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Janvier 2 0 1 4 PAUL SABATIER
Aux frontières de l’écologie et de la biologie
Instruments uniques dans le monde
Au plan technologique, le site d’Auzeville ex-
ploite toutes les approches omics à haut débit
(génomique, protéomique, métabolomique, etc.),
incluant notamment le développement de pla-
teforme de phénotypage robotisé et à haut
débit dans différents environnements, ainsi que
la gestion bioinformatique des grandes masses
de données générées. D’autre part, le passage
d’espèces modèles à des espèces d’intérêt
agronomique et écologique constitue un des
points charnière de la communauté. A la sta-
tion expérimentale de Moulis, sont développés
de grands instruments uniques dans le monde.
Par exemple, le métatron d’une surface de
4 hectares se compose de 48 unités de 100m2,
chacune reliée à ses quatre unités voisines par
des couloirs pour étudier la dispersion de divers
organismes (papillons et autres insectes, lézards,
plantes) dans un système clairement spatialisé.
Il permet l’étude des processus écologiques à
des échelles spatiales et temporelles pertinentes
pour l’écologie évolutive.
Aux plans conceptuel et théorique, ces équipes
jouent un rôle important à l’échelle natio-
nale et internationale dans le décryptage des
mécanismes qui président à la mise en place de
symbioses fixatrices d’azote chez les plantes
et leur transfert potentiel aux plantes ne pos-
sédant pas cette capacité, telles les céréales.
La compréhension de la perception par les
plantes des bioagresseurs, des voies de signali-
sation en découlant ainsi que de l’établissement
des mécanismes de résistance ou de sensibi-
lité constitue un autre pan important de nos
recherches. Enfin, notre communauté a été à
l’origine de l’émergence de la théorie neutre de
la biodiversité ou de l’hérédité non génétique
(épigénétique et culturelle). Ces sujets sont au
cœur des intérêts des Instituts INEE et INSB du
CNRS, mais également de l’INRA. C’est aussi
dans le domaine de la théorie et de la modélisa-
tion que TULIP affiche ses plus grandes ambi-
tions qui correspondent au cinquième thème
majeur de recherche intitulé ‘Vers une théorie
unifiée des interactions biotiques’. C’est aussi
dans ce domaine que TULIP nous a permis de
réaliser nos premières opérations d’attraction
avec la venue sur un poste CNRS de Michel
Loreau, l’un des experts mondiaux de la biodi-
versité, qui a immédiatement créé le ‘Centre de
Théorie et Modélisation de la Biodiversité’.
Au plan stratégique et managérial, le laboratoire
investit dans la recherche de pointe, et cherche
à attirer sur des postes permanents des scien-
tifiques seniors et juniors de stature internatio-
nale. Le pari est en effet de miser sur l’attraction
de chercheurs de plan mondial pour entraîner
automatiquement la communauté vers une
plus grande interaction et compétitivité des
recherches. L’accueil de visiteurs sur une courte
durée permet de proposer une animation scien-
tifique, des séminaires, dont certains sont liés à
la formation.
Pour la formation, précisément, le laboratoire
a mis en place une école d’été internationale
annuelle dont la troisième édition se déroulera
en juillet 2014 et qui attire chaque année une
vingtaine d’étudiants venus d’une vingtaine de
pays de par le monde. D’autre part, il œuvre au
rapprochement et à la coordination d’au moins
deux des Masters portés par notre communauté
(MABS et BEE)(2) de façon à faire émerger un
parcours en biologie et écologie intégratives à
l’Université Paul Sabatier.
Biofertilisants et biofongicides
En termes de valorisation, la conjonction
d’approches différentes et complémentaires en
biologie et écologie, permettent d’aborder ces
questions sous différents angles: développe-
ment de biofertilisants et biofongicides, amélio-
ration de la résistance des plantes aux maladies
ou encore évaluation de l’impact environnemen-
tal à long terme de nouveaux intrants ou procé-
dés. TULIP souhaite la création d’une structure
de transfert avec des partenaires, industriels ou
publics. n
(1) LIPM : Laboratoire des Interactions Plantes-Mi-
croorganismes (unité CNRS-INRA) ; EDB : Évolution
et Diversité Biologique (unité CNRS-UPS-ENFA) ;
LRSV : Laboratoire de Recherche en Sciences Végé-
tales (unité UPS-CNRS) ; GBF : Génomique et Bio-
technologie des Fruits (unité INRA-INP-ENSAT) ;
SEEM: Station d’Écologie Expérimentale du Moulis
(USR CNRS).
(2) MABS : Master Microbiologie Agrobiosciences
Bioinformatique et biologie des Systèmes (UPS Tou-
louse) ; BEE : Master Biodiversité Écologie Évolution
(UPS Toulouse).
Contact
u
Etienne Danchin, directeur de recherches
CNRS, directeur du laboratoire Évolution et
diversité biologique (EDB, unité mixte UPS/
CNRS/ENFA) et Dominique Roby, directrice
de recherches CNRS, directrice du Laboratoire
des interactions plantes-microorganismes
(LIPM, unité mixte CNRS/INRA).
Expression d’un gène rapporteur dans
une jeune racine d’Arabidopsis thaliana.
Cette plante modèle est la « souris de
laboratoire » du monde végétal.
© D.Trémousaygue - LIPM
Visualisation de la mort cellulaire
programmée, mécanisme de défense
des plantes afin d’endiguer la
progression d’un bio-agresseur
© C.Balagué - LIPM
Cinq thèmes majeurs de recherche (TMR)
transversaux aux laboratoires impliqués,
forment l’assise de TULIP, allant des questions
au niveau le plus simple au plus compliqué
et intégrateur.
• TMR1 : Interactions organisme-environnement
• TMR2 : Interactions organisme-organisme
• TMR3 : Effet de l’environnement sur les
interactions organisme-organisme
• TMR4 : Interactions entre populations et
communautés / écosystèmes
• TMR5 : Vers une théorie unifiée des
interactions biotiques