Cas clinique L’interface Les tongs ne suffisent pas ! Flip-flop do not prevent flees shot M. Lefebvre1, O. Grossi2, M. Miègeville3, S. Barbarot4 (1 Service des maladies infectieuses et Puce chique • Tungose • Tunga penetrans • Voyage tropicales, Hôtel-Dieu, CHU de Nantes ; 2 Service de médecine interne et de maladies infectieuses, Nouvelles Cliniques nantaises, Nantes ; 3 Service de parasitologie ; 4 Clinique dermatologique, HôtelDieu, CHU de Nantes) Jigger flea • Tungiasis • Tunga penetrans • Travel Observation Cinq adultes sans antécédents, âgés de 30 à 42 ans, présentaient au cours d’un voyage au Gabon une à quelques lésions papuleuses situées sur les pieds. L’apparition des lésions était précédée d’un prurit féroce. L’inspection minutieuse retrouvait des papules périunguéales blanchâtres centrées autour d’un point noir et comparables à de petites boules de gui. Une dissection à l’aide d’une aiguille stérile permettait l’extraction d’un petit parasite : Tunga penetrans. Les parasites étaient retirés sans difficulté chaque jour et l’évolution était favorable en 10 jours (figures 1-3). Discussion La tungose est l’infestation cutanée par un petit insecte hématophage (Tunga penetrans, ou puce chique) après contact du pied sur un sol sablonneux (1). Il s’agit d’une ectoparasitose exclusivement tropicale, présente en Amérique latine, aux Antilles (Haïti, Trinidad), en Afrique subsaharienne et dans l’océan Indien (figure 4, p. 123) [2]. La puce chique se localise au niveau des pieds, essentiellement dans les sillons périunguéaux ou sous-unguéaux. Seule la femelle gravide devient parasite : elle s’enfonce entre le stratum corneum et le stratum granulosum de l’épiderme. Cette phase passe inaperçue ou s’accompagne de prurit (3). On observe, à partir du cinquième jour, le développement d’une papule ou d’un nodule blanchâtre de 5 à 10 mm centré autour d’un point noir, correspondant à l’abdomen distendu de la puce et à son orifice de ponte. La douleur apparaît lorsque la puce augmente de volume (figure 5, p. 123). La ponte commence au bout de 8 à 10 jours. Les œufs sont expulsés sur le sol et la puce meurt ensuite en laissant sa coque dans la peau (4). Les œufs déposés sur le sol deviennent des larves puis des puces en un cycle d’une quinzaine de jours. Après l’expulsion des œufs, la lésion est surmontée d’une croûte noirâtre et cicatrise en quelques jours. Diagnostic Le diagnostic est clinique : facile en zone d’endémie, lorsque la maladie est connue des autochtones, plus difficile chez les touristes, au retour de voyage. Le diagnostic différentiel peut se poser vis-à-vis d’une verrue vulgaire, d’une myiase, de la piqûre ou morsure d’un arthropode ou encore par rapport à une réaction inflammatoire à un corps étranger. Les motifs de consultation sont liés à la découverte d’un nodule, d’un cor, d’une verrue, d’un corps étranger, ou liés à la sensation douloureuse à la pression ou à la marche. 120 ID4-2011_V2.indd 120 Légendes Figures 1. Lésion de tungose (puce chique) débutante : papule grise périunguéale. Figure 2. Énucléation de la puce chique à l’aide d’une aiguille stérile. Figure 3. Puce chique après extraction. Images en Dermatologie • Vol. IV • n° 4 et 5 • juillet-octobre 2011 22/09/11 12:47 Cas clinique L’interface 1 2 3 Images en Dermatologie • Vol. IV • n° 4 et 5 • juillet-octobre 2011 ID4-2011_V2.indd 121 121 22/09/11 12:47 Cas clinique L’interface Traitement Le traitement consiste à extraire la puce par énucléation à l’aide d’un vaccinostyle ou d’une aiguille stérile (5). Après antisepsie locale, l’orifice cutané doit être récliné et le parasite doit être extrait de manière non sanglante dans son intégralité pour éviter le risque d’entraîner une importante réaction inflammatoire si une partie de la puce est oubliée dans la plaie. L’extraction de la puce est d’autant plus facile, rapide et indolore que le diagnostic est fait précocement. La seule prévention efficace consiste à porter des chaussures fermées dans le sable et à s’inspecter méticuleusement les pieds en cas de contact avec un sol sablonneux. Légendes Références bibliographiques Agenda 1. Pampiglione S, Fioravanti ML, Gustinelli A et al. Sand flea (Tunga spp.) infections in humans and domestic animals: state of the art. Med Vet Entomol 2009;23:172-86. 2. Heukelbach J, de Oliveira FA, Hesse G, Feldmeier H. Tungiasis: a neglected health problem of poor communities. Trop Med Int Health 2001;6:267-72. 3. Eisele M, Heukelbach J, Van Marck E et al. Investigations on the biology, epidemiology, pathology and control of Tunga penetrans in Brazil: I. Natural history of tungiasis in man. Parasitol Res 2003;90:87-99. 4. Muehlstaedt M. Images in clinical medicine. Periungual tungiasis. N Engl J Med 2008;359:e30. 5. Feldmeier H, Heukelbach J. Epidermal parasitic skin diseases: a neglected category of poverty-associated plagues. Bull World Health Organ 2009;87:152-9. Figure 4. Distribution géographique de la tungose. Figure 5. Lésion de tungose (puce chique) évoluée. Atteinte des troisième et quatrième orteils avec onycholyse distale. Diplôme inter-universitaire de dermatologie psychosomatique Année universitaire 2011-2012 Université René-Descartes (Paris V) et université de Brest Responsables de l’enseignement : Pr S.M. Consoli, Pr L. Misery >> Renseignements : Secrétariat du DIU (informations, autorisation d’inscription) Bénédicte Coutard Tél. : 01 56 09 33 88 – Fax : 01 56 09 31 46 E-mail : [email protected] 122 ID4-2011_V2.indd 122 Les cours seront dispensés au service de psychologie clinique et de psychiatrie de liaison de l’hôpital européen GeorgesPompidou, 20, rue Leblanc, 75015 Paris. Images en Dermatologie • Vol. IV • n° 4 et 5 • juillet-octobre 2011 22/09/11 12:47 Cas clinique L’interface Cas d’importation Cas sporadiques Pays d’endémie 4 5 © CD ANOFEL 4-Association ANOFEL-http://www.cdanofel.fr Images en Dermatologie • Vol. IV • n° 4 et 5 • juillet-octobre 2011 ID4-2011_V2.indd 123 123 22/09/11 12:47