
La Lettre du Cancérologue • Vol. XXII - n° 10 - novembre 2013 | 391
Résumé
Le choix d’un traitement adapté pour un patient atteint de cancer repose en grande partie sur des données
radiologiques. Le radiologue devient donc un interlocuteur incontournable. Toutefois, sa place vis-à-vis du
patient et des correspondants reste mal définie. Le concept d’incidentalome – situation où la découverte
d’une anomalie n’est pas anticipée par le clinicien – et la problématique de l’accès du malade au compte-
rendu écrit rend inévitable l’implication du radiologue dans l’information du patient. Cependant, la relation
radiologue/malade rencontre plusieurs obstacles : manque de formation du praticien quant à l’annonce de
la maladie, barrière de la machine, connaissance limitée qu’a le public du métier de radiologue. S’y ajoute
la complexité de la relation radiologue/correspondant. L’ambition des différents interlocuteurs médicaux
doit être d’établir une relation équilibrée au service du malade.
Mots-clés
Médecine
personnalisée
Imagerie
Information
aupatient
Abstract
The choice of an appropriate
treatment is today largely
based on the radiological
results. However, the radiolo-
gist, who is the true holder of
the radiological information,
has still an ill-defined role
in the patient’s information.
The concept of incidental
discovery, defi ned here as the
circumstances in which the
discovery of bad news is not
anticipated by the clinician, and
the issue of the written report
show that the involvement
of the radiologist in patient
information is inevitable.
However, the necessary radi-
ologist/patient relationship will
encounter several obstacles:
lack of training of radiologist in
communication with patients,
the potential barrier of the
imaging device, the fact that
the patients often consider the
radiologist as a technician…
Furthermore, the radiologist/
clinician relationship is also
really complex. The ambition
of medical partners should be
to establish a balanced patient-
centered relationship.
Keywords
Personalized medicine
Imaging
Patient information
les protocoles d’examen, vérifi e la bonne qualité
des acquisitions et interprète les images. De plus en
plus “interventionnel”, il interviendra pour effectuer
les prélèvements sous imagerie et, le cas échéant,
participera au traitement. Au décours d’un examen,
le radiologue est le premier interlocuteur médical.
Ayant la connaissance de la signifi cation d’images
de plus en plus complexes, il est le vrai détenteur
de l’information radiologique et de ses subtilités.
Cependant – et c’est ici que réside une part des diffi -
cultés de la défi nition précise de sa juste place –, le
terme même de “radiologue” regroupe en fait une
multitude de compétences, et même de métiers
différents : il y a les radiologues du privé et ceux du
public, les interventionnels et les diagnosticiens, les
généralistes et les spécialistes d’organes, ceux qui
savent faire tel ou tel geste et ceux qui ne savent
pas, les passionnés de la technique et ceux qui se
sentent proches des patients, les chercheurs, etc.
Dans le cadre de la médecine personnalisée, s’il faut
choisir le bon traitement pour le bon patient, il faut
donc aussi, pour le médecin référent, trouver le bon
interlocuteur en radiologie.
Le radiologue
et l’information du patient
Le radiologue doit-il parler aux patients ? Cette ques-
tion, qui a fait le titre d’un article de Vallely et Mills
en 1990 (1), semble aujourd’hui saugrenue à bon
nombre d’entre eux. Le titre du dernier numéro du
magazine Imaging Management : “L’information au
patient” montre bien que l’actualité est plus à l’amé-
lioration des modalités d’information. Si, toutefois,
il persistait un doute, outre les recommandations
du code de déontologie, 2 éléments montrent que,
d’une façon ou d’une autre, les radiologues doivent
intervenir dans l’annonce : le concept d’incidenta-
lome et la problématique du compte-rendu écrit.
Les incidentalomes
Le terme “incidentalome” est un néologisme initia-
lement attribué aux adénomes surrénaliens, et dési-
gnant une anomalie radiologique (généralement
bénigne) découverte de façon fortuite. On pourrait
tergiverser sur le sens de l’expression “découverte
fortuite” en radiologie, étant donné que, dans la
plupart des cas, si l’on a effectué un examen d’ima-
gerie, c’est que l’on cherchait une anomalie et que
sa découverte n’est donc pas totalement “fortuite”.
Par ailleurs, la découverte d’une anomalie, très
probablement bénigne, ne pose le plus souvent pas
de réel problème dans la gestion de l’information.
En ce qui concerne la médecine personnalisée en
oncologie, on pourrait défi nir la découverte fortuite
par l’ensemble des situations où la découverte d’une
anomalie grave n’est pas anticipée. En effet, il faut les
distinguer des situations dans lesquelles le médecin
référent demande une imagerie pour un patient
chez qui il suspecte un problème grave (diagnostic
de cancer, récidive, progression, etc.). Il peut alors
“préparer” le patient et organiser une consultation
rapidement après les examens pour l’annonce des
résultats. Dans le cas d’une “découverte fortuite”,
la gestion de l’annonce n’a pas été anticipée et va
mettre de facto le radiologue dans la position de
celui qui doit informer. On peut élargir cette défi -
nition en y incluant les cas où le radiologue est le
premier, voire le seul interlocuteur (lors du dépistage
organisé du cancer du sein, par exemple). L’écho-
graphie en est un exemple particulièrement frappant :
le praticien prend connaissance de l’information
en direct, alors que le patient a les yeux rivés sur
lui. Comment alors refuser de répondre, lorsque le
patient angoissé sait que la personne assise en face
de lui détient l’information ?
Le problème du compte-rendu
Comme on l’enseigne très tôt aux internes, la radio-
logie est une “spécialité du compte-rendu”. Tout
examen effectué doit être analysé, et les informa-
tions issues de l’interprétation doivent être consi-
gnées par écrit. Le “compte-rendu” recèle 2 types
de diffi cultés pour le radiologue : premièrement,
il s’agit d’un document faisant foi, qui doit comporter
toutes les informations importantes, énoncées de
façon suffi samment claire pour être comprises par
le médecin demandeur. Deuxièmement, il s’agit
d’un document auquel le patient va avoir accès