E N T O M O L O G I E Cerceris halone Banks (Hymenoptera : Crabronidae) UNE ESPÈCE QUI S’AJOUTE À L’ENTOMOFAUNE DU QUÉBEC Luc J. Jobin et Jean-Marie Perron J.-M. PERRON J.-M. PERRON Résumé Le Cerceris halone Banks, espèce rare au Canada, a été trouvé pour la première fois au Québec l’été 2000, près de la résidence du premier auteur, en train de nicher dans un sol de remplissage sablonneux recouvert de gazon (figure 1). Situé sur le versant sud du mont Shefford (45° 22' N, 72° 36' O), ce site est le seul endroit où il est actuellement connu au Québec. Figure 2 Femelle de C. halone Les Cerceris sont des hyménoptères qui, pour la très grande majorité, capturent des coléoptères qu’ils paralysent et apportent dans leurs nids situés en profondeur dans le sol pour nourrir leurs larves. Le Cerceris halone est la plus grosse espèce de Cerceris répertoriée sur notre territoire. Les femelles mesurent de 13 à 16.5 mm de longueur et les mâles, de 12 à 14 mm. Cette variation dans la taille des spécimens semble attribuable à la quantité de nourriture que les larves reçoivent pour effectuer leur croissance (Willmer, 1985). Les mâles et les femelles (figure 2) se reconnaissent facilement par le nombre d’articles de leurs antennes et le nombre de segments de leur gastre. Le mâle possède 11 articles à ses antennes tandis que la femelle en possède 10 ; son gastre est divisé en 7 segments tandis que celui de la femelle en a 6. Le dimorphisme sexuel qui existe chez C. halone est assez développé pour laisser croire que le mâle appartient à une espèce distincte. Outre les quelques différences anatomiques que nous ne considérons pas ici, référant plutôt le lecteur à des articles plus spécialisés pour plus de détails (Banks, 1912 ; Scullen, 1965 ; Bucks, 2005), les différences que nous retenons sont parmi les plus évidentes et concernent les structures spécialisées de la face de la femelle et la coloration faciale des deux sexes. En effet, le clypeus de la femelle 24 LA SOCIÉTÉ PROVANCHER D’HISTOIRE NATURELLE DU CANADA possède une projection antérieure, en forme de croissant, fortement sclérifiée, lui servant à creuser son tunnel dans le sol en plus de deux autres protubérances ventrales (figure 3). Ces structures faciales et les taches jaunâtres de son corps, si CHARLES JUTRAS Figure 1. Ouvertures des tunnels de Cerceris halone Banks Figure 3. Face d’une femelle de C. halone Luc J. Jobin et Jean-Marie Perron sont tous les deux entomologistes retraités. [email protected] [email protected] CHARLES JUTRAS E N T O M O L O G I E réparties dans toutes les régions zoogéographiques. En Amérique du Nord, on compte une centaine d’espèces, au Canada, 18 espèces (Goulet et Huber, 1993). Finnamore (1982) en rapporte 8 pour le Québec. Aux États-Unis, le C. halone se trouve sur un territoire qui s’étend des États de la NouvelleAngleterre jusqu’au sud de la Caroline du Sud en allant vers l’ouest jusqu’au Dakota du Nord, au Nebraska, au Kansas et au Texas (Scullen et Wold, 1969). Au Canada, l’espèce est connue au Manitoba et à l’extrême sud de l’Ontario (Buck, comm. pers.). Références Figure 4. Face d’un mâle de C. halone Erratum caractéristiques, nous aident à la distinguer des autres espèces. Le mâle, ne possédant pas de projection clypéale, a en revanche une coloration faciale nettement différente de celle de la femelle (figure 4). Au mont Shefford, le C. halone capture trois espèces de Curculionides parasites des glands du chêne rouge (Quercus rubra). Ce sont Curculio nasicus (Say), C. proboscideus Fabricius et C. sulcatulus (Casey). Dans les conditions écologiques existant au mont Shefford, l’activité du C. halone commence au début du mois d’août pour se terminer dans la deuxième semaine de septembre. Quelques manuscrits en préparation décriront plus en détail la biologie et le comportement de l’espèce. C. halone appartient à la sous-famille des Cercerinae qui réunit près de 900 espèces regroupées en deux genres. Le genre Cerceris, le plus riche en espèces, en renferme 850, BANKS, N., 1912. Notes on the eastern species of Cerceris. Annals of the Entomological Society of America, 5 :11-30. BUCK, M, S.M. PAIERO et S.A. MARSHALL, 2005. New records of native and introduced Aculeate Hymenoptera from Ontario, with keys of eastern canadian species of Cerceris (Crabronidae) and eastern nearctic species of Chelostoma (Megachilidae). Journal of the Entomological Society of Ontario, 136 : 37-52. FINNAMORE, A.T., 1982. The Sphecoidea of southern Québec (Hymenoptera). Lyman Entomological Museum and Research Laboratory, Memoir No. 11, 348 p. GOULET, H. et J.T. HUBER, 1993. Hymenoptera of the world : an identification guide to families. Agriculture Canada. 668 p. SCULLEN, H.A., 1965. Review of the genus Cerceris in America north of Mexico (Hymenoptera : Sphecidae). Proceeding of the Entomological Society of Ontario, 116 : 333-548. SCULLEN, H.A. et J.L. WOLD, 1969. Biology of wasps of the tribe Cercerini, with a list of the Coleoptera used as prey. Annals of the Entomological Society of America, 62 : 209-214. WILLMER, P.G., 1985. Thermal ecology, size effects, and the origins of communal behaviour in Cerceris wasps. Behavioral Ecology and Sociobiology, 17 : 151-160. Naturaliste Canadien, Vol. 131(2). Martel, Gagnon, Gosselin, Paquet, Picard. « Liste des noms français révisés et des noms latins et anglais à jour des mulettes du Canada (Bivalvia ; Familles : Margaritiféridés, Unionidés) », page 81 (tableau 1). Alasmidonta varicosa : le nom français de cette moule devrait être Alasmidonte renflée (et non Alasmidonte reflée). Les lecteurs devraient insérer cet ERRATUM à la page 81 du volume 131 (2) pour référence, ou nous contacter [[email protected]] pour obtenir une copie corrigée de l’article. LE NATURALISTE CANADIEN, VOL. 132 No 1 HIVER 2008 25