ALGÉRIE. 5
variable; c'est sous le méridien de Bône
qu'elle est la plus grande. Ala hauteur
de cette ville le Sahara ne commence
qu'à deux cent quatre-vingt-dix kilo-
mètres du littoral. Constantine, quoique
située dans l'intérieur des terres, se
trouve encore éloignée de cent quatre-
vingts kilomètres de la limite du Tell.
Alger n'en est qu'à cent dix kilomètres,
et Oran à quatre-vingt-dix. Ainsi le Sa-
hara est trois fois plus rapproché de la
côte sous le méridien d'Oran que sous
celui de Bône.
La délimitation reconnue et consacrée
par la population indigène assigne au
Tell cent trente-sept mille neuf cents
kilomètres carrés et au Sahara deux cent
cinquante-trois mille kilomètres carrés
de superficie.
La définition seule des deux zones
suffit pour faire pressentir l'influence
capitale que cette division naturelle doit
exercer sur l'existence et la destinée de
l'Algérie. Les populations sahariennes
n'ayant pas de blé, ou n'en obtenant que
des quantités insignifiantes, se trouvent
dans la nécessité d'en acheter aux tribus
du Tell. Cette obligation les amène cha-
que année dans ia zone du littoral, et les
rend inévitabfement tributaires du pou-
voir qui l'occupe.
Division politique.
L'ënsemMe des deux zônes naturelles
qui composent l'Algérie est coupé trans-
versalement par des lignes qui en déter-
minent la division politique.
Elles partagent l'étendue de nos pos-
sessions en trois provinces que l'usage a
fait désigner par les nomsdeleurs chefs-
fieux. Chaque province comprend à la
fois une portion du Te)~et une portion
du Sahara.
Bien que la division en provinces ait
surtout un caractère politique, elle se
rattache cependant à la division natu-
relle par un lien de dépendance que
nous devons faire connaître.
Chaque année au printemps les tribus
de Sahara viennent s'établir, avec tout
le mobilier de la vie nomade, vers les
limites méridionales du Tell.
Elles ydemeurent pendant tout l'été,
vendant leur récolte de dattes et ache-
tant leur provision de blé.
Les lieux de séjour sont presque inva-
riables chaque année la même époque
retrouve les mêmes tribus campées aux
mêmes lieux.
Les transactions nombreuses qui s'ac-
complissent durant cette période de t'an-
née,etquiintéressenttoutetapoputation
de l'Algérie, se concentrent sur certains
points, qui réunissent alors dans un
mouvement de fusion commerciale tes
deux zones extrêmes de nos possessions.
Dans ce mouvement d'échange cha-
cun des marchés consacrés à ces trans-
actions appelle à lui un certain nombre
de tribus du Tell et du Sahara.
Il se forme ainsi divers faisceaux d'in-
térêts, dont les fils partant les uns du
nord, les autres du sud, viennent con-
verger et se réunir en certains points
fixes.
L'ordre administratif aussi bien que
l'intérêt politique font un devoir de res-
pecter dans la formation des provinces
l'existence et l'intégrité de ces faisceaux.
On voit comment une division politique
tracée dans le Tell détermine une di-
vision correspondante dans le Sahara.
L'étendue relative du Tell et du Sa-
hara varie sensiblement dans les trois
provinces. Dans ta province d'Alger la
surface du Tell n'est que le tiers de celle
du Sahara; elle en est la moitié dans la
provinced'Oran;elleest presque lesdeux
tiers dans la province de Constantine.
Ainsi, au point de vue de l'agriculture
et de la colonisation la province d'Alger
est la moins bien partagée des trois; la
province d'Oran occupe ta seconde place,
et la province de Constantine la pre-
mière. C'est là que l'étendue relative du
Tell, ou des terres de labour, est la plus
considérable.
Si l'on compare l'étendue absolue du
Tell dans les trois provinces, c'est en-
core cette de Constantine qui l'emporte
sur les deux autres. En effet dans les
provinces réunies d'Alger et d'Oran,
te Tell, ou région des terres de labour,
occupe un espace de soixante-quatre
mille cinq cents kilomètres carrés. Dans
celle de Constantine seule il couvre une
étendue de soixante-treize mille quatre
cents kilomètres carrés.
La province de Constantine ouvre
donc à elle seule un champ plus large à
la colonisation agricole que les deux
autres ensemble.