La Lettre du Rhumatologue - n° 246 - novembre 1998
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Cette étude prospective italienne, d’une durée de deux ans,
a eu pour but d’évaluer la corrélation entre les données du
scanner pulmonaire haute résolution et les résultats du lavage
alvéolaire ainsi que des explorations fonctionnelles respiratoires
(EFR) dans le syndrome de Sjögren primitif (pSS).
Dix-huit patientes (âge moyen 51 ans) non fumeuses et présen-
tant un pSS, avec atteinte pulmonaire à type d’alvéolite authen-
tifiée par le lavage alvéolaire (BAL), ont été réexaminées deux
ans après inclusion : évaluation clinique, EFR, BAL et scanner
haute résolution. Leur maladie évoluait depuis 5,5 ans en
moyenne (deux à dix ans). Pendant ces deux années d’évalua-
tion, aucune d’entre elles n’a été traitée par corticoïdes ou immu-
nosuppresseurs.
À l’entrée, les EFR étaient normales dans tous les cas, mais la
DLCO (capacité de diffusion de l’oxyde de carbone) était légè-
rement diminuée chez trois patientes (17 % des cas). Deux ans
plus tard, les EFR ne montraient aucune différence statistique-
ment significative ; de même, la DLCO ne s’était pas altérée de
façon significative, même pour les trois patientes chez qui elle
était initialement abaissée.
À l’entrée, le BAL, anormal dans tous les cas, a révélé :
– chez 14 patientes, une alvéolite de type lymphocytaire (taux de
lymphocytes > 15 % : 16 à 49 %) : groupe I,
– chez 4 patientes, une alvéolite de type mixte (taux de lympho-
cytes élevé : 18 à 39 %, associé à un taux de neutrophiles élevé,
> 4 % : 5 à 16 %) : groupe II.
Après accord de ces 18 patientes, un BAL a été effectué deux ans
plus tard. Les résultats ont été les suivants :
– BAL normal chez 6 des 14 patientes du groupe I ;
– même taux de lymphocytes chez 8 des 14 patientes du groupe I,
avec augmentation du taux de neutrophiles chez l’une d’entre
elles ;
– BAL inchangé chez les 4 patientes du groupe II.
À deux ans, les radios pulmonaires étaient normales dans 17 cas,
mais ont révélé un aspect de fibrose interstitielle diffuse chez une
patiente. Quant au scanner pulmonaire, il était normal chez 13
des 18 patientes (72 % : groupe A), mais a révélé dans 5 cas
(28 % : groupe B) des opacités linéaires en verre dépoli prédo-
minant au niveau du lobe inférieur.
L’âge, la durée d’évolution de la maladie, les données sérolo-
giques ou la présence de manifestations extraglandulaires étaient
comparables entre les groupes A et B. En revanche, le nombre
total de cellules dans le BAL était significativement plus élevé
dans le groupe B que dans le groupe A : plus grand nombre de
lymphocytes – essentiellement de type T – (p < 0,02) et de neu-
trophiles (p < 0,05), associé à une réduction du taux de macro-
phages alvéolaires (p < 0,01). Les EFR étaient, en revanche,
comparables entre les deux groupes, mais la DLCO était plus
basse chez les patientes du groupe B et chez les quatre patientes
ayant une alvéolite mixte persistant à deux ans. Enfin, une cor-
rélation négative entre la DLCO et le nombre de polynucléaires
neutrophiles dans le BAL a pu être établie.
En conclusion, cette étude objective la possibilité d’une régres-
sion spontanée de l’alvéolite lymphocytaire dans le pSS ainsi que
la corrélation nette entre les données du BAL et les résultats du
scanner pulmonaire : les polynucléaires neutrophiles semblent en
effet jouer un rôle essentiel dans la pathogénie pulmonaire.
Le scanner pulmonaire est un bon moyen d’évaluer l’atteinte pul-
monaire du pSS, avec une sensibilité très supérieure à celle des
radios standard ou des EFR. Le BAL, en révélant la présence d’un
taux anormalement élevé de polynucléaires neutrophiles, laisse
présager d’une atteinte pulmonaire plus sévère, avec en particu-
lier altération de la DLCO.
Dr E. Thibierge-Rouyer
Service du Pr Chaouat, Fondation Rothschild, Paris
Scanner haute résolution et lavage alvéolaire dans l’évaluation de l’atteinte pulmo-
naire liée au syndrome de Sjögren primitif
A longitudinal study of pulmonary involvement in primary
Sjögren’s syndrome : relationship between alveolitis and
subsequent lung changes on high-resolution computed
tomography.
Salaffi F. et coll.
●
Br J Rheum 1998 ; 37 : 263-9.
ANALYSES
L’augmentation de la longévité ne suffit pas à expliquer
l’incidence croissante des fractures du col fémoral.
Une équipe écossaise d’orthopédistes a comparé, à partir de la
collection anatomique conservée à l’université d’Aberdeen, la
géométrie du col fémoral chez 71 sujets décédés entre 1900 et
1920 et chez 49 sujets décédés dans les années 80.
Des mesures de la longueur du fémur, du diamètre de la tête et
du col et de la longueur du col objectivent une modification de
l’architecture du fémur. Sa longueur augmente, mais moins que
la largeur du col, le diamètre de la tête, et surtout la longueur du
col. Le degré d’antéversion du col ne change pas. Cette évolu-
tion est comparable dans les deux sexes.
Cette étude ostéométrique confirme les résultats des études radio-
logiques antérieures. Le col fémoral s’allonge plus qu’il ne
s’épaissit, et devient donc plus fragile pour des raisons biomé-
caniques.
Dr F. Duriez, ACCA
Architecture du col fémoral : une évolution qui fragilise
Changing proximal femoral geometry in north-east
Scotland : an osteometric study.
Duthie R.A., Bruce M.F., Hutchison J.D.
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Br J Rheum 1998 ;
316 : 1498.
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