Nous voilà donc sur la terrasse d’un palais grec en -380 en présence de l’un des plus éminents historiens de son temps,
Agathon. Il endosse son rôle de précepteur auprès d’un jeune éphèbe destiné à succéder à son père.
‐ Bien, bien, commençons. Dis-moi Lénas, selon toi, quelle qualité est indispensable à l’homme qui souhaite
diriger ?
‐ Mmmh, je dirais la loyauté envers son peuple.
‐ Tu n’as pas tort bien sûr, mais il y a bien plus important : la connaissance.
Comment un homme peut-il prendre les meilleures décisions pour son peuple s’il ne connaît pas sa propre histoire, s’il
n’entend rien aux méandres de la politique ou encore s’il est incapable de comprendre les événements qui se déroulent
en Grèce ?
La Grèce est multiple et variée. Il n’y a pas un peuple grec mais des peuples grecs dispersés en cités indépendantes. Pour
autant, nous partageons la même culture, les mêmes racines, les mêmes dieux et la même langue. Les grecs sont à
l’origine des arts les plus raffinés tels que le théâtre, l’architecture, la philosophie, et bien d’autres encore.
Mais avant même l’apparition des cités grecques telles que tu les connais, d’autres que nos ancêtres vivaient sur nos
terres. Il y a des centaines d’années de cela, l’île de Crète dominait l’ensemble de nos mers et de nos terres, apportant
avec elle ses magnifiques palais en pierre, ornés de colonnes, l’écriture et le commerce. Leur constante expansion a
déplu aux Dieux qui les ont punis en les frappant de tremblements de terres et d’éruptions volcaniques, réduisant à
néant le légendaire labyrinthe de Minos.
C’est alors que nos ancêtres, que tu dois connaître sous le nom d’anciens ou d‘Achéens, profitèrent de cette chute et
s’emparèrent à leur tour de nos terres ancestrales. Mais ce n’est qu’avec l’arrivée du célèbre Agamemnon qui mena la
Guerre de Troie que tous les achéens s’unirent derrière une même bannière. Vois-tu, c’est ici que démarre
véritablement les fondements et l’identité du peuple grec. Et après la guerre de Troie, cet âge d’or ne durera que trois
générations.
En effet, le retour des Héraclides marqua la fin des achéens. Les Doriens, ayant hérité du sang d’Héraclès ont vu leur
force décuplée au combat et rasèrent sur leur passage cités et palais. Les savoirs anciens se perdirent et nous revinrent
aux temps des famines et de la pauvreté. Mes pairs historiens et moi-même aimons appeler ces années les Siècles
Obscurs en raison de l’insécurité qui régnait dans notre belle région à cette époque.
Fort heureusement, les Premières Olympiades, il y a trois siècles de cela, feront sortir la Grèce de cette impensable
période. Les cités naissantes, voués à devenir les plus puissantes de Grèce, se rassemblent à Olympie pour cet
événement. Peux-tu me dire de quelles cités je parle ?
‐ Maître, il s’agit d’Athènes, Corinthe, Sparte, Olympie et, la plus grande de toutes, Thèbes.