La mondialisation 2

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Cours n°2 : Les
territoires de la
mondialisation
Publicité grand format sur une route du Nord du Chili dans le désert d’Atacama.
Cours n°2 : Les territoires de la mondialisation
Il faut s’interroger sur la recomposition des territoires par la mondialisation selon leur intégration aux
réseaux d’échanges. En quoi la mondialisation hiérarchise les territoires à toutes les échelles ?
I : Etude de cas :Shanghai,
une ville mondiale
Le quartier de Pudong
Shanghai est située à l'est de la Chine sur la rivière Huang Pu, et se compose donc de deux parties
distinctes, Puxi et Pudong (qui signifient respectivement à l'ouest et à l'est du Pu). Elle est la ville
la plus peuplée de Chine, et sûrement une des plus denses avec 2588 habitants au kilomètre carré.
Shanghai signifie: « en amont de la mer ». C’est une des mégapoles les plus dynamiques du
monde avec 19 millions d’habitants. A partir des années 1990 l’Etat et la municipalité favorisent
l’émergence de la ville dans une économie mondiale qui gagne l’ensemble de la planète. Ils
attirent des IDE massifs venus des pays classés nords faisant de la Chine un pays atelier.
Aujourd’hui le revenu est largement supérieur à la moyenne nationale (50 000 yuans contre
18 000 en Chine), l’IDH est comparable aux pays classés nords de la triade avec 0,909).
A : Une ville très intégrée à la mondialisation, un carrefour de communication :
Shanghai est une ville dotée d’une ouverture sur la mer située à l’embouchure d’un fleuve
(Yangzi), c’est la principale porte d’entrée de la Chine : premier port mondial, premier espace
maritime du monde. Les fonctions portuaires de Shanghai ont connu une forte croissance
(+30%/an) avec 650 millions de tonnes de marchandises en 2010, les autorités ont été obligées
d’étendre les installations portuaires du fleuve vers la façade pacifique puis au large en
construisant en eau profonde un avant-port artificiel sur les ïlots de Yangshan relié au continent
par le plus long pont du monde (32km). C’est un terre plein prévu pour 25 millions de conteneurs
par an.
Le nouveau port de Shanghai sur les ïlots de Yangshan.
Shanghai est en position d’interface entre la Chine et le monde grâce au Yangzi. La puissance de
cet espace repose aussi sur le dynamisme de la région densément peuplée du delta du Yangzi qui
met en relation Shanghai et de puissantes villes industrielles et portuaires : Nankin, Hangzhou,
Ningbo… Cet espace est situé au cœur de la première façade maritime du monde et en relation
avec les autres façades de la planète par les grandes compagnies maritimes chinoises
(CSCL,COSCO) et étrangères.
Les aménagements de transport se multiplient afin de s’adapter à la croissance de la population et
afin d’attirer les investisseurs étrangers : le métro de la ville possède 13 lignes avec 970 km de
longueur, 18 en 2020 ainsi qu’une ligne transrapide (ligne à sustentation magnétique dépassant
les 400 km/h) reliant l’aéroport international au centre ville (photo ci-dessous).
Shanghai possède deux aéroports : L’aéroport international de Shanghai-Pudong est le
principal aéroport de Shanghai. C’est le premier aéroport chinois avec une forte croissance et plus
60 millions de passagers attendus en 2015. L'aéroport international de Shanghai Hongqiao est
le second aéroport mais ce sont les lignes intérieures qui dominent. Ce second aéroport devrait
être lui aussi relié par une ligne transrapide au centre ville et à l’aéroport de Pudong.
En fait, Hongqiao est une plateforme multimodale exceptionnelle :
Le pôle Hongqiao a été inauguré en 2010, c'est le premier pôle multimodal de transports au
monde. Il comprend le terminal 2 de l'aéroport international de Shanghai Hongqiao et la gare de
Honqiao, où se croisent les lignes de TGV CRH Shanghai-Pékin, Shanghai-Hangzhou.
Cette plateforme d’échanges réunis plusieurs moyens de transports :
- routier : il se trouve à l'intersection de trois autoroutes d’où la présence de deux gares routières;
- métro : il est desservi par cinq lignes de métro
- ferroviaire : A noter que la Chine a beaucoup investi dans le train rapide avec un réseau de TGV
chinois représentant en 2013 la moitié du réseau de la planète. Ainsi la ligne Shanghai/Pékin
dépasse les 1300 km.
B : Les manifestations de la puissance de Shanghai
Shanghai est la première ville industrielle chinoise, elle représente 20% du PIB de la Chine, 50 %
des investissements étrangers, 30% du commerce extérieur. Si les spécialités industrielles
traditionnelles de la ville étaient le textile et l’agroalimentaire, ce sont les nouvelles technologies
qui dominent aujourd’hui : électronique, communication, informatique.
La croissance économique, démographique et urbaine a toujours été liée à son degré d’ouverture
et son rôle dans le monde.
Pudong , le « Manhattan de Shanghai » la nouvelle vitrine moderne de Shanghai avec ses zones
industrielles ouvertes aux investissements étrangers, ses centres de recherche et développement,
le nouvel aéroport relié au centre ville par le transrapide, le train à sustentation
magnétique…Mais Pudong c’est surtout son quartier d’affaires avec ses gratte-ciels devenu le
plus grand quartier d’affaires du monde (dépassant Manhattan) : perle de l’orient 468m, tour
Jinmao 420m, Shanghai World Financial Center 492m, Shanghai Center (construit à partir de
2014).La manifestation de la puissance passant par les records de verticalité architecturale,
Shanghai a désormais un projet pour 2015-2020 de construction d’une tour de 1228 mètres, la Bionic
Tower.
Autres manifestations de la puissance de la ville de Shanghai :
La Bourse de Shanghai ou SSE (de l'anglais: Shanghai Stock Exchange), est une bourse des
valeurs créée en 1990 à Shanghai à Pudong. En 2012, la bourse de Shanghai est la plus
importante bourse du pays, devant les bourses de Hong Kong et de Shenzhen. Elle est la 6e
capitalisation boursière du monde.
L'université Jiao-tong de Shanghai est l'une des plus célèbres universités chinoises de Shanghai,
fondée en 1896.
Shanghai est un foyer d'activités culturelles avec la Biennale de Shanghai, l’Opéra de Shanghai
(architecture de Jean Marie Charpentier) et de nombreux musées nationaux. Idem pour le sport
avec en particulier le Stade de Shanghai utilisé pendant les JO d’été de 2008 qui peut ainsi accueillir
80 000 personnes et constitue le troisième plus grand stade en Chine.
Enfin, l’exposition universelle de 2010 a accueilli plus de 80 millions de visiteurs. De nombreux
aménagements ont été effectués à cette occasion (plus de 43 milliards investi pour l’expo).
«Beaucoup d’articles ont décrit Shanghai comme la nouvelle New York», affirme Antoine
Bourdeix, représentant en Chine de Publicis Consultants, chargé de la communication pour
l’Expo. Exemples de pavillon lors de l’expo :
-
Le pavillon chinois est le plus large et le plus couteux de l'exposition (il est estimé à 220
millions de dollars US), il est haut de 63 mètres, et présente une structure en forme
d'ancien temple chinois dont le but est de présenter les provinces de la Chine (photo cidessous).
Le pavillon français nommé « la ville sensuelle » s’étend sur 6000 m2 afin de présenter
gastronomie et chefs-d'œuvre du musée d'Orsay (photo ci-dessous).
C : Les conséquences socio-spatiales de l’intégration de Shanghai dans la mondialisation
1 : l’étalement urbain :
Jeunes mariés dans une ville nouvelle en banlieue de Shanghai, Thames Town.
Le dynamisme économique et en conséquence démographique de Shanghai grâce à son
intégration à la mondialisation se traduit par l’extension de l’aire urbaine. Comment accueillir
300 000 nouveaux habitants chaque année alors que dans le même temps de nombreux quartiers
centraux d’habitations sont détruits au profit des quartiers d’affaires impliquant le relogement de
milliers d'habitants (entre 50 000 et 100 000 habitants sont relogés chaque année). Le
gouvernement a créé un programme baptisé « Une ville et neuf bourgs » lancé en 2000. Les villes
nouvelles et bourgs nouveaux sont définis comme des prototypes, premiers essais d'une stratégie
plus globale de décentraliser et de développement des villes-supports pour l'industrie. L'objectif
affiché consiste à déplacer au moins un million d'habitants de l'intérieur du premier périphérique
de Shanghai pour les reloger dans des villes satellites progressivement reliées par le réseau de
transport public. Ainsi, Shanghai est une ville de plus en plus polycentrique. La ville nouvelle de
Thames Town est une imitation d’une ville anglaise afin d’attirer les classes aisées. « A michemin du lotissement périurbain et de l'hôtel de Las Vegas, il y a donc Thames Town. Ses
habitants y vivent à l'écart du bruissement de la ville et ne sont dérangés que par quelques rares
touristes venus se prendre en photo dans ce décor. Des agences de photographie professionnelles
ont ainsi fait de cette ville décor le lieu de leurs mises en scène kitsch pour jeunes mariés. Les
séances de shooting se succèdent dans les ruelles du centre ville ou devant l'église. Ce n'est pas
l'exactitude de la reproduction architecturale - le pastiche parfait - mais «le respect de
l'archétype» que les populations shanghaïennes aisées et les jeunes mariés sont ici venus chercher
: style architectural, détails du mobilier urbain, ou toponymes célèbres, c'est l'âme d'un bourg
anglais que les visiteurs essayent de capturer avec leur appareil photo. Une âme qu'il s'est agi de
faire sortir ex nihilo des terres agricoles de la grande couronne shanghaienne.
Il y a cependant une certaine gageure à vouloir créer de toutes pièces, en l'espace de quelques
années une communauté vivante dans un cadre avant tout fonctionnel, où les repères symboliques
ne se créent pas sur commande. La ville est d'abord une histoire, une épaisseur, une
sédimentation. Comment donner une âme à la ville nouvelle ? Comment échapper à la
répétition et à la production d'un urbain aseptisé ? Comment « Faire ville » lorsqu'il n'y a pas
d'histoire, lorsqu'il n'y a pas d'établissement d'une communauté de valeurs dans la durée, lorsqu'il
n'y a pas de sédimentations, de références et de repères culturels communs et partageables ?
L'expérience Thames Town est une tentative de réponse à ces questions qui traversent toute
l'histoire de l'urbanisme de la table rase. L'utilisation du pastiche et l'emprunt de codes
architecturaux à un style d'inspiration étrangère sont des outils pour réinventer une épaisseur
historique par la copie » (PE. Becherand).
Alors que les classes aisées s’enferment dans des quartiers protégés, dans des quartiers sans
identité, les pauvres s’entassent dans des quartiers anciens mais dégradés puis sont délogés au
profit de construction de gratte ciel. C’est une fois de plus la politique urbaine de la table rase.
2 : La pollution de l’air et le défi du développement durable :
Pollution industrielle dans la ville de Shanghai
La croissance de la circulation, de la population et des rejets industriels restent très fortes. La
ville de Shanghai publie chaque jour un indicateur synthétisant divers facteurs: le dioxyde de soufre,
le dioxyde d’azote, le monoxyde de carbone, l’ozone et les particules fines. Lorsqu’il dépasse 200, les
activités sportives en extérieur sont interdites aux écoles. A partir de 300, les écoliers sont même
dispensés de se rendre à l’école pour ne pas respirer l’air pollué.
L’étalement urbain et industriel non maîtrisé a donc des conséquences nombreuses sur
l’environnement comme le démontre le croquis ci-dessus : remise en cause de la biodiversité,
affaissement des sols, aggravation en cas d’inondation… Port en eau profonde par exemple
exposé aux risques naturels venus de la mer.
Pourtant dans le même temps l’immense projet de la ville écologique de Dongtan au nord de
Shanghai est abandonné en 2013 suite à une affaire de corruption. Accomplissant le rêve de
transformer Shanghai en ville mondiale, les autorités doivent désormais faire face au défi du
développement durable afin d’éviter l’asphyxie
Conception durable à Shanghai
28 septembre 2012 Pose de la première pierre
du Hongqiao Vantone SunnyWorld Center conçu
et réalisé par Foster + Partners. Un projet qui a
l'ambition de devenir une référence et de
contribuer positivement à la croissance de la
ville.
Shanghai est donc une ville mondiale
mondiale, une vitrine de la puissance émergente de la Chine
avec ses réussites spectaculaires et ses limites.
II : Typologie des territoires en fonction de leur participation à la mondialisation (croquis
de synthèse p134-135 et ci-dessous
dessous à la dernière page)
A : Les territoires
erritoires intégrés à la mondialisation
-
Les facteurs d’intégration à la mondialisation ont été étudiés dans le cours précédent.
Rappel : Les stratégies d’implantation des firmes transnationales constituent le premier
facteur d’intégration à la mondialisation : dé/re localisation par exemple. L’accessibilité
est aussi un facteur essentiel. Sans plateforme multimodale, sans port adapté à la
mondialisation, Shanghai ne devient pas un
unee ville mondiale. D’autres facteurs sont à
prendre en compte comme la qualité de la population active, la stabilité politique…
-
Les métropoles mondiales pôles majeurs de la mondialisation
La croissance de la population s’est traduite par une forte urbanisation achevée dans les nords
(environ 75 % d’urbains) mais en cours dans les pays du sud. On assiste à un processus de
métropolisation (à l’image de notre étude de cas sur Shanghai).
La hiérarchie des grandes métropoles mondiales symbolise la géographie de la mondialisation.
Au sommet de la hiérarchie, dominent les « villes globales » (Saskia Sassen emploie cette
expression pour la première fois en 1996) ou villes mondiales. Elles sont capables d’exercer une
influence au niveau mondial car elles possèdent des centres de décision politique, économique,
militaire, culturelle. Les villes globales sont aussi un microcosme de la planète par la présence de
nombreuses nationalités, minorités. Le PUB (produit urbain brut) de Tokyo dépasse les 1 400
milliards de dollars soit davantage que le PIB du Maroc ou d’Israël. On peut différencier les
villes globales de premier rang : New York, Tokyo, Paris, Londres d’une vingtaine de villes plus
ou moins globales (c'est-à-dire incomplètes) de la Triade (Chicago, Frankfurt, Los Angeles,
Milan, San Francisco…), des NPIA (Hong-Kong, Singapour, Séoul) et des pays émergents
encore classés suds (Mexico, Sao Paulo…). Symbole de la mondialisation, l’apparition d’un
AMM, un archipel mégapolitain mondial rassemblant les trois mégalopoles ainsi que les villes
globales intégrées, organisées en réseaux et dirigeant le monde. L’AMM ressemble à un
ensemble d’îles riches et dynamiques reliées par un important réseau de transport et concentrant
une écrasante majorité des activités d’innovation et de commandement. Concernant les 3
mégalopoles, la mégalopole états-unienne s’étend de Boston à Washington (voir cours EtatsUnis), la mégalopole ou dorsale européenne s’étend de Londres à Milan, et celle du Japon de
Kumamoto à Tokyo voire Sendaï. Notons qu’il y a des mégalopoles en gestation : en Corée du
sud par exemple avec l’axe Séoul/Pusan comprenant 7 villes millionnaires du pays soit 70 % de
la population du pays.
-
Les centres d’impulsion de la mondialisation : Les pays classés Nords et les Suds
émergents (doc PIB et IDH dans le monde en 2011 p52)
Les Nords désignent les pays riches qui sont situés en majorité dans les zones tempérés de
l’hémisphère nord. Cependant des pays répondant aux mêmes critères socio-économiques sont
aujourd’hui classés nords alors qu’ils se situent dans l’hémisphère sud tel l’Australie ou la
Nouvelle Zélande. La dénomination Nord/Sud est donc davantage socio-économique que liée à
une localisation géographique. De la même façon, une majorité de pays classés suds se situent
dans l’hémisphère Nord (voir ligne nord/sud sur la carte page 65).
Le Nord concentre les pouvoirs de décision et de commandement économiques et financiers,
politiques, culturels et militaires, ils maîtrisent les technologies.
- La Triade (Etats-Unis (voir tableau) /Canada, Union Européenne + Suisse/ Norvège/ Islande,
Japon) + Australie et Nouvelle Zélande) constituent les centres d’impulsion de la mondialisation.
Leur IDH est supérieur à 0,9, ils ont achevé leur transition démographique et urbaine, leur
espérance de vie est très forte (environ 80 ans), leur population est très qualifiée. Ce sont des pays
industrialisés où cependant le secteur tertiaire domine largement (environ 70%). Il s’agit de pays
stables basés sur le modèle de la démocratie libérale (libertés individuelles et collectives,
pluripartisme, alternance politique, présence de contre-pouvoir)
- Les pays de l’ancien bloc communiste (URSS et satellites) ont connu une transition politique
économique et sociale difficile après 1991 (date de la dislocation de l’URSS et de la fin du
modèle soviétique) passant du communisme collectiviste au libéralisme économique (voir cours
sur la Russie). La récession économique des années 1990 s’est traduit par une hyper inflation, la
montée du chômage et le désengagement massif de l’état a conduit à une baisse du
développement humain. En revanche, depuis les années 2000, la croissance économique russe est
importante aboutissant à une réintégration progressive de la Russie sur la scène internationale et
au sein de la mondialisation économique. Dans ce contexte, la Russie est considérée comme un
pays qui émerge grâce à la mondialisation. Le tableau montre cependant un décalage important
avec les autres nords comme la Triade (Etats-Unis dans la tableau) ou les NPIA (Singapour dans
le tableau).
- Les NPIA (nouveaux pays industriels asiatiques, voir cours sur l’Asie orientale) se limitent à
Singapour, Corée du Sud et Taïwan. Dans le passé, il était courant d’évoquer à leur propos les 4
dragons, le dernier étant Hong Kong. Toutefois, cette dernière ville fut rétrocédée à la Chine en
1997. Ce sont les seuls pays jusque là ayant su passer de pays classés sud à pays classés nord
grâce à leur attractivité depuis les années 1960 recevant de nombreuses délocalisations
industrielles venues de la triade. Les NPIA sont en 2011 des foyers de richesse comparables à la
triade en particulier en terme de développement humain (0,9, voir tableau avec Singapour), ils
sont parfaitement intégrés à la mondialisation, la puissance des ports à conteneurs des NPIA en
témoignent : 1er port mondial de conteneur Singapour avec 28 millions de conteneurs en 2010,
5ème port mondial Pusan (Corée du sud) avec 13 millions de conteneurs et 8ème Kaohsiung
(Taïwan) avec plus de 10 millions de conteneurs en 2009.
pays
Pib/hab/an/$ Part pib Budget
IDH
mondial défense/
habitant/$/an
%
France
44000
4,7
750
0,955 100 6
82
3
2
530
51
EtatsUnis
48000
25
2000
0,9
100 20,5
78
6
2
940
72
Russie
10400
2,3
258
0,80
99
65
11
1,3
538
21
Singapour
43000
0,3
1600
0,91
100 15
81,5
3
1,29
303
70
Arabie
Saoudite
16900
0,7
1360
0,8
95
18
75
16
4
265
25
Chine
4300
6
39
0,7
75
6
73
20
1,9
350
16
Mexique
9500
1,6
7
0,8
88
4
76
14
2
280
20
Algérie
4400
0,2
1360
0,8
89
3
73
26
2
114
25
Tchad
700
0,003 7
0,38
27
0,0
49
125
6,5
2
0,6
Sierra
Leone
280
0,01
0,32
50
0,1
47
100
6,5
10
0,2
3
Accès CO2/
Espérance Mortalité
fécondité Nombre Internet
à
de vie à la infantile/1000
TV pour pour 100
l’eau Tonnes/ naissance
1000
habitants
naissances
habitants
An/ hab
%
10
Il existe une grande hétérogénéité en terme de résultats économiques et de développements
humains. On peut différencier les Suds en fonction de leur capacité ou non à être attractifs et
donc plus ou moins intégrés au processus de mondialisation. Dans le tableau proposé, l’Arabie
saoudite représente les pays arabes exportateurs de pétrole, la Chine et le Mexique représentent
les Suds émergents, les pays ateliers. L’Algérie représente les PVD (pays en voie de
développement), le Tchad et Sierra Leone représentent les PMA (pays les moins avancés).
- Les états du sud pleinement intégrés à la mondialisation :
Les pays exportateurs de pétrole en particulier ceux de la péninsule arabique (Emirats arabes
unis, Koweït, Arabie Saoudite, Qatar) vivent de la rente des hydrocarbures. Ils sont très intégrés
au commerce international en exportant hydrocarbures et produits issus de la pétrochimie. Leur
faiblesse tient à leur structure économique basée sur la mono-exportation d’une production vouée
à l’épuisement. Dubaï par exemple a su diversifier son économie en devenant une place
financière incontournable ainsi qu’une capitale du tourisme de luxe, Dubaï un nouveau lieu de la
mondialisation). En revanche, en Arabie Saoudite, l’omniprésence de la religion dans la sphère
publique avec l’application d’un islam très stricte voire fondamentaliste (le wahhabbisme)
explique en grande partie certains comportements démographiques ou de la place de la femme
dans la société. Moins de 30% des femmes utilisent un moyen contraceptif en Arabie Saoudite
contre 70 % en Tunisie ou en Turquie, autres pays musulmans.
Autres pays émergents du sud, les BRICS (Brésil, Russie(nord), Inde, Chine et Afrique du Sud)
se caractérisent par leur dynamisme économique, leur intégration à la mondialisation mais
demeurent des puissances encore incomplètes.
Ces nouveaux pays émergents sont souvent des pays ateliers, devenus indispensables dans le
fonctionnement actuel de la mondialisation. Ils offrent une main d’œuvre abondante, qualifiée et
pas chère ainsi qu’une stabilité politique et de bonnes infrastructures attirant ainsi de nombreux
IDE. De grandes puissances régionales comme le Brésil, le Mexique (voir tableau), la Chine (voir
tableau) ou l’Inde fonctionnent selon ce modèle. L’Inde possède aujourd’hui dans la région de
Bengalore une sorte de Sillicon Valley indienne spécialisée dans les logiciels informatiques où de
nombreuses FTN de la triade se sont installées : IBM, HP, Capgemini, Schneider Electric,
Google, Microsoft, Yahoo, Amazon…Désormais il y a plus d’ingénieurs à Bengalore (150 000)
que dans la célèbre Sillicon Valley californienne (120 00).
La Chine qui reçoit aujourd’hui plus de 55 % des IDE à destination des suds fabrique 70 % de la
production mondiale des photocopieurs, 60 % des bicyclettes et des jouets, 50 % des ordinateurs,
des chaussures…L’interdépendance économique créée par la mondialisation conduit donc à
l’émergence de nouvelles puissances. Cette croissance économique importante (environ 10% par
an durant les années 2000) s’est traduit par une forte augmentation des classes moyennes.
Toutefois la Chine avec ses 1 300 millions d’habitants n’a que le 94ème IDH mondial avec
seulement 4 300 dollars de PIB par an par habitant. Le défi de ses puissances régionales est donc
désormais de faire profiter la population (par des progrès de développement humain et de respect
de l’environnement) de l’intégration à la mondialisation.
En conséquence, la fracture Nord/Sud est à nuancer en raison du développement des pays
émergents, la situation se complexifie avec l’explosion des échanges, le monde est de plus en
plus polycentrique.
B : Les territoires et les sociétés en marge de la mondialisation
-
Des territoires inégalement intégrés : des Suds partiellement et en marge de la
mondialisation
- Les états du Sud partiellement intégrés à la mondialisation :
Ensuite viennent de nombreux états classés pays en voie de développement, il s’agit
d’états intermédiaires en raison d’une intégration incomplète à la mondialisation. Les
pays du Maghreb par exemple (Algérie dans le tableau) ont connu un décollage
économique mais insuffisant, ils sont trop dépendants de la Triade. Ils ont un IDH moyen,
inférieur à 0,8, l’Algérie a par exemple le 100 ème IDH mondial (sur 177) et un PIB par
habitant de 4 400 dollars par an par habitant.
- Les états du sud en marge de la mondialisation :
Enfin les PMA (pays les moins avancés) correspondent aux pays les plus pauvres de la
planète, ils sont en marge de la mondialisation. L’ONU détermine les pays classés PMA
selon les critères suivants : « revenu par habitant basé sur une estimation moyenne du
produit intérieur brut par habitant pendant trois années ; s'il est inférieur à 900 $ US, le
pays est retenu pour la qualification de PMA, retard dans le développement humain basé
sur un indice composite incluant des indicateurs de santé, nutrition et scolarisation.
vulnérabilité économique basée sur un indice composite incluant des indicateurs sur
l'instabilité, la production et les exportations agricoles, le manque de diversification de la
production, et le handicap d'être un petit pays. ». La moyenne de l’IDH des PMA est
actuellement inférieure à 0,5. Dans le tableau proposé, le Tchad a un IDH de 0,38 et
Sierra Leone de 0,33 ( le dernier du classement). Cet important déficit de développement
humain (la notion de sous-développement est devenue « politiquement incorrect »)
provoque un risque de marginalisation voire d’isolement, d’instabilité politique, de crise
sanitaire bref de situation plus que chaotique. Il existe une cinquantaine de PMA dont la
plupart sont en Afrique subsaharienne, les autres sont en Asie (Afghanistan, Népal,
Bouthan, Bangladesh, Myanmar…). L’Afrique subsaharienne représente moins de 1 %
des IDE et du commerce mondial alors qu’elle représente 12% de la population mondiale.
L’agriculture demeure le premier secteur d’activité, la population est essentiellement
rurale (75 % au Tchad), l’espérance de vie de 50 ans, la mortalité infantile dépasse les 100
pour mille naissances, 50 % des enfants non scolarisés dans le monde se situent en
Afrique subsaharienne. Quant à Sierra Leone qui a l’IDH le plus faible au monde avec
une espérance de vie qui dépasse à peine les 40 ans, ce pays a d’importantes ressources en
particulier en or et diamants. Petit rappel, le continent le plus pauvre, l’Afrique possède de
nombreuses ressources dont 65 % de la production mondiale de diamants. L’un des
problèmes majeurs demeure l’endettement qui est spectaculaire pour le continent le plus
pauvre. L’Afrique a une dette qui dépasse les 350 milliards de dollars soit 60 % de son
PIB ou 225% de ses exportations. Mais lorsque les principaux créanciers décident
d’alléger la dette avec la politique en faveur des PPTE étudiés auparavant, la
mondialisation financière rattrape les PMA : en effet, 44 fonds vautours rachètent à bas
prix la dette des PMA et les attaquent en justice pour être remboursés. Michael Sheehan
ancien conseiller des pays pauvres concernant les dettes est aujourd’hui PDG de Donegal.
Cette société a acheté en 1999 près de 5 millions d’euros pour une dette de la Zambie de
11 millions d’euros et réclame désormais en justice 41 millions d’euros (avec intérêts et
frais). Les fonds vautours réclament actuellement plus de 1 milliard d’euros à une dizaine
de pays.
Doc : Les inégalités dans le monde : des nords et des suds. Croquis de M. Arnaud. 2010.
En conclusion, la mondialisation est un processus qui engendre des inégalités socio-économiques
qui parfois se renforcent entre les individus et les états. Les pays du Nord sont les centres
d’impulsion de la mondialisation. Les résultats des indicateurs présentés ci-dessus sont le reflet
du fossé entre les pays intégrés à la mondialisation (nords et suds émergents) et pays exclus de la
mondialisation (PMA). Les inégalités ont tendance à s’accentuer. En effet, les revenus de 1 % de
la population mondiale (68 millions de personnes) équivalent à ceux des 2700 millions des plus
pauvres.
Alors que le revenu par tête en Chine a progressé de 8% par an durant la décennie 1990, il a
baissé de 0,4% en Afrique subsaharienne. Dans le même temps l’espérance de vie a progressé de
deux ans en Chine et a diminué de 5 ans dans l’Afrique subsaharienne.
La mondialisation actuelle de l’économie, d’inspiration libérale, provoque ou ne peut empêcher
l’exacerbation des inégalités. Le développement de la pauvreté et de la richesse deviennent des
phénomènes planétaires au regard de l’augmentation de la précarité sociale dans les pays les plus
riches (des SDF aux « travailleurs pauvres »). Ainsi, tous les états des Nords comme des Suds
comptent des territoires et des sociétés plus ou moins en marge. A l’échelle d’une ville dans un
pays intégré ou en marge de la mondialisation, on peut toujours constater des inégalités sociospatiales, une opposition entre quartier aisé et quartier défavorisé.
Le développement des échanges rend la situation plus complexe, la mondialisation est le résultat
de nouvelles interdépendances entre centre de commandement et pays ateliers par exemple si
bien que l’on peut différencier des Nords et des Suds à la lumière de l’étude centre/périphéries de
cette économie mondialisée. Les grandes métropoles, les littoraux ainsi que les zones
transfrontalières sont dans les pays Nords et Suds les territoires qui s’intègrent le plus à la
mondialisation. En revanche les territoires les plus enclavés, les plus instables voire les plus
corrompus sont les plus répulsifs pour les investissements, les échanges devenant de véritables
angles morts de la mondialisation.
III : En quoi la géostratégie des espaces maritimes est-elle révélatrice de la hiérarchie des
puissances dans la mondialisation ? (doc p144-145)
A : La mondialisation accentue le rôle des espaces maritimes :
Les espaces maritimes occupent plus de 70% de la surface de la terre, ils disposent de ressources
halieutiques ainsi que d’importantes ressources en gaz ou en pétrole par exemple (un tiers des
réserves de gaz et de pétrole). Les océans sont aussi des espaces de contact puisque le transport
maritime réalise 70% du fret mondial et 90% des transports intercontinentaux. L’importance du
trafic maritime en raison de la nouvelle division du travail accroit aussi le rôle des façades
maritime dans le monde.
B : Des tensions toujours plus grandes pour des espaces de plus en plus convoités :
A qui appartiennent les espaces maritimes ?
Chaque Etat côtier a deux espaces maritimes nationaux : en bordure du littoral, la mer territoriale,
large de 22km sur laquelle l’Etat exerce ses droits souverains puis la zone contiguë qui s’étend à
44 km de la ligne de base. Au-delà, s’étend la ZEE, la zone économique exclusive qui s’étend à
320 km, chaque état y exerce des droits souverains en matière d’exploration et d’usage des
ressources mais ne peut pas y empêcher la circulation ou le survol. Enfin, les espaces maritimes
internationaux comprennent la haute mer (64% des océans) avec une grande liberté d’usages sauf
la piraterie par exemple et la zone internationale des grands fonds marins réputée patrimoine
commun de l’humanité.
Les espaces maritimes sont donc des espaces de souveraineté nationale, chaque pays protège sa
ZEE face aux autres états et aux FTN qui convoitent les ressources. Les exemples se multiplient :
Russie/Norvège, Chine/Japon, Israël/Liban…
La mondialisation a tendance à littoraliser l’économie avec la conteneurisation mais de plus elle
sélectionne quelques routes commerciales principalement reliant la Triade. L’économie
d’archipel ne cesse de concentrer les feederings qui exigent des ports de plus en plus
perfectionnés et spécialisés. Feederings : système de transfert de conteneurs transocéaniques
déchargeant sur des petits porte-conteneurs à partir d’un hub où les porte-conteneurs doivent faire
escale vers des ports secondaires.
C : Comment contrôler les espaces maritimes ?
La concentration des routes maritimes explique la multiplication des risques : explosion de la
piraterie ( de la Corne de l’Afrique à l’Asie), multiplication des trafics illicites et de
l’immigration clandestine, tensions autours des détroits (Ormuz, Malacca). Tout cela explique la
volonté de trouver de nouvelles routes que le réchauffement de la planète permettra à court terme
dans l’Arctique.
Le contrôle et la sécurisation des routes maritimes sont assurés par les Etats les plus impliqués
dans la mondialisation. Ils reflètent la hiérarchie des puissances. 10 Etats possèdent 84% de la
flotte militaire mondiale. La construction et l’entretien d’une marine de guerre sont un vecteur
majeur d’affirmation de la puissance, en particulier avec les sous-marins nucléaires dotés de
missiles stratégiques. Face à la domination des Etats-Unis (40% du tonnage total) on assiste à la
montée en puissance des grands pays émergents (Chine, Inde, Brésil) et des puissances régionales
(Taiwan, Turquie, Corée du Sud, Pakistan).
Enfin, l’utilisation croissante voire la surexploitation des espaces maritimes pose la question de
leur durabilité. Les tensions se multiplient entre les riverains, les pollueurs, les FTN, les ONG
environnementales et les Etats. Pourtant, il existe depuis 1948 une OMI, organisation maritime
internationale, agence des nations unies en charge de la sécurité et de la prévention de la pollution
de la mer.
Les rejets de produits domestiques et industriels ont transformé la mer Jaune en mer verte. Plage
de Qingdao en Chine en Juillet 2013.
"Les proliférations d'algues vertes proviennent souvent d'une décharge massive de phosphates ou
de nitrates dans l'eau, que ce soit dû à l'agriculture, aux eaux usées non traitées ou à une usine
qui rejette ses déchets dans l'eau, indique Brenda Parker, chercheuse spécialiste des algues à
l'université de Cambridge, interrogée par le Guardian . La récente explosion de ces algues
souligne un changement radical au niveau de l'écosystème qui n'est probablement pas naturel."
Conclusion :
Ce sont donc les Etats les plus impliqués dans la mondialisation qui s’efforcent de contrôler et de
sécuriser les routes maritimes, particulièrement les points nodaux ; la géostratégie des espaces
maritimes est aussi le reflet de la hiérarchie des puissances et de son évolution, d’autant que c’est
aussi essentiellement par mer qu’ont lieu les interventions militaires et les interventions
humanitaires.
On assiste ainsi à une appropriation des espaces maritimes comme une projection de la puissance
continentale : les zones d’exploitation exclusive permettent de mieux contrôler les flux et
d’exploiter économiquement les ressources des océans (halieutiques, biologiques, minérales et
énergétiques). Cela provoque des tensions entre les convoitises nationales et les intérêts de la
communauté internationale, entre recherche de profit et durabilité. Le cas du passage de
l’Arctique et de l’évolution des politiques de puissance maritime en Asie et dans le Sud-Est
asiatique sont particulièrement révélateurs de ces tensions.
Pour l’épreuve facultative : un croquis de l’inégale intégration
des territoires dans la mondialisation : pages 134/135, un
croquis des aspects géostratégiques des espaces
maritimes : pages 144/145. Ci-dessous, le fond de carte afin
de faire le(s) croquis. Bon travail à tous !
N’oubliez pas le lexique qui se trouve dans la dernière
section ainsi que le forum afin de travailler ensemble.
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