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J. sci. pharm. biol., Vol.9 n°2 - 2008
GNAHOUE G. & al. : Evaluation des effets pharmacodynamiques d’une substance...
© EDUCI 2008.
J. sci. pharm. biol., Vol.9, n°2 - 2008, pp. 6-16
© EDUCI 2008
EVALUATION DES EFFETS PHARMACO-
DYNAMIQUES D’UNE SUBSTANCE VEGETALE
ANTIHEMOROIDAIRE SUR LA PRESSION
ARTERIELLE ET ARTERE AORTE DE
MAMMIFERES
GNAHOUE G.1*
TRAORE F.2
ZIRIHI G. N.3
GUEDE-GUINA F. 1
1- Laboratoire de Pharmacodynamie biochimique, UFR Biosciences, Université de Cocody, Abidjan, Côte
d’Ivoire.
2- Laboratoire de physiologie Animale, UFR Biosciences, Université de Cocody, Abidjan, Côte d’Ivoire
3- Laboratoire de Botanique, UFR Biosciences, Université de Cocody, Abidjan, Côte d’Ivoire
* Correspondant : GNAHOUE G, Laboratoire de Pharmacodynamie biochimique-UFR Biosciences, Université
de Cocody, Abidjan, Côte d’Ivoire
RESUME
Dans la perspective de l’amélioration
des medicaments à usage traditionnel
contre les maladies hemorroidaires,
l’activité de l’extrait aqueux de Landolphia
hirsuta (Hbar) a été testée sur la pression
artérielle et l’artère aorte de mammifères.
A des concentrations allant de 2,91.10-3
à 2,94.10-1 g/kg de poids corporel, Hbar
induit une hypotension. L’étude de
l’antagonisme adrénaline-hemobare a
montré des propriétés antihypertensives
de Hbar. A des concentrations comprises
entre 2.10-8 et 2.10-2 mg/ml Hbar
entraine une vasoconstriction. Ces effets
antihypertenseurs et vasoconstricteurs
de l’extrait aqueux de Landolphia hirsulta
peuvent contribuer à soulager la maladie
hémorroïdaire puisqu’ils raffermissent les
vaisseaux sanguins.
Mots clés : Landolphia hirsuta,
Hbar, Hémorroïde, Hypotension,
vasoconstriction.
SUMMARY
From the improvement perspective of
drugs to the traditional use against the
haemorrhoids diseases, the activity of the
aqueous extract of Landolphia hirsuta (Hbar)
,has been tested on the blood pressure and
the artery aurta of mammals.
With dose going from 2,91 10-3 to 2,94
10-1 g/kg of body weight (b.w.) Hbar,
there is an induction of hypotension. The
study of Adrenalin-Hbar antagonism
has shown an hypertension properties
of Hbar. Then concentrations going from
2.10-8 to 2.10-2 mg/ml, Hbar lead to a
vasoconstriction. These antihypertensive
and vasoconstriction effects of the aqueous
extract of Landolphia hirsuta can contribute
to relieve the haemorrhoids, disease since
trey harden the blood vessels.
Key words: Landolphia hirsuta,
Hbar, Hemorrhoïds, Hypertensive,
Vasoconstriction.
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INTRODUCTION
En Côte d’Ivoire et au Burkina Faso,
les guérisseurs utilisent assez souvent la
décoction des feuilles ou l’écorce dans le
traitement des diarrhées dysentériformes
et des intoxications alimentaires associés
à différentes plantes. Landolphia entre dans
diverses médications anti-lépreuses. Chez
les Sénoufos et les Gouins, pour devenir
fécondes les femmes stériles consomment
assez souvent une macération de fruit
de Landolphia qu’elles agrémentent de
jus de feuilles de Vernonia guineesis. En
pays Dagari, la poudre d’écorce de racines
séchées est appliquée sur les plaies comme
cicatrisant [ADJANOHOUN 1978].
Au Mali, Landolphia est utilisée pour
combattre les caries dentaires. Elle est
également diurétique, laxative, voire même
purgative, on lui attribue aussi une propriété
fébrifuge [ADJANOHOUN 1978].
Au Bénin, certains chasseurs de la tribu
des Pallakas enduisent leurs èches de latex
de Landolphia pour faciliter l’adhérence
du toxique [ADJANOHOUN 1978]. Selon
DEMBELE [1988], le latex de Landolphia
heudelotii a un effet contre les algies dentaires
et les douleurs abdominales et son instillation
oculaire soigne les taies cornéennes.
Dans ce travail nous nous sommes
intéressés d’abord à l’étude botanique de
l’espèce végétale Landolphia hirsuta puis
à l’évaluation de son extrait aqueux sur
la pression artérielle et sur les vaisseaux
sanguins de mammifères.
Selon les estimations de l’Organisation
Mondiale de la Santé [FARNSWORTH 1993],
80% de la population mondiale vivent dans
les pays en développement et 80% d’entre
eux recourent à la médécine traditionnelle
pour satisfaire la majeur partie de leurs
besoins en soins de santé primaire; cela
signi e que plus de 3,5 milliards de gens
à travers le monde utilisent des extraits de
plantes comme médicaments.
Fransworth estime que 25 à 50% des
250000 angiospermes connus ont déjà été
utilisés à un moment où à un autre à des
ns médicales.
Il est donc essentiel d’étudier ces
plantes médicales, et de donner un support
scienti que à leurs effets thérapeutiques
de sorte à pouvoir recommander l’usage
dans les pays en développement.
Landolphia hirsuta est une Apocynaceae.
Cette famille comprend des lianes ligneuses,
des arbrisseaux, des arbustes ou des
arbres, rarement des herbes. La flore
de Côte d’Ivoire compte 74 espèces d’
Apocynaceae [AKE ASSI 1984].
Landolphia hirsuta est une grande liane.
En Côte-d’Ivoire, cette plante se nomme
«zaïtaïlipkeu» (en Bété) «n’gafa» (en Akyé)
«Pê-rou» en (Kroumen) et «amani» (en
Baoulé). En Guinée-Conakry, les soussous
l’appellent «bonkay ou bonké», au Benin
et au sud du Nigéria la plante se nomme
«akhé ou akhwe».
MATERIEL ET METHODES
MATERIEL VEGETAL
Landolphia hirsuta est une grande liane
de 20 m de hauteur. Ses jeunes rameaux
sont pubescents. Les feuilles, simples,
entières, opposées, mesurent 3-7 cm de
longueur sur 2-4 cm de largeur. Les eurs,
blanches, parfumées, sont réunies en cymes.
Les fruits, des baies jaunes ou rouges à
maturité, renferment plusieurs grains
[PICHON 1953].
La partie de la plante utilisée est le
tronc de la liane de Landolphia hirsuta
(Apocynaceae). Après séchage, cette partie a
été transformée en poudre dont 100g ont été
mis en infusion dans 2 litres d’eau distillée
pendant 24 heures à la température de
100°C. La solution obtenue a été ltrée au
coton hydrophile sur papier ltre WATTMAN
de 3 mm. Le ltrat aqueux obtenu contenait
des molécules hydrosolubles. Un Rotavapor
a permis d’évaporer l’eau du ltrat sous
vide à 70°C et de récupérer dans le ballon,
un extrait sec. Cette poudre constituant
l’extrait aqueux a été pesée et conservée
dans un réfrigérateur à usage médical.
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MATERIEL ANIMAL
Notre étude expérimentale a eu recours
à des lapins et à des cobayes.
Les lapins appartenaient à l’espèce
Oryctolagus cuniculus (Léporidés). Ils
provenaient de différentes fermes d’élevages
aux alentours d’Abidjan (Cote-d’Ivoire). A n
d’harmoniser leurs états physiologiques
avant les expérimentations, les lapins
ont séjourné pendant une semaine à
l’animalerie de Unité de Formation et de
Recherches (UFR) Biosciences, Université
de Cocody. Ces lapins pésaient entre 1,8
et 2,3 kg. Ils ont été utilisés pour l’étude
de la pression artérielle.
Les cobayes appartenaient à l’espèce
Cavia porcellus. Leur poids variait entre
450g et 550g. Ils ont été utilisés pour l’étude
de l’activité contractile de l’artère aorte.
DISPOSITIF EXPERIMENTAL
L’appareil utilisé pour l’enregistrement
de la pression artérielle ( gure 1) était
un manomètre de LUDWIG comportant
un tube en U composé de deux branches
contenant du mercure. Dans la branche de
gauche, à la surface du mercure, se trouve
un otteur surmonté d’une tige métallique
au sommet de laquelle est xé un stylet
inscripteur. Ce stylet marque le tracé
de la pression artérielle sur un cylindre,
recouvert de papier enduit de noir de fumée
et entraîné par un moteur. La branche de
droite comporte deux ouvertures reliées
à des cathéters. Le premier cathéter est
relié à une seringue et permet de remplir
tout le tube en «U» de liquide physiologique
hépariné et de créer éventuellement, une
surpression. Le second cathéter sert à
intuber la carotide dont la pression sera
mesurée à l’aide de l’appareillage.
L’appareil utilisé pour l’enregistrement
de l’activité mécanique de l’artère aorte
( gure 2) était constitué d’une cuve à organe
relié à un bain-marie thermostaté et à un
système d’oxygénation (bulleur d’aquarium)
qui assurent la survie du fragment de
l’organe étudié. Un transducteur recueille
l’activité mécanique de l’organe isolé et le
transmet à un ampli cateur qui ampli e
les phénomènes avant qu’ils ne soient
enregistrés. L’enregistrement s’effectue
à l’aide d’un enregistreur graphique
qui permet l’enregistrement de l’activité
contractile sur un papier se déroulant à
vitesse constante.
METHODE
Avant de procéder à la dissection et
à l’intubation de la veine saphène, les
lapins ont été anesthésiés par injection
intrapéritonéale éthyluréthane dosé à 40%,
à raison de 1g/kg de poids corporel. Le
lapin anesthésié a été mis en décubitus
dorsal ; sa partie postérieure tournée sur
le côté et la peau incisée le long de la face
externe de la cuisse. Un garrot a été posé à
la racine du membre. La veine apparaissant
alors très saillante, a été disséquée sur
environ 2cm. Une hémisection a été en n
pratiquée sur cette veine pour y introduire
le cathéter relié à une seringue contenant
du Mac Ewen hépariné. Les substances
pharmacologiques ont été injectées au
lapin par cette veine à l’aide d’une seringue
a n d’observer leur effet sur la pression
artérielle. L’étude des effets dose-réponses
de Hbar, a été faite en injectant au lapin
à l’aide d’une seringue graduée des doses
croissantes allant de 2,91 10-3 à 8,82 10-1
g/kg de poids corporel. L’effet de chaque
dose a été observé pendant cinq minutes.
Au cours de ces expériences, après chaque
test, l’animal a été laissé au repos pendant
une heure a n d’éviter les effets cumulatifs
de l’extrait brut.
L’étude de l’activité contractile de
l’artère aorte a été réalisée chez les
cobayes dont la tête a été sectionnée
après les avoir assommés. Pour ce faire,
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le thorax a été rapidement disséqué a n
de dégager le cœur qui continuait de
battre. La crosse aortique a été sectionnée
longitudinalement puis découpée en deux
ou trois fragments après avoir éliminé les
graisses. La bandelette d’environ 2mm de
largeur et 3mm de longueur a été attachée
par les deux extrémités à l’aide de deux
ls. Cette bandelette a été montée sur
une potence ‘‘porte objet’’ en attachant
un l sur l’extrémité de la potence qui
plonge dans la cuve contenant le liquide
physiologique. L’autre l a été attaché au
dessus de la potence sur le crochet du
transducteur.
Ainsi, toute activité de l’organe isolé
a été captée par le transducteur puis
ampli ée par l’ampli cateur et en n inscrit
sur l’enregistreur graphique.
L’étude des effets dose-réponses de
Hbar, sur l’activité mécanique de l’artère
aorte de Cobaye a été réalisée en injectant
dans la cuve à organe directement les
concentrations croissantes de Hbar allant
de 2.10-8 à 2.10-2 mg/ml à l’aide d’une
seringue graduée. L’effet de chaque dose a
été observé pendant quatre minutes avant
de passer à la dose suivante.
Toutes les substances testées ont été
dissoutes dans la solution physiologique
de type Mac Ewen dont la composition
chimique est: NaCl = 130,5 mM ; KCl =
5,63 mM ; CaCl2 = 2,16 mM ; Na2HPO4 =
0,04 mM ; NaHCO3 = 11,90 mM ; MgCl2 =
0,02 mM ; C6H12O6 = 11,10 mM. Le pH de
cette solution a été ajusté à 7,4.
La méthode statistique utilisée a été
celle décrite par DANIEL [1963] qui utilise
le test de Student au risque de 5%.
RESULTATS
Effet dose reponse de Hbar sur la
pression artérielle
La gure 3A représente les effets de
l’injection intraveineuse de l’extrait aqueux
de Hbar sur la pression artérielle du
lapin. La valeur de la pression artérielle
normale chez le lapin déterminée dans
nos conditions expérimentales était de 120
mm de Hg.
De 2,91 10-3 à 2,94 10-1 g/kg de poids
corporel (pc), Hbar provoque une importante
hypotension transitoire suivi d’une
hypotension soutenue proportionnelle à la
dose de l’extrait. Aux taux extrêmes (2,94
10-1 g/kg), l’hypotention mesurée était
égale à 54 mm de Hg, ce qui représente
une diminution de 55% de la pression
artérielle de base.
La figure 3B exprime la moyenne
(n=3) des variations maximum de la
pression artérielle du lapin en fonction
de la concentration de Hbar. La pression
artérielle, montre une courbe qui diminue
progressivement de 2,91 10-3 à 2,94 10-1
g/kg de pc. Pour des concentrations
supérieures, cette diminution est beaucoup
plus forte.
La gure 4A présente un enregistrement
de la pression artérielle induite par
l’Adrénaline dosé à 5 10-2 g/kg de pc (ADR
5%) associée ou non à des doses variables
de Hbar (1,35 10-2 à 3,39 10-1 g/kg de pc).
L’ADR 5% administrée seule provoque une
augmentation de la pression artérielle de
40mm de Hg. Cette hypertension artérielle
est diminuée par Hbar avec un effet dose
dépendante.
La gure 4B représente la moyenne
(n=3) des variations de la pression artérielle
en fonction de la concentration de Hbar.
Dans l’intervalle de concentrations compris
entre 1,35 10-2 et 1,35 10-1 g/kg de pc, Hbar
normalise l’hypertension induite par ADR
5%. Aux doses plus élevées, Hbar entraine
une hypotension. En effet, à 1,35 10-1 g/kg
de pc, Hbar baisse la pression artérielle à 21
mm de Hg chez les lapins dont l’hypertension
a été induite par ADR 5%.
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Cet effet hypotenseur de Hbar a été
confirmé par les résultats obtenus en
présence ou en absence de ADR 5%. En
effet, les doses Hbar supérieures ou égales
à 8,82.10-1 g/kg de pc (administrées seules)
ou celles supérieures ou égales à 1,35 g/
kg de pc (administrées en association avec
ADR 5%) entrainent une hypotension grave
qui nit par tuer l’animal cinq minutes
après l’injection.
La gure 5A représente les enregistrements
de l’activité mécanique de l’artère aorte
de cobaye en présence de Hbar aux
concentrations comprises entre 2.10-8 à
2.10-2 mg/ml. Ces enregistrements ont été
obtenus sur la même préparation.
On observe une augmentation générale
de l’amplitude du tonus de contraction de
l’artère aorte de cobaye au cour de cette
expérience. Pour des concentrations de
Hbar comprises entre 2.10-8 à 2.10-2 mg/
ml, on enregistre respectivement une
augmentation de l’amplitude de contraction
de l’artère aorte de 0,13 g à 0,82 g.
La gure 5B exprime les moyennes
(n = 5) des variations de l’amplitude des
contractions de l’artère aorte de cobaye.
La courbe présente deux parties : une
partie croissante qui traduit l’évolution
de l’activité mécanique de l’artère aorte de
cobaye en fonction de la concentration du
Hbar. Puis une deuxième partie constante.
C’est-à-dire au-delà de la concentration
maximum de 2.10-4 mg/ml de Hbar
l’amplitude de l’artère aorte de cobaye ne
varie pas.
Figure 1 : Dispositif expérimental d’enregistrement de la pression artérielle et des mouvements
respiratoires chez le lapin
1 – Cylindre enregistreur 4 - Manomètre de LUDWIG
2 – Stylet inscripteur de la pression artérielle 5 – Séringue permettant la surpression
3 – Moteur 6 – Mac Ewen hépariné
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