Mis en ligne gratuitement par S.E.H.R.I. édition 39-45
2009
Malgré ce coup de semonce, les membres du P.PF. ne désespèrent pas de s'implanter dans l'Ain et
recrute activement dans le département
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tout en se structurant en 1943, dans la région lyonnaise,
en mouvement anti-maquis sous l’impulsion d’anciens L.V.F. désignés par Doriot lui-même.
Jusqu’en 1942, le recrutement des membres du P.P.F est plutôt discrétionnaire
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et se fait, en
partie, plus sous la contrainte sociale que sous un réel engouement
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. A Bourg, il est animé par un
petit groupe d’activistes menés par le charcutier Bernard, réputé très influant et qui « recevait
beaucoup de monde…inspecteur du parti ou agents de la gestapo »
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. A cette époque le P.P.F se
veut un mouvement militant et déjà anti-maquis. Pour cela il distribue des tracts mais cherche
aussi à s’informer sur la Résistance. Dès 1942 le P.P.F. se trouve relayé dans l'Ain par un bureau
départemental rue des Bons Enfants à Bourg. Il place les questions sociales au premier plan de sa
politique, tout en affichant un ultra-nationalisme outrancier ainsi qu'une haine du communisme.
Le bureau de Bourg composé d'un secrétaire général (employé à l'asile St Georges et demeurant à
Bourg), d'un secrétaire adjoint et de deux délégués à la presse. Avec la création de la Légion
Française des Combattants, du Service d’Ordre Légionnaire puis de la Milice, le parti de Doriot
tombe en désuétude même si des Gardes Françaises du P.P.F. arborent à Bourg de temps en
temps le brassard noir à croix francisquée
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. Même si l'organisation possède une section à
Hauteville et des antennes activistes à Oyonnax et Ambérieu, le P.P.F. est une "organisation
politique groupant peu d'adhérents et sans influence. . .dans le département"
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. La politique
collaborationniste de Doriot est dépassée au profit de la Révolution Nationale de Darnand.
Néanmoins, le P.P.F. essaye de recruter de nouveaux adhérents. Pour cela il abonne gratuitement
pendant plusieurs mois des anciens combattants de Bourg, les désignant ainsi au maquis qui ne
tarde pas à faire sauter leur vitrine. Les doriotistes essaye une dernière fois, le 17 mai 1943, à
Bourg de mobiliser leurs troupes en organisant une réunion de cadres du P.P.F. en présence de
l'Inspecteur Régional du P.P.F., du rédacteur de l'Emancipation Nationale et d'un membre de la
Direction Politique du P.P.F. de Paris. La réunion est un fiasco et n'attire qu'une trentaine de
personnes. À partir de l'été 1943, dans la région de Nantua, l'influence des groupes pétainistes est
nulle, et "seul le P.P.F. semble avoir une action réduite"
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. Le 10 Décembre, les Renseignements
Généraux notent que "l'activité de ce parti n'est pas notable"
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même si il rassemble encore
péniblement 47 membres (35 hommes, 4 femmes et 8 jeunes).
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« Incidemment en mars 1937, le nommé Chazal chef de section du P.P.F. à Lyon, m’a fait rencontrer à Trévoux le
chef du P.P.F. Doriot. Convaincu par les idées de cet homme, j’ai adhéré au parti du P.P.F. en 1937 ». Audition de
Charles Francis André dit Gueule Tordue par la Brigade de Surveillance du Territoire, 10 septembre 1945. A.D. Ain
125 J.
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« J’avais 16 ans à ce moment et je n’ai agi par conviction personnelle, mais bien pour faire plaisir à mon patron. J’ai
supporté pendant quelques temps ses reproches et ses invectives et j’ai signé une inscription pour avoir la paix ».
Fiche de renseignements de Robert Camille Gay, 29 mai 1945. A.D.Ain 1288W45.
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« J’étais employé chez M. Bernard en qualité de commis-charcutier et c’est sur ses instances que je me suis décidé
à me faire inscrire au parti auquel il appartenait lui depuis longtemps ». Fiche de renseignements de Robert Camille
Gay, 29 mai 1945. A.D.Ain 1288W45.
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Fiche de renseignements de Robert Camille Gay, 29 mai 1945. A.D.Ain 1288W45.
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Collection A.D.AIN
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Lettre des R.G. au Préfet de l'Ain, 27 Mars 1942. A.D.AIN180W276.
11
Rapport des R.G., 17 Août 1943. 180W276.
12
Rapport des R.G., 10 Décembre 1943. A.D.AIN 180W61.