-capulaire quant à lui est repéré soit au bord supérieur du tronc primaire supérieur du plexus brachial soit dans la fosse supra-épineuse au niveau de l’incisure scapulaire sous le ligament transverse supérieur de la scapula (ces différents repères seront détaillés plus loin dans la description anatomique). haut 18 avant SCHEMA MONTRANT LES INCISIONS CUTANEES haut 19 droite SCHEMA MONTRANT LES INCISIONS CUTANEES Si on considère un triangle à peu près équilatéral, de environ quinze centimètres de côté, à base inférieure représentée par une ligne horizontale longeant le bord supérieur de la clavicule et joignant les articulations sternoclaviculaire et acromio-claviculaire, à sommet supérieur représenté par 20 l’apophyse mastoïde et dont les deux côtés latéraux joignent pour l’un l’apophyse mastoïde à l’articulation sterno-claviculaire c’est-à-dire qu’il longe le muscle sterno-cléido-mastoïdien et pour l’autre l’apophyse mastoïde à l’articulation acromio-claviculaire ainsi ce dernier est en regard du muscle trapèze. Et bien, c’est au niveau de la base de ce triangle, c’est-à-dire au niveau du creux supra-claviculaire dans sa portion latérale que les deux nerfs : la branche trapézienne du nerf accessoire et le nerf supra-scapulaire sont les plus proches et c’est à cet endroit que l’on peut réaliser la neurotisation. De plus, l’accès chirurgical de ces deux nerfs à cet endroit ne nécessite pas, dans la majorité des cas, d’ostéotomie de la clavicule. N.B : quatre sujets ont été étudiés dont un sujet masculin âgé de 83 ans et trois sujets féminins âgés de 89, 87 et 79 ans. • dissection n°1 : sujet formolé masculin âgé de 83 ans • dissection n°2 : sujet frais féminin âgée de 89 ans • dissection n°3 : sujet frais féminin âgée de 87 ans • dissection n°4 : sujet frais féminin âgée de 79 ans haut avant 21 SCHEMA REPRESENTANT LE TRIANGLE DECRIT PRECEDEMMENT 22 4- RESULTATS 4.1-ETUDE DE ACCESSOIRE LA BRANCHE EXTERNE DU NERF Elle ne sera considérée qu’à partir de son émergence dans l’espace rétrostylien. 4.1.1- trajet, rapports de la branche externe du nerf accessoire Le rameau externe du nerf accessoire traverse l’espace rétrostylien , obliquement en bas, en dehors et en arrière, en dedans de la veine jugulaire interne, puis entre le ventre postérieur du muscle digastrique et le processus transverse de l’atlas. Il aborde la face antérieure du muscle sterno-cléido-mastoïdien à trois centimètres environ de l’apophyse mastoïde, à hauteur de l’angle de la mandibule. Il abandonne une ou deux branches pour le muscle sterno-cléidomastoïdien. Il chemine à sa face profonde ou perfore son chef cléido-mastoïdien à quatre centimètres de l’apophyse mastoïde. Il émerge du bord postérieur du muscle sterno-cléido-mastoïdien environ six centimètres au-dessous de l’apex du processus mastoïde5. Il traverse ensuite le triangle cervical postérieur obliquement en bas, en arrière et latéralement (contre le muscle élévateur de la scapula) pour gagner le bord antérieur ou la face profonde du muscle trapèze environ deux à trois centimètres au-dessus de la clavicule, au dessus du plan du muscle omohyoïdien. Il est rejoint par l’artère transverse du cou (collatérale du tronc thyrocervical). Il longe la face profonde du muscle trapèze jusqu’au voisinage de son extrémité inférieure. Il se termine dans le muscle trapèze auquel il donne de très nombreuses branches terminales : environ une dizaine. 23 arrière haut NA qui longe la face profonde du muscle sterno-cléido-mastoïdien et qui émerge de son bord postérieur Muscle sterno-cléido-mastoïdien légèrement soulevé pour dégager les deux branches du NA qui lui sont destinées NA aborde la face antérieure du muscle sterno-cléido-mastoïdien à hauteur de l’angle de la mandibule et lui donne deux branches ventre postérieur du digastrique Processus transverse de l’atlas NA qui émerge de l’espace rétrostylien lobe de l’oreille récliné angle de la mandibule Plexus cervical VJI PHOTO N°1 ( dissection n°4 ) NA : nerf accessoire VJI : veine jugulaire interne 24 haut avant lobe de l’oreille récliné glande parotide réclinée muscle sterno-cléido-mastoïdien sectionné et récliné vers l’arrière VJE Branche sterno-cléido-mastoïdienne du NA qui se divise en trois rameaux terminaux VJI C2 C3 Plexus cervical Branche trapézienne du NA qui perfore ici le muscle sternocléido-mastoïdien chef sterno-mastoïdien plan superficiel et plan profond du chef cléido-mastoïdien PHOTO N°2 ( dissection n°1 ) NA : nerf accessoire VJI : veine jugulaire interne VJE : veine jugulaire externe 25 haut avant C4 plan profond du chef cléido-mastoïdien déplacé pour bien montrer que le NA perfore ici le muscle sterno-cléido-mastoïdien N.B : même légende que celle de la photo n°2 PHOTO N°3 ( dissection n°1 ) arrière 26 haut 3) le NA gagne la face antérieure du muscle trapèze deux à trois centimètres de la clavicule. Ligne virtuelle représentant le bord supérieur de la clavicule muscle trapèze plexus cervical 2) le NA émerge du bord postérieur du muscle sternocléido-mastoïdien et se dirige obliquement en bas, en arrière et en dehors dans le triangle cervical postérieur. nerf transverse du cou (issu de C3) 1) branche externe du NA qui , à sa sortie de l’espace rétrostylien , contourne le processus transverse de l’atlas, passe sous le ventre postérieur du muscle digastrique, aborde la face antérieure du muscle sterno-cléido-mastoïdien auquel il donne deux branches, longe sa face profonde et émerge de son bord postérieur. PHOTO N°4 TRAJET DE LA BRANCHE EXTERNE DU NERF ACCESSOIRE ( dissection n°4 ) avant 27 bas muscle omo-hyoïdien nerf phrénique VJI Muscle sterno-cléido-mastoïdien sectionné et récliné Glande submandibulaire Plexus cervical glomus carotidien Plexus brachial ACE ligne représentant le bord supérieur de la clavicule ACI VJE branche trapézienne du NA surélevée par l’intermédiaire d’un fil glande parotide branche sternocléidomastoïdienne du NA ici, le NA traverse le muscle sterno-cléido-mastoïdien PHOTO N°5 TRAJET ET RAPPORTS DU RAMEAU EXTERNE DU NERF ACCESSOIRE ( dissection n°1 ) ACI : artère carotide interne ACE : artère carotide externe 28 4.1.2- les branches terminales du nerf accessoire Le nerf accessoire gagne la face antérieure du muscle trapèze deux ou trois centimètres 5,6 au-dessus de la clavicule et longe sa face profonde jusqu’au voisinage de son extrémité. Il se termine dans le muscle trapèze auquel il donne progressivement, au cours de son trajet sur sa face profonde, une dizaine de branches terminales. avant bas rameau musculaire pour le muscle trapèze de la veine jugulaire externe artère cervicale transverse superficielle branche trapézienne du NA sectionnée et tendue afin de montrer la façon dont elle pénètre et se distribue dans le muscle trapèze branches anastomotiques entre le NA et C4 En désinsérant progressivement le muscle trapèze de la clavicule, on voit comment le NA lui abandonne ses branches terminales vers son extrémité, vers son chef inférieur. face interne du muscle trapèze PHOTO N°6 ( dissection n°1 ) avant 29 bas Branches anastomotiques entre C4 et le NA artère cervicale transverse superficielle muscle sternocléidomastoïdien sectionné, récliné Rameaux musculaires de la VJE Le NA donne de nombreuses branches terminales au muscle trapèze nerf petit occipital branche trapézienne du NA face profonde du muscle trapèze ligne virtuelle représentant le bord inférieur du muscle trapèze désinséré de la clavicule, de l’acromion et de la scapula PHOTO N° 7 ( dissection n°1 ) 30 droite branches terminales du NA arrière NA Face profonde du muscle trapèze désinséré PHOTO N°8 ( dissection n°2 ) avant bas PHOTO N°10 ( dissection n°2 ) PHOTO N°9 BRANCHES TERMINALES DU NERF ACCESSOIRE ( dissection n° 2 ) 31 4 .2- ANASTOMOSES ENTRE LE PLEXUS CERVICAL ET LE NERF ACCESSOIRE ET BRANCHES DIRECTES DU PLEXUS CERVICAL POUR LE MUSCLE TRAPEZE 4.2.1- anastomoses entre le plexus cervical et le nerf accessoire Le plexus cervical est formé par les branches antérieures des quatre premières racines cervicales. Le nerf accessoire peut s’anastomoser avec les deuxième, troisième et quatrième racines cervicales. Ainsi, les muscles sterno-cléido-mastoïdien et trapèze reçoivent une double innervation 5,6,11,12. droite 32 haut NA qui gagne le bord antérieur du muscle trapèze et qui est tendu par l’intermédiaire d’une pince pour dégager les anastomoses Muscle trapèze Le NA émerge du bord postérieur du muscle sternocléido-mastoïdien branches anastomotiques entre le NA et le plexus cervical (C2 et/ou C3) Le NA donne ici deux branches au muscle sternocléido-mastoïdien ligne virtuelle représenta nt le bord supérieur de la clavicule muscle sternocléido-mastoïdien déplacé vers l’avant C4 C3 C2 PHOTO N°11 ( dissection n°4 ) Plexus cervical haut 33 avant insertion supérieure (sur l’apophyse mastoïde) du sternocléido-mastoïdien lobe de l’oreille muscle sterno-cléidomastoïdien glande submandibulaire glande parotide NA qui émerge du bord postérieur du sterno-cléidomastoïdien et qui lui donne deux branches nerveuses nerf transverse du cou C3 C4 deux branches anastomotiques entre le NA et des fibres nerveuses issues de C2 et/ou C3 PHOTO N°12 ( dissection n°4 ) droite bas ligne virtuelle matérialisant le NA qui longe la face profonde du muscle sternocléido-mastoïdien, qui lui donne deux branches et qui se dirige vers le muscle trapèze nerf transverse du cou (issu de C3) Plexus brachial C3 C4 branches anastomotiques extrêmement fines entre le NA et le plexus cervical nerf suprascapulaire muscle omohyoïdien qui est ici extrêmement grêle branche anastomotique de calibre un peu plus important entre le NA et C4 PHOTO N°13 ( dissection n°4 ) droite 34 arrière Plexus brachial nerf suprascapulaire muscle omohyoïdien branche anastomotique entre le NA et C4 C4 NA muscle trapèze désinséré PHOTO N°13 ( dissection n°3 ) haut C2 avant VJI NA C3 deux branches anastomotique s entre le NA et C4 ACI C4 rameau musculaire de la VJE branches terminales du NA qui se distribuent à la face interne du muscle trapèze muscle omohyoïdien VJE bord supérieure de la clavicule Plexus brachial PHOTO N°14 ( dissection n°1 ) 35 4.2.2- branches directes du plexus cervical pour le muscle trapèze La quatrième racine cervicale (C4) et/ou l’arcade qui unit les troisième et quatrième nerfs cervicaux donnent une ou deux collatérales pour le muscle trapèze . Elles abordent le chef supérieur du trapèze au-dessus de son insertion sur la clavicule. droite haut muscle trapèze branche de C4 pour le muscle trapèze muscle omohyoïdien nerf suprascapulaire Plexus brachial C3 C4 nerf transverse du cou ligne virtuelle représentant le NA depuis le bord postérieur du muscle sterno-cléidomastoïdien jusqu’à la face antérieure du muscle trapèze muscle sternocléidomastoïdien VJI muscle digastrique PHOTO N°15 ( dissection n°4 ) 36 muscle sternocléidomastoïdien ligne virtuelle matérialisant la branche de C4 pour le muscle trapèze C4 NA muscle trapèze PHOTO N°16 ( dissection n°4 ) avant bord supérieur de la clavicule bas C4 PB NS faisceau supérieur du muscle trapèze désinséré de la clavicule branche de C4 pour le muscle trapèze qui se divise en rameaux nerveux terminaux au-dessus de l’insertion sur la clavicule de son faisceau supérieur muscle trapèze PHOTO N°17 ( dissection n°4 ) PB : plexus brachial NS : nerf supra-scapulaire 37 4.3- ETUDE DU NERF SUPRA-SCAPULAIRE Le nerf supra-scapulaire naît du tronc primaire supérieur du plexus brachial , au niveau de son origine. C’est un nerf assez volumineux. Il se dirige ensuite obliquement en bas et en dehors vers la scapula. Il passe sous le muscle omo-hyoïdien et sous le trapèze puis il atteint le bord supérieur de la scapula entre l’apophyse coracoïde et les insertions scapulaires de l’omo-hyoïdien. Il s’engage ensuite dans l’incisure scapulaire sous le ligament transverse supérieur de la scapula. Il se divise en deux branches : une pour le muscle supra-épineux et une autre pour le muscle infra-épineux. La branche destinée au muscle infra-épineux contourne le bord latéral concave de l’épine de la scapula sous le ligament transverse inférieur de la scapula. Elle atteint ensuite la fosse infra-épineuse où elle se divise en un bouquet de trois ou quatre branches terminales qui pénètrent le muscle infraépineux par sa face profonde. 4.3.1- origine du nerf supra-scapulaire arrière haut muscle trapèze NA le NS naît de l’origine du tronc primaire supérieur Tronc primaire supérieur du plexus brachial constitué par la réunion de C5 et de C6 C3 C6 C5 C4 muscle scalène antérieur nerf transverse du cou muscle omohyoïdien NS : nerf supra-scapulaire muscle scalène moyen muscle sterno-cléidomastoïdien PHOTO N°18 ( dissection n° 4 ) 38 4.3.2- trajet du nerf supra-scapulaire le NS se divise en deux branches droite muscle supra-épineux désinséré arrière ligament transverse supérieur de la scapula incisure scapulaire clavicule insertions scapulaires du muscle omo-hyoïdien NS Tronc primaire supérieur muscle omo-hyoïdien muscle sternocléidomastoïdien PHOTO N°19 ( dissection n°4 ) droite muscle supra-épineux désinséré arrière le NS se divise en deux branches artère suprascapulaire audessus du ligament transverse supérieur et une de ses branches pour le muscle supra-épineux épine de la scapula ligament transverse supérieur de la scapula insertions scapulaires du muscle omo-hyoïdien NS clavicule fosse supra-épineuse insertions scapulaires du muscle élévateur de la scapula PHOTO N °20 ( dissection n°1 ) 39 4.3.3- les deux principales branches du nerf supra-scapulaire : une pour le muscle supra-épineux , l’autre pour le muscle infra-épineux droite arrière épine de la scapula Branche du NS destinée au muscle supra-épineux apophyse coracoïde Branche du NS destinée au muscle infraépineux on devine qu’il se dirige vers le bord latéral de l’épine de la scapula sous le ligament transverse inférieur muscle supraépineux désinséré, récliné lignes virtuelles dessinant les contours du NS Clavicule désinséré et déplacée vers le haut PHOTO N°21 ( dissection n°4 ) 40 droite arrière Muscle deltoïde désinséré et sectionné muscle supraépineux désinséré à sa partie supérieure Branche du NS destinée au muscle infraépineux qui se divise en trois rameaux nerveux terminaux qui pénètrent le muscle par sa face profonde fosse infraépineuse épine de la scapula fosse supraépineuse PHOTO N°22 ( dissection n°1 ) 41 droite arrière épine de la scapula Branche du NS destinée au muscle infraépineux qui se divise en un bouquet de quatre rameaux qui pénètrent le muscle par sa face profonde Bord externe de l’épine de la scapula avec ligament transverse inférieur sectionné muscle infraépineux désinséré de la capsule de l’articulation gléno-humérale et tiré vers l’arrière afin de dégager sa face profonde fosse infraépineuse PHOTO N°23 ( dissection n°4 ) 42 4.4- DISTANCE ENTRE LE NERF ACCESSOIRE ET LE NERF SUPRA-SCAPULAIRE Le nerf accessoire et le nerf supra-scapulaire qui sont à peu près de même calibre, sont les plus proches au niveau du creux supra-claviculaire , à l’endroit où le nerf accessoire gagne le bord antérieur du muscle trapèze. Ils sont alors distants d’environ deux ou trois centimètres. Mais, il faut noter que les nerfs accessoire et supra-scapulaire sont dans deux plans différents. En effet, dans le triangle cervical postérieur, dans le creux supra-claviculaire, le nerf accessoire effectue son trajet le plus superficiel, côtoyant les branches du plexus cervical alors que le nerf supra-scapulaire quant à lui, est plus profond et s’enfonce obliquement vers le bas, l’arrière et le dehors pour gagner l’incisure scapulaire. arrière haut Dans le creux supra-claviculaire, avant de pénétrer sous le trapèze, le NA et le NS sont distants de 3 cm. muscle trapèze le NA aborde la face antérieure du muscle trapèze le NS se dirige obliquement en bas en dehors vers la scapula bord supérieure de la clavicule le NA émerge du bord postérieur du muscle sterno-cléidomastoïdien muscle omohyoïdien muscle sternocléido-mastoïdien PHOTO N°24 ( dissection n°2 ) 43 arrière haut Le NA et le NS sont distants de 2,5 cm avant de pénétrer sous le muscle trapèze. muscle trapèze NA qui aborde la face antérieure du muscle trapèze NS qui se dirige vers l’incisure scapulaire origine du tronc primaire supérieur du plexus brachial tendon intermédiaire du muscle omohyoïdien C6 C5 Plexus cervical muscle sternocléido-mastoïdien PHOTO N°25 ( dissection n°4 ) arrière haut face profonde du muscle trapèze NA NS PHOTO N°26 ( dissection n°2 ) En désinsérant le muscle trapèze de la clavicule afin de libérer les branches terminales du NA , on s’aperçoit qu’après que ce dernier ait donné environ la moitié de ses branches terminales au muscle trapèze , il est à 3 cm du NS. 44 5- COMMENTAIRE ET DISCUSSION Tout d’abord, étant donné le nombre de dissections effectuées, aucun résultat n’est statistiquement significatif et ne permet en aucun cas d’effectuer une comparaison avec des études portant sur des séries importantes. C’est pourquoi afin de mener une étude objective, nous avons complété ce travail par la mention d’observations publiées. 5.1- SITUATION DU PROBLEME La paralysie du plexus brachial avec avulsions de racines est fréquemment rencontrée dans les accidents de la route et tout particulièrement dans les accidents de moto et de motocyclette chez les jeunes adultes. La récupération est rare chez ces patients. En raison des mauvais résultats obtenus, un pessimisme régnait quant au pronostic de ces patients : l’amputation du membre paralysé était souvent préférée. Cependant, grâce à de récents progrès dans la précision du diagnostic, l’évaluation des dommages et les techniques de microchirurgie, une restauration partielle de la fonction du bras n’est pas rare même chez des patients ayant des lésions extrêmement sévères, dévastatrices du plexus brachial ; ce progrès a été rendu possible en combinant plusieurs techniques de la reconstruction du plexus brachial : neurotisation, greffe de nerfs, réparation de nerfs mais aussi arthrodèse, ténodèse,…Bien que les grandes lignes de la prise en charge des lésions du plexus brachial aient été établies, les débats à propos de la stratégie de reconstruction et à propos des résultats que l’on peut considérer comme étant acceptables existent toujours. Cependant, dans les avulsions complètes des racines du plexus brachial à la suite d’un traumatisme par étirement, la seule possibilité qui existe pour la réinnervation de la partie distale repose sur des anastomoses avec des nerfs voisins par une suture directe ou par l’intermédiaire d’un greffon nerveux d’interposition. L’utilisation de greffons nerveux d’interposition permet d’éviter la tension qui s’exerce au niveau du site de connexion (KOTANI). Mais cette technique n’est pas toujours nécessaire. La neurotisation du nerf accessoire sur le nerf supra-scapulaire pour redonner de l’abduction et de la flexion au niveau de l’épaule et de l’articulation gléno-humérale à la suite d’avulsions de racines du plexus brachial est une des techniques de reconstruction du plexus brachial. 45 Plusieurs auteurs rapportent les résultats quant à cette technique et expliquent en quoi elle est intéressante et très souvent préconisée par rapport à d’autres. 5.2- EXPLORATIONS DES LESIONS DU PLEXUS BRACHIAL Dans ces séries d’études, tous les patients ayant subi des traumatismes du plexus brachial ont été explorés chirurgicalement afin d’évaluer l’étendue ainsi que la gravité de leurs lésions. Cette exploration chirurgicale est habituellement réalisée après un EMG , des potentiels sensitifs évoqués ou depuis le début des années soixante-dix après une myélographie, depuis le début des années quatre-vingt après l’association d’une myélographie et d’un scanner et depuis la fin des années quatre-vingt après une IRM14. Le scanner associé à la myélographie apparaît être la meilleure technique pour l’évaluation des lésions intradurales des racines14. Le nombre de faux négatifs ou de faux positifs est réduit par rapport à celui obtenu lors des myélographies non associées au scanner et la corrélation avec les résultats cliniques et chirurgicaux est excellente (94 % )14. L’IRM fournit de très bonnes images des lésions distales des racines et aide à définir à la fois le type et le niveau de gravité des dommages causés. Le taux de corrélation est comparable à celui du scanner bien que les petites lésions intradurales sont mieux identifiées par le scanner que par l’IRM14. La combinaison du scanner et de l’IRM permet ainsi de fournir le schéma lésionnel des traumatismes du plexus brachial le plus précis possible. Dans pratiquement toutes les études, la plupart des patients explorés chirurgicalement présentant des dommages supra-scapulaires par traction du plexus brachial avaient une, plusieurs ou toutes les racines du plexus brachial arrachées, avulsées de la moelle spinale. La chirurgie doit être effectuée dans les six mois qui suivent le traumatisme selon Alfred BERGER et son équipe3. Environ deux à trois ans sont nécessaires pour évaluer les résultats et seulement huit à dix transferts de nerfs sont effectués par an dans les services spécialisés dans les réparations du plexus brachial1. 46 5.3- RESULTATS DE PLUSIEURS SERIES D’ETUDES 5.3.1- résultats des travaux de NARAKAS et HENTZ Après avoir expérimenté pendant quinze ans la neurotisation, NARAKAS et HENTZ utilisent désormais les branches terminales du nerf accessoire (XI) dans les ruptures des troncs supérieurs aussi bien que lors d’avulsions de racines . Le nerf accessoire est toujours transféré au nerf suprascapulaire. Le contrôle scapulaire est important quand on essaie de restaurer la fonction de l’épaule particulièrement quand une arthrodèse de la gléno-humérale est envisagée1. Par opposition aux paralysies iatrogéniques du nerf accessoire, où là, le nerf est entièrement sectionné au-dessus du muscle trapèze, l’utilisation des branches terminales du nerf accessoire pour la neurotisation ne dénerve pas toujours complètement les faisceaux moyen et inférieur du trapèze et seulement partiellement le faisceau supérieur du trapèze1. Le muscle trapèze reçoit une double innervation : l’une provient du nerf accessoire ; l’autre, représentée par des branches issues du quatrième nerf cervical ou de l’arcade qui unit les troisième et quatrième nerfs cervicaux aborde le muscle trapèze un peu au-dessous du nerf accessoire15. De plus, il existe de nombreuses anastomoses entre le nerf accessoire et le plexus cervical ( avec C3 et/ou C4 pour le muscle trapèze ) au niveau du triangle cervical postérieur. Pour CUNEO, les arcades anastomotiques entre le plexus cervical et le nerf accessoire sont inconstantes et ces deux derniers innervent séparément le muscle trapèze. D’après CHAUVEAU, le XI est le seul nerf moteur et les filets du plexus cervical seraient sensitifs15. Pour MAUBRAC et d’après CHEVREL et FONTAINE, les neurofibres issues du plexus cervical (les branches directes ou les anastomoses avec le nerf accessoire) véhiculerait la sensibilité proprioceptive des muscles mais aussi pour certains de leurs faisceaux, la commande motrice5,15. NARAKAS et HENTZ ont réalisé des mesures chez vingt patients chez lesquels le nerf accessoire a été transféré. Ils ont alors pu montré que le diamètre sagittal du faisceau supérieur du trapèze est de trois centimètres en moyenne alors qu’il est de cinq centimètres en moyenne chez les sujets sains1. Au repos, l’épaule est seulement plus haute d’environ un centimètre et demi par rapport à 47 celle des sujets sains. Curieusement, dans les paralysies complètes du plexus brachial, l’épaule du côté atteint est toujours, au repos, levée et adductée par l’attraction du trapèze. Une dénervation partielle de ce muscle peut produire une amélioration esthétique1. Il est possible de transférer le nerf accessoire sur le tronc primaire supérieur du plexus brachial ou sur les racines cervicales C4 ou C5 au lieu de le transférer au niveau du nerf supra-scapulaire mais les résultats de plusieurs études ont montré que plus la cible est spécifique moins la dispersion des fibres donneuses est grande ainsi le nombre de fibres nerveuses adressées au muscle cible est maximal (ALNOT).Or le collatérales comme le nerf suprascapulaire et les troncs terminaux du plexus brachial sont différenciés en vue de la fonction alors que les racines ne le sont nullement puisque chacune d’entre elles participe à la formation des troncs antérieurs (nerfs médian, ulnaire et musculo-cutané, troncs nerveux des régions antérieures du bras et de l’avant-bras) et du tronc postérieur (nerf radial, nerfs des régions postérieures du bras et de l’avantbras).Les racines sont simplement différenciées au plan embryologique des myotomes donc topographique10. Le premier choix pour NARAKAS et HENTZ pour le site receveur pour le nerf accessoire est le nerf supra-scapulaire .En effet le nerf accessoire (nerf donneur) contient des fibres nerveuses analogues au nerf supra-capulaire (nerf receveur).De plus , les connexions médullaires et cérébrales doivent posséder une plasticité suffisante pour effectuer le fonction que le chirurgien désire restaurer. Ainsi , dans les avulsions C5 et C6 un meilleur résultat est obtenu quand les branches terminales du nerf accessoire (XI) sont transférées au nerf supra-scapulaire. En effet , hausser , élever les épaules est une fonction similaire a à celle de l’abduction de l’humérus au niveau de l’articulation glénohumérale. Dans la majorité des cas, un transfert direct du nerf accessoire sur le nerf supra-scapulaire peut être effectué et seulement pour quelques cas, un petit nerf intercalé, un petit greffon nerveux d’interposition est nécessaire1. L’utilisation de greffon nerveux d’interposition évite dans certains cas la tension qui s’exerce au niveau de la connexion (KOTANI). Dans certaines conditions, les lésions de l’épaule ont même montré que la fonction du nerf supra-scapulaire est éminente et dépasse, excède celle du nerf axillaire1. Quand l’articulation scapulo-thoracique est saine, le patient peut élever son bras au-dessus de l’horizontale uniquement grâce au muscle supraépineux. Et si en plus, il possède de bons dépresseurs de la tête humérale et un puissant muscle pectoralis major, il peut malgré une paralysie du muscle 48 deltoïde élever complètement ou porter en abduction complète le bras au moyen d’astuces ou de mouvements substitutifs1. Environ soixante à quatre-vingt degrés d’abduction vraie active entre l’humérus et le bord latéral de la scapula (angle scapulo-huméral) et stabilisation de cet angle sont suffisants pour élever l’extrémité proximale du membre supérieur par rotation de la scapula le long de la paroi thoracique. La cadence, le rythme de la scapulo-humérale est interrompu, perturbé mais la réinnervation des muscles supra-épineux (qui est abducteur) et infraépineux (qui est rotateur externe) produit dans une certaine mesure une ténodèse ou une arthrodèse dynamique de l’articulation gléno-humérale1. 5.3.2- résultats des travaux de Julia K. TERZIS Pour TERZIS aussi, quand C5 et C6 sont arrachées, le nerf suprascapulaire est habituellement reconstruit par une neurotisation directe à partir des branches terminales du nerf accessoire ipsilatéral (C7 est utilisée pour la neurotisation des autres nerfs). Quant C5, C6 et C7 sont arrachées, le nerf suprascapulaire est neurotisé de la même façon (les autres nerfs sont neurotisés avec des donneurs ipsilatéraux ou controlatéraux en dehors du plexus brachial)4. Son étude faite en 1999 présente les résultats des reconstructions chirurgicales de 204 patients ; c’est la plus grande série d’études effectuée en Amérique du nord par un seul chirurgien Julia K. TERZIS à ce jour4. Dans cette étude, le pourcentage de réussite, de bons résultats (M3+ à M4- pour le score du testing musculaire) le plus élevé est rencontré dans les reconstructions du nerf supra-scapulaire : 75% et seulement 40% pour celles du muscle deltoïde, 48% pour celles du biceps, 30% pour celles du triceps, 35% pour la restitution de la flexion des doigts, et 15% pour celle de l’extension des doigts4. Mais, dans cette étude, il n’y a pas de différence statistiquement significative dans la reconstruction du nerf supra-scapulaire entre les donneurs provenant du plexus brachial et les branches terminales du nerf accessoire mais ces deux types de donneurs donnent de meilleurs résultats que les branches motrices du plexus cervical. Pour les neurotisations, Julia K. TERZIS préfère utiliser quand ils sont disponibles des nerfs moteurs appartenant au plexus brachial comme donneur 49 plutôt que ceux en dehors du plexus. Les donneurs appartenant au plexus ont un plus grand nombre d’axones que les donneurs en dehors du plexus et ainsi, les chances de réussite augmentent2. Les résultats de cette étude de 204 reconstructions du plexus brachial ont surtout montré que les donneurs appartenant au plexus permettent toujours la récupération d’une force plus importante quelque soit le muscle cible. Cependant, certains donneurs en dehors du plexus brachial donnent constamment de meilleurs résultats lorsqu’ils sont utilisés pour des cibles spécifiques. La neurotisation directe du nerf suprascapulaire avec le nerf accessoire procure des résultats comparables à ceux obtenus quand on effectue la réparation avec des donneurs du plexus brachial1. Dans l’étude de Panupan SONGCHAROEN2, quatre nerfs donneurs fournissent des résultats satisfaisant. Les nerfs accessoire, inter-costaux et phrénique permettent une importante récupération motrice (utile) quand on les transfère sur des nerfs receveurs de l’extrémité proximale du bras mais ne donnent pas de résultats satisfaisants pour la réinnervation des nerfs destinés à l’avant-bras et à la main. La raison de ces échecs est triple. Tout d’abord, il existe une disproportion entre les fibres nerveuses des donneurs et celles des receveurs. Ensuite, les neurones donneurs qui ont habituellement seulement une fonction binaire sont incapables de s’adapter à la fonction extrêmement complexe de la main et, enfin, la distance de régénération qui est beaucoup plus longue gêne la cicatrisation. Bien que les neurotisations utilisant des donneurs appartenant au plexus brachial donnent une meilleure récupération motrice en raison d’un plus grand nombre de fibres nerveuses donneuses, il y a quelques problèmes de cocontraction musculaire2. Ainsi, dans cette étude, le nerf accessoire a aussi été sélectionné comme nerf donneur plus souvent que les autres car des résultats favorables et précoces ont été obtenus à la fois en ce qui concerne la force musculaire et la commande motrice. 5.3.3- résultats modestes En 1984, Y. ALLIEU, J. M. PRIVAT et F. BONNEL publient leurs résultats de la neurotisation par le nerf accessoire dans les avulsions de racines 50 du plexus brachial16. Leurs résultats sont dans l’ensemble modérés : sur les deux neurotisations du nerf accessoire sur le nerf supra-scapulaire réalisées, aucune n’a donné de bons résultats, elles ont toutes les deux donné de mauvais ou pas de résultats du tout, c’est-à-dire qu’il n’y a pas eu de récupération musculaire ou que celle-ci était inférieure à 3 dans le score du testing musculaire. Mais, les auteurs considèrent qu’il est possible que dans le futur leurs résultats soient améliorés grâce à une meilleure compréhension de l’anatomie et de la physiologie du nerf accessoire et du plexus cervical et grâce à des progrès encore plus poussés des techniques chirurgicales16. En 1988, Y. ALLIEU et P. CENAC publient d’autres résultats quant à la neurotisation du nerf accessoire sur le nerf supra-scapulaire qui ne sont guère meilleurs3. Cette technique n’a pas été fructueuse malgré l’utilisation de nombreuses fibres et d’anastomoses directes entre les deux nerfs. Les raisons de ces échecs ne sont pas claires. Mais les deux auteurs ont été encouragés par les bons résultats obtenus par ALNOT et MONOD et NARAKAS lors de la neurotisation du nerf accessoire sur le nerf supra-scapulaire. Y. ALLIEU et P. CENAC mettent l’accent sur un point important : le nerf supra-scapulaire réinnervé n’augmente pas la mobilité de l’épaule autant qu’il stabilise la tête humérale et empêche la rotation interne de l’humérus chez les patients dont seul le muscle biceps a été réparé et réactivé3. 51 6- CONCLUSION Il existe de nombreuses techniques de reconstruction du plexus brachial qu’il faut réaliser en association ou qu’il faut préférer à d’autres en fonction du type de lésions. Il semble que dans les avulsions complètes de C5, C6 et/ou C7, la plupart des spécialistes préconisent la neurotisation du nerf accessoire sur le nerf supra-scapulaire et cela pour plusieurs raisons : • Les deux nerfs qui sont à peu près de même calibre sont constitués de fibres nerveuses analogues. • Ils sont situés à proximité dans le creux supra-claviculaire, la distance à régénérer et donc plus courte. • La désinsertion de 50% des branches terminales du nerf accessoire au niveau du muscle trapèze pour réaliser la neurotisation ainsi que la double innervation reçue par le muscle par l’intermédiaire du plexus cervical (anastomoses avec le nerf accessoire et les branches directes) permet au muscle trapèze de garder en partie son innervation, sa fonction. • Le nerf supra-scapulaire étant comme son nom l’indique un nerf, il est bien différencié en vue de la fonction contrairement aux racines. Or, plus la cible est spécifique, plus la neurotisation a de chances de réussir. • Les nouvelles voies médullaires et cérébrales doivent posséder une plasticité suffisante pour effectuer la fonction que le chirurgien souhaite restaurer. Or, élever, hausser les épaules est une fonction similaire à l’abduction de l’humérus au niveau de l’articulation gléno-humérale et peut aider à la rotation externe de l’épaule. 52 Mais, la reconstruction chirurgicale la plus réussie qu’elle soit donne seulement au patient une extrémité supérieure fonctionnelle mais non normale. De plus, les stratégies de reconstruction doivent prendre en compte l’état psychologique, la motivation, l’habileté et la bonne volonté du patient pour la rééducation fonctionnelle de ses muscles. Outre la chirurgie du plexus brachial, d’autres méthodes doivent y être associées comme la physiothérapie qui doit débuter aussi tôt que possible après le traumatisme en fonction du processus de cicatrisation des tissus mous endommagés et de consolidation des fractures. Elle a pour but essentiel de prévenir la raideur des articulations et les contractures de la phase précoce. Ce programme est adapté aux attentes, aux demandes des patients. 53 BIBLIOGRAPHIE 1 A. O. NARAKAS , VINCENT R. HENTZ Neurotization in Brachial Plexus Injuries : Indication and Results Clinical Orhopaedics and Related Research, 1988, 237, 43-57 2 Panupan SONGCHAROEN Brachial Plexus Injury in Thailand :a report of 520 cases Microsurgery, 1995, 16, 35-39 3 Y. ALLIEU, P. CENAC Neurotization via the Spinal Accessory Nerve in Complete Paralysis due to Multiple Avulsion Injuries of the Brachial Plexus Clinical Orhopaedics and Related Research, 1988, 237, 67-75 4 Julia K. TERZIS, Marios D. VEKRIS, Panayiotis N. SOUCACOS Outcomes of Brachial Plexus Reconstruction in 204 patients with Devastating Paralysis Plastic surgery, 1999, 5 JP. CHEVREL, C. FONTAINE Anatomie Clinique Tête et Cou 6 H. ROUVIERE ANATOMIE HUMAINE descriptive et anatomique, 10ème édition 7 LAZORTHES G. Le système nerveux central Description. Systématisation. Exploration. 3ème édition Masson, Paris, 1983 8 H. ROUVIERE, A. DELMAS Anatomie Humaine ; descriptive, topographique et fonctionnelle ; tome I : tête et cou ; 13ème édition Masson, Paris, 1991 54 9 A. DELMAS Voies et centres nerveux, 10ème édition Masson, Paris, 1981 10 André GOUAZE Neuroanatomie Clinique, 4ème édition Expansion Scientifique Française, Paris, 1988 11 P. KAMINA, V. DI MARINO Volumes 3, 4, 6, 10, 11 Maloine, 2ème édition 12 G. PATURET Traité d’anatomie humaine Tome IV Système Nerveux 13 P. DECQ, Y. KERAVEL Neurochirurgie Ellipses 14 B. ROGER, V. TRAVERS, M. LAVAL-JEANTEL Imaging of Posttraumatic Brachial Plexus Injury Clinical Orhopaedics and Related Research, 1988, 237, 57-62 15 G. LAZORTHES Le Système nerveux périphérique Description. Systématisation. Exploration. 3ème édition Masson, Paris, 1981 16 Y. ALLIEU, J.M. PRIVAT, F. BONNEL Paralysis in Root Avulsion of the Brachial Plexus : Neurotization by the Spinal Accessory Nerve Clinics in Plastic Surgery, 1984, Vol. 11, No. 1, 133-136 17 Alfred BERGER, Michael H.-J. BECKER Brachial Plexus Surgery : our concept of the last twelve years Microsurgery, 1994, 15, 760-767 55 18 Laurent SEDEL Repair of Severe Traction Lesions of the Brachial Plexus Clinical Orhopaedics and Related Research, 1988, 237, 62-67 19 M. CHAMMAS, M.C. PICOT, Y. ALLIEU Paralysies du plexus brachial chez l’adulte, Résultats comparatifs à long terme des greffes nerveuses et des transferts nerveux 20 C. MONOD, B. DUHAMEL Schémas d’anatomie. N°5 : Tête et Cou Vigot, Paris, 1982 21 C. DESCHAMPS Le nerf accessoire (trajet extra-crânien), C1 Anatomie et organogenèse, NANTES Mémoire du laboratoire d’Anatomie de la Faculté de Médecine de Nantes, 1991 22 O. HAMEL Le nerf accessoire, C1 Anatomie et organogenèse, NANTES Mémoire du laboratoire d’Anatomie de la Faculté de Médecine de Nantes, 1994